On a passé l'été sans se voir, toi et moi. J'étais impatient et anxieux, à l'idée de cette conversation, celle qu'on s'apprête à avoir. Des retrouvailles ? Tu parles ! On est pas de cette trempe, l'un comme l'autre. Notre histoire n'a rien des pétales de roses, dîners aux chandelles et autres artifices superficiels, prêts à corrompre le monde. Si je t'aime, c'est pour ce que tu es. Profondément. Lumineuse et obscure à la fois. Douce et violente. Simple, mais toujours authentique. Blessée, et pourtant si forte. Je t'aime Lyra, et je le fais inconditionnellement.

Il savait que ce moment arriverait, tôt ou tard. Retrouver son aimée après tant de temps à l'écart, après avoir croisé la mort sur son chemin; en sachant que Lyra avait eu affaire à son paternel. Tant de questions et jamais personne pour lui offrir la moindre réponse. La solitude a du bon, parfois; mais l'incertitude prolongée permet au doute de gagner l'esprit. Et c'est ainsi que les ténèbres explosent, que les enfers débordent et qu'il recrache le tout, sous forme de violence. Des soirées passées à parcourir la ville, en quête des mauvais garçons; piètres bandits des rues sur lesquels il s'est déchaîné, bourreau des petites frappes, dealers sans le moindre intérêt; mais besoin d'exprimer sa rage, de faire pleuvoir le sang et de briser quelques os sur son passage.
Pris au piège par ses propres démons, par cette frustration grandissante; l'ombre tourne en rond dans une cage de brouillard, se heurtant sans cesse à ce même barreau; l'ultime interrogation: qui a-t-il perdu ?

Rendez-vous fixé au Sidh, lieu censé être familier, qui ne l'est pourtant plus vraiment, puisqu'il n'y a pas mis les pieds depuis de longues semaines. Tout semble différent, lorsqu'il passe le pas de la porte. A moins qu'il ne représente le véritable problème, l'erreur dans l'équation. La vie poursuit son cours, le laissant simplement sur le côté; comme s'il n'existait pas vraiment, pas assez. Peut-être est-ce une manière de le punir, pour tout ses pêchés. Perdu entre l'amour et la vengeance, myocarde agonisant avant même que ses ambrées n'aient trouvé le chemin de l'azur, avant même qu'il ne puisse lire une quelconque émotion sur le visage de celle qui détient, probablement, la réponse tant convoitée.
Naturellement, ses pas le ramènent à l'escalier, puis à l'étage; l'antre de la luxure et ces actrices dont il n'a que faire, puisqu'il vient retrouver la reine; celle que l'on ne peut acheter. - Je viens pour Lyra. annonce-t-il simplement à la première donzelle qui se présente. Une porte qu'on lui indique, probablement son bureau; pièce qu'il n'a jamais pris la peine de visiter. Le poing s'abat sur le bois, mais Shayn n'attend pas la permission pour se saisir de la poignée, et encore moins pour pousser ce dernier obstacle et revenir faire face à cette silhouette féline dont il saurait décrire les courbes, paupières closes. - Il est temps. son timbre annonce gravement, ignore la course folle du palpitant dans la poitrine, alors que la musculature s'avance dans la pièce, à quelques mètres de celle qu'il voudrait déjà, serrer au creux de ses bras.  

  La raison abdique face à la course du temps. Impitoyable, ravageur, il poursuit son oeuvre. Et pourtant il s'égrène cruellement tandis que les fantômes de ton absence étreignent les murs de l'endroit. J'ai tenté d'oublier. Le fléau de ma chair, les ténèbres qui se déversent désormais de mon corps exsangue. Privé de tout. Comme une ombre de moi-même. Les apparences pourtant parlent autre chose. Echine qui sursaute malgré elle lorsqu'elle croit se heurter à l'ombre de ton regard et rêves qui s'habillent de ta présence. De ce temps où tout était plus doux. Un temps désormais révolu. Malgré mes fléaux, seule cette certitude subsiste. Celle de t'aimer toujours, et quoi qu'il advienne. Qu'importe le prix, même celui de ma propre perte. Je me perdrai pour te trouver.

L'apparence reste féline, les pas mesurés presque feutrés. Quelques mèches d'or envolées, j'ai raccourci la chevelure comme je me suis affranchie du reste. Le corps marqué par les tourments et l'encre venue se poser en mon sein. Il y a des mystères qui me hanteront quoi qu'il advienne. Lèvres carmines légèrement entrouvertes alors que je lis les derniers rapports. Les traits à cet instant restent encore juvéniles, presque innocents, mais la candeur s'est échappée de mon sang depuis longtemps. Poupée cruelle, impitoyable guerrière. Avec le départ d'Izzy et Connor, les Souls ne sont plus qu'un maigre souvenir. Affranchie, c'est pourtant une nouvelle ombre qui a pris possession de ma chétive apparence. Et comme une volonté de m'en libérer, j'ai vendu jusqu'à chaque parcelle de ma peau pour sauver mon âme. Tumultueux paradoxe pour lui échapper. Pour extraire la peine aussi sans doute, de ce dilemme qu'il m'a infligé. Le but reste pourtant inchangé. Te sauver. Mes phalanges tapotent sur le vernis craquelé de mon bureau. Je sais que tu vas arriver et le calme apparent n'est qu'une mauvaise façade. Tout explosera et le souffle du chaos s'emparera sans doute de nous.

