La voiture abandonnée entre deux troncs aussi torturés que mon âme en ce lendemain compliqué, je m'arrête finalement de marcher le regard égaré. L'échine campée sur la mousse d'un rocher, je laisse mes pupilles se noyer dans le ruisseau au liquide tanné. « Merci d'être venue Minha. » Le vent bien que léger vient balayer quelques feuilles que l'hiver lui-même a annihilé. Je la regarde, laissant parler son silence que j'entends au plus profond de ma pensée. « Parfois, je ressasse quelques souvenirs. Et je me dis que ça me manque tout ça, nous. » Lèvre tirée, mes iris se redressent pour épouser l'ébène éclatant de sa chevelure que la brise vient décoiffer. « Tu as dit que tu avais besoin de moi ? » Voix douce et décontractée, elle a cet effet sur moi, celui d'éteindre ces émotions ardentes prêtes à me calciner.

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le silence en guise de compagnie quand, comme bien souvent, les mots ne sont pas votre fort. à vous comprendre dans les regards, à apaiser mutuellement les sources de peines pouvant émaner de vos deux êtres. sûrement les plus similaires dans le fond, à s'évader parfois. à retrouver un soupçon d'enfance quand le monde adulte était trop étouffant. et c'est un faible sourire qu'elle laisse se dévoiler, les opales sombres qui fixent l'horizon, à rêver parfois de ce calme plat pour l'éternité. on a plus autant de temps sûrement les vies qui les entraînent parfois sur des sentiers opposés, à plus laisser autant d'opportunités que par le passé. mh c'est la fatigue qui se lit sur les traits, poupée dévastée en un temps éclair par les illusions arrachées. c'est reposant d'être avec toi en quelques sortes. même quand elle te cache les pires, même quand elle envoie eben pour mentir effrontément.

Mon bras comme un serpent vient se faufiler derrière sa nuque avant de mordre son épaule qui d'usure porte plus lourd que conseillé. Mâchoire allongée sur son cuir chevelu, je laisse mes doigts pianoter sur ce tissu dont la douceur semble me réconforter. « Tu sais... je sens quand quelque chose ne va pas. Alors si tu as quelque chose qui te pèse, je suis là pour toi Minmin. Je serai toujours là. Peu importe ce qui t'arrive, peu importe ce que tu fais, peu importe tes choix. » Quitte à revêtir ses plaies, à laisser sa peine et celle du reste du monde me consumer. Peut-être que je ne suis bon qu'à ça, éponger les blessures que ce monde ne parvient à cicatriser. Parce que je ne suis bon qu'à ça, comprendre la souffrance qui imprègne la psyché, alors que la douleur physique n'est à mes yeux qu'un vaste mythe que personne ne parvient à m'expliquer. « J'ai l'impression de t'avoir délaissé parce que j'ai agis différemment dernièrement. Mais je pense que c'est pour le meilleur. Je n'ai pas enquêté sur cet homme mystère si c'est ce qui t'inquiète. J'ai compris que je devais davantage te faire confiance au lieu de me soucier sans arrêt de ce que tu fais et de qui tu fréquentes. »

le poids des cachotteries qui laissent les épaules s’affaisser, à fermer les prunelles pour quelques secondes, obscurité similaire à celle dans laquelle elle était plongée. je sais.. le murmure qui s'échappe des lippes rosées quand elle a souvent été celle disposant du plus de difficulté pour se confier. à récupérer les émotions des autres, poupée aux milles conseils prête à aider la terre entière mais à jamais réclamer les autres pour le soutien dont elle pourrait avoir besoin. peut être que tu me faisais pas confiance à juste titre et à trop vouloir son indépendance, elle essuyait désormais le dur revers de ses échecs. princesse désabusée joue avec les manches trop longues de son pull, contemple le sol parsemé de feuilles, y cherche une réponse qui ne viendra jamais. l'amie d'eben, c'était moi souffle finalement, à dévoiler les secrets idiots. sois pas en colère contre lui, c'est moi qui lui ait demandé de pas me mentionner parce qu'elle avait eu l'espoir qu'il se trompe, qu'ari soit tel qu'elle l'avait imaginé. espoir mort né quand il n'avait en réalité jamais existé.

Poumons contractés, j'arrête de respirer un instant, comme pour étouffer ce feu en moi qui ne cesse de vouloir déflagrer. La langue de Minha claque, détonne et laisse finalement s'échapper la vérité. Je ne dis mot, laisse ma paume remonter à son cuir chevelu que je viens délicatement gratter, comme on le ferait à une enfant pour la rassurer. « Je ne suis pas en colère. Ni contre Eben, ni contre toi. » Une réalité qui pourtant vient étrangler mes cordes vocales irritées par toutes ces injures que j'ai laissé s'exempter. « La seule chose qui m'importe, c'est de savoir ce que tu as fait, en sachant que son identité est fausse... Et surtout, est-ce qu'il a récupéré quoi que ce soit de confidentiel ou qui pourrait lui permettre de te faire du chantage ? » Le ton est de coton mais l'inquiétude, elle, est d'acier.

et le chaos qui prend place dans l'innocence lui étant pourtant attribué. poupée broie du nord quand chaque souffle est semblable à une torture, peine d'amour qui dévaste, emporte tout sur son passage. rien. le soupir qui s'échappe, filtre des pulpeuses quand ses bras se croisent sur sa poitrine. je l'aime tu sais ? et je voulais.. je voulais comprendre, savoir pourquoi avoir les réponses à toutes les incertitudes que ça avait soulevé. mais j'aurais pas d'explications, rien.. je suis juste.. toute seule avec ses peines et ses incompréhensions. à crever de douleur quand personne ne serait capable de l'absorber. à subir les vestiges de l'amour quand elle avait tout donné à une chimère. les promesses au goût amer qui restent en arrière plan pour lui rappeler sa stupidité.