Elle ne relève pas ton geste, et tu te dis que c'était peut-être trop direct, bien que réel. Tu t'es brûlé les ailes, tu t'es calcinée seule dans ta connerie, et tu n'es plus qu'un amas de cendres ardentes qu'elle seule peut rendre phénix. Et tu y crois dur comme fer, tu crois que tu peux encore la retrouver, même si tous les signaux qu'elle te renvoie montrent le contraire. Parce qu'elle semble indifférente, froide et distante. T'espères que c'est qu'une façade, t'espère qu'au fond, elle voit que t'es sincère bien que maladroite. T'espères qu'elle croit ce que tu dis, parce que tous ces mots que tu lui lances, ça fait des mois qu'ils sont là, qu'ils attendent de sortir enfin. C'est la première fois que tu lui dis que tu l'aimes encore, qu'elle te manque, que t'es prête à changer. Mais le retour de bâton est sévère, s'abat sur toi comme un gros rocher qui s'effondre de sa falaise. « J'ai été la pire des connes, parce que j'croyais pas que t'allais partir.. » Et ça, c'est ton plus grand regret. L'erreur que tu ne veux plus commettre avec elle. Parce que tu croyais que ce que vous aviez, c'était indestructible malgré tes conneries et ses vengeances, malgré les blessures que vous vous infligiez mutuellement. Et t'as compris, bien trop tard, que les fêlures que tu provoquais étaient plus profondes que ce que tu pensais. Tu prends le risque qu'elle recule encore, mais tu t'approches, tu veux graviter autour d'elle, sentir cette tension dans ton corps quand t'es près d'elle. « Tu crois que ce que j'ressens pour toi, ça va et ça part comme une envie de pisser ? Que j'dis à tort et à travers que j'veux changer ? Regarde moi, Fall. Est-ce que j'ai l'air de quelqu'un qui a envie de s'foutre de toi, là ? De quelqu'un qui balance une disquette juste pour avoir ce qu'elle veut ? Regarde moi, s'te plait, et dis moi que tu m'crois pas, que t'en as rien à foutre de moi et que tu veux plus entendre parler de moi. Que j'suis plus rien, plus personne. Que t'aurais mieux fait de pas tomber sur moi quand on s'est connues. Que j'te manque pas, que tu m'détestes, que tu m'as jamais aimée. Vas-y, regarde moi et dis moi tout ça. »

Cette petite boule que tu peux avoir dans la poitrine, elle est là, installé en toi, te gênant pour respirer mais tu ne fais style de rien parce tu ne veux pas montrer tes faiblesses. Cette fille c’est peut-être la première et surement la seule de qui tu es réellement tombé amoureuse, pas une amourette comme ça qui ne dure que quelques mois. Tu as longtemps été accro à elle, de là à être complètement aveugle sur sa double vie, puis un jour elle t’en a parlé et ton cœurs a été brisé en milles morceaux. Aujourd’hui tu es devenue froide pour protéger ce sœur que tu as eu tant de mal à remettre en une seule pièce. « J'ai été la pire des connes, parce que j'croyais pas que t'allais partir.. » « Comment tu pouvais pas croire que j’allais partir ? Comment tu pouvais penser que je supporterais cette vie ? » Bien entendu, tu n’avais jamais eu envie de partager la femme que tu aimais avec la moitié de la ville. Entre le fait qu’elle se montre sur internet et le fait qu’elle se prostitue et se tape le premier mec ou la première meuf venue, c’était trop pour toi. C’était trop à supporter pour tes petites épaules, à seulement 21 ans tu devais assumer de partager ton amour avec ces gens et ça te rendais littéralement malade. Combien de cauchemars avais-tu fait Fallon ? combien de nuit tu as fini à vomir tes repas dans les toilettes ? Beaucoup trop. « Tu crois que ce que j'ressens pour toi, ça va et ça part comme une envie de pisser ? Que j'dis à tort et à travers que j'veux changer ? Regarde moi, Fall. Est-ce que j'ai l'air de quelqu'un qui a envie de s'foutre de toi, là ? De quelqu'un qui balance une disquette juste pour avoir ce qu'elle veut ? Regarde moi, s'te plait, et dis moi que tu m'crois pas, que t'en as rien à foutre de moi et que tu veux plus entendre parler de moi. Que j'suis plus rien, plus personne. Que t'aurais mieux fait de pas tomber sur moi quand on s'est connues. Que j'te manque pas, que tu m'détestes, que tu m'as jamais aimée. Vas-y, regarde moi et dis moi tout ça. » Tu soutiens son regard mais tu n’as qu’une envie, partir. Tu n’as aucune envie de lui dire tout ça parce que ce serait lui mentir mais quel est vraiment la bonne réponse. « Je ne te crois pas et oui malheureusement j’aurais mieux fait de ne jamais tomber amoureuse de toi. » C’est les larmes aux yeux que tu fais un pas en arrière avant de poser ton verre sur le comptoir. Tu fais de nouveau face à ton ex petite amie avant de faire surement la plus grosse erreur de ta soirée. Tu fais un pas vers elle, prends son visage entre tes mains avant de lui dire « Désolée. » . Suite à ça, tu t’en vas, le plus vite possible pour aller prendre l’air à l’extérieur, tu sais que tu as bu trop vite et que l’alcool t’ais monté à la tête. Tu dois rentrer, maintenant.

