La soirée a été oufissime. Tu avais un peu peur de réunir les Rothschild et les Wolford au grand complet mais tout s'est visiblement bien passé. Tu es vraiment content d'avoir organisé une telle soirée en si peu de temps. Une nuit sur un yacht de luxe, un petit déjeuner sur le large. Vraiment tout a été parfait. Tu es la dernier à quitter le bateau. Tout le monde est déjà rentré, Eben aussi. L'équipage t'a rassemblé tout ce qui reste de bouffe pour ne pas perdre. Tu comptes bien faire don de ce surplus de nourriture à une association. Ce n'est pas ton genre de faire des dons mais ton fiancé a réussi à te convaincre de le faire. Tu marches sur le port avec toute cette nourriture dans les bras, tout est bien emballé mais tout est très lourd. D'autant plus qu'il te reste de l'alcool dans le sang, ta démarches est légèrement titubante. C'est donc sans surprise que tu ne vois pas le poteau devant toi. Tu te le manges en pleine face et fais tomber toute la nourriture par terre. La moitié sort de sa boîte et se déverse sur le sol. Tu es sonné par le béton que tu viens de te prendre en pleine poire. Ta main sur le visage, tu as un léger vertige. Oh non ... souffles-tu en voyant le bordel par terre. Tu as tellement mal à l'arcade que tu n'as pas envie de t'énerver. Tu lèves les yeux de désespoir pour croiser le regard d'une personne. Tu soupires, tu en as les bras qui tombent.

w/ #rplibre

Les jours avaient beau passer, j'avais toujours en travers de la gorge la mise à pied forcée de Petit Prince. Un mois de vacances, si ça pouvait en faire rêver plus d’un, ce n’était pas mon cas. Pas en sachant qu’en plus, boulot ou non, on ne me laisserait pas m’approcher de lui. Son nouveau garde du corps y veillerait sans problème, comme il avait veillé à ce que je ne puisse pas m’en approcher pendant son année de “soin”. Colère qui grandit de jour en jour, mais pas que. Il y avait aussi la peur, l’angoisse. Un mois. Et que je reste à Boston ou que je décide de passer vraiment tout ce temps au Summer Camp, le résultat serait le même, je n’arriverais pas à ne pas penser à lui, je ne pourrais pas m’empêcher de me demander s’il ça allait pour lui, si son boulot chez Versace se passe bien. Bref, j’allais passer un mois à m’inquiéter de n’avoir aucune prise, aucun contrôle. Et le pire serait à mon retour. Si retour il y avait. Je ne pouvais m’empêcher de penser qu’on y verrait peut-être l’occasion de m’écarter définitivement de sa vie.

La tension grandissante, j’essaye de l’évacuer chaque jour d’une façon raisonnable. Pas de courses automobiles illégales, pas de combats de boxe, réglementés ou clandestins, pas trop de séances de tirs qui pourraient conduire à une catastrophe si je commençais à être pris d’une crise d’angoisse, alors depuis quelques jours, je passais mon temps à bricoler ma bécane ou à aller faire du sport. Je passais surtout beaucoup de temps à courir, à voir jusqu’où je pouvais aller, essayant de repousser la ligne d’arrivée de plusieurs mètres chaque jour pour me donner l’impression de réussir quelque chose, de me surpasser. Petit Prince avait vraiment foutu le bordel dans mon cœur et mon cerveau. Alors je cours pour ne pas y penser, profitant de la fraîcheur matinale, de la faible fréquentation du port à une heure si matinale, un dimanche matin. Et le plus surprenant, c’est que ça fonctionne malgré tout. Un peu trop bien même, à tel point que je manque de bousculer quelqu’un, planté au milieu du chemin. « ‘Tention ! » De justesse, je me décale pour ne pas le percuter, mais au lieu de cela, je glisse sur ce qui se trouve sur le sol et que je n’identifie pas tout de suite comme de la nourriture. En tout cas, pas avant que mon cul puis ma tête ne viennent taper le bitume. « Aaah… Putain ! » Que je grogne entre mes dents serrées.



HRP : Je me suis permise, j'espère que ça ne te pose pas de problème  

Le choc contre le poteau est violent. Il te fait perdre l'équilibre. Tu manques de tomber sur le sol tellement ton cerveau bourdonne et que ton oreille interne est déstabilisé. Tes mains sur ton arcade, tu reprends peu à peu tes esprits. Tu as mal. Quel con franchement. Ton oeil encore ouvert se pose sur toute la nourriture étalée au sol. Quel gâchis. Tu soupires. Tu es d'une maladresse sans précédent quand tu as bu et que tu es fatigué. Tu t'agaces très vite, tu n'as plus aucune patience. Déjà que, de base, tu n'en as pas, là c'est pire. Ta mâchoire se serre alors que quelqu'un ton fonce dessus. Tu es presque soulagé qu'il se casse la gueule à côté, ailleurs que sur toi. Tu es sonné par le poteau, tu ne veux pas non plus te retrouver au sol. C'est bon. Tu le regardes s'étaler sur le sol. Hé ? Ca va ? demandes-tu en t'approchant de lui, en faisant gaffe de ne pas trébucher sur le nourriture. Tu fais aussi attention à ne pas tout étaler d'avantage. Tu enlèves ta main de ton arcade pour la lui tendre. Ton oeil droit ne s'ouvre pas tellement il est douloureux. Rien de cassé ? Tu pourrais peut-être t'excuser Thadee, non ?

