16.09.2021 | @Alekseï Volkov | Ce n’est pas souvent que je ramène des affaires à la Pforzheimer House, ni souvent que je foule les dortoirs. Bien sûr, j’adorais la pfo et passer des moments ici, le plus souvent dans les zones communes, de temps en temps dans les chambres, pour de petites soirées plus privées, mais comme tous les dortoirs, celui-ci faisait remonter son lot de cauchemars et d’angoisses. Pourtant, j’y avais bien une chambre, dans laquelle je mettais rarement les pieds, ainsi que quelques affaires pour me dépanner, quoiqu’il arrive. Surtout qu’avec une fraternité comme la nôtre, et les petits coups bas de nos voisins de temps à autre, il fallait être paré à toutes éventualités. Et puis ça me faisait toujours un endroit où me réfugier, même si je n’y dormais pas, quand les choses devenaient trop étouffantes à la maison, avec Jewell, ou même avec Levi, comme cette semaine. Tout ça commençait déjà à me peser alors que tout venait à peine de commencer. Et le plus terrible m’attendait encore.

Distraite je ne regarde pas vraiment le numéro de la chambre, ni la porte quand je l’ouvre. Si je l’avais fait, je me serais vite rendu compte que ce n’était pas la mienne. Au lieu de ça, je dépose négligemment mon sac en entrant et me laisse tomber sur le lit. Je ferme rapidement les yeux, que je ne rouvre qu’en entendant du bruit. Je me redresse et pose mes yeux sur la silhouette d’un homme, à moitié nu, sans comprendre. « Alekseï ? Qu’est ce que tu fous là ? Pourquoi t’es à poil dans ma chambre ? » Je prends conscience, en déviant légèrement le regard que quelque chose ne va pas. Il y a trop de choses qui ne sont ni à moi, ni à ma colocataire. D’ailleurs, on dirait plutôt la chambre d’un mec que d’une fille. « C’est pas ma chambre… » Constat évident que je m’adresse plus qu’à mon interlocuteur. Je le regarde tout de même avec des grands yeux, n’expliquant toujours pas sa présence à Boston. « Je ne m’attendais pas à te croiser ici… » Une sacré surprise, ça c’était évident.

une journée de cours, longue et difficile. tu as du mal à reprendre le rythme, après toute une année passé avec ton frère, à faire un peu n'importe quoi aux quatre coins de la Russie. tu dois reprendre ton sérieux et remettre ton esprit dans la botanique, mais aussi le reste de tes études de manière générale. tu as de la chance d'être une tête tout de même, un des avantages que tu utilises, comme une excuse pour faire la fête plus souvent que tu ne le devrais, à la place de réviser. tu profites d'être sur le campus pour te diriger vers les dortoirs. véritable flemme d'aller jusqu'à l'appartement, tu veux juste faire une petite sieste histoire de récupérer des forces. et pour ça, ta chambre dans le dortoir des pfo semble être l'endroit idéal. tu ne viens pas souvent ici, presque jamais même. hormis quand tu veux un moment de paix, loin de tout les idiots à l'appart, ou que tu veux ramener une fille et avoir un peu d'intimité. tu ouvres la porte, pose tes affaires et n'attends pas une seconde de plus pour te diriger vers la douche. un instant de bonheur rapide, tu sors de celle-ci totalement nu, avec l'unique envie de sauter dans ton lit. mais ça ne se passe pas du tout comme ça. quelle surprise, quand tu vois une fille, posée sur tes draps. tu n'es pas du tout pudique, donc tu restes planté là, en la regardant. elle semble être tout aussi étonnée que toi. mais la véritable surprise, c'est quand tu regardes un peu plus son visage. un visage que tu connais bien. "Evie ? Qu'est-ce que tu fous dans ma chambre ? non attends... qu'est-ce que tu fous à Cambridge plutôt ?" tu ne comprends pas, ça fait tellement longtemps que tu n'as pas eu de nouvelle, tu ne t'attendais pas du tout à la revoir ici et encore moins dans la même maison que toi. "Non effectivement, c'est pas ta chambre. Mais attends, t'es à la pfo aussi ?!" décidement, de surprise en surprise, tu ne comprends rien à cette situation.

