@Alexander Windsor  @Jeremiah H.-Williams
(31.03.2021)

Après une dizaine d’années sans se voir, je me prépare à recevoir Alexander à la maison, dans un sacré mélange d’émotions. L’eau a coulé sous les ponts et il ne reste aucune rancœur, de mon côté. J’aurais bien sûr aimé que notre couple soit une motivation suffisante pour annoncer à sa famille sa sexualité, mais monsieur est Prince, je ne peux pas lui en vouloir de ne pas avoir été prêt à l’époque. Je savais dans quoi je mettais les pieds, à la seconde où ses yeux bleus ont capturé les miens. Il reste, à ce jour, l’une des seules relations “sérieuses” que j’ai eu avec un homme, hors quand je vois les complications qu’impliquent les femmes, je me demande sincèrement pourquoi je n’ai pas cherché à réitérer l’expérience plus souvent. Aujourd’hui, ce qui m'angoisse, n’est pas de revoir un ex petit-ami, mais simplement d'accueillir chez moi un étranger avec qui je n’ai peut-être plus rien en commun. Dix années, ce n’est pas négligeable. Je n’ai aucune idée de l’homme qu’Alexander est devenu, au-delà du portrait qu’en peignent les médias, et peut-être que nous n’avons plus grand chose en commun. Il n’y a cependant qu’une seule façon de le savoir et après les événements traumatisants subis par le prince en fin d’année dernière, je suis sincèrement curieux de savoir comment il se porte.
Dès dix-huit heure, je m'attelle à la cuisine et prends plaisir à nous préparer des Steak pies, bien de chez nous, en espérant qu’Alex ne soit pas devenu végétarien depuis notre dernière rencontre. L’idée ne me traverse l’esprit que lorsque tout est prêt et qu’il n’y a plus qu’à enfourner lorsque nous serons prêts et si j’hésite à préparer autre chose “au cas où”, je m’abstiens. Il sera encore temps d’improviser sur le moment ! Et puis elles sont accompagnées de brocolis et carottes, ça fera l’affaire. La douche prise, j’enfile un pantalon de costume et une chemise plutôt décontractée, car je ne pense pas que nous quitterons la maison. J’ai beau ne rien espérer de ces retrouvailles, je prends un peu plus de temps que nécessaire à me préparer, mais ça me semble naturel à l’approche d’une rencontre avec un(e) ex petit(e) ami(e). Peut-être  qu’il y a toujours  une envie, pas si enfuie, de lui faire voir ce qu’il a perdu, non pas dans l’espoir d’inverser la tendance, mais plutôt pour ne pas le conforter dans l’idée qu’on a bien fait de tout arrêter. C’est pourtant le cas ! Quand je vois le temps qu’il a mis à assumer sa sexualité, je sais parfaitement que j’ai bien fait de partir en courant, je n’aurais jamais eu la patience d’être dans l’ombre pendant des années. Mais qui sait, on aurait peut-être fini par se séparer pour d’autres raisons… Ou notre histoire aurait pris assez d’ampleur pour le motiver. Peu importe, je ne suis pas du genre à vivre dans le passé et ne regrette ni mes choix ni les siens.