Rongée par la culpabilité, rongée par cette vérité qui te revient en pleine face. T'as été stupide. T'as la preuve face à toi, elle te le dit clairement. Comment t'as pu croire qu'elle allait supporter cette vie là, avec toi ? Tes infidélités, le fait que tu fasses le trottoir, le fait que tu t'exhibes sur internet en petite tenue. Est-ce que toi, tu l'aurais supporté, dans le cas où les rôles étaient inversés ? Est-ce que toi, t'aurais pu subir plus longtemps les affronts que tu lui as imposés ? Certainement pas. T'aurais craqué aussi. Tu serais comme elle, à l'heure actuelle. L'indifférente, la froide, celle qui veut fuir comme elle veut te fuir. Tu te sens honteuse, d'avoir pensé que c'était supportable pour elle, que vous alliez traverser les tempêtes et en sortir indemnes. « J'croyais qu'on pouvait s'en sortir, j'sais pas.. Je.. » T'as aucune excuse. Tu le sais. Tu ne cherches même plus à argumenter sur ce qui t'a poussée à croire que ça allait tenir. Parce qu'elle trouverait ça stupide, encore une fois, de t'entendre dire que l'amour pouvait vous sauver, que votre lien était fort et indestructible. Elle va se foutre de toi et tu le supporteras pas. Comme tu ne diras pas que t'as rêvé d'elle des centaines de fois, que t'as gardé vos photos, que t'as gardé tout ce qui te rattachait à ce que vous étiez. Son regard maintient le tien, ton myocarde est en accélération, et c'est la douche froide. Tes larmes montent et tu étrangles un sanglot. ... et oui malheureusement j’aurais mieux fait de ne jamais tomber amoureuse de toi. Cette phrase, elle te flingue, t'abat froidement. T'as du mal à déglutir, tu ouvres la bouche mais aucun son n'en sort. Clouée sur place. Puis elle avance vers toi, provoque ce contact aussi délicieux que douloureux entre ses paumes et ton visage. T'as envie de l'embrasser, mais elle s'échappe avant que tu ne fasses quoi que ce soit. Et comme t'es déterminée, tu attrapes ta veste sur le tabouret et tu sors à ton tour, en courant presque. Tu la cherches et l'aperçois plus loin. Tu la rattrapes, tu saisis sa main et tu l'entraines avec toi contre le mur d'un bâtisse en briques rouges. « Me laisse pas comme ça.. Pas avec cette envie qui provoque, pas avec cette tentation inassouvie. Embrasse moi, rien qu'une fois.. S'il te plait.. »

C’était compliqué pour toi de la comprendre, de savoir pourquoi elle t’avait demandé de venir ici, ce soir. Tu ne comprends pas pourquoi c’est maintenant qu’elle veut te récupérer. Tu as passé presque deux ans à subir ses frasques, ses tromperies et tu as eu cœur brisé en milles morceaux. Tu as passé de longs mois à te reconstruire et ça elle n’a pas l’air d’en avoir conscience. « J'croyais qu'on pouvait s'en sortir, j'sais pas.. Je.. » « Toi tu avais la belle vie, à couché à droite à gauche pendant que la conne que j’étais t’attendais. » Oui tu lui en veux de penser que tu étais capable de cautionner son comportement. Cette phrase avait fait monter cette colère en soit qui t’as fait te lever de ta chaise. Tu ne pouvais pas en supporter autant, toi tu étais amoureuse d’une seule personne et tu avais envie d’être la seule personne dans sa vie, la seule a pouvoir la toucher, l’embrasser et surtout passé la nuit avec elle. Tu ne pouvais pas supporter de l’entendre te dire qu’elle pensait que tout allait bien. Tu as fini par laisser ta colère parler en lui disant que oui tu aurais mieux fait de ne jamais tomber amoureuse d’elle parce que ça a tellement été dur pour toi tout ça. Tu fini par poser son verre sur le bar avant de sortir après lui avoir lâché un simple désolé. Tu avais déjà parcouru quelques mètres dans la rue pour retourner à ta voiture quand Tova attrape ta main pour t’arrêter avant de se mettre littéralement au mur et te bloquer là. « Me laisse pas comme ça.. Pas avec cette envie qui provoque, pas avec cette tentation inassouvie. Embrasse moi, rien qu'une fois.. S'il te plait.. » « Tova je peux pas faire ça » Tu refuse catégoriquement de faire cette erreur, toi qui regrette d’être venue ici ce soir, tu ne veux pas te réveiller demain en regrettant encore plus à cause d’un baiser.