w/ @Anders H. Wellington

Chute la plus ridicule qui soit, et sûrement l'une des plus douloureuses aussi. Je n'étais pas tomber de la sorte depuis que j'étais gamin, quand je m'amusais à courir sur les lacs gelés de ce pays que je pensais être le pôle Nord, mais qui n'était en réalité que la Suisse. Tous les hivers, c'était la même chose. Le froid gelait tout, y compris les lacs sur lesquels on s'amusait à patiner, ou plus bête, courir, jusqu'à ce qu'un accident survienne et nos parents nous interdisent de le faire. Ou Lucia pour ma part. Toujours est-il, que là, je n'avais pas vu la chute venir. Mes réflexes habituellement infaillibles s'étaient fait la malle, me permettant à peine de limiter la violence de l'impact. Mes pieds avaient glissé sur ce je ne sais quoi qui recouvrait le sol, faisant basculer mon corps en arrière jusqu'à ce qu'il heurte le sol. D'abord mes fesses, puis mes coudes et mes bras, pas suffisamment bien positionné pour retenir mon dos et empêcher l'arrière de ma tête de heurter aussi le sol. Les dents serrées je grogne de douleur alors que je me redresse légèrement, passant une main derrière ma tête pour frotter vigoureusement mon crâne et dissiper la douleur. « Hmm. » Son sans réelle signification pour simplement assuré que j'ai encore conscience de ce qu'il se passe autour de moi. Il me faut plusieurs secondes pour relever la tête alors que je suis assis sur le sol, pour remarquer la main tendue de l'inconnu, puis son visage. Il s'était pris une droite ou quoi ? « Ça devrait aller. Et vous ? » Je fais quelques petits mouvements d'articulations pour m'assurer que tout fonctionne avant de saisir la main de l'inconnu pour m'aider à me relever, ce que je fais, mais qui est quand même un peu douloureux au niveau du dos. « Merci. Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ? »

T'es crevé Thadee. La nuit a été géniale mais tellement longue. Tu as dû faire des efforts pour sourire et te montrer agréable. Heureusement que l'alcool t'a donné un petit coup de pouce indispensable. Peut-être que pour les gens normaux, c'est l'euphorie et l'extase mais pour toi, c'est nettement plus compliqué. Tu n'aimes pas spécialement être au centre de l'attention. Tu préfères être en retrait et faire ce que tu as envie, quand tu en as envie. Tu détestes avoir autant d'yeux braqués sur toi, juste pour t'assurer que tu auras une conduite exemplaire. Toujours est-il que la soirée est terminée, tout le monde a quitté le yacht avec des étoiles et des coeurs pleins les yeux. Pari réussi. Quant à toi, c'est  juste de la fatigue qui se lit sur ton visage. Et ce poteau que tu viens de te manger en pleine face. Ta peau s'est surement déjà teinté de rouge. Tu réagis plutôt vite. Ta main rivée vers l'inconnu, tu attends qu'il la saisisse et qu'il se remette sur pieds. Ca devrait aller, si on ne prend pas en compte ton oeil douloureux, ça devrait effectivement aller. Il glisse sa main dans la tienne tandis que tu effectues une pression pour le relever. C'est moi, j'ai ... Un soupire sort de ta bouche. Même te lancer dans les explications c'est chiant avec l'alcool qu'il te reste dans le sang. J'ai voulu en prendre un maximum pour ne faire qu'un aller-retour sauf que j'ai pas vu le poteau et mh ... Tu arques ton sourcil valide puis lâches un petit rire nerveux. Tout m'a échappé et s'est renversé. Ton visage se relève et tes yeux se plongent dans les siens. Tout fonctionne ? que tu demandes en parlant de son corps. Tu t'en voudrais s'il s'était réellement fait mal.

w/ @Anders H. Wellington

Petite douleur qui pointe dans le bas du dos quand je me relève, je serre un peu les dents mais j’arrive, avec l’aide de l’inconnu à me remettre sur mes deux pieds. Je fais quelques mouvements lents, peu habituels, simplement pour vérifier le bon fonctionnement de mon corps. Pas question que je me blesse, et que j'offre une raison de prolonger cette torture que serait ma mise à pied avec Petit Prince. Mais j'étais solide, et à part quelques hématomes qui devaient sûrement être déjà un peu visibles, rien ne semblait cassé. Ça n'était en tout cas pas pire que ce que j'avais pu connaître à une époque, quand le risque d'être blessé était présent à chacune de mes sorties, et la gravité de celles-ci étaient bien différentes que de manger le sol. Même si ce n'était jamais agréable, ça faisait aussi partie du moins pire qui puissent nous arriver.  

Je regarde le sol en hochant légèrement la tête, comprenant enfin ce qu'il s'est passé. Effectivement, faire deux aller-retour aurait été plus chiant, mais aussi moins douloureux. Pour lui comme pour moi. Et puis ça aurait sûrement fait moins de gâchis au final. Je relève la tête vers lui alors qu'il me questionne sur mon état. « Ouais, vous en faites pas, ça devrait aller. Je m'en remettrais. » Comme je m'étais remis de bien d'autres accidents dans ma vie. Et puis celui-ci n'était pas trop grave. Mon attention se reporte sur le sol et les boîtes qui se sont fracassées dessus. Certaines sont définitivement bonnes pour la poubelle, mais d'autres semblent nécessiter seulement un petit nettoyage pour être sauvées. « Vous voulez de l'aide à ramasser ce qui peut être sauvé ? » Je m'accroupis, veillant à ne pas me salir, oubliant complètement que je l'étais déjà, et saisis une boîte encore en état. « Un coup d'eau et de chiffon dessus, et personne ne saura. Elle est encore fermée. » Bien sûr, toutes n'avaient pas eu cette chance, mais on pouvait encore éviter que tout ceci parte à la poubelle.