N'y tenant plus, je me redresse, amorce quelques pas, serpent qui tourne en rond dans son nid. Provoquant dans son ignorance par le fuselé des jambes, l'irrésistible galbe que ma robe d'ébène vient souligner sans en faire trop. Voûte plantaire perchée sur les aiguilles que Josephine m'a appris à apprivoiser. Après tout, je suis la Reine des Damnées, une femme qui sait quel charme vendre pour mieux régner. Tête noyée par le poids d'une couronne illusoire, le corps s'entête, privé de substances, de bienfaits, affligés de nouvelles marques, de stries écarlates ça et là de la peau, et de curieux motifs d'encre qui se devinent à la naissance de mon cœur. Enfin, les coups résonnent, et machinalement les phalanges viennent rabattre quelques mèches. Enfant encore. Toujours lorsque tu t'imposes dans les parages. Mes azurées s'affirmant dans un regard. Le corps déjà répond à ta présence mais maintient la distance. « Bonjour Shayn. Oui. » Je dois déployer un effort pour ne pas perdre mon souffle, pour ne pas me jeter dans tes bras. Mais à quoi bon m'y soumettre parce que tu ne le voudras plus. Pas après ce que je m'apprête à te révéler. « Pose tes questions. » Qu'on en finisse. Que tu emportes avec toi les misérables fragments errants de mon essence. Ma raison d'être.

Y avait-il une alternative à cette noirceur ? Un moyen d'y échapper, de s'enfuir et de vivre, autrement peut-être. Réfléchir après, et mieux nourrir les regrets; constater la perte, l'explosion de la seule relation censée, l'unique ayant jamais compté. Sans même savoir de quoi il relève exactement, Shayn peut ressentir l'effondrement iminent. Son monde, tel qu'il l'a construit ces derniers mois, tout autour de la belle Lyra; son univers, comme l'avait prédit son père, s'apprête à retourner à l'état de poussière. Tant d'efforts, tant d'implication.. Pourtant, au creux de la poitrine, Shayn ne ressent rien d'autre que de la déception. Envers lui-même, d'abord et toujours; garçon pitoyable, si faible face à son Diable. Monstre de chair et de sang, maître de ses chaînes et bien plus encore, visiblement.

L'histoire s'est répétée, n'est-ce pas ? D'abord Melody, abandonnée au beau milieu d'une émeute; elle qui portait en son ventre, la promesse d'un futur -potentiellement- radieux. Maintenant Lyra, l'amour de sa vie; celle qu'il tentait de protéger, la preuve vivante qu'il vient encore d'échouer. En ouvrant cette porte, en acceptant de lui faire face à nouveau, Shayn expose directement sa béance la plus profonde: il n'était pas là. Absent au coeur lourd, aux ambrées désespérément noires. Le souffle court à l'écoute de sa voix, l'âme en peine à la mesure de cette distance; couple rejeté, toujours.
Massive mais point dangereuse, la silhouette s'avance lentement; presque à portée de bras. L'air en suspens, l'envie de se jeter à corps perdu dans cette bataille, pour la retrouver, la ramener, la récupérer et la garder à tout jamais. Mais d'abord, l'autre doit mourir. Et la Reine doit répondre de ces actes. - Des questions ? Lyra.. la voix se perd, s'éteint en un éclair. Que pourrait-il lui demander ? A quel point est-elle capable de l'éclairer ? - Je dois savoir ce qu'il s'est passé. puisqu'on l'a volontairement tenu à l'écart; enfermé, muselé et abîmé, pour mieux le dresser. Puisque Jefferson Senior se faisait un plaisir d'évoquer Lyra, la beauté de son rouge à lèvres, la fragilité de sa peau sous le tissu; des détails trop précis pour être simplement inventés, puis oubliés. - S'il t'as touchée... observe comme la flamme danse au fond des yeux, comme elle oscille entre la peur et la colère. Le simple fait d'envisager cette possibilité fait naître en lui le désir d'une cruauté sans la moindre limite. Lyra est sienne, et quiconque tenterait de lui mettre la main dessus, ferait mieux de courir.      

