@Lexa Walmsley Cavalier seul, qui erre au milieu des corps essoufflés. En capte quelques secondes, quelques centimètres de peau, puis s’évapore au bar, pour se remettre une salve d’oubli. Tout le monde compte ; tout le monde et personne. J’ai le cœur tellement portionnable que finalement j’donne plus grand-chose à chacun. Qu’importe. Tu vois, tu te plantes. Déjà parce que t’es censée céder face à ces boucles, comme les autres. Puis, parce que tu racontes des conneries. Enfin, t’as raison, on est quedal. Mais, faudrait que t’insistes, que tu regardes plus longtemps l’étalage de couleur dans mes prunelles pour comprendre. « C’est là que tu fais erreur. » Un doigt, n’importe lequel, dirigé vers ta silhouette. « Tu parles à tes amis, toi ? » Sourire qui s’éclate sur le visage de gamin. « Ce sont les derrières personnes au courant de ce qui compte. » De ce qui compte vraiment, de ce qui remue l’intérieur et secoue tout le reste. Ce qui effraye, ce qui est laid. Crois-moi, je fréquente le pire et j’y vois de la beauté. « Et moi, j’suis rien, et j’veux savoir. » J’suis le type qui aurait pu être le prince charmant, si seulement il avait pas loupé la dernière marche du podium.  Se casse la gueule dans l’escalier, dégringole jusqu’aux pieds. J’amuse la galerie et ça m’va. Quand la vie sera passée, que tu t’feras chier dans un quotidien morne, c’est vers moi que tu viendras. Le prince charmant sera au boulot, quand tes ongles grifferont mon dos. Intercepte le rouge. « J’ai pas envie de faire du chantage au cocktail. » Que je ferais pas. Puisque si vraiment y a rien à gratter, si vraiment j’me plante sur ton compte, y a pleins d’autres compagnies ici. Moi, les guerres, j’danse à côté.

@Horace Dawson J'arrivais presque à apprécier le moment jusqu'à ce qu'il veuille en savoir plus sur moi. Me creuser, tout ce que je déteste. Je soupire, lève les yeux au ciel et pianote mes doigts parfaitement manucurés sur le comptoir. J'ai des amis, pas beaucoup, mais j'en ai. Il m'arrive de me confier mais aucun n'est au courant de mon passé. Car je n'en parle tout simplement pas. Je veux pas donner l'occasion à une personne d'utiliser ce moyen de pression sur moi. Même les amis qu'on compte sur les doigts de la main, je ne leur fais pas totalement confiance. Alors pourquoi je le ferais à Horace ? On peut lire la trahison dans son regard. Ses yeux aussi perçants qu'envoutants. « soit. » épaules qui se haussent. De toute façon, il ne pourra pas vérifier ses sources. Je peux très bien modifier la réalité, lui mettre en tête ce que je veux. Sauf que je ne peux pas mentir sur la mort de ma mère. Moi qui me retiens d'en parler, l'alcool me rend presque triste à vouloir vider mon sac sur tout ce que je ressens depuis des années.  La dernière fois que j'en ai parlé, c'est à la police au moment de l'enquête. « des gens malsains s'en sont pris à ma famille il y a quelques années. ils ont kidnappé ma mère pour avoir une grosse somme d'argent en échange de sa liberté. ils l'ont tué. » regard dans le vide, voix qui tremble légèrement. Non, je ne laisserais pas mes yeux s'humidifier, pas devant Dawson. « ça doit être pour ça que je suis si froide avec les personnes qui veulent me connaitre. moins ils en savent, mieux je suis en sécurité. » une croyance comme une autre. C'est aussi pour ça que je n'ai pas beaucoup d'amis. Trop peur qu'on veuille me côtoyer dû à l'argent grandissime de ma famille. Le nom Walmsley ne passe pas inaperçu. Il m'arrive de donner un autre nom pour ne pas être dévisagée.

@Lexa Walmsley Et moi, j’ai déjà la foulée prête. A me barrer, si tu refuses d’ouvrir un semblant de porte vers toi. Une fenêtre même, j’suis d’accord. Un truc, quelque-chose qui fait que je comprendrais mieux ce que tu es. Qui tu es. Ce qui fait que ce sont les cœurs des hommes que tu serres entre tes griffes. Pourquoi peut-être, ça t’apaise, de maitriser leur battant. Pourquoi j’ai les prunelles qui trainent sur toi, et, qu’il y a quelque-chose dans tes miroirs, qui trahit une fêlure. Y a de la beauté dans le regard des filles tristes. Alors, les doigts sur ce cocktail rouge, retiennent le liquide. On sait toi et moi que ce n’est pas suffisant pour motiver une parole. Mais, regarde-moi. Si je défend ces idiots d’inconnus aux organes fragiles, imagine ce que je pourrais faire avec une héroïne comme toi. Amazone qui flingue tous les hommes débarqués sur son territoire. Tenu en joue, l’idiot aux cheveux bouclés compte sur la sincérité de ses orbes qui changent de couleur au gré des humeurs de ceux qui les regarde. Qu’y vois-tu ? Je ne suis pas équipé pour la pitié. Même quand ta bouche se fait bavarde, que mes sourcils se froncent à peine, que mes lèvres se pincent. Même quand tu repousses la pudeur du pied. La pulpe de mes doigts, frôle, d’une délicatesse extrême, le relief de tes pommettes. Comme on ôterait un masque sombre. « Je vais pas te dire que j’suis désolé, parce que ça sert à rien et ça ne ramène personne. » Ni te demander s’ils ont été interpellé, puisque ça aussi, ça ne sert à rien. La colère reste, tapie. « Ils t’ont déjà menacé, toi ? » Sont-ils toujours là, rôdant dans ton univers, pour cueillir tes faiblesses ? La main abandonne la peau pour se tendre vers Elle, avec le verre retenu en otage. Drôle de similitude. « Je vais être obligé de te l’offrir, celui-là. » Une encoche dans le visage du gamin. Tu vois, t’auras beau me dire ce que tu veux, j’sais que tu ne me mens pas.

