Sois fier de toi, Raphaël. dit-il, sincère. Le problème est bien loin d'être résolu mais quinze (15) jours, c'est toujours ça de pris. C'est un premier pas vers la guérison, même s'il se doute que c'est le genre d'addiction dont on ne guérit jamais vraiment, et dans laquelle on peut retomber à tout moment. Une esquisse de sourire se dessine sur les lèvres de Zack quand Raph lui répond que l'envie d'être dans ses bras est réciproque mais se perd quand il lui demande de ne pas venir. L'américain sent son cœur se briser dans sa poitrine et déglutit : Ca veut dire que tu ne rentres pas tout de suite à Boston ? Enfin "tout de suite", après être sorti, quoi. Mais d'accord. Zack lui donnera tout ce dont il a besoin, même si ça veut dire être séparé de lui un peu plus longtemps.

Je serai fier s'il y a un résultat une fois que je suis dehors. J'admets et déglutis. Si j'avais quelque chose sous la main actuellement, je ne me poserais pas la question deux fois avant de l'ingurgiter afin de soulager mon corps. Entre les douleurs musculaires, les sueurs et les tremblements, je ne pense qu'à ça. J'ai encore 2 semaines minimum au centre. J'aurai un accès limité à mon téléphone cette fois... Et droit aux visites. je crois que Louise va passer demain. Seulement je n'ai pas envie que Zack saute dans un avion et voit l'état pathétique dans lequel je suis. Le psy m'a d'ailleurs conseillé de me concentrer sur moi, et ma guérison, plutôt que sur ma vie sentimentale devenue trop compliquée ces derniers mois.

Le fait que tu le veuilles, c'est déjà beaucoup... Mais Zack n'insistera pas beaucoup parce qu'il sait très bien ce qu'il veut dire et comprend son point de vue. Ca ne sera jamais tout noir, même s'il échoue mais il sait très bien qu'il faut avoir un point de vue extérieur pour s'en rende compte. D'accord. C'est bien qu'elle soit venue. Même si vu leur relation, cela n'a rien d'étonnant. Zack tâche comme il peut de ne pas prendre personnellement le fait qu'il ne veuille pas qu'il vienne le voir, et referme la page internet qu'il avait ouverte. L'absence de Raphaël se fait encore plus forte, maintenant qu'il l'a au téléphone. Après quelques secondes de silence, il ajoute : "Est-ce qu'il y a quoi que ce soit que je peux faire pour te rendre la vie plus facile, bébé ?"

Le problème c'est que je ne suis pas certain de le vouloir... Et si j'ai toujours prétendu ne pas avoir une dépendance, je réalise que je me suis voiler la face. Contrairement à ce que j'affirmais il y a encore quelques semaines, je prends conscience qu'arrêter ne se fera pas en deux jours et certainement pas facilement. Oui elle passe un peu de temps avec ma mère. J'ai autant envie d'être seul que de serrer ma soeur dans mes bras mais je sais qu'il n'est pas question de négocier sa visite, je n'ai même pas essayer. Ne t'inquiète pas trop pour moi ? Dis-je, ne voyant pas ce que Zack peut faire de plus pour aider. Parle-moi de toi. Ca se passe comment le boulot ?

Même le fait que tu le veuilles peut-être... Je t'ai assez entendu dire que tu n'avais pas de problème pour savoir l'importance de cette étape, Raph... C'est déjà beaucoup. Avec un peu de chance, cela sera assez mais Zack a conscience que cela est peut-être impossible. A-t-on jamais entendu parlé d'addict qui parviennent à arrêter du premier coup ? Je vais essayer... Tu m'autorises à appeler Louise, parfois ? Pour avoir un avis un peu plus objectif sur la situation. S'il n'était pas certain que Louise dise tout à Raphaël, il se passerait de sa permission mais au vu de leur relation, c'est trop risqué. Zack retient un soupir quand le français lui demande de parler de lui. Il ne sait pas ce qu'il peut dire. Hm... Il se creuse doucement la tête avant de reprendre : Tu te souviens du talent qui m'a lâché au dernier moment pour le lancement de cet hiver ? Je pense que j'ai trouvé un remplaçant. On devrait finaliser le contrat cette semaine. J'ai eu beaucoup de chance... Mais c'est sordide de parler de ça, quand la santé de Raph est en jeu.

Ouai... Je n'ose pas m'aventurer sur ce que je ressens vraiment, ne souhaitant pas admettre que c'est un nouveau passage à l'hôpital qui m'a convaincu de commencer cette cure. Inutile de l'inquiéter avec tout ce qu'il a déjà sur le plat actuellement. Louise? Tu peux, oui, mais je vais avoir mon téléphone dorénavant. Je suis un peu surpris qu'il souhaite l'entendre de la bouche de ma petite soeur plutôt que de la mienne et ça me serre le coeur de savoir qu'il ne me fait pas confiance. Le plus triste est sans doute qu'il n'a pas tort de douter. Ah! Je t'avais dit que tu trouverais une solution. Dis-je avec un sourire avant de me redresser pour me diriger vers la fenêtre. Je vais pas tarder, je voulais juste entendre ta voix et que tu saches que je vais bien. Aussi bien que possible.