  Reine improvisée au sommet d'un piédestal pour le moins bancal. Vois, comme la couronne est trop lourde à porter, comme elle a écorché le corps sur son passage et comme elle roule désormais à nos pieds. Enfant brisée, bien trop éclatée de ses morceaux épars pour désormais se reconstituer. Ton corps approche du mien, accélérant la course insidieuse du myocarde tandis que mes billes viennent à la rencontre des tiennes. Si les miennes parlent les tourments, les masculines restent désespérément anesthésiées. « Je sais... » Menton qui s'incline sur le sol. Il est trop tard désormais pour me relever. La chute se doit d'être acceptée. La vérité révélée. Et je sais qu'elle provoquera notre perte, mais c'était là le seul moyen de te préserver. « Ton père a cette volonté de me prendre sous son aile, il a vu en moi un étonnant potentiel. » Version officielle de ses motivations, mais nous savons tous deux qu'elle est toute autre. « Et surtout la pièce parfaite pour te détruire. » Parce qu'il ne supporte pas que tu t'affranchisses de lui. Moi dans cette histoire, je n'ai voulu qu'assurer ta liberté. « Il ne m'a pas touché non mais je pense que ce n'est pas l'envie qui lui manquait. » Je ne sais pas encore pourquoi il ne se l'est pas permis. « Ce n'est qu'une question de temps... » Alors, j'ai perdu mon corps dans les bras d'autres plutôt qu'il puisse m'atteindre sur ce point. « Tu es libre, c'est tout ce qui compte. » La voix s'applique, feutrée, un peu brisée dans ces tourments que je tente de réfréner. « C'était ça ou te perdre... » Et la chose m'est impossible à accepter. « Alors j'ai du tuer pour lui. » Jointures blanchies par la colère de l'impuissance, par cet ordre que je n'ai pas pu contrer. Pourtant, je l'ai libéré, j'en suis persuadée mais les mains sont trop noircies, les démons collés à mon dos et des enfers, je n'entrevois plus aucune sortie. Souffle qui vient s'échapper de ma gorge, tandis que mes phalanges empoignent la lame d'acier gisant sur mon bureau. Le buste vient s'incliner un peu en arrière comme pour anticiper une fuite qui sera inévitable. « Elle souhaitait que nous restions réunis quoi qu'il advienne, qu'on s'éloigne de tout ça, qu'on soit heureux. » Je n'ai pas osé dire à cette pauvre femme que c'était peine perdue. Elle méritait mieux que cette misère humaine, nos âmes sont désormais trop brisées, mais peut-être que toi, tu sauras te promettre à cet avenir brillant. « Dakota... » Peut-être que le prénom éveillera un souvenir en toi. Ou peut-être pas. Mon regard vient se poser une nouvelle fois sur toi. « Celle qui t'a porté à la vie. » La part humaine, la seule lumière que tu mérites. Ma paume s'ouvre pour dévoiler l'acier de la lame, que tu le cueilles. « Fais ce que tu as à faire. » Si l'envie t'en prend, de mettre fin à tout ça, de l'empêcher de te nuire véritablement. « C'est la seule solution pour que tout ça, s'arrête. » Et je ne peux plus être sauvée, les os sont noircis pour de bon.

Il doit mourir, ce n'est plus une suggestion désormais. Qu'importe la manière, qu'importe que Shayn devienne bourreau ou que cette tâche soit déléguée, tant que le souffle est retiré à son créateur. Lyra n'avait pas besoin de prononcer le moindre mot, pour que sa conscience lui dicte une telle finalité. Tel est le prix à payer, pour avoir approché son aimée. La rage n'a cessé de couler dans ses veines, d'alimenter son myocarde à mesure que l'été avançait. Cette conversation, c'est la goutte de trop pour ses enfers déjà saturés, l'occasion rêvée pour que le démon reprenne du service, qu'il brise ses chaînes et aille prouver au Diable qu'il n'a pas misé sur les bonnes personnes. - Je jure.. autant que la voix gronde, que la haine éclate dans son regard ambré - Qu'il va souffrir. Je vais le briser, le pousser à nous supplier. J'vais le faire souffrir au point qu'il nous implore d'en finir. J'vais le renvoyer en enfer, en petits morceaux. rétablir l'équilibre d'une vie, passée sous son courroux. Rendre chacun des coups reçus en plus de dix ans. Le vider de son sang. Faire éclater son âme. Le rendre méconnaissable. Aucune violence ne saurait être assez tordue, assez puissante aux yeux du ténébreux. Son père va comprendre, à quel point il s'est trompé à son sujet. Le juger insignifiant, indigne de sa noirceur. Qu'en savait-il vraiment ? Mais ce n'est pas la véritable raison pour laquelle Jefferson Junior souhaite se déchaîner. Tout part de Lyra. Le simple fait qu'il ait songé à abuser d'elle, est un motif suffisant pour commettre bon nombre d'atrocités. Le fait qu'il puisse y penser, à cet instant même; qu'il s'y prépare -potentiellement- pour leur prochaine rencontre, c'est ça, la réponse à pourquoi.