Quand on sonne à la porte, je vais ouvrir, hésite un instant lorsque je le découvre devant ma porte, avant de le prendre rapidement dans mes bras. On ne s’est pas vu depuis longtemps mais on est anglais, le british hug c’est classique, même pour saluer une personne qu’on rencontre pour la première fois. Peut-être pas pour un prince, mais nous ne sommes pas non plus des inconnus. « Bonsoir. Entre. »  Je m’écarte pour le laisser rentrer dans la maison - plus communément appelée le musée, tant la décoration en est sobre - et m’avance vers la pièce ouverte qui contient le salon et la salle à manger. « T’as pas eu trop de mal à trouver ? » Non Jem, car il a google maps comme tout le monde. Je me tourne vers lui et ne peut m’empêcher de détailler tout ce qui a changé chez lui, de ses traits plus durs, à sa carrure. Dix ans, ce n’est pas rien. « Comment tu vas ? »

@Jeremiah H.-Williams @Alexander Windsor  
(31.03.2021)

J'étais vraiment pas serein. Je me sentais un peu à cran. J'arrivais pas à me rappeler de la dernière fois que j'ai vu Jeremiah en face de moi. Cela devait être surement pas en bon terme. J'avais du arrêter notre relation... Assez rapidement. Mes parents, ma famille n'était surement pas prête à accueillir ce type de relation au sein de la royauté. Et peut-être que moi non plus. Le lavage de cerveau avait plutôt bien fait son effet jusqu'à mes dit huit ans. Peut-être qu'au fond je n'étais pas prêt non plus. Dans tous les cas, cela me menait à ce moment, aujourd'hui, où je devais refaire face à mon ex copain, qui fut le premier avec lequel j'appréciais passer mes journées. Cela a été vraiment une année what the fuck... Je suis à peine remis de mes séquelles du kidnapping et de la mort de Maverick, que je retrouve un fantôme du passé qui doit surement plus vraiment m'apprécier comme avant. Et puis merde, il fallait que je me prépare rapidement plutôt que ressasser de mauvais souvenirs, ça allait être bientôt l'heure. J'écrasais ma cigarette pratiquement finis dans mon cendrier avant d'aller me décrasser dans la salle de bain.
je m'étonnais à prendre bien plus de temps que prévu à me préparer. En temps normal, j'aurai pris une douche en cinq minutes, vite fait un coup de tondeuse et basta. Pourtant je me retrouvais à m'apprêter comme si j'allais à un rendez-vous galant. Je me trouvais ridicule, mais j'arrivais pas à m'empêcher de vouloir faire bonne impression; Ce qui devait me prendre un quart d'heure se transforma en une bonne demi-heure. Je me remémorais certains bons souvenirs que j'avais eu avec Jeremiah, devant la glace. Ma vie aurait été surement tout autre si j'avais pu assumer auprès de mon entourage. Mais avec un si j'aurai pu refaire mon monde.
Je troquais mon caleçon parachute pour un jean noir serré et un débardeur noir. Je boutonnais ma chemise violette, bouton par bouton, en me demandant si j'étais pas trop en retard. Une fois habillé, l'heure indiqué sur l'horloge me donnai un coup de chaud et je me hâtais de m'engouffrer dans le couloir après avoir fermé la porte d'entrée. Quatre à quatre je descendais les escaliers en manquant de m'étaler à plat ventre sur le sol. Il me restait qu'à prendre une bonne bouteille sur le trajet et j'étais bon.
Sur le trottoir, les deux bouteilles à la main, une de blanc, une de rouge, ne sachant pas me décider, je sentais mes palpitations revenir à la charge. Calme toi putain. Je respirais fortement en essayant tant bien que de mal de pas paniquer. Après tout, c'était Jeremiah pourquoi je stressais, puis c'est bien finis entre nous de toute manière. Enfin je crois. Je prenais mon courage à deux mains pour mettre un pied devant l'autre vers la porte d'entrée. Une fois devant, je toquais du coude pour m'annoncer. Quelques secondes se sont fait attendre mais au final la porte s'ouvrit en grand sur Jeremiah. Une pulsation intense se propageait dans ma cage thoracique, un mélange entre stress et surprise. Il était toujours, voir bien plus attirant que je ne l'aurai penser. Il fallait cependant que je chasse vite cette idée de ma tête. Ce qui risquais d'être compliqué si je continuais à avoir des contacts rapprochés comme son etreinte de bienvenue. De base je serais imperméable, de base. « Bonsoir, merci. Plutôt bien et toi ? Pas trop galère à trouver non ça va, j'ai juste suivi l'itinéraire sur mon portable. » J'avais l'impression de parler à une vitesse folle et surtout sans articuler. Je m'avançais pour dépasser la porte d'entrée et tendis les deux bouteilles. « Je me suis dis que dans le doute et vu que tu aimes les deux. » lui dis-je avec un sourire un peu gêné. « C'est un super endroit que tu as, dis-moi. » j'enlevais la veste en cuir que je portais sur le dos. Je commençais déjà avoir très chaud et j'avais un peur de déjà suinté la transpiration. Je dois vraiment être risible.