@Horace Dawson Je ne sais pas pourquoi je me confie, surtout à toi. J'échange mon venin contre quelque chose de plus doux. Je peux même te donner le baton pour me frapper. J'ai retiré une partie de mon bouclier pour te donner ma faiblesse sur un plateau d'argent. Idiote que je suis. En plus, me remémorer la scène, les cris, ça fait monter quelque chose à mes yeux. Quelque chose d'humide et de salé que j'ai pas l'habitude de porter. J'en ai tellement vidé des larmes que mes orbes sont sèches. J'ai vidé tout mon quota. Enfin, c'est ce que je croyais. Regard méfiant vers lui. Cela fait presque bizarre de le voir faire cette tête si... normale. Plus cet air moqueur, de défi, d'arrogance. J'ai l'impression de voir Horace sur un autre jour. Non, j'veux pas. Retrouve cette fâcheuse manie que tu as de me détailler en rigolant. J'veux pas être prise en pitié. « non. » mais qu'ils osent. Je les attends au quart de tour avec une longueur d'avance. L'esprit de vengeance brûle dans ma tête depuis le premier jour de la perte de ma maternelle. Horace ne pose pas plus de questions et tant mieux. Il préfère me donner un verre que je regarde du bout du nez. Le regard perdu dans le liquide. « je sais que ton ami a souffert. je n'en suis pas fière. ne crois pas que ça me fait plaisir de faire du mal aux gens. » l'estomac qui se tord. Je relève mes opales vers les siennes et hausse doucement les épaules. « j'étais juste... perdue. » je faisais que de la merde. Je l'ai pas respecté, je me suis vite lassée et au lieu d'avoir les crans de rompre j'ai préféré aller dans les bras d'un autre. Tu vois, j'avais peur de lui faire mal, de lui dire en face que ça n'allait plus, alors j'ai déconné.

@Lexa Walmsley Tu vois, c’est mieux quand on dégage le masque et qu’on se sert nos réalités. Mes traits apaisés, et cette fragilité qui dégueule de ton visage. Tu détestes ça, n’est-ce pas ? Je vois tes failles en pointillés, manquerait plus qu’à découper selon eux, pour y extraire ton cœur malade. Cette nécessité de te comprendre, de mettre des mots sur des attitudes qui m’échappent. Je me fous bien d’être le sauveur de ces hommes en détresse. Le truc, c’est que ça m’amusait de voir tes prunelles se teinter d’une légère colère. En jouer. S’amuser dans ces joutes qui ne blessent personne. Occuper ton esprit à l’affut d’un méfait. Se faire prendre à son propre jeu. Ne pas s’attendre à ces phrases qui débarquent de nulle part, et déballent devant les orbes rêveuses, l’horreur. Vite, abattre les paupières. Et, si tu lis de la pitié, tu te plantes. J’suis pas équipé pour ça. La seule fois que ce sentiment ressort, c’est quand j’croise mon reflet. Là, quand je détaille le corps, quand j’vois les paillettes dans le cou, les doigts abimés par les produits ménagés ; j’ai pitié. Dans une autre vie, j’étais brillant. Dans une autre vie, on flinguait pas ton enfance. « Avale ton verre. » Et, le mien, je le liquide d’une traite. Mes doigts se tendent vers les tiens. J’ai entendu, j’ai compris, et ça me suffit. « J’continuerais à foutre tes plans en l’air. » Large sourire. « Parce que ça me fait marrer, quand tu fronces les sourcils comme ça. » Et que tes billes me fusillent. Les doigts bougent, au bout de cette main avancée, baguée. « Viens danser. » J’te jure que ça règle tous les problèmes ; au moins temporairement.

@Horace Dawson Putain, je suis loin de vouloir être blâmée. Je déteste les gens qui se plaignent alors si en plus on me prend par pitié... Cela fait des mois, voir des années que je n'ai plus évoqué ce passage tragique de ma vie. Et je l'offre à l'imbécile à côté de moi. La tête à claques la plus énervante de toute la ville. J'aurais pu rattraper le mâle qu'il a fait fuir, m'en aller tout simplement, le laisser gagner. Mais à la place, on discute de ma vie. J'ai envie de me baffer. J'échange mon air triste contre un air plus sérieux. T'as vu mes failles mais j'ai tout refermé. Bonne chance pour t'y retrouver. Je porte mon verre à mes lèvres, boit ses paroles. Joli jeu de mot au passage. Petite grimace pour avaler le tout, je secoue la tête et repose le verre vide sur le comptoir. « qu'est-ce qu'ils ont mes sourcils ? » que je réponds spontanément, et évidemment, en les fronçant grossièrement. J'étire un léger sourire sur le côté, visage qui se détend. Rides qui ne vont pas arriver de si tôt. La main du jeune homme s'approche, me réclame une danse.  « oh tu sais... j'ai pas trop envie. » mais il insiste, ne bouge pas ses doigts qui cherchent les miens. Ben quoi Walmsley ? On a peur de danser avec l'ennemi ? Je me mords la joue puis je me lève fièrement, refusant de prendre sa main mais le dépassant pour aller vers la piste de danse. Je me faufile entre les corps et me mets à danser. Me demandant combien de temps prendra-t-il avant de me retrouver.