L'ombre tremble, point de peur mais de colère. Attentive aux paroles de sa jumelle, de son amour, sur le point de se perdre. Le refus de voir la réalité en face. La tête se secoue doucement, implore un non silencieux dès lors que l'esprit comprend. Que sa propre âme se brise, même si les apparences tiennent bon. Larme salée, larme de sang glissant le long de sa peau halée, rejoignant le sol. La terre. Là où elle repose. Maman. Les paroles du père prennent désormais leur sens; une personne qu'il porte en son coeur devait mourir pour lui assurer la liberté. Celle qui l'a porté à la vie. Cette même personne s'est sacrifiée pour lui permettre de vivre, encore. - Non.. Ce n'est pas possible. la mâchoire se crispe et Shayn tente encore de se persuader. Dénier la vérité pour ne point l'affronter. Pour ne pas donner de force à cet acte, pour détruite toute symbolique. Pourtant, la douleur est là, figée dans la poitrine; coeur meurtri, coeur brisé à tout jamais. L'humanité illumine ses yeux, une dernière fois; avant que les ténèbres n'en reprennent possession. - Ma mère est morte quand j'avais cinq ans. Ca s'arrête là. le deuil et le déni. Enfouir l'amour qu'il porte à cette femme pour n'afficher que force et violence; réprimer les sanglots et se saisir de la lame, refermer sa poigne sur le tranchant de l'acier et libérer la souffrance en faisant couler son propre sang. Tout devient plus clair dans sa tête; son père n'est pas seulement meurtrier et psychopathe, c'est avant-tout un lâche. Trop faible pour en terminer lui-même avec sa femme, au point de d'imposer à Lyra de se salir les mains. L'acier change de main, les phalanges ensanglantées se portent à la gorge de sa belle, impriment leurs marques sur la peau diaphane avant que le ténébreux ne dépose ses lèvres sur son menton, juste assez près pour capturer son inférieure, le temps d'une seconde. - La seule solution, pour arrêter tout ça.. C'est que j'en finisse avec lui. Ou qu'il en termine avec moi. Un des Jefferson doit mourir. et qu'importe le résultat. La paix reviendra, quelle que soit l'issue du combat. Et, comme un signe de ce qu'il estime inévitable, Shayn porte la lame à sa propre gorge, jusqu'à sentir les pulsations de la vie au coeur du métal. - Je refuse que quelqu'un d'autre touche ne serait-ce qu'à un de tes cheveux. Je les tuerai tous, sans hésitation. Tout ceux qui oseront t'approcher. pour elle, sa violence ne connaitra aucune limite. Noirceur apparente, palpable sur les traits de son visage et dans chacune de ses cellules, noirceur née de son amour inconditionnel; nourrie et apaisée à la fois, par la gardienne de son âme. Lyra Bain.      

 
Le monde est déjà détruit, le chaos nous étreint depuis si longtemps désormais. Et pourtant, les ruines de nos enfers peuvent encore nous entraîner. Il n'y avait pas besoin d'ombre dans nos ténèbres, néanmoins Celle de ton père avait fini par nous recouvrir, par nous entraîner dans les profondeurs de la misère. Te trouver, c'était aussi me perdre. Renoncer à chaque chose à laquelle je tiens, pour Toi. Et je ne t'en veux pas de ça. Je pensais mon humanité perdue, partie, envolée avec les souffles de mon propre sang. Il a su se révéler entre tes phalanges, sous la puissance de tes obscures mordorées, dans la chaleur de ton souffle. Comme réanimée. De cette vie étrange et amère, je ne trouvais plus le sens sinon celui de la vengeance. Désormais, le sens repose au cœur de tes paumes ensanglantées. Douleur communiée. Les blessures sont semblables, mais la force de l'amour l'est bien davantage. Et la peur de perdre nous rend plus faible. Je le sais.

Que si désormais, tu venais à disparaître, cela sonnerait ma propre fin. L'agonie serait douce, l'expiation du souffle bienvenue, si tu ne rôdais plus dans mes parages. Azurées qui s'accrochent quelques instants aux ambrées, et ma voix qui se pâme dans ce silence, sous le poids de ces tristes révélations. J'ai porté le coup fatal à son œuvre, mais je reste Celle qui te l'a pris. « Elle était apaisée d'en finir. » Maigre consolation car oui finalement, elle était partie à l'aube de tes jeunes années, elle n'était plus que l'ombre de sa force, mais sa lumière avait su partir avec elle et il ne pourrait jamais lui enlever ça. « Shayn... » Mes propres phalanges se posent sur ton torse, accrochent avec une douce fièvre l'épiderme noirci de tes démons, comme pour y planter quelques promesses. Exsangues mais tenaces. « Laisse-moi le faire avec toi. » Si la perte s'abat, qu'elle nous prenne tous deux. « Ensemble. » Je ne peux plus porter cette solitude maintenant que tu es là. Si le corps s'est offert à d'autres pour assurer mes pas, ce n'est que dans l'attente de ce jour, avancer quelques pions pour mieux abattre le Roi des enfers. Qu'il ne puisse plus me toucher, m'affaiblir. Mais quoi qu'il advienne, mon âme t'appartient.

