Nuit agitée. Jiro qui peine à trouver une position confortable, à écouter la respiration de Yeji qui dort à poings fermés. La gosse qui, désormais, fait pleinement partie de sa vie. À rythmer son quotidien. Et le caractère parfois pas évident qu'il supporte. Brave Jiro qui encaisse parfois les bouderies de l'enfant. Loin d'être le genre à se vexer, à être blessé. Il veut l'aider, l'aimer un peu plus, chaque jour que la vie lui offre avec cette demoiselle. Et enfin, il parvient à s'endormir contre elle, hume son odeur et se berce de sa présence. Amour véritable dont il s'est privé durant des années, la crainte de souffrir. La crainte de voir, encore une fois, celle qui l'aime le quitter. Et pourtant, il se laisse vivre, en compagnie de Yeji. À peine a t-il fermé les yeux, qu'il reçoit un violent coup de genou dans l'estomac. « Oof ! » Il se redresse, observe la tempête agitée à ses côtés. Et il craint qu'elle ne se blesse, qu'elle ne le blesse. Que faire dans ce cas là ? Doucement, il attrape les mains de Yeji au vol, les maintient assez fermement pour qu'elle cesse de gesticuler. « Yeji ! Yeji réveille toi ! » Il déteste la voir comme ça. Il déteste savoir qu'elle souffre et déteste se dire qu'il est impuissant.

elle a du mal à se laisser aller la gosse. les traumatismes passif encore [ trop ] présent. à avoir peur de t'aimer pleinement quand chaque fois qu'elle l'avait fait, ça s'était retourné contre elle. et c'est bête peut être, sûrement. mais elle veut pas réitérer l'expérience. tente de rester sur la réserve quand c'est pourtant tout son temps qu'elle passe avec toi. dépendance affective quand elle vient te retrouver jour après jour, quand parfois elle ne te quitte même pas . consciente que ça pourrait sûrement t'agacer avec le temps mais le besoin inconditionnel d'avoir ta présence non loin. et peut être qu'elle compte trop sur toi pour la sauver. peut être que ça l'apaise un peu d'avoir quelqu'un à ses côtés, de t'avoir toi. et parfois c'est pas assez. à gesticuler dans tous les sens, le même cauchemar à l'infini. à sentir les frissons contre son épiderme, la voix terrifiante qui lui répète qu'elle restera là toute sa vie. et elle hurle poupée, hurle à l'agonie. quitte à perturber la quiétude de la nuit quand les poings viennent frapper l'air, se débat contre les démons qui ne cessent de l'aspirer. et plus rien. juste elle, prisonnière de tes mains, les larmes qui inonde les opales quand elle peine à retrouver sa respiration. il était là, il était là à répéter quand c'était pourtant impossible. kidnappeur désormais six pieds sous terre, dans l'incapacité de la heurter à nouveau.

Petit perle qui se transforme en tempête, vient presque blesser Jiro qui tente de la réveiller. Les mains fermement accrochées à ses poignets pour qu'elle cesse de les gesticuler. Et enfin, elle se réveille, après maintes hurlements. L'étrange silence qui suit, la seule respiration haletante de la demoiselle qui anime l'obscurité de la nuit. Bébé agitée, terrifiée. Jiro qui se lève trois secondes pour allumer la lumière de la chambre, revient aussitôt contre Yeji. « Y a personne bébé ! Y a que moi ! Que moi. » Qu'il clame avec douceur, ses doigts qui viennent frôler la joue tendre de la demoiselle. Il déteste ça, son cœur se serre et il prend doucement Yeji contre son torse. Les doigts qui glissent dans ses cheveux. « Ça va aller bébé. Je suis là. On est que nous deux... » Le traumatisme qui est bien trop présent au goût du jeune étudiant. Sûrement qu'elle devrait consulter un spécialiste. Pauvre enfant terrifiée, tremblante. Et lui qui ne sait pas quoi lui dire, pas certain de trouver les bons mots pour l'apaiser. Il a peur pour elle malgré tout, ne veut pas devenir un signe de négativité, associé à des cauchemars qui semblent la mettre dans tous ses états.

et c'était sans arrêt la même rengaine, pas vrai ? quelques jours de tranquillité, l'impression de réussir à passer à autre chose et tout qui revenait soudainement en trombe sans qu'elle ne comprenne pourquoi. les nuits hantés encore et toujours par la même chose, à ne jamais réussir à se débarrasser de ses terreurs. combien de temps encore ? l'esprit qui était une drôle de chose, à la ramener sans cesse en arrière quand elle tentait pourtant si fort d'aller de l'avant. et c'est les larmes qui n'ont de cesse de rouler sur les joues pâles, à presque manquer d'air quand la peur avait été violente. étouffe les pleurs contre ton torse, les doigts qui s'accrochent, se serrent contre les tiens. et c'est fatiguant tu sais ? de ne pas réussir à passer à autre chose. d'enchaîner encore et toujours les nuits catastrophiques. j'suis désolée, désolée de te faire subir les crises, les hurlements. de t'infliger tout ça quand t'étais pas concerné. me quitte pas s'il te plait poupée en détresse, persuadée que ça finirait par t'essouffler. que tu partirais comme les autres avant toi plutôt que continuer à supporter ses problèmes.

