Ta véritable vie commence lorsque tu comprends que tu n'en as qu'une...

Soleil doucereux et écrasant, effluves méditerranéennes et les reliefs montagneux propres au Nord de l'Italie. Une enfance digne des cartes postales, dans un petit village où tout le monde crie, tout le monde se connaît. Les gamins lient et délient, apprivoisent leurs apprentissages ensemble, les épreuves et même les vices. On se suit toujours du coin de l'œil, on s'ennuie, on apprend, fait des bêtises, on vit les premiers émois et les premiers dérapages aussi... Ludovica. Gamine timide, discrète presque maladive mais qui ne manque pour autant pas de caractère. Lignée de femmes fortes et indépendantes. De ces grandes gueules qui font taire les machos trop nombreux à leurs yeux. Difficile de prendre sa place au milieu de ces lionnes. Elle ignore encore qu'elle est faite du même bois, que la même force réside dans ses veines enfantines encore tranquilles. La tempérance de son paternel y est sans doute pour quelque chose. Puisque après tout chaque face claire appelle son obscure.

Adolescence d'abord discrète en apparence. Années qui amorcent un changement puisque la famille part vivre aux Etats-Unis, pays natal de son père, en Californie. Ludo est introvertie mais pas moins artiste. C'est son monde intérieur qui la nourrit, le plaisir de donner de sa voix avec un public seulement imaginaire. Quelques vices qui viennent nourrir des failles qu'elle ne peut pas encore apprivoiser. Dans une vie trop rangée, on a cette tendance à fuir les pulsions trop sauvages. Louve indomptée. Elle tisse des liens avec quelques amies, qui deviennent des sœurs. Le cercle des quatre. A la vie à la mort, pensent-elles. Et la vie en décidera sans doute autrement. Mais pour le moment, ce sont les premiers émois, les amours adolescentes pour lesquels elle conseille mais qu'elle ne vit pas vraiment encore, la trop sage et discrète Ludo. Les cigarettes et quelques herbes douces pour endormir l'ennui, les rituels de sorcière car à la vie, elle aime toujours apporter un peu de magie. Le monde est trop plat, trop creux, trop étriqué et elle a cette sourde envie de le rendre plus coloré, plus attrayant, plus fantastique. Bonne oreille, elle sait écouter, c'est souvent elle que pour un conseil on vient chercher. Elle ignore le feu Ludo, en elle. Elle préfère offrir la douceur de l'eau, cette tempérance qui rassure et qui n'expose pas trop. Jusqu'à...

Lui. Ombrageux, taciturne. Plus âgé. Me direz-vous c'est la normalité du cliché que de voir la bonne élève s'éprendre du Torturé. Car les contraires s'attirent, les opposés s'appellent, se complètent d'abord pour finalement mieux se détruire. Mais elle ne voit pas ça Ludo. Trop heureuse d'exister aux yeux d'un homme. Trop appelée par la vibration de son cœur qui ne se perd pas dans l'imaginaire cette fois-ci. Elle veut fuir cette vie, elle en veut une plus belle, une plus aventureuse et romanesque et elle croit le trouver avec lui. Alors, elle se dit que c'est son côté artiste qui appelle ce besoin d'artifices, de consommer toujours plus de substances et d'alcool. Elle oublie la face plus obscure qui s'éveille alors chez lui. Les méchancetés qu'il lui balance parce qu'il est si doux au lendemain. Elle ferme les yeux sur son corps qui s'impose à elle, sur cet amour qu'il lui fait mais qui n'y ressemble pas. Elle pense cela normal, elle n'ose pas dire. Après tout, il l'aime lui. Mal mais il l'aime à sa manière. Et mieux vaut que rien, n'est-ce pas ? De ces mauvaises fréquentations, elle ne se méfie pas. C'est insidieux. Progressif. Elle s 'enfonce dans les ténèbres sans se rendre compte qu'elle s'y noie, que la voiture qu'elle conduit sert à braquer un établissement pour obtenir de plus verts billets. Parce qu'elle se sent vivante la Douce sauvage avec lui. Il éveille des pulsions qu'elle ne veut pas reconnaître. Cette part de noirceur, cette ardeur, et surtout l'adrénaline. Alors, elle recommence plusieurs fois avec lui. Il est si heureux, il est toujours bon avec elle à cette période, et c'est tout ce qu'elle demande Ludo. Qu'on l'aime. Qu'on l'aime pour ce qu'elle est. Mais l'amour s'arrête et la vie aussi quand les menottes enserrent ses poignets trop graciles pour les luttes qu'elle devra affronter. Un monde de geôle et de béton où la pitié est enterré, où l 'humanité est dissimulée parce qu'il ne vaut mieux pas exposer ses faiblesses pour survivre. Une première année de prison où elle est accueillie comme il se doit. Violences, privations, on s'endurcit, on oublie le bleu des fleurs et la douceur rêveuse de la lune. Les nuits se tapissent des monstres qui hantent les jours, elle n'échappe plus aux horreurs, elle les affronte alors. Prenant cette opportunité au vol de faire ce programme de pompier volontaire pour détenues. Mieux vaut périr au feu que de croupir ici, et aider, c'est toujours une chose qui l'a porté. Motivé.

