Plusieurs jours que Suzy passait ses soirées le nez dans ses fiches de révision. Studieuse, l’étudiante en design de mode ne lésinait pas sur le bachotage et se donnait tous les moyens en sa possession pour réussir. Mais Suzy n’en restait pas moins humaine ; elle aussi avait besoin de prendre du bon temps, de profiter de quelques instants de légèreté pour s’aérer l’esprit, penser à autre chose.

Ce soir-là, alors la nuit s’était déjà couchée sur Boston depuis quelques heures, l'étudiante attendait @Cataleya Lazzarini, une femme qu'elle venait de connaître après s'être immiscée dans les messages privés de l'interne, attirée par le profil de l'espagnole. Cela pouvait paraître étrange vu les circonstances de leur rencontre, mais Suzy ne faisait que rarement ce genre de choses, mais même elle ne savait qu’elle ivresse l’avait poussée à faire le premier pas.

Assise dans son canapé, la jeune femme jeta un dernier regard autour d’elle afin de s’assurer que tout était prêt. Au frigo, une bouteille de blanc attendait son heure, sur le comptoir de la cuisine, l’appareil photo guettait son heure. Parce qu’il était question de ça ce soir, d’un shooting photo improvisé. Lorsqu’on frappa à sa porte, elle se leva d’un bond avant d’aller ouvrir. « Hey, salut » fit-elle avec un sourire accueillant, « j’espère que ça n’a pas été trop dur de trouver … je te débarrasse ? » demanda-t-elle en tendant les bras vers le manteau de son invitée.

Des jours et des nuits à bosser, un rythme effréné auquel tu t'es largement acclimatée depuis deux ans, profitant de tes jours de repos pour procrastiner au maximum ou pour faire ce que tu n'as jamais le temps de faire. Tu sais qu'un jour, ce rythme de vie sera nocif pour ta vie personnelle, mais tu aimes ce que tu fais, tant pis pour le reste. Ca fait bien longtemps que tu as laissé ta vie sentimentale de côté. Mais il arrive parfois que quelques surprises viennent chambouler tout cela, comme ce soir, où tu as reçu cette invitation à discuter, puis à rejoindre la jeune femme pour ce shooting improvisé.
Et qui dit shooting improvisé, dit qu'il faut s'apprêter un peu. Alors tu monopolises la salle de bain un moment, et tu traînes devant ton dressing pour trouver quoi emmener pour animer la fibre artistique de @Suzy Collins.

T'as prévu toute une panoplie de vêtements, de lingerie également. Tu ne savais pas trop où tout cela allait mener à son terme, mais comme dit l'adage, mieux vaut prévenir que guérir. Drôle d'expression dans ton esprit de médecin interne, non ? Tu souris seule devant ton sac débordant de fringues. Tu fais un câlin à Pasta en lui disant que tu reviens bientôt, mais le samoyède dort déjà bien profondément et soupire quand tu viens déranger sa quiétude. Tu quittes la villa après avoir enfilé ta veste en cuir, indique l'adresse sur le GPS de ton téléphone en prévenant tes colocs de ne pas t'attendre parce que tu es de sortie. Et tu quittes les lieux jusqu'à trouver le lieu de vie de la jeune femme.

Merci la technologie, car tu n'avais pas réussi à visualiser son habitation sans ce petit outil qui t'indiquait quelle direction prendre. Ce n'était pas si loin, finalement. Tu aurais même pu t'y rendre à pieds, si tu avais su. Tu parviens jusqu'à sa porte, sur laquelle ton poing s'abat, laissant apparaître cette charmante inconnue qui répond au prénom de Suzy. Ton sourire s'étire chaleureusement. « Hey, bonsoir. » Tu retires ta veste rapidement, afin de ne pas la faire patienter. « Faut que je remercie Maps de m'avoir emmenée à bon port. Merci.. » dis-tu en lui donnant ta veste. Charmée par ce qu'elle dégage, mine de rien.

La jeune femme acquiesça d’un bref mouvement de tête, « Merci Maps alors, sans qui notre soirée aurait été plus brève » voire inexistante. Suzy ne pouvait que facilement comprendre son invitée. Incapable de s’orienter, elle était du genre à prévoir ses itinéraires et sorties, ne serait-ce que pour être sûre du chemin à suivre et du temps que cela lui prendrait. Parce que Suzy aimait se rassurer. La jeune femme pivota sur elle-même, tendant alors les bras dans une direction pour accrocher la veste de @Cataleya Lazzarini au porte-manteau, aux côtés de ses propres vestes et accessoires. Là, on pourrait croire que le manteau de son invitée lui appartenait, qu’il faisait partie intégrante de sa collection. Suzy jeta un œil en direction du sac de vêtements de l’espagnole, ses mirettes s’étincelant d’une lueur intéressée. « Ton sac a l’air pas mal chargé, tu as déménagé toute ta garde-robe ? » demanda l’étudiante en design de mode avec un grand sourire. « J’ai hâte de voir ce que tu as amené ! » lanca-t-elle ensuite sans dissimuler sa curiosité. Parce que curieuse, elle l’était. La blonde aimait apprendre des autres au travers de leur façon de s’habiller, des vêtements et tenues qui trônaient les étagères de leurs dressings. Si le dicton « montre moi comment tu t’habilles et je te dirais qui tu es » existait réellement, nuls doutes qu’il s’appliquerait à Suzy.

« Tu veux commencer maintenant ? Si tu veux te changer, tu peux aller dans ma chambre, ou dans la salle de bain » poursuivit-elle en haussant les épaules. Hospitalière, Suzy souhaitait avant tout que Cateleya soit à l’aise, qu’elle prenne ses marques et s’approprie cette soirée autant qu’elle. Pour avoir été de nombreuses fois à la place du modèle photo, elle savait à quel point cet exercice pouvait être déstabilisant. « Le temps que tu ailles te changer, je vais préparer l’appareil ... et la bouteille de vin ! » , conclua la jeune femme en laissant son invitée aller se changer.