Paupières closes alors que tes lèvres capturent un instant mon inférieure, la chair s'anime de cette douce chaleur que toi seul parvient à faire naître au cœur de mes entrailles, comme une ligne de feu qui m'aligne au monde. A toi. Lame posée au cœur de ma paume, je viens en épouser les assassins contours , sentant la tendresse de ma chair céder sous le métal et les larmes carmines qui viennent strier sur la blancheur éteinte de ma peau. Je relâche l'arme pour finalement mêler mes phalanges aux tiennes, paume, contre paume. Posant nos mains liées sur mon buste, je laisse le tissu de ma robe agoniser à mes pieds, révélant la pâleur marquée de cicatrices de ma peau. Un vestige inédit la hante désormais, sur ma poitrine, contre le sternum, quelques fleurs d'encre qui viennent orner la douleur, un myocarde que je pensais absent et qui pourtant sous les ténèbres de ta peau, vibre encore. Quelques lettres s'y perdent, pour les attentifs, égrenées au hasard des motifs, cachées sous la beauté des lignes, ces lettres que tu ne sais pas épouser et qui pourtant t'étaient destinées. Lyas. Un pacte entre Elle et moi. Une muette promesse de continuer à t'épouser dans ce monde. « Je la porte en moi, désormais. » Car là était son souhait, et je n'ai que cette volonté de le respecter. « N'oublie pas. » Voix douce qui résonne dans le délavé de mes murs, halo ténu mais présent toujours malgré les lambeaux qui s'acharnent autour de qu'il reste de moi, de nous. « Que tout ce que je fais, est et sera pour toi. » Pour nous. Parce que je n'existe plus sans toi.

Aucune parole, aucun acte ne sera jamais en mesure d'apaiser cette souffrance. Myocarde prêt à se fendre en mille morceaux, obscurité en passe de prendre le pas sur ce seul éclat d'humanité, persistant jusqu'alors dans l'unique espoir de revoir sa mère. Revenir en arrière n'a jamais été une option. Quoi que Dakota puisse avoir dit, fait ou espéré, son fils n'en sera jamais à la hauteur. La vengeance ne ramène pas les morts à la vie; ce sont ses propres paroles, lâchées comme des gifles sur le visage de son aimée. Aujourd'hui pourtant, Shayn ne saurait aller à l'encontre de cette idée, lui-même débordé par l'envie d'arracher la jugulaire de son père. Sans doute ne pouvait-il pas comprendre, lui qui n'avait jamais réellement perdu quelqu'un. Lui qui se croyait invincible, incapable d'éprouver la moindre tristesse pour autrui. Mais le Diable possède toujours une action d'avance et celle-ci était prévue depuis de nombreuses années. Par la présente, il impose la tristesse et la colère; le déni et le désir primitif de prendre la vie. - Ca suffit. Je ne veux plus entendre parler d'elle. ne point en rajouter pour garder le contrôle; éviter les décisions hâtives dont les conséquences pourraient être désastreuses. Ne pas garder en tête que Celle qu'il aime est aussi Celle qui lui a pris sa mère. Taire le volcan qui voudrait brûler ce monde et tenter de réfléchir, d'organiser des représailles adaptées. Toucher le maître du jeu et briser sa couronne, quitte à perdre sa propre vie. - C'est ma faute si on en est là. et la vengeance est personnelle, n'est-ce pas ? - Je ne veux pas te mêler à ça. Mais je l'accepterai, à une condition. puisque les ténèbres sont similaires et que les poids sont partagés, Shayn ne peut se résoudre à totalement l'écarter du chemin. L'homme portera toujours la culpabilité, de l'avoir entraînée dans une histoire familiale trop écorchée, corrompue au point qu'elle ne devienne elle-même, l'instrument de mort. Ensemble; c'est ainsi qu'il veut croire à une forme de lendemain, espérer se réveiller auprès de son amour et qu'importe si leur literie est faite de cadavres empilés.

S'aimer et se détruire, voilà qui les caractérise. A l'image de cette lame, appréciée par leurs soins pour entamer les chairs, faucher les âmes et faire régner le sang. Phalanges abîmées désormais liées sur le buste dénudé, souffle en suspend et ambrées observatrices d'un nouvel élément; motifs à jamais ancrés jusque dans le derme, signification qui lui échappe -encore- et lettres dont il parvient à tracer les contours à la force de l'index, prononçant comme il le lit, - Lyas.. Qui est-il ? au point d'être porté dans la peau, au point de mériter cette place dans sa vie.
La renaissance du myocarde, au contact de la peau diaphane. Par le clair-obscur des océanes, qu'il ne saurait éviter, si ce n'est pour parcourir du regard les courbes féminines, manquantes à sa vie depuis -bien trop- longtemps. Les ambrées acquiescent en silence; et si les lèvres ne bougent pas, si aucun son ne sort de sa bouche, c'est parce que les actes valent plus que les mots. Parce que Lyra Bain, il l'a dans la peau. T-shirt enlevé avec précaution, le vêtement rejoint rapidement la robe à leurs pieds. Torse et blessures dévoilées, brûlures électriques dont l'épiderme porte encore les stigmates; rien qui ne soit permanent, à peine suffisant pour lui faire serrer les dents. - Je brûlerai le monde pour toi. la voix répète, neutre désormais. Acier dont il se saisit à nouveau, retournant la pointe contre son propre coeur. - Jamais sans toi. souffle-t-il avant d'imposer la lame dans sa chair, gravant une à une, au prix du sang, les lettres de son prénom; crispant les mâchoires avant de lui offrir un sourire, appréciant cette douleur plus que n'importe quelle autre. - Lyra.. Épouse moi. lâche-t-il soudainement, sans avoir été aussi sérieux depuis le premier " je t'aime ", prononcé au coeur de l'océan.      