Ce n’est pas une de ces situations où, à la seconde où je me retrouve face à lui, toute anxiété s’envole. Je ne suis pas certain du comportement à adopter, car j’ai l’impression de faire face à un inconnu, qui ne l’est pas tant que ça. J’ignore tout de la personne qu’est devenue Alexander, du caractère de l’homme qui se tient devant moi et pourtant physiquement, je le retrouve. Il a changé, son corps a mûri autant que sa voix, mais je peux encore percevoir les bras dans lesquels j’ai apprécié me perdre pendant plusieurs mois. « Ça va aussi, merci. » Dis-je sans entrer dans les détails, car nous avons toute la soirée pour le faire. Il a l’air au moins aussi nerveux que moi, ce qui me fait sourire - et est plutôt rassurant. Il n’est pourtant pas question d’un (deuxième) premier rendez-vous, mais le sentiment n’est pas bien différent.
Je m’écarte, le laisse entrer et l’invite à me suivre jusqu’au salon. En dehors d’une vitrine avec quelques coupes datant de mon jeune temps en GP3 et GP2 dans un coin, et un énorme cadre de Cameron au-dessus de la cheminée, il n’y a aucune décoration notable dans le salon. Je n’ai même pas pensé à la photo de ma fille alors que je ne lui ai jamais parlé de mon nouveau rôle de père, mais s’il me suit encore sur les réseaux sociaux, Alex l’a de toute façon compris tout seul. Je récupère les bouteilles qu’il me tend afin de le débarrasser, et observe rapidement les étiquettes pour savoir ce sur quoi son choix c’est porté. « Ce sera plutôt rouge ce soir, je nous ai préparé des steak & ale pie. » Dis-je, attendant le moment de vérité. De plus en plus de personnes sont végétariennes et si je les admire, je ne suis pas prêt de les rejoindre, appréciant bien trop la cuisine et un bon bout de viande. Ne me reste qu’à espérer que le prince est du même avis que moi sur la question. « Merci ! J’ai emménagé mi-janvier, c’est tout récent. » Plus tant que ça, mais je n’en ai pas encore fini avec l’emménagement de la maison, notamment le jardin pour lequel j’ai quelques plans. « Ce petit monstre m’a retenu sur le continent américain. » Je lui désigne du menton le cadre comportant la photo de Cameron, qui fait un bon mètre de long et qu’il n’a de ce fait pas pu louper, même avant mon explication. Ca a beau être toujours un peu étrange d’annoncer que je suis papa, c’est un sourire fier et triomphant qui est accroché à mes lèvres. Ma plus grande fierté. Ce n’est pas encore naturel pour moi d’être ici plutôt qu’à Londres, ville dont je suis éperdument amoureux, mais je commence doucement à me faire à l’idée que Boston représente “la maison” à présent. Cinquante pour-cent de ma vie se trouve ici, cinquante pour-cent de l’autre côté de l’Atlantique et si j’aimerais tous les réunir, j’ai bien compris que ce n’était pas possible. « Tu es de retour pour du bon sur Boston ? » Je demande tout en me dirigeant vers la salle à manger pour récupérer deux verres et ouvrir la bouteille qu’il a apportée. Nous n’avons pas énormément parlé depuis les événements traumatisants qu’il a vécut fin de l’année dernière et j’imagine que nous ne sommes pas assez proches pour lui donner envie de se confier, mais sans entrer dans les détails, ça m'intéresse de savoir s’il compte bientôt repartir ou non.

