Jeudi 03 Mai - 19h00


@Lukas O. Spritz | Jeudi. 19h. « Respire. Ca va bien se passer. C’est pas ecrit sur ton front que t’es un meurtrier. » Pirog dans toute sa splendeur. Je reste sans voix. Elle vient vraiment de le dire comme si on parlait d’un gala. Je roule des yeux. J’avais pas envie d’en rire. « Il le sait pas. Il va ... me rejeter... Et son plus ... » Elle pose un doigt sur mes pulpeuses. « Je veux pas t’entendre l’appeler ainsi. Et on est là pour se retrouver. » Elle prend ses deux mains et fait bouger ma tete de haut en bas et je ris doucement. « Tu vas retrouver ton Baba, toi qui rale sans cesse qu’on se voit pas assez. » Je m’ecarte et attrape la bouteille que j’avais acheté pour l’occasion. « S’il me rejette, je me jette sous un train. » Elle m’imite. Et nous quittons mon appartement pour rejoindre le sien et presentement celui de Baba. J’etais a la fois apeuré et surexcité. Finalement le chemin se fait rapidement. Et on arrive les premiers. Pirog l’appelle tout en installant la table de notre diner de ce soir. Je fais les cent pas, angoissé. « Ca suffit. Pose tes fesses. » tranche Kira. Et la porte s’ouvre des minutes apres. Et je l’observe, les larmes aux yeux. « Bonsoir Baba » Ma presence pas du tout prévue, qui se veut définitive. Au moins un an. « On t’a ramené un panier garni de la maison. »

Retrouvailles emplies d’emotions. Je retrouvais une partie de moi. Dans mon malheur, iels etaient à mes côtés. Cela n’enleve rien a ma responsabilité. Elle me hantera à Vie. Les bras pour reparer des peines, pour surmonter des realites. On allait y arriver. Il manquait une partie du groupe mais tout ira mieux. Je veux y croire. Question qui tombe, coeur qui se serre. « Commencons par le plus moche. » Je baisse la tete. « On n’a pas une ouie d’or, parle clairement. » Ordre sans appel. Je fixe Baba et prends une grande inspiration. « J’ai merdé avec Ada ... » Prononcer son prenom me fait tellement mal. « Des semaines qu’on se disputait. J’ai fauté dans le lit d’une autre. Une fois. La fois de trop. Elle ne l’a pas digéré. J’ai tout fait pour me faire pardonner » Pirog ose un commentaire. « Vraiment tout. Hallucinant » Je la foudroie du regard et me recentre sur Baba. « Des semaines a essuyer humiliations et disputes. Elle n’arretait pas. Et ... Une nuit .. Le silence s’est fait ... Définitivement. » Larmes qui coulent, mains tremblants. De meurtrier. « Pirog est venue tout regler. Suis un monstre. » Je ne sais pas si j’etais clair. Mais je n’arrivais pas a oser dire cette ignominie que j’avais fait. « Pour resumer, je viens veiller sur vous deux avant que vous vous détruisez complètement. Nous sommes un et on le restera. » C’est ce que je veux plus que tout au monde.

Je m'attendais à me faire rejeter. Ou me faire engueuler. Qu'il me regarde avec un dégout à me briser le cœur. Mais il ne dit rien. Le silence. Je m'attends au pire. Qu'il me demande de sortir. Mais non, sa main. Le lien. Le soulagement. Un câlin pour atténuer le crime. Un câlin pour chasser nos angoisses. Sujet du plus un sur la table. Pirog, ne veut vraiment pas nous épargner. Mais un regard pour moi aussi et je garde mes lèvres scellées. On apprend que le fiancé sans mémoire a fait sa crise pour une blague. Je me fais violence pour ne pas rouler des yeux jusqu'en Alaska. Mais je suppose que c'était une accumulation de tout. De cette nouvelle Vie qu'il affronte. Ca me faisait de la peine pour eux deux malgré tout. Mais ... Bien avant l'accident de plus un .. C'était .. Bref. Je me contente juste d'être présent et de serrer la main de Baba. Ca me serre le coeur de le voir si mal. Et j'espère que notre présence l'aidera véritablement. Phrase magique dite et on passe à un sujet qui me fait briller le regard. M A N G E R. Des desseeeeeeeeerts pour ma part. Je t'ai pris un Baba, il va t'emmener au Paradis. On se met tous les trois à table, le cœur plus à la fête alors que la réalité semblait bien plus pesante. Mais je voulais tisser une bulle. D'amour, d'affection. Se donner de la force de tout affronter. Et sinon en bonne nouvelle, Papa m'a racheté le Newbury Comics et j'en suis le propriétaire. On va ouvrir dans quelques jours. On doit encore mener le recrutement. Je tais le défi parce que j'étais bien trop heureux d'avoir un univers qui me passionne pour envisager d'échouer. Tu nous feras visiter Boston ?

Je n’arrive toujours pas à croire que nous avions retrouvé Baba. Qu’il acceptait mon mefait. Le coeur gonflé, redevenant invincible à leurs côtés. Et le sourire ne me quitte pas de le partage de secret. Pendant que Pirog, j’explique. « C’est une boutique qui vend des comics de tout temps, d’avant notre naissance à maintenant. Tu as une partie roman, bd egalement. Puis la vente de vinyles et de goodies. Et on va ouvrir une partie « gouter ». Voila ! » Assiettes et verres remplis, on leve nos verres pour trinquer. « Au succès et retrouvailles. La famille. »

Passer sous silence le défi. Pirog aurait pu lui dire mais visiblement, elle me laisse l'opportunité de le faire. Chose que je ne ferais pas. Non, je refuse que mon désir d'offrir un univers incroyable soit réduit à un vulgaire défi. Je ne l'oublierais pas. Et noterais consciencieusement le chiffre d'affaires chaque mois mais je veux m'épanouir avant tout. C'est plutôt l'émotion et un grand sourire que j'accueille ses propos. Toujours aussi solaire notre Baba. Comment ai-je pu m'en passer franchement ? Je serre sa main, l'énergie qu'il transmet restera toujours aussi incroyable. J'éclate de rire quand il parle alcool et je me lève aussitôt. Je file dans la cuisine pour ramener trois bouteilles : Nastoiki aux fruits rouges, Medovukha. Celui là, à notre âge, je sais pas ce que ça va donner. C'est mémé qu'il l'a fait et le dernier, un peu plus soft. Kvas aux agrumes. Alors tu veux attaquer par quoi ?