A chaque vacances, l'éternel recommencement. Celui de trouver une occupation à mes journées pour ne pas tourner en rond pendant des semaines. On pourrait croire que mon boulot, celui qui consiste à veiller sur Petit Prince suffirait, mais ce n'était pas le cas. Surtout qu'il était plutôt tranquille et sage ces derniers temps, passant le plus clair de son temps à son atelier, là où j'avais rarement à m'inquiéter, même si ça ne m'empêchait pas pour autant d'y aller, de lui tenir compagnie parfois, quelques heures ou une après-midi entière, pour avoir l'impression de servir à quelque chose. Un peu. Parce que mon utilité restait moindre malgré tout, là-bas. Alors il fallait que je trouve d'autres occupations, ne serait-ce que pour que Petit Prince ne se sente pas étouffé par ma présence ou ma surveillance. Et pour que moi aussi j'ai l'impression d'en profiter. Sport, entraînements, bricolage de truc mécanique auxquels quelques amis me demandaient parfois de jeter un coup d'œil, sorties avec ces derniers,pas de projet sur le long terme, mais des activités au jour le jour qui me permettait de rester occupé.

Aujourd'hui, rendez-vous avec une jeune femme. Rien de sérieux, ça ne l'est jamais avec elles. Ça ne l'est plus depuis des années, après une énième trahison de l'une d'entre elles. Impossible de leurs faire confiance, mais en même temps, je n'arrive pas encore à me passer complètement d'elles, à ignorer leurs courbes, leur beauté, et le plaisir éprouvé dans les draps avec elles. Rien de sérieux, jamais, mais quelques beaux et doux moments qui arrivent parfois à leurs côtés. Installé dans un bar avec l'une de ces charmantes créatures, nous discutons, faisons connaissance, jusqu'à ce que des mains se posent sur moi, qu'un corps se rapproche du mien. Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit, interloqué autant par l'identité que le comportement de la jeune femme qu'un mot sort. Chéri. Et je peux voir immédiatement le regard de mon rendez-vous changer, toutes mes chances disparaître. Je n'essaye même pas de la raisonner lorsqu'elle rassemble ses affaires et quitte la table, la mine basse, en s'excusant. Ce n'était pas la peine, elle n'allait pas me croire, et nul doute que Laia en remettrait une couche. J'attrape ses poignets pour retirer ses mains de moi, le regard mauvais d'avoir perdu mes chances à cause d'elle. « T'es fière de toi ? Elle est partie maintenant, tu peux arrêter ton numéro et aller emmerder quelqu'un d'autre. Par contre, recommence pas un coup comme ça, parce que la prochaine fois je te démonte. Une fois mais pas deux Laia. »