@Jeremiah H.-Williams @Alexander Windsor  
(31.03.2021)

La veste en cuir dans les mains, je cherchais du coin de l'oeil de quoi la posé avant de me rabattre sur un porte manteau non loin. J'observais l'environnement tout en écoutant Jerem  m'énoncé son choix de bouteille et le plat que nous mangerons ce soir. Le steak and ale pie me rappelait les traditionnels repas de famille, quand on en avait encore une, autour d'une table biens garnis et cette énorme tourte au centre. J'avais l'impression que ça datait d'il y a plusieurs de siècles.
« Va pour le rouge. Et très bon choix, ça rappellera le pays. » Bien que je sois pas un grand fan de rouge, je ferais l'effort pour ce soir, puis après un verre ou deux je ne verrais même plus la différence.
Je remarqua une photo  d'une jeune fille sur le meuble, je compris rapidement que c'était sa fille, Cameron. Le cadre dans les mains je regardais la photo quelques secondes. J'avais aperçu sur les réseaux des photos d'eux, mais je m'étais pas douté à l'époque vraiment qu'il était déjà papa. Inconsciemment ça m'avais fais un choc, pas que je trouvais ça triste ou même blessant. C'était plus comme si le monde avait avancé d'un coup sans moi et que j'étais très en retard. Jerem avait fait sa vie bien mieux sans moi et avait même une belle source de bonheur. Il en était surement mieux ainsi. Je reposai le cadre délicatement et affichai un large sourire à l'hôte de la soirée. « J'imagine bien, mais tu as fais du très bon boulot déjà. » Il semblait très fier de sa condition de paternel et je ne pouvais pas qu'être admiratif face à ça. Je me voyais absolument pas parent dans les années à venir et surement incapable de le vivre seul. D'autant plus que je n'ai jamais été doué avec les enfants et je suis pas certain d'être un bon parent. Il faudrait déjà que j'ai l'opportunité de créer une relation saine avec quelqu'un avant d'imaginer même fonder une famille. Et c'est une chose qui ne semble pas prête d'arriver.
J'accompagnai Jerem dans la salle à manger en jetant deux trois regards sur les meubles disposés ça et là. En apprendre un peu plus sur lui me permettrai surement d'éviter de passer pour un vieux fantôme de sa vie. Il avait gagné en assurance et surtout en aisance, j'avais l'impression d'être tout petit à côté. Il suffisait de me voir les mains dans les poches et l'air un peu recroquevillé en lui suivant pour en avoir une nette impression. Je relevai le torse quand il me demanda si j'étais revenu pour de bon. Je me remémorais quelques souvenirs de ces derniers mois sur la route avant de les chasser rapidement d'un mouvement de tête. « Oui. Enfin je crois. Je suis un peu revenu comme je suis partis, sur un coup de tête. » lui répondais-je en me frottant l'arrière de la tête. Je me doutais qu'on allais arriver à l'instant fatidique où il faudrait que j'explique mon geste ou même plus, que je raconte certains détails sordides. Les deux verres se remplissaient de liquide rouge et je récupérai mon verre avec délicatesse, après avoir adresser un remerciement.
« Et toi ? J'ai vu que tu faisais pas mal d'aller retour entre Londres et Boston ? C'est pas trop usant ? », bien que j'en doutais pas une seconde de sa force de caractère, j'essayais tant bien que mal de repousser un temps soit peu la discussion malaisante. Puis je voulais en savoir un peu plus sur lui Jerem, voir ce que j'avais raté.

J’annonce le futur repas Alex, directement inspiré des recettes de ma mère, et un sourire prend place sur mes lèvres lorsqu’il approuve mon choix. « Parfait, j’avais un peu peur que tu m’annonces un régime végétarien. » Ce qui se serait soldé par une salade de légumes ou une commande Deliveroo car je n’ai pas grand chose à offrir. J’observe Alex prendre le cadre comportant la photo de Cameron dans ses mains et mon estomac se noue légèrement. Ce n’est pas de l’appréhension mais je ne sais pas, c’est étrange de le voir découvrir ce pan de ma vie, comme si tout ceci dit signifiait que “l’ancien Jem” n’existait plus alors que j’ai juste avancer, grandi. « Merci. Elle va bientôt avoir trois ans. » J’ajoute, sans entrer dans les détails. J’ai pourtant très envie de lui signaler que je ne suis pas avec la mère, que je n’étais même pas au courant les deux premières années de sa vie, mais au fond ça ne change rien. Le fait est que cette princesse est devenue mon monde et notre schéma familial un peu atypique n’y change absolument rien.