@Elvira S. Kaine

@Alekseï Volkov | Je reste bête sous le coup de la surprise, les yeux rivés sur le garçon. Là je dois bien avouer que je ne comprends pas. Parce que ça fait quoi ? Deux ? Trois ans peut-être que je n'avais pas croisé son chemin. D'autant plus que les circonstances de nos rencontres avaient toujours été très bien réglées. L’été, l’Ecosse, lui, moi. Une romance de vacances clichée, vue et revue dans tous les films et romans pour adolescent.es. Et pourtant, on s’en était donné à coeur joie. Ca avait eu une saveur si particulière, de se dire que notre temps était compté, de savoir quand notre histoire commençait et se terminait. Bien sûr, le contact avait été maintenu un temps grâce à la technologie, aux réseaux, mais comme beaucoup de mes relations, elle avait brutalement pris fin lors de mon sevrage.

Il me confirme ce que je sais déjà en me questionnant lui aussi. Sa chambre, évidemment. Mais personne ne répond vraiment aux questions de l’autre, à croire qu’on avait tous les deux cessé de réfléchir. J’ouvre légèrement la bouche avant de la refermer. Je ne sais pas par quoi commencer. Respirer, peut-être, pour oxygéner mon cerveau et retrouver ma capacité à penser ? Poitrine qui se soulève alors que je prends une grande inspiration. « J’ai quitté Oxford pour venir faire mes études ici. Ça fait déjà deux ans… » Une information qu’il ne pouvait pas avoir, n’ayant jamais eu l’occasion de lui annoncer. « Mais toi ? Tu n’es pas censé être en Russie ? » Mais quand est-ce qu’il avait débarqué ici ? Je bats légèrement des paupières tout en hochant la tête. « Oui j’y suis aussi… Wouaah ! Je m’en remets pas Alek ! Va falloir que tu me racontes comment t’es arrivé ici ! » Parce que la surprise passée, c’est bel et bien la joie de le revoir qui se manifeste.

elle est vraiment étrange cette situation. d'habitude, quand tu as une fille dans ton lit, tu es au courant, tu sais qu'elle est la. mais cette fois, c'est vraiment une surprise à laquelle tu ne t'attendais pas. encore plus quand tu vois son visage, que tu connais si bien, que tu n'avais pas vu depuis des années maintenant. "C'est pour ça que je n'avais plus de nouvelles ?" et d'un coup, tu viens de te souvenir d'une chose. petit détail qui peut vite devenir gênant. tu baisses les yeux, regarde le bas de ton corps, pour te rendre compte que, oui, tu n'as rien sur toi. "Euuuuh attends..." et tu attrapes une serviette, sur le côté, pour au moins l'entouré autour de ta taille. "Désolé pour ça." tout en rigolant. elle a raison de se demander ce que tu fais ici, après tout, elle n'est pas au courant de toute cette histoire. "Je suis arrivé dans le coin depuis environ deux semaines, pour débuter mon année à Harvard. Une longue histoire." tu viens poser tes fesses sur une chaise, qui se trouve en face d'elle, continuant de l'écouter, après ta question. "Il faut croire que le hasard fait bien les choses. Déjà d'être dans la même ville, la même fac, mais aussi la même maison." ça te fait sourire, tu es heureux de la revoir au final. "Laisse-moi juste le temps de m'habiller et on peut en parler, si tu veux."

@Alekseï Volkov | Je me renfrogne légèrement, un peu attaquée par sa question, et complètement gênée. « Pardon, ça a été un peu compliqué quand j’ai quitté Oxford. » Bien sûr, il ne pouvait pas le deviner, la raison pour laquelle j’avais rompu soudainement tout contact, la raison pour laquelle j’avais loupé notre rendez-vous annuel. J’avais disparu du monde, soudainement, car on ne m’avait pas laissé le choix. Et retrouver une amourette de vacances n’aurait jamais été une raison acceptable pour mon père adoptif pour me laisser quitter cette tour d’argent dans laquelle il m’avait enfermé des semaines entières, jusqu’à ce que je sois sevrée, et que toute envie de toucher à une quelconque drogue me soit passé. Un été du chaos pour moi, et j’aurais volontiers préféré le passer dans ses bras que toute autre chose. Mais le destin en avait décidé autrement. Destin moins cruel qu’il puisse paraître puisqu’il me laissait une chance de le retrouver aujourd’hui. Je ris avec lui alors qu’il s’excuse de ne pas s’être couvert plus rapidement, mais ce n’était pas si problématique. « Je t'ai connu moins pudique que ça. Et ce n’était pas désagréable. » Il est toujours aussi beau, et je n’allais pas faire comme si cela pouvait être un problème. « Donc, tu étudies aussi à Harvard, et tu fais partie des nouveaux de la pfo… Effectivement, le hasard a plus que bien fait les choses. » Beaucoup de coïncidences pour ces retrouvailles assez exceptionnelles. Je lui rends son sourire, sincère. Ca me faisait vraiment plaisir de le retrouver, de retrouver cette brise légère qu’il pouvait apporter à ma vie. « Ou, tu m’accordes un moment pour fêter dignement nos retrouvailles et tu me racontes après ? » Sourire qui se voudrait innocent mais qui ne l’est pas, je quitte le lit pour venir jusqu’à lui, venant doucement embrasser ses lèvres.

