Un peu en retard, je rejoins la fameuse soirée de la Adams House. Enfin, l'after. Orphéa m'en a assez parlé pour qu'il me soit impossible de louper l'événement. Le bal a eu ses hauts et ses bas et même si globalement je me suis bien plu à son bras, j'ai quand même hâte de retirer ce costume et d'enfiler mon maillot. L'air est un peu frais. Mais tant mieux. Avec tout l'alcool que les étudiants ont dans le sang, un peu de fraicheur ne devrait pas faire de mal. J'arrive à la piscine et me perds avec tout ce monde. On m'invite à regagner le buffet pour goûter une pâtisserie soit-disant magique puis je me permets de prendre un gobelet pour passer à la bière. Trop de vin tue le vin. Champagne également. Je vais plutôt la faire calme ce soir car je suis déjà saoul et j'ai pas envie de me maudire toute la journée demain avec une gueule de bois. Je ris avec quelques personnes quand une fille vient me taper l'épaule pour m'indiquer la piscine. Mon regard suit le sien et j'assiste à la scène la plus horrible du monde. Orphéa et Jessie qui s'embrassent. J'écrase le gobelet dans ma main avant qu'il s'effondre sur le sol. Y'a tout qui explose en moi. Ma tête, mon sang, mon coeur. Tout. Je suis pris d'une pique d'une colère comme je n'ai jamais encore connue. L'envie d'écraser tout sur mon passage. Tel un buffle qui fume par ses naseaux. Je n'ai jamais été aussi hors de moi. Même la chute de Theodora, ce n'est rien comparé à la douleur déchirante qui m'ouvre les entrailles. Je me canalise depuis tellement longtemps avec ce Jessie, je suis patient, je mords sur ma langue, mais là, c'est de trop. Y'a cette colère envers ce type mais encore plus envers Orphéa. L'impression d'avoir été pris pour un con, d'avoir été trompé, trahi. Sali. L'humiliation, celle du passé qui revient aussi en surface. Encore des coups foireux pour me faire du mal. J'arrive plus à penser, y'a tout qui vrille et même si mes potes essayent de me retenir, je les pousse violemment pour retrouver la piscine. “ TOI PTIT MERDEUX VIENS ICI ! ” oui, je m'adresse à toi, Grimaldi. J'évite de croiser le regard d'Orphéa car j'aime autant évacuer ma colère sur lui que sur elle. Pas le temps de réagir le garçon que je me penche au bord pour lui attraper le bras et le tirer d'une force herculéenne hors de la piscine. M'en fiche si je lui ai déboité des os au passage. Je l'assomme d'un premier coup de poing pour l'empêcher de se relever. Je m'assieds sur lui, l'écrase de mon poids et continue de lui fracasser le visage. Et je contrôle pas. “ Je vais te saigner comme un porc. un sale porc que tu es ! ” Je frappe, encore et encore. Y'a des cris autour de moi. Des mains sur mes épaules pour essayer de m'arrêter. Lorsque son visage est assez couvert de sang, j'agrippe sa gorge de mes doigts en la serrant très fort. Trop fort. Je veux voir ses yeux devenir rouges et ses lèvres bleues. Le démon Mahoney est bel et bien de retour. J'ai lutté tous ces mois mais il n'a fallut qu'un élément déclencheur pour que tous mes efforts partent en fumée. 

Je les déteste, du plus profond de mon être. Comment peuvent-ils me faire ça ? Comment peut-elle ? Je l'avais senti, que y'avait un truc qui tournait pas rond avec ce type. J'en ai parlé à Eben. Et s'il a proposé d'intervenir, j'ai refusé. Je préfère laisser couler. La colère finira par se dissiper avant que je puisse faire quoi que ce soit. Mais quand t'as la vérité en pleine face, tu oublies tout. Si elle voulait me tromper intelligemment, elle l'aurait fait ailleurs, dans un endroit où je ne risque pas de la croiser. Pas ici. Pourtant, elle l'a fait. L'excuse de l'alcool ne marchera pas. Aucune excuse ne marchera. Je me suis attendri, j'ai lutté contre ma noirceur pendant six mois. Pour quoi en fait ? Pour rien. Y'a tout qui remonte. Le mal qu'on m'a fait qui revient à la surface, qui me donne encore plus de force pour frapper fort. Le Jessie, je m'acharne dessus. Je lui décroche sa mâchoire un nombre incalculable de fois. Impossible de le mettre K.O, il tient bon, la vermine. J'entends faiblement la voix tremblante d'Orphéa me supplier d'arrêter. Mais j'écoute rien. Tout est brouillé dans ma tête. C'est comme si j'avais la tête sous l'eau et qu'on essayait de me faire passer un message. Je ne sens même pas la douleur dans mes poings. J'me suis surement cassé une phalange à force de frapper fort. Mes mains sont rouges de son putain de sang. Elles glissent jusqu'à sa gorge, font pression dessus. Il parle l'enfoiré. Encore en vie. “ ferme là ! ferme ta putain de gueule ! ” doigts qui serrent encore plus. Je le vois agoniser et j'en ai clairement pas assez. Finalement - et heureusement pour lui - des bras costaux viennent m'attraper pour me séparer de lui. J'essaye de me débattre mais les hommes me tiennent fermement. Aussitôt, un troupeau se met autour de Jessie et Orphéa. S'occuper du blessé et de la belle qui pleure son mort. Ridicule. On me demande de me calmer, je réponds agressivement. Mes jambes s'éloignent de la scène de crime contre mon gré. “ lâchez-moi ! ” mon regard croise certains yeux connus mais je veux que personne me parle. Je dois me calmer, redescendre. Mon esprit est loin. On finit par me lâcher et je renverse tout sur mon passage. La table des buffets, explose quelques bouteilles du bar au passage puis continue mon chemin hors de la fête. Je contourne la Adams House et je marche dans la rue, ne sachant même pas où je vais. Mais je marche d'un pas rapide car si je m'arrête, je vais retourner sur place et lui terminer son compte une bonne fois pour toute. Sacrée soirée la pool party. On racontera qu'on a croisé un jeune homme déséquilibré à marcher pieds nus, en maillot, les mains en sang le long de la chaussée.