C'est la vie pas le paradis...

Porte d'autres enfers qu'elle vient pousser. Les flammes sont belliqueuses, la tenue lourde à porter les douleurs arracheront quelques larmes dans le silence du dortoir une fois le noir venu. Mais au moins, elle a cette sensation de retrouver une utilité. Dans ces deux destructeurs, c'est une rédemption qu'elle va trouver. Une autre voie. Main tendue dont elle va d'abord se méfier avant de céder. Parce que Tanwen dégage cette force et cette douceur auxquelles on ne peut pas résister. C'est une véritable amitié qui vient lier les deux femmes. Epaule laquelle se repose, oreille à qui se confier. Elle est cette présence sans jugement, cette force tranquille qu'elle a été autrefois pour d'autres. Elle est celle qui la forme à la gestion des flammes mais c'est à bien d'autres domaines de la vie qu'en réalité, elle l'initie. Elle l'aide dans sa procédure de séparation avec son premier amour, à ouvrir les yeux aussi sur lui. Puisque quand elle la voit avec son époux, elle comprend que ce qu'elle a vécu n'était qu'un leurre. Bientôt, la libération arrive au bout d'une année de service pour bonne conduite, la peine est raccourcie, d'abord en conditionnel puis totalement. Cette fois, Ludo ne gâchera pas tout, elle tient à cramer sa vie mais dans le bon sens du terme. Elle décide de poursuivre dans cette voie et entame une formation de pompier qu'elle accomplit avec succès avec l'aide de celle qui est devenue sa meilleure amie. Elle s'apprivoise sans se dompter Ludo, décide de vivre chaque jour comme il se doit, se perd dans des histoires éphémères et parfois plus durables. Elle laisse parler son cœur surtout et son instinct se révéler. Caractère toujours doux mais qui peut s'avérer volcanique lorsqu'on dépasse ses limites. Ecorchée toujours mais assumée désormais. Certains adorent et d'autres détestent, mais peu importe, elle ose être. Tout simplement.

Un seul être vous manque...

La vie se poursuit, elle devient avec joie la marraine de Jared, fils de Tanwen et Dwayne. Elle adore ce gamin et noue un lien singulier avec lui. Elle ne pourrait rêver mieux si ce n'est une âme qui la comprenne vraiment mais peu importe. La vie bascule une nouvelle fois lorsque Tanwen perd la vie en intervention. La douleur l'étiole, la déchire de part en part, mais elle doit tenir bon et soutenir Dwayne, être présente pour Jared.  Finalement, Dwayne choisit de partir pour Boston afin de prendre un nouveau départ avec son fils, et entamer une nouvelle vie tout en voulant assouvir cette vengeance d'avoir perdu le seul amour de sa vie. C'est naturel pour Ludo de partir avec lui, de l'aider dans cette quête et de continuer à veiller sur Jared. Parce qu'elle l'avait promis à Tanwen, si il lui arrivait quoi que ce soit, de toujours être présente pour eux.