« Enfant voulu et pourtant délaissé, ce n'est pourtant pas seul que j'ai pu avancer. »

Vingt-six Mars Mille neuf cent quatre-vingt-neuf, dans le froid hivernal, voire même le blizzard canadien, une nouvelle tête blonde pointait le bout de son nez dans ce bas monde peu accueillant et hostile. Je n'étais pas le seul à venir au monde ce jour là, à Saint Pierre, mais j'étais le seul descendant des colons du Québec. Mes parents étaient heureux de me voir enfin ici, mais cette joie était de courte durée. Il fallait revenir travailler dans les différents états d'Amérique pour papa, et maman avait un emploi du temps trop chargé dans son cabinet d'avocats ripoux pour le moindre dollar canadien. J'étais seul, avec Erzaël, mon grand frère, à peine plus âgé de 4 ans par rapport à moi. On avait une nurse quand nous étions trop jeunes pour s'occuper nous même de nos propres vies. Nous voyons nos parents quelques heures le week-end, bien que notre père était bien plus absent que notre mère. J'ai commencé à réellement le détester à huit ans.


« L'adolescence est le berceau de l'ignorance, l'âge adulte prouve la connerie humaine et le manque d'humanité est comme un baiser de la mort en personne. »

Cher journal. Aujourd'hui, je suis un teenager. Je viens d'avoir treize ans, et mes parents sont toujours absents. Je me retrouve seul avec Erzaël, qui fait des choses qui ne sont pas de mon âge. Il dit qu'il vend du gazon, de la farine et du gravier. Je le crois, je ne sais pas vraiment comment il fait pour vendre ces choses là dans son lycée. C'est peut-être un marchand ambulant, je ne sais pas. Nos parents nous crachent de l'argent pour combler leur absence, mais il s'occupe bien de moi quand même. Je suis heureux qu'il soit mon grand frère.
Quatorze ans que je suis sur cette terre, et aujourd'hui ma vie a changé. Je sais qu'Erzaël n'est pas un marchand ambulant. Il deale de la drogue dans son lycée pour se faire du fric, pour qu'on ne manque de rien. Et aujourd'hui, j'ai voulu essayer un peu ce qu'il avait, sous sa surveillance. D'abord les joints, puis avec le temps, la coke, la MD, l'ecstasy et tout ce qui est possible. C'est un cercle vicieux. Quand tu commences, tu ne sais pas quand tu pourras t'arrêter.


« Mai, Juin, Juillet, Août...Septembre... »

Vingt-cinq décembre deux mille cinq. Le jour de Noël, mon coeur s'est arrêté de battre sur cette jeune fille. Un signe du destin, le coup de foudre des fêtes de fin d'année. J'errais dans la rue, à la recherche d'une destination inconnue. Elle s'appelait Septembre, et quand je l'ai vue, j'ai de suite su qu'elle était la femme de ma vie, celle qu'on oublie jamais avec le temps, les problèmes et le cours de la vie qui s'élance dans une course folle. J'avais décidé de ne jamais la laisser tomber, mais le destin fut plus tragique que jamais.
Elle était tout pour moi. Et j'ai merdé. Alors qu'on était heureux, j'ai eu une demande étrange venant de son beau-père. Il me payait pour disparaître de la vie de Septembre. Et comme un connard de drogué, j'ai accepté le marché, après avoir entraîné la femme que j'aimais dans un gouffre.


« Si tu attends que je reviennes vers toi, même si j'ai été trop loin, j'ai gardé une place pour toi dans mon coeur. »

Mai deux mille neuf... La pire période de ma vie. J'avais laissé Septembre et fond du gouffre, et j'y sombrais moi-même par la même occasion. Quelle idée avais-je eu d'accepter cet argent pour m'éloigner d'elle, alors que j'en étais fou amoureux ? Je suis un sombre crétin, c'était officiel. Dès que je l'apercevais, je baissais la tête, pour ne pas qu'elle me voit, jusqu'au jour où je ne l'ai plus revue du tout. Blessé par ma propre bêtise, comme si je m'étais tiré une balle en pleine poitrine. On aurait pu m'arracher le coeur, je n'aurai rien senti, sauf peut-être un soulagement. J'ai essayé de la retrouver, jusqu'à que j'apprenne qu'elle était à Harvard, en deux mille douze. Trois ans de recherches soutenues par de nombreux échecs, avant la seule chance de la revoir. Cambridge, me voilà.
Je l'ai retrouvée, mais elle me hait, me méprise. Je n'ai pas vraiment eu le temps de lui expliquer les choses, qu'une bombe explosait à Harvard, me mettant dans un coma profond, duquel je suis sorti il y a peu. Je ne sais même pas si elle est venue me voir, mais en retournant à Harvard en sortant de l’hôpital, j'espère pouvoir lui expliquer clairement les choses, lui offrant cette bague que je garde toujours près de moi, pour lui demander de me revenir.