J’hésite lorsque Alex me rejoint dans la salle à manger et finit par lui poser la question qui me brûle les lèvres. Je ne souhaite pas le pousser à se confier sur les derniers événements qui ont provoqué son départ, s’il n’a pas envie d’en parler, mais savoir comment il se porte après tout ça m'intéresse. Je n’ai pas lu énormément d’articles sur les disparitions et les conditions de vie des victimes au moment des faits, mais je n’ose même pas imaginer le traumatisme que ça lui a laissé. Je constate d’ailleurs qu’Alex se tend lorsqu’il me répond et regrette de le mettre mal à l’aise, ce qui n’était pas du tout mon intention. « T’as visité quoi de beau pendant ton road trip ? » Je demande afin de dévier légèrement le sujet, même si ce roadtrip était une façon comme une autre de fuir Boston. J’espère qu’il a tout de même pu en profiter et se ressourcer sur la route afin de repartir du bon pied maintenant qu’il est de retour.  
Nos verres servis, je l’invite d’un geste à me suivre au salon et me pose dans le fauteuil, venant cogner mon verre au sien. « A nos retrouvailles. » Qui auront pris une décennie… C’est fou quand on y réfléchit. En toute honnêteté, je ne pensais pas retrouver Alexander un jour, moins encore l’inviter à manger à la maison. « Ça va, j’ai l’habitude de bouger. Le plus dur va être de gérer avec la F1. J’aimerais me rendre à une bonne partie des courses mais je ne peux pas non plus m’absenter trop souvent pour la petite… » La Formule 1 a repris la semaine dernière et si j’aimerais être présent à chaque course, je sais aussi que mon rôle de père ne va pas me permettre de m’envoler pour l’Europe un weekend sur deux pour suivre tout ça. Je devrai, parfois, me contenter de la télévision… C’était déjà le cas le weekend dernier, pour la première course de la saison, qui coïncidait avec l’anniversaire de Cameron.

@Jeremiah H.-Williams @Alexander Windsor  
(31.03.2021)

Je n'arrive pas à m'empêcher de sourire au fait qu'il est peur de mon régime. J'avais envie de lui répondre que de toute manière j'aurai fait l'effort de manger puisque j'étais l'invité. Mais pour le coup le fait d'être végétarien ne me concernait pas, donc il pouvait souffler. Cela me permettait de détendre après avoir repensé à ma fuite il y a quelques mois. Je suivis Jerem dans le salon et accepta sa proposition de m'installer sur un de ces superbes fauteuils. je jetais quelques regards autour de moi et je remarquais une certaine chaleur se dégager de sa décoration. On semble se sentir bien ici. On trinqua à nous, auquel je répondis avec un léger sourire et plusieurs gorgées du vin que j'avais ramené. Il fallait bien que je me décide de à lui répondre. « Visité ? Hum... Pas vraiment, enfin j'ai surtout beaucoup baroudé. Je suis partis de Boston et je suis aller jusqu'à la frontière de l'Alaska. J'ai du rentré assez précipitamment à cause de la tempête, tu sais en début d'année. » Je m'étais dis que si il devait arriver quelque chose à ma famille, il fallait au moins que je sois près d'eux. Je m'en serais voulu toute ma vie si j'étais resté à plusieurs milliers de kilomètres d'eux. Bien qu'en ce moment on ne peut pas dire qu'on se fréquente beaucoup. Bref, focalise toi sur la discussion Alex.