Parle-moi, Raph... C'est déjà assez difficile de ne pas pouvoir venir le voir et le serrer dans ses bras, alors s'il pouvait au moins savoir à quoi il pense... Il sait que Raph ne parle pas de son addiction et s'est assez souvent brouillé avec lui à ce sujet quand ils étaient plus jeunes pour ne pas trop insister quand le sujet est abordé mais c'est un peu différent, là, non ? Oui... mais elle va te voir. Et elle s'en fout, elle, de m'inquiéter ou non. glisse-t-il avec tendresse. Ce n'est absolument pas un reproche envers son amant mais au moins, si sa soeur lui dit qu'il va bien - relativement, vu la situation, il la croira plus que Raph lui dit alors qu'il lui demande de ne pas venir. Mais si ça te gêne, je le ferai pas promis. Zack esquisse un sourire quand Raph lui dit qu'il avait raison sur le fait qu'il trouverait une solution à son problème et se retient de lui dire que c'est bien le cadet de ses soucis. Je suis désolé si j'ai rendu ta vie plus compliquée en y revenant... Il se retient de justesse de l'appeler "joli coeur", ne pouvant s'empêcher de penser que si Raph lui dit qu'il ne faut pas qu'il vienne, il a forcément un rôle à jouer dans tout ça. Et en même temps, si c'est ce qui lui permet d'arrêter la drogue...

J'ai juste pas l'impression d'avancer. Du moins pas de manière définitive. J'ai l'impression de faire un pas en avant pour mieux reculer une fois que je sortirai d'ici. Mais on verra. C'est des professionnels, ils savent ce qu'ils font. Je parle là de toute l'équipe médicale qui me rend la vie plus que dure depuis deux semaines. Ok. Je n'argumente pas, parce que je sais que Louise ne glissera à Zack que les informations que je l'autorise à partager. Non, comme tu veux. Dis-je pour ne pas lui donner l'impression que je lui cache des choses. Les lèvres pincées lorsqu'il s'excuse, je ferme les yeux et me contente d'écouter sa respiration un instant, avec l'impression d'être à ses côtés. Je crois qu'on est pas d'accord sur celui qui complique la vie de l'autre. Je souffle finalement et mes lèvres s'étirent dans un léger sourire malgré mon cœur serré. Il a plus important à gérer que mes états d’âme et mon (quatrième) passage en cure. Zack, je… Je... me dégonfle, incapable de lui demander de ne pas espérer, de ne pas m’attendre. C'est injuste mais je ne suis pas prêt à gérer sa réaction. Je vais y aller bébé, j’ai une thérapie de groupe dans quelques minutes. Promets-moi de ne pas t’inquiéter ? La bonne nouvelle est que je n’ai accès à rien qui puisse mettre mes jours en danger. Malheureusement.

Un jour à la fois, d'accord ? Il sait que c'est cliché de dire ça mais ne sait pas vraiment quoi dire de plus non plus, malheureusement. Oui, c'est ça... Essaie dele faire confiance. Mais s'il se doute bien que cela doit être difficile, qu'il doit se dire qu'ils ne savent pas ce qu'il ressent. Avec un peu de chance, il parvient à trouver des gens avec qui parlaient et qui lui donne l'impression d'être compris dans ce qu'il traverse. A dire vrai, plus que tout autre chose, Zack espère que Raphaël n'est pas tombé sur de mauvaises influences qui vont lui donner envie de replonger encore plus vite mais cela n'a pas vraiment l'air d'être le cas. Il l'espère, du moins. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres quand il entend Raph protester à sa façon sur ses excuses. Je crois, oui. Il a envie de lui dire qu'au contraire, il a rendu tout plus simple, plus supportable ces derniers temps mais n'est pas sur que cela fasse du bien au français de l'entendre, alors s'abstient. Peut-être aussi, parce qu'il n'a pas le courage de lui dire sans pouvoir venir le rejoindre pour le serrer dans ses bras ensuite. Ses lèvres se pincent quand Raph l'appelle par son prénom, et après lui avoir donné une ou deux secondes pour continuer sa phrase, Zack coupe court à cette partie de la conversation. Pas maintenant. On a dit qu'on en parlerait plus tard. C'est bien la seule chose qu'ils se sont dites, d'ailleurs mais si rupture, il doit y avoir, si décision de n'être qu'ami ou de ne plus se revoir doit être prise, il veut qu'ils puissent se regarder dans le blanc des yeux en le faisant. Qu'ils puissent se dire "au revoir" vraiment, s'il faut en arriver là. Je te le promets, si tu me promets de prendre soin de toi et de ne penser qu'à ce dont tu as besoin le temps que ça aille mieux. Il soupire doucement, hésite à prononcer les trois mots qui lui brûlent les lèvres et s'abstient. Pour ça aussi, il veut pouvoir le regarder dans le blanc des yeux. Bonne journée, joli coeur. A très vite.

un jour à la fois. Je répète sans grande conviction mais je n’ai de toute façon pas d’autre choix. C’est ainsi que la thérapie / cure fonctionne, on ne doit se concentrer que sur le présent mais j’ai un peu de mal à ne pas craindre la suite. Je souris lorsqu’il me confirme qu'on n'est peut-être pas d’accord sur celui qui complique la vie de l’autre et m’abstiens de défendre ma position, parce que je n’ai vraiment pas à cœur de discuter de tout cela. Je voulais juste qu’il sache ce qui m’a empêché de le contacter ces dernières semaines et surtout que Zack comprenne que ce n’est pas lui, ou nous, le problème. Merci. Je ne veux pas penser au retour à Boston, aux sentiments auxquels je vais devoir faire face après en avoir fait le tri et je suis reconnaissant qu’il ne m’oblige pas à lui fournir des réponses maintenant. promis, je fais de mon mieux. Le plus dur maintenant sera de ne pas l’appeler lorsque je suis incapable de fermer les yeux et passe la nuit pris de tremblements, mais je vais tenter de m’y tenir. Bonne journée bébé. Je murmure et sans attendre, coupe l’appel tant que j’en ai encore la force.