can't break me

Le retour à la réalité fait un peu trop mal à son goût. La fin du Summer Camp - en date du 15 août, pour Roman - a également sonné la fin de la rigolade et depuis, c’est à chercher des partenariats qu’il occupe la plupart de ses journées. Ce n’est pas tant une volonté de sa part mais plus un besoin à présent, son compte en banque, bien chargé il y a trois ans, diminuant à vue d'œil. Son énergie n’a pas été vaine et il peut à présent profiter des premiers jours de septembre, avant de se plonger à nouveau dans les choses sérieuses et ses études, qu’il ne peut certainement pas se permettre de rater. Tant d’un point de vue financier que de par son âge, puisqu’il les a déjà commencées avec trois années de retard.
La tête dans le cul suite à une énorme soirée pour fêter la fin de l’été - car cela a beau être déprimant, ça se fête! -, c’est affalé dans son fauteuil qu’il se trouve lorsqu’on sonne à la porte. Bad timing, parce que son épisode final de la saison une de Outer Banks vient de finir et il a besoin de savoir la suite, immédiatement. Pauvres âmes qui ont vu la saison un à sa sortie et ont dû attendre des mois pour découvrir la suite des aventures de John B! Dans un soupire, il s’extirpe tout de même du fauteuil et se tire jusqu’à la porte. Il n’attend personne donc avec un peu de chance, l’individu est juste à la recherche de son cher coloc, absent, et Romi pourra se contenter de lui dire Ciao, Adios. Mais non. C’est Witter sur le pas de sa porte et il doute qu’elle soit là pour quelqu’un d’autre en lui. Sans chercher à la garder à la porte ou protester - à quoi bon, elle aurait forcément gain de cause -, Romi vient se gratter la nuque et ferme la porte, pivotant ensuite pour faire face à la jeune femme déjà au beau milieu de son appartement. Comme quoi le compte en banque ne fait pas forcément l’éducation. Roman s’abstient de lui en faire la remarque, se remémorant le nombre de fois où il a agi exactement de la même manière avec elle, ou une autre. A quelle sauce va-t-il être mangé, après leur dernière “conversation”? Ses sourcils s’élèvent lorsqu’elle lui annonce se faire chier, avant que ses yeux ne tombent sur le lunch qu’elle a embarqué avec elle. Finalement, sa visite n’est peut-être pas une si mauvaise idée. « C’est pas ce que je préfère mais on fera avec. » Parce que ce serait trop facile de juste dire merci. A condition qu’il n’y ait pas de poulet aigre doux dans ses petits plats à emporter, tout devrait bien se passer. « Et ne pas commencer par bonjour, ce n’est pas très poli. » Rétorque-t-il. Et puis parle-t-elle du silence depuis son départ de vacances ou depuis son arrivée ? Parce qu’il n’a pas l’impression d’avoir eu une seconde pour en placer une, là. « J’en déduis que t’es calmée? » Juste, pour vérifier. Et sur ce, Roman la dépasse pour se laisser tomber dans le fauteuil et ouvrir le sac contenant leur repas qui tombe à pic.

L’allemand sait parfaitement les raisons qui poussent la jeune femme à se montrer aussi sévère - pour ne pas dire totalement antipathique - lorsqu’un verre d’alcool se retrouve dans ses mains, ou celui d’un autre. Seulement s’il comprend l’inquiétude de Wendy, il n’estime pas avoir à subir les conséquences du traumatisme que lui a laissé son meilleur-ami parce que ce dernier n’a pas été en mesure de s’arrêter à temps. Le Summer Camp est fait pour s’amuser et Roman n'est pas du genre à abuser à tout va, elle peut donc se garder ses leçons de morale pour le suivant… Ce qu’il n’est pas gardé de lui faire savoir lors de leur dernier échange, l’alcool n’aidant absolument pas le gamin à faire preuve de sang-froid. Il se retrouve donc face à elle sans trop savoir si leur petite confrontation est derrière eux, mais il s’ose à l’espérer puisque mademoiselle s’engouffre dans l’appartement sans y être invitée.