« Et sinon j'ai pu me posé au bord de lac enneigé magnifique, vu quelques cerfs et élans se baladaient dans les forêts. J'ai faillis me faire courser par un ours aussi, mais heureusement j'ai détalé avant qu'il m'aperçoit. J'ai pu rencontrer des gens gentils et bons. Des amis m'ont aussi rejoint pour un bout de chemin. On va dire que ça a été assez intense. ». C'est vrai qu'en y réfléchissant j'ai l'impression qu'il s'est passé une multitude de chose. Trois mois sont passés après tout. « Oui je comprend que tu ne peux pas trop t'absenter. J'imagine que gérer vie familiale et vie professionnel ça doit être un challenge. » Je dis ça mais au final je savais strictement rien. J'étais déjà incapable de gérer ma propre personne alors imaginer gérer en plus quelqu'un d'autre. Je continuais à boire mon verre de vin qui commençait à s'amoindrir assez rapidement. Les premières chaleurs d'alcool me montèrent au visage, me signalant que mon corps allez doucement se détendre. Je ne peux pas m'empêcher de regarder Jerem et de m'attarder sur son visage. J'avoue avoir du mal à ne pas flancher face à son joli minois. Mais self-control Alex, c'est pas le moment de paraitre désobligeant.

Je ne sais pas exactement combien de temps est parti Alex, ni quand est-ce qu’il est revenu à Boston, mais je préfère le faire parler de son voyage plutôt que du traumatisme qui l’a poussé à mettre les voiles dans un premier temps. Si je n‘ai rien suivi à cette histoire de kidnapping, les gros titres ont suffit à me donner envie de rentrer vite fait bien fait à Londres, ce que j’aurais fait s’il n’avait pas été question de ma fille. Je suis conscient que ça aurait pu arriver n’importe où mais les événements ont eu lieu à peine un mois après mon arrivée, ça ne donnait pas vraiment envie de m’attarder ici. Au final, j’ai bien fait de m’accrocher, car Boston a beaucoup à offrir. Pas autant que Londres, mais je pense que je n’aimerai jamais une ville autant que ma ville natale. Posé sur le canapé, je me tourne vers Alex, vois une gorgée de vin et écoute son récit. Je vois bien que de son côté, il n’est pas aussi à l’aise que moi, parce que entre deux phrases, il descend de plusieurs gorgées son verre qui diminue à vue d'œil. Ma mâchoire se contracte machinalement lorsqu’il mentionne la tempête, mais je prends sur moi pour ne pas me projeter en arrière et repenser à Ella, “coincée” chez son ex petit-ami. Ce soir, elle n’est pas le centre de mes pensées. « T’es rentré depuis janvier du coup ? » Moi qui pensait qu’il venait à peine de revenir ! « C’est aussi ça, visiter. T’as dû voir des paysages magnifiques. » Ce n’est pas pareil que visiter une ville, des musées et compagnie mais c’est tout aussi intéressant, si ce n’est plus, de se retrouver dans la nature. « Franchement je rêverais de pouvoir m’absenter ne fus-ce que quelques semaines pour me retrouver dans la nature. » Ça me ferait du bien, surtout en ce moment, mais ça n’arrivera pas, parce que je ne pourrai jamais me permettre de déconnecter totalement du boulot au point de me retrouver sans connexion au milieu de nul part. Et puis maintenant il y a Cameron, que je ne veux pas laisser plus de quelques jours. « C’est pas facile tous les jours. J’ai toujours eu l’habitude de faire ce que je voulais, ma vie était réglée sur le calendrier des courses… Mais bon la petite est adorable, donc sans regret. » Ou presque, j’aurais aimé la connaître à sa naissance et non après deux ans et demi, mais c’est un point sur lequel je ne pourrai malheureusement pas revenir. « C’est quoi le plan, maintenant ? T’es de retour pour du bon ? » Je demande et glisse les yeux sur son verre, presque vide, alors que j'ai à peine bu quelques gorgées du mien. J'espère que ce n'est pas moi qui le met mal-à-l'aise. « Je vais ramener la bouteille directement. » Dis-j avec un sourire. Je presse son genou en me redressant et file la récupérer la cuisine pour lui servir un autre verre une fois de retour à ses côtés.