tu ne peux pas lui en vouloir, tu n'as pas le droit. mais même si à cette époque, ce n'était qu'une histoire de vacances, programmée chaque fois pour vous retrouver, ça ne change pas le fait que tu t'es attaché à elle, durant ces moments. c'est peut-être pour ça, le fait de ne pas avoir de nouvelles subitement, qui t'as dérangé un tant soit peu. "tu devais avoir tes raisons, je ne vais pas t'en vouloir pour ça." et tu as bien raison, c'est idiot. encore plus maintenant qu'elle est devant toi, après tout ce temps. la remarque qu'elle vient de te faire esquisser un large sourire, tout en la regardant. elle n'a pas tort, il faut dire qu'elle connaît ton corps, de haut en bas. peut-être juste que tu n'as plus l'habitude d'être avec elle, un geste qui t'as semblé normal d'attraper cette serviette. "c'est vrai. je vois que tu t'en souviens bien !" et toi non plus, tu ne peux pas oublier ces moments que tu as passé avec elle, il faut dire. "pour être franc, tu m'aurais posé la question y'a quelques mois de ça, je n'aurais jamais pensé me retrouver ici. mais je suis plutôt content d'être dans le coin désormais." oui, parce que maintenant, tu as une raison d'avoir le sourire. tu n'es plus bloqué dans une vie qui te donnait simplement envie de traîner les pieds, avec une famille qui est inexistante. tu la vois qui se lève, qui se rapproche de toi. avec cette phrase, tu devrais t'attendre à ce geste de sa part. ses lèvres qui viennent se poser sur les tiennes. une façon très agréable de faire remonter des vieux souvenirs. tes mains se posent sur ses hanches, pour la garder un peu plus proche de toi. un baisé rendu, avant de lui sourire tout en la regardant dans les yeux. "tu sais que je ne dis jamais non pour toi, miss Kaine."

@Alekseï Volkov | Il ignore tout des raisons qui m’ont obligées à disparaître brutalement de sa vie, tout comme j’avais dû disparaître de la vie de bien d’autres personnes. Et ce n’était pas plus mal. Je ne voulais pas qu’il ait cette image de moi, celle de cette petite fille tellement terrorisée par ses cauchemars qu’elle avait préféré sombrer et s’autodétruire plutôt que de les affronter. Un choix que mon paternel adoptif m’avait durement fait payer, afin de passer toute envie de recommencer avant de mettre toute cette histoire de côté. Et pourtant, voilà qu’il me mettait désormais à l’épreuve en me demandant à moi, d’écouler le stock quand de nombreux autres pouvaient le faire pour lui. Certes, ce n’était pas les mêmes substances que je consommais à l’époque, mais la tentation de rechuter dans de mauvaises habitudes n’était jamais loin. Surtout quand les imprévus s’enchainaient comme cette année. Mais ça, Aleksei ne pouvait pas le savoir. Il ne devait pas le savoir. Alors ça me rassure de voir qu’il n’insiste pas, ne me pose pas de question sur les fameuses raisons de ma disparition, sans non plus me donner le sentiment que rien de tout cela n’avait son importance. Non, il respectait juste ma vie privée. « Ca aurait été une erreur de ma part que d’oublier une si belle vue ! » Sourire qui s'étire alors que mes pupilles se promènent sur lui. Après tout, c’était ce corps qui avait parfait les paysages d’Ecosse.