Les yeux rivés sur les petits plats pour ne pas faire face à la foudre dans ses yeux, Romi lui demande donc si elle est calmée et sourit à sa réponse, sans l’observer pour autant. « Assez calme pour me dire d’aller me noyer. » Parmi bien d’autres souhaits qui resteront, malheureusement pour elle, non exaucés. Comme prévu, le blond à juste fini par faire une petite sieste sur un transat’, bercé par le son des vagues, avant qu’une âme charitable offre de le raccompagner jusqu’à sa chambre. « C’est un peu tard pour y penser. » Dit-il, sourire en coin, lorsqu’elle lui dit ne pas souhaiter être photographiée avec un crétin. Ce n’est pas la première fois qu’ils sont aperçus ensemble et ça ne sera pas la dernière, il n’a aucun doute à ce sujet. Si une dispute devait mettre fin à leur “amitié”, il en aurait été informé il y a plusieurs années déjà, n’ayant pas assez de doigts pour compter le nombre de fois où ils se sont mutuellement envoyé balader.

Lèvres pincées pour ne laisser aucune occasion à son sourire de poindre, Roman abandonne les sacs de nourriture lorsqu’il y est obligé et relève les yeux vers la belle, glissant ses mains lentement le long de ses jambes jusqu’à atteindre ses pieds. « Pour la centième fois, le parquet n’est pas responsable de mes conneries. » Et de fait, ce dernier n’a pas demandé à être maltraité par ses talons que Roman lui hôte et laisse tomber au sol, quand bien même il la trouve bien plus désirable perchée sur ces derniers. « T’attends? » Il répète naïvement, ses mains à présent logées sur ses fesses qu’il presse sans la moindre retenue. « Comme ça, on est deux. » Sauf qu’il n’attend aucune excuse de sa part, seulement qu’elle abandonne l’idée d’en obtenir et passe directement à la partie réconciliation.

Si elle est impromptue, la visite de la demoiselle lui fait, au fond, plaisir. Ils n’ont eu aucun contact ces trois dernières semaines, ce qui est rarement arrivé depuis que Roman a posé bagages à Boston. Malgré les programmes chargés de l’un et l’autre, les moments où ils se retrouvent semblent se glisser naturellement dans leurs agendas respectifs. Mais pas cette fois. Entre la distance et les mots durs sur lesquels ils se sont quittés, c’est au roi du silence qu’ils ont décidé de jouer, jusqu’à ce que Wendy décide de lui offrir la victoire en se pointant sur le pas de sa porte. Double satisfaction, de ne pas avoir fait le premier pas. Il ne criera pourtant pas victoire trop fort, ou trop vite, car il sait que sa présence ne signifie pas qu’elle a dit son dernier mot. « Fais gaffe, chéri, ce sont des Louboutin. » Roman aimerait lui répondre le bois duquel est fait son parquet afin d’en défendre sa qualité mais en toute honnêteté, il n’en sait foutrement rien. Surtout, il n’est pas propriétaire et se moque bien de voir Witter y laisser ses marques, qui seront pourtant plus indélébiles que celles qu’elle laisse sur son épiderme. Son colocataire, et propriétaire, ne seront peut-être pas de son avis, mais encore faut-il parvenir à mettre le doigt sur le coupable. Il sera d'ailleurs peut-être d'avis à lui demander de se rechausser, lorsqu’elle ne portera plus rien d’autre.

Ses lèvres s’étirent dans un sourire en sentant les ongles de la belle se planter dans sa nuque, glissant les yeux sur ses lèvres qu’il attend à présent de retrouver. Les mains de Roman passe des fesses de Wendy à ses hanches lorsqu’elle prononce son surnom, relevant du bout des pouces sont haut afin de caresser sa peau. « joue pas les méchants. » Un éclair traverse son regard, qu’il pose avec envie sur le corps de la grande PDG, qu’il a toujours désiré un peu plus que toutes les autres réunies. Il n’est pas question de sentiments, autre que l’amitié sincère - et pourtant pas toujours évidente -, qui les lie mais Wendy a une place particulière dans sa vie, comme dans son lit. Une sorte de constante, de béquille, sur laquelle il s’appuie bien plus qu’il ne l’admettra jamais. « Wendy, je suis... » Il répète, tel un bon écolier, avant de se redresser, juste assez pour enfuir son visage dans la nuque de la jeune femme et effleurer des lèvres le lobe de son oreille. « De plus en plus à l’étroit. » Termine-t-il dans un murmure, bien trop fier de sa connerie. Son sourire vient s’éteindre sur la peau de Wendy qu’il embrasse avant de reprendre. « Et affamé. » D’elle, avant tout autre chose. Les plats attendront bien, quitte à devoir faire un tour au micro-onde plus tard. Alors que ses baisers tracent doucement leur route pour aller à la rencontre des pulpeuses de Wendy, ses doigts s’enfoncent un peu plus dans la peau de la rousse qu’il décale tout en se mouvant sous elle pour mieux la placer et illustrer ses propos.