Petite fille qui viendra endormir ses illusions. Ces rêves de contes de fées que je m’empresse cependant de nier. Je déteste ce sentiment de faiblesse que quelque part tu viens m’inspirer. Farouche, indépendante, c’est l’image que je m’efforce de défendre. Évoluant sans attaches au monde et encore moins aux hommes, je réfrène cette envie qui va à l’inverse de tous mes principes. Heureusement, tu viens offrir la distraction sur un plateau. Mes mains venant taper furtivement l’une contre l’autre pour démontrer mon excitation. « Ouais !! J’ai des bracelets fluorescents, ce sera encore plus beau. » Des silhouettes furtives, enfantines, qui viendront éclairer de leur provocation les heures endormies. On est ainsi, poussant toujours plus les limites, s’évertuant à dépasser des lignes trop communes. Tu viens me faire tourner encore sur moi-même et un éclat de rire vient inonder ma petite pièce. De quoi alléger de nouveau l’atmosphère. « On ne me mange pas. » Pas si je ne l’ai pas décidé, et avec toi, il y aurait sans doute bien trop de dangers, à se laisser aller. « Go Jamie ! » Allons-nous éclater, laisser la soirée commencer pour de bon.

Tu éveilles une petite fille chez Elinor, mais çà te plait et tu l’as même peut-être fais exprès. Tu étires tes lippes comme un gamin, bien heureux de pouvoir encore et toujours faire des conneries. T’es en déguisement, mais tu t’en branles, ce soir, t’as envie de faire des folies, de faire un peu n’importe quoi avec la jeune femme. Qu’est ce qu’elle est belle quand elle est d’une insouciance inconnue des autres. MAIS, je prends, çà va être canon avec les bracelets ! toi aussi t’as maintenant dix ans, et t’es prêt à mettre des bracelets et même un collier pour t’illuminer de milles feux. Nuit sombre dehors, éclairées par quelques lampadaires, t’as envie de provoquer la folie de vos corps. Tu frappes dans tes mains, impatient de sortir de cette chambre et de laisser l’atmosphère se détendre à nouveau. Les rues désertes vous appellent, les corps veulent se déchainer mais tu blagues un petit peu, parce que t’as pas envie qu’elle reste là à bouder moi je pourrais te bouffer que tu rétorques, petit sourire en coin. Mais changement de décor, tu lui prends la main et tu files avec elle en dehors du bâtiment. Grande bouffée d’air qui pénètre dans tes poumons, la nuit est encore un peu fraîche pour la saison mais tu t’en fous car vos folies te réchauffent déjà. Tu ouvres tes bras et te mets à courir en criant. T’es vivant, t’es libre, peu importe l’heure, tu profites les enfants terribles ! que tu t’exclames, un vrai gamin dans cette ville insolente.

Jamie a ce pouvoir sur moi. Me faire passer de l’abattement, à la simple joie. Tu sais toujours me proposer des folies, des projets un peu fantasques qui font que je ne vais pas bouder bien longtemps. Naturellement que ce baiser avait appelé à plus, mais je n’ai jamais franchi le cap avec un garçon. Et je ne veux pas admettre que j’aimerais que ce soit toi, le premier. Cet homme un peu fou, capable de se transformer en fée. « Tellement. » Je sautille. Ouvrant plusieurs de mes tiroirs qui regorgent d’objets tous plus fantasques les uns que les autres. Finalement, je dégotte les bracelets, une bonne poignée, t’en passant quelques uns autour des bras, me réservant le même sort. « Tu en as envie. » dis-je en passant ma main derrière ton cou. Retrouvant quelques flammes provocatrices, ce jeu entre nous. On ne peut pas se résigner à l’abandonner de toute façon. On s’échappe ensuite au dehors, mes mirettes s’enflammant à te voir esquisser quelques gestes. « Libres oui ! » Dis-je en levant mes propres bras vers le ciel, en saupoudrant le ciel de quelques étoiles de plus, imaginaires. Virevoltant sur moi-même dans ma robe de rebelle, toi en fée, le spectacle est ridicule et fantasque, mais parfaitement assumée. « Si on allait à la mer ? » Se retrouver, renaître parmi les créatures étranges et silencieuses de l’océan.

Soirée légère après une soirée qui n’avait pas forcément bien commencé. Du moins, t’avais apprécié débarquer au bal, t’avais eu ton lot de surprises aussi mais t’étais pas vraiment le mec à aller à ce genre de soirée de toute manière. Et puis, Elinor n’était même pas de la partie, alors à quoi bon continuer cette soirée sans elle, dans ton costume de fée ? Elle était l’une des rares personnes à ne pas te juger, à apprécier ce que tu faisais, à apprécier aussi tes conneries. Mais tu sais pas ce qu’il faut faire ensuite, tu sais pas vraiment ce qu’il se trame parfois entre vous. C’est pas que t’es pas attirée par la jeune femme, bien au contraire, c’est juste que t’as tout un tas de trucs en tête, et que t’es aussi un peu trop perturbé pour penser à autre chose avec elle. Envie de quoi ? De te bouffer ? tu pourrais oui, comme çà, là en pleine rue. Mais tu la boufferais à ta façon, et ce ne serait certainement pas gore comme on peut le croire. Au contraire, tu déposerais encore tes lèvres sur les siennes, parce que t’aimes bien faire des choses spontanées. Mais t’es toujours indécis, t’es toujours là à faire trop de choses en même temps, t’as jamais le temps de te poser. Alors tu voles, tu virevoltes même, et tu te laisses embarquer par cette nuit qui s’assombrit encore. maintenant ? elle est aussi folle que toi, voire même parfois pire que toi, mais un sourire en coin étire tes lippes et tu prends sa main pour la ramener vers toi un bain de minuit çà t’dis ? parce que t’es prêt à partir et à la prendre dans ta folie.

Prunelles de gamine qui s’allument. Qui viennent parler cette folie insidieuse et douce lorsqu’à ma question, tu répliques par une autre.  « Oui… » Est-ce que tu as envie de me déguster, de me goûter, est-ce que tu as envie de m’explorer ? Incandescente qui n’aime que trop jouer avec le brasier. Les hommes étaient faciles à enflammer, et en bonne impétueuse, je les laissais s’enflammer comme des ballots de paille avant de prendre la fuite. Mais toi Jamie. C’était trop étrange et fort pour jouer du même manège. Une attirance mêlée d’une certaine violence, sans doute parce que c’est ma peur qui hante cette attraction que finalement je ne maîtrise pas. Le jeu s’anime, les silhouettes s’échappent, se réconciliant avec le frais de l’air, dans cet improbable spectacle. Paumes levées vers le ciel, et hanches qui ondulent sur notre musique imaginaire. L’euphorie me gagne à nouveau lorsque ta folie est faite mienne. Improbable fusion. Dévouée à l’océan. « ça me dit carrément. » Rictus qui vient surplomber mes traits ombrageux, la provocation en seconde nature, l’envie aux cuisses, que tu puisses deviner mon corps exposé, que je puisse imaginer le tien, que l’eau nous enlace de sa froide et impitoyable caresse. Vivants jusqu’à l’aube et pour les heures qui succèdent.