Poupée agitée, maltraitée par un psychopathe enterré six pieds sous terre. Gosse perturbée, en larmes à chaque cauchemar. Et le garçon qui sent son cœur se briser, car à chaque fois il ne peut pas l'aider. Oublie rapidement la douleur infligée à son estomac quand elle a involontairement mis un coup dedans. Lui, ce qu'il veut, c'est de la faire aller mieux, de la calmer. De l'aimer jusqu'à la guérir. Il la veut heureuse. Ses doigts s'emmêlent dans les cheveux bruns de la jeune demoiselle. Son rythme cardiaque est bien trop élevé, tambourine dans sa poitrine. Il le sent quand elle est contre lui. « Ne t'excuse pas bébé. Allez viens. » Il l'enroule dans la couette et la porte jusqu'au salon, où il la dépose sur le canapé. Elle a besoin de se changer les idées, lui même étant incapable de se rendormir désormais. Il disparaît l'espace de quelques minutes puis revient avec deux tisanes chaudes, les posant sur la table basse. Il remue un peu la couette pour revenir contre Yeji, la prenant dans ses bras avec tendresse. « Je ne vais pas te quitter Yeji. Ne pense pas ça. Jamais. » Sourit doucement avant de lui voler un tendre baiser. « Il ne peut rien t'arriver ici. Parce que je suis là et que je te protège. C'est promis. » Et Jiro, il aime pas faire des promesses dans le vent.

et qui aurait envie de le faire en réalité ? supporter ses états d'âmes à répétition, faire face à une détresse quasi constante quand jusqu'à maintenant, il n'y avait pas vraiment eu de solution. pourtant, chaque être humain était différent, à gérer les choses comme il le pouvait quand personne ne pouvait guérir de la même manière mais la gosse, elle semblait parfois bien trop amochée pour réussir à atteindre le bout du tunnel. poupée burritos, soudainement transporté loin de la chambre des cauchemars, le salon pour reprendre un peu de contenance. et c'est les bras qui enserrent un peu plus la couette, à s'y accrocher comme à un gilet pare-balle, protection ultime dans les moments de terreur quand tu reviens finalement, tasses fumantes à la main. je vais faire pipi toute la nuit avec ça princesse plaintive quand, si elle adorait le thé sans le moindre doute, avait apprit à ses dépends qu'en boire était souvent une mauvaise idée pour sa vessie. mmmh et elle aime pas ce genre de promesse yeji, sûrement parce qu'elle les as entendus trop de fois avant de se rendre compte que ce n'était que du vent. c'est pourtant volontiers qu'elle accueille tes lippes sur les siennes, souffle doucement. dis moi que tu m'aimes alors à juste vouloir entendre les mots être répétés encore et encore.

La gosse qui a subit bien des choses et a besoin de repos désormais. Il le voit bien à ses traits fatigués et sa mine inquiète. Il sourit doucement, glisse ses doigts entre ceux de la demoiselle, bras libre qui vient se glisser contre ses épaules pour mieux la serrer contre lui. « C'est pas grave, la nuit est bien avancée. » Joue avec une mèche de cheveux, les opales qui ne la quittent plus. Il veut juste qu'elle cesse de trembler. Jiro, il est pas psychologue, il ne sait pas comment aider Yeji dans ses moments là. Et elle le terrorise parfois, à hurler, à le réveiller en sursaut. Il craint parfois qu'elle ne se blesse, ne se plaint jamais quand il reçoit des coups. Garçon maltraité mais silencieux. Il sourit doucement et hoche la tête. « Je t'aime Yeji. Je t'aime sincèrement. » Un peu dépassé quand elle ne semble pas croire ses mots. Lui qui n'a été amoureux qu'une fois, à jamais s'attacher, à seulement collectionner. Et Yeji, elle a su le captiver, l'attraper entre ses doigts. Étrange de sa dire que ces deux là ont fini par se trouver alors qu'ils s'étaient complètement perdu de vu. Et maintenant, il la gardait entre ses bras bien précieusement, essayant de la protéger de ses démons intérieurs. Il embrasse doucement sa tempe, caresse sa main. « Tu devrais peut être aller voir un professionnel bébé. Peut être que parler de tout ça t'aiderait. » Cherche à être bienveillant, ne pas la froisser. Ce n'est jamais évident de se dire qu'il y a un problème à soigner.

et c'est ses insécurités qui la définissent certainement le plus, à nourrir toujours trop de sortes d'angoisses, traumatismes des évènements passés. à être sans cesse abandonnée, laissée sur le côté au point d'avoir la sensation que l'issue serait toujours la même, que rien ne viendrait jamais changer les habitudes qu'elle avait pu avoir sur la dernière année. d'accord souffle doucement, princesse qui s'accroche davantage à toi pour empêcher le moindre échappatoire. je t'aime aussi beaucoup. quand elle s'était pourtant promis de ne plus jamais tombée amoureuse après tous les déboires qu'elle avait pu avoir. t'avais soudainement débarqué quand elle se trouvait au plus bas, à soudainement prendre un peu trop de place jusqu'à ce qu'elle ne jure plus que par toi. et c'était presque étrange de constater l'évolution de la relation quand vous vous étiez perdus de vue en début d'année. quand elle ne t'avais jamais prêté la moindre attention jusqu'à ce que tu la rattrapes dans un couloir quelques semaines auparavant. non. catégorique sur le sujet, les poings qui se serrent légèrement. on m'a déjà forcé et j'ai rien à leur dire. et il était là tout son problème. refuser de parler du départ d'haneul, de celui de yujin. refuser de discuter du mois dans la cellule à ne plus voir la lumière du jour. j'dormirais plus avec toi, ça te dérangera pas comme ça