 
Révélations qu'on laisse exploser là entre nos murs. Ce sont les ténèbres qui m'ont mené à toi, sans savoir encore que dans cette obscurité viendrait naître la plus inattendue de mes lumières. Orbes épris de tes démons, lippes qui ne peuvent dissimuler le fléau que tu portes dans ton nom. Tu en acceptes le poids alors que le choix n'avait pas été laissé non plus concernant ton geôlier. « Je comprends. » Admettre le paradoxe qui t'étreint, d'aimer la femme qui t'a pris ce qui t'était sans doute le plus précieux. Mais je ne t'aurais pas caché la réalité au moins. Faille que je devrai accepter de porter sur mes frêles épaules désormais, elles sont plus solides qu'il n'y paraît. « Ce n'est pas de ta faute Shayn mais bien la sienne. » Tu n'es en rien coupable du monstre qui t'a donné le jour. Fruit des amours destructeurs entre un ange et le diable. Une condition... Mon regard se fait interrogateur, curieuse de savoir la limite que tu poseras à nos vengeances. Si tu as besoin de lui faire du mal, j'ai ce même besoin d'exorciser le démon, pour qu'on puisse vivre pleinement ensemble.

Peaux qui viennent parler nos failles, les blessures. Si le silence demeure, la peau expie dans des larmes carmines, ce que la langue ne peut pas parler. L'indicible. Et ce lien inextricable qui m'attache à toi. « Il est celui que tu aurais dû être, cette part d'elle, qu'elle voulait te laisser. Mais tu ne veux plus qu'on en parle... » Alors, je ne donnerai pas plus de détails. Le serment s'attache à nos poignets, à cette femme désormais morte et enterrée, et à ma carcasse qui se débat encore dans la vie. Pour toi. Torse dévoilé, qui parle les cicatrices, les blessures, ma posture reste en retrait face à ce corps dévoilé, ultime offrande que peuvent se faire nos corps, parce que les âmes elles, restent liées. « Je le détruirai pour toi. » Et si je fais partie de cette destruction alors je ne renoncerai pas à ce prix, pas même celui de sauver ma propre peau. Lame qui vient écrire mes lettres sur la chair noircie et striée de ce sang qu'on ne peut que verser. Ta demande. Me cueille. Arrache un sourire furtif, une joie étrange là dans mon bassin, le cœur tambourine, trop heureux de t'appartenir encore. Mais la douleur m'étreint, sournoise, impétueuse, parce que la transparence se doit après un serment pareil. « Shayn, je le veux... mais... je ne suis pas certaine que tu voudras toujours de moi. » Pas après ce que je m'apprête à te révéler. Pas après cette béance supplémentaire. La petite Bain n'est plus innocente, elle n'est plus si pure, elle n'est que douleur, elle est un vestige, et la part d'humanité qu'il me reste, repose désormais entre tes phalanges. Pas certaine que tu l'abrites encore après ce que je vais te confier. « J'ai donné mon corps à d'autres hommes. » Regard baissé, empli de cette honte étrange que portent les gens trop brisés. Perdus. « Pour l'effacer Lui. Pour ne pas lui donner ce plaisir malsain de m'avoir, j'ai préféré me perdre en d'autres. Renoncer. » A ce que j'ai de plus précieux. Mon corps. Mais le cœur, l'âme, ils t'appartiennent encore. Ils t'appartiendront toujours. Qu'importe la force de ton rejet.

Culpabilité grandissante, peut-être même trop lourde à porter pour ses larges épaules. Tout est venu de cette attraction, des rapprochements et de ce couple, qu'ils ont décidé de former; choisissant de faire fi des potentielles conséquences, pourtant conscients des risques, dès les premiers instants. Electron libre et imprévisible, Shayn a pourtant fait le serment de fidélité; sans se douter que ces mêmes mots pourraient les conduire à leur perte. - Non. Je t'avais repoussée au début, rappelle toi. C'était pas par plaisir, c'était uniquement pour toi. conscient qu'elle deviendrait sa faiblesse en cas d'attache, que son père se servirait d'elle contre lui. Cependant, loin d'imaginer qu'il pousserait le talent de Lyra à se retourner contre sa mère. Le Diable tire bien des ficelles, trop pour être facilement arrêté. Une condition pour accepter la vengeance, pour approuver la présence féminine dans sa quête de sang et de larmes. - Si tu veux en être.. Alors tu devra m'accepter pour chacune de tes missions. chacun son désir, son besoin de faire parler la violence. Un couple assassin; si l'un tombe, alors l'autre aussi. Si l'un tue, alors l'autre devient complice. Aimer et détruire, ensembles. Venger sa mère et venger sa famille toute entière.

Encres révélées, le souvenir de ce qu'il aurait pu être, mais qu'il ne sera jamais. Lyas. L'espoir envolé d'une mère. Le chemin tracé par le paternel, que Shayn se surprend à suivre à la lettre. Tombé sous le charme de puissantes émotions, si facile d'accepter la colère et de refouler le pardon. - Celui que j'aurais dû être.. Tout est dit, non ? Je ne serai jamais cette personne. Je ressemble trop à mon père pour ça. l'accepter, ce serait admettre le meurtre de Dakota. Encore trop tôt pour ça. Un jour viendra où Jefferson Senior répondra de ces crimes; pas devant un tribunal, seulement en face à face avec lui. Eux. Ce jour-là, Shayn prouvera que sa mère s'était bel et bien trompée à son sujet. Jeune démon aux cicatrices apparentes, point de tatouages mais la scarification permanente, un prénom gravé pour l'éternité, dans la chair et le sang. Un geste qu'il accompagne d'une demande inédite, spontanée; la poignante volonté de s'affranchir, le besoin inconditionnel de lui appartenir, encore. Oui, mais non. La révélation tombe et le regard s'abaisse. La bouche s'entrouvre mais le silence demeure. Justification apportée pour un acte.. De trop. Garçon brisé, l'âme déjà torturée et incapable d'accepter la moindre blessure supplémentaire. La colère, et non le pardon. Quelques pas de recul. Le regard imagine les mains sur la peau, les corps dénudés collés à celui de son amour. Passage nerveux des phalanges dans les cheveux; défaire et refaire les dreadlocks machinalement, éviter à ses mains de toucher ce mobilier, que sa fureur lui intime d'exploser. - Donc.. Pendant que je m'entraînais.. Que je prenais du temps pour réfléchir à comment nous sortir de là.. Tu faisais la pute en écartant tes cuisses au premier venu ? le ton reste étrangement calme, mais le regard incendie. Elle connait cette rage, cette lueur dans les ambrées. - T'as vite oublié tes propres mots.. Tu sais, c'que t'as dis dans l'océan, le jour où on s'est mis ensembles. Tout ça pour quoi..? insultes qu'il contient, maintenant que l'esprit tourne en boucle autour de ces scènes, la portant au lit avec d'autres, à accepter les caprices sexuels des plus vicieux. - Je veux les noms de ces types. Qu'ils aient juste payé pour une pipe ou pour te baiser, je veux les noms. La suite ne te concerne pas. mais elle pourra toujours imaginer le sort que Shayn leur réserve. A se taper la reine des enfers, on risque de se frotter au Cerbère. Aucune pitié pour ces pervers. La haine qu'il garde pour l'instant, ces bouseux en deviendront les victimes. - Dernière chose: appelle Perséphone. Maintenant. inutile de préciser pourquoi, évidemment. Le calme règne en surface mais le sang bout à l'intérieur. Profondément blessé par cette confession, au point de la faire payer. Immédiatement.    

 
Avant toi, je pensais avoir goûté à l'absence, à ce fardeau silencieux et misérable qui vient oppresser la cage, à cette absence de goût dans les jours, à cette flamme grondante et muette dans les nuits. La vie avait perdu son sens et les pas s'imposaient l'un après l'autre sans que je ne puisse vraiment y réfléchir. Simplement ce besoin de les venger, le désir sourd et tenace de l'oublier. Endormir les ambitions de Reine, car je ne suis qu'une enfant, une fille un peu trop douce pour un monde gorgé de sang et de béton. J'y voyais des mirages autrefois, je m'en suis persuadée. Mais la réalité est encore bien plus abrupte que je pensais. La beauté, elle réside en ton dos, en cette force sombre qui te malmène et contre laquelle tu te bats avec une admirable beauté froide. Mon seul diable. L'autre fait pâle figure à tes côtés, si il croyait révéler mes faiblesses, il n'a su que pointer mes forces, même si d'apparence, je me suis perdue dans la bataille. Il n'y a pas plus indestructible qu'une âme qui n'a plus rien à perdre, et j'ai moi même tout provoquer. Pour ne plus me soumettre, pour ne pas lui confier mon souffle et encore moins mes peurs. « Parce que tu savais qu'il se servirait de moi pour t'abattre ? » Mais tu es bien plus fort qu'il n'y paraît Shayn. Seulement, tu l'ignores encore. Dans le silence épais de ces murs, dans ces misères de façade. Tu oublies ta seule force. Et de la rage, je t'aiderais à renaître. Tu existeras sans moi, tu détruiras le monde même. J'acquiesce silencieusement, parce que je ne demande que ça. Que tu règnes à mes côtés, que cette vérité cruelle habille le sceptre et que l'obscur nous drape. Il est bien plus fiable que la lumière. Il ne nous abandonne jamais, lui.

Cette mère, cette douceur que tu refuses. La part humaine. Elle réside pourtant encore sous les béances atroces du myocarde. Elle le fait battre et elle a ce pouvoir indicible aussi de t'abattre. « Un cœur, est lourd à porter. » Et on aimerait le jeter au vent. L'oublier, le piétiner. Lui dire d'aller au diable. Mais vois-tu, il est là ici à mes côtés, pressant mon noble organe entre tes phalanges glacées. « Tu es toi. Et c'est tout ce qu'elle voulait. » Flamber les idéaux, pour te permettre d'être. C'est la seule volonté d'une mère. Cet amour qui se passe de conditions. La douceur aurait pu nous enlacer, éloigner le monstre et le monde s'habiller de ses belles promesses, d'un anneau qu'on passe, d'un serment qu'on lie entre nos côtes. Mais le Diable ne s'unit pas à Lilith sans connaître ses véritables fardeaux. Idéal à mon encontre que tu portes dans des orbes aveuglés. Si tu penses que m'aimer est ta plus grande faiblesse, attends de voir le revers du collier, les horreurs glacées qui me hantent. Songes de celle que j'étais qui agonise désormais entre mes cuisses. Nourrir ta fureur pour ne pas avoir à subir ta perte. La provoquer. Pour l'éloigner lui et quelque part te rendre inatteignable. Les plus belles œuvres ne s'accomplissent pas sans casse. Petite fille qui a bien trop le goût du sacrifice. Qui oublie sa vertu dans des chairs anonymes et plus puissantes pour garder un orteil sur un piédestal trop instable. Trop cruel. « Tu n'étais pas là. » Quand j'avais besoin de toi.  Et les jours s'égrenaient de tes absences, les poumons s'emplissaient d'herbe à défaut de se nettoyer d'air. Le corps s'est passé des vivres, et le cœur s'est ôté de l'amour. La chair en sacrifice. « Les Souls ont été démantelés et nous étions à la merci des autres clans. Ils n'attendaient que ma chute. » Pour faire taire mes ambitions d'un coup sec de lame, gosier offert telle une martyre. « J'ai refusé de leur offrir ma descente. » J'ai maintenu le règne au profit de l'ultime sacrifice. « Devenir plus faible, c'était lui laisser toute la marge de manœuvre. Offrir une cible à ses armes. » Et je refuse. Je refuse de subir. Je refuse de t'aimer si c'est pour te perdre. Je t'aimerais à ma façon. Maladroite et bancale. Mauvaise. Car nous ne sommes plus habillés de bon, n'est ce pas ? « Je suis moins enviable n'est-ce pas ? » La douce et belle Lyra. La rêveuse, celle dont tes ombres se sont éprises. Elle n'ont qu'une envie désormais. Me détruire. Faire taire la douleur. Et tu ignores sans doute que notre but était commun dans la manœuvre. Le cœur s'arrache à t'entendre parler de cette fois sur l'océan. Prémices de nos amours, annonces de nos chutes futures. On a voulu ignorer le mal, on a voulu croire que le bon pouvait survivre dans les enfers. « Et à quoi bon ? » Sourire mauvais, âme brisée. La tête se tourne, les épaules reprennent une stature illusoire. Que de cette peine fébrile, j'élève la rage. Elle est plus utile. Elle permet d'avancer quand l'autre détruit simplement en silence, sournoisement. Paumes muettes qui viennent étouffer les mouvements, colère tu m'embrases, tu allumes les orbes enfantins de bien plus noires lueurs, tu habilles le myocarde de fer, et inonde la glace de la tiédeur doucereuse du sang. « Va te faire foutre Shayn. Toi. Ton père. Et le reste. » Pas félins qui dévalent jusqu'à la porte de mon antre, la geôle choisie pour mes enfers. « Je suis perdue, tu ne vois pas ? » Foutue. Crevée jusqu'aux os. Que le cœur s'arrête, c'est la seule prévision fiable. « Tu sais où la trouver, cherche là toi même. » Battant qui s'ouvre comme le sang qui dévale, la clôture était prévisible. Une fois encore, j'ai été naïve de croire. Que tu comprendrais. Que tu supporterais. Que tu resterais. « Je ne te retiens plus. » A t'attendre, les espoirs se sont réfugiés avec toi, et désormais je sais qu'ils sont envolés au gré de l'acier de tes mains.