Elle a raison, Fallon. Pourquoi elle aurait continué de cautionner tes frasques alors que toi, à sa place, tu n'aurais pas supporté le quart de ce que tu lui as fait ? Pourquoi c'est toi la conne, dans cette histoire ? Assez conne pour croire que tu pouvais tout avoir, son amour, son corps, tes amants, tes maîtresses et tes clients ? Pourquoi t'as jamais compris que t'étais pas assez bien pour elle, que tu l'as détruite chaque jour un peu plus, jusqu'au point de non retour ? Tu baisses les yeux, t'es pas fière d'avoir compris trop tard l'énormité de ta bêtise, l'idiotie de ta répartie foireuse. « C'était pas toi la conne, dans l'histoire.. Et j'm'en veux de t'avoir fait tout ça... » souffles-tu maladroitement, accablée par la véracité de ses mots. Mais la prise de conscience est utile, bien que tardive, et les mots blessent tant ils sont vrais. Peut-être qu'elle aurait mieux fait de ne jamais tomber sur toi, ne jamais s'attacher à ce que tu es, ce que tu étais. Peut-être que ça l'aurait sauvée, de ne t'avoir jamais aimée. Tu es le chaos de sa vie, et tu t'accroches fermement, comme un parasite, à cette vie qu'elle espérait pour vous à l'époque, à cette vie à laquelle tu aspires désormais, tandis qu'elle ne cherche qu'à te fuir. Mais c'est pas suffisant, t'as besoin de plus, t'es comme une droguée à la recherche de sa dose, de son adrénaline, t'as besoin de t'enivrer de son être, de t'enflammer de sa peau contre la tienne. C'est une torture de ne pas l'avoir, de ne pouvoir la sentir une nouvelle fois. Alors tu l'empêches de s'échapper, mais le refus te cloue au sol. Tu l'as perdue, Tova. T'as perdu son amour, son estime, le droit de l'embrasser, de la toucher, de l'aimer au grand jour. T'as mal dans tout ton être, dans toute ton âme, mais tu dois accepter sa décision. T'as pas d'autre solution. « Je.. D'accord.. Désolée de t'avoir demandé ça.. » Tu soupires, tu t'approches et tu laisses tes lèvres s'échouer au coin de ses lèvres, avant de lui laisser carte blanche pour te fuir. « Je ne te retiens pas, si tu veux partir.. » laisses-tu échapper à contre-coeur, parce que t'as qu'une envie c'est qu'elle te ramène à elle, même pour la nuit, quitte à te faire comprendre ce que ça fait de se sentir comme elle devait se sentir avec toi.

Tout ça c’était beaucoup trop pour toi, chaque seconde auprès d’elle tu souffrais encore plus. Tu devais partir, prendre tes jambes à ton cou et fuir loin d’elle avant de faire une nouvelle erreur. Oui tu l’aime bien entendu mais tu n’as plus confiance en elle, plus assez pour lui donner la chance qu’elle te demande. C’est trop dur pour toi, parce que tu sais qu’elle n’arrêtera jamais de draguer, de flirter, de coucher avec le ou la première venue et rien que cette pensée te rend malade. Tu l’aime et c’est encore pire pour toi d’avoir encore des sentiments pour elle. Bien sûr que pour toi tu as été conne d’être là à attendre de l’attention d’une femme qui préférait aller voir ailleurs. « C'était pas toi la conne, dans l'histoire.. Et j'm'en veux de t'avoir fait tout ça... » Tu n’as pas envie de lui répondre, parce que tu ne veux pas être plus blessante que ça en finissant par devenir méchante dans tes paroles. Tu décides de partir mais ton ex n’est pas de cette avis puisqu’elle t’as rattrapé dans cette rue, elle a été jusqu’à te bloquer contre ce mur. Mais elle a dépassé les bornes quand elle t’as demandé de l’embrasser. Tu es quand même reconnaissante qu’elle ne t’ai pas embrassé contre ton grés. Alors tu refuses, tu dis que tout simplement que tu ne peux pas faire ça. Alors elle s’excuse et s’approche de toi pour embrasser ta joue au plus près qu’il est légal de le faire sans consentement. Elle vient finalement te laisser l’option de partir, la meilleure option tu le sais. Tu viens poser tes mains dans son cou avant d’embrasser sa joue, laissant surement une trace de ton rouge à lèvre. « Je t’aime » dis-tu sans trop savoir pourquoi avant de partir en direction de ta voiture les yeux brillant. Tu as le cœur brisé Fallon, tu pensais l’avoir reconstruit mais elle en a gardé beaucoup trop de morceau.

T'as le coeur meurtri, les regrets qui suintent de tous tes pores. T'aimerais que tout soit différent, que tes erreurs n'aient jamais eu lieu, que votre histoire soit encore debout, aussi vive que ces sentiments de honte qui t'animent. T'aimerais ne pas avoir besoin de lui demander l'autorisation de l'embrasser, de te serrer contre elle, mais c'est trop tard pour ça, il est révolu le temps où tu pouvais te permettre ces choses que tu désires tant. Bon à conjuguer au passé, sans doute sans espoir de retrouver ce que t'as tué. Pourtant, t'es là, à réclamer ces choses auxquelles tu ne peux plus prétendre, essuyant un refus douloureux. La belle blonde ne reviendra plus, tu l'as définitivement perdue, t'as mis bien trop de temps pour tenter de réparer ce que tu as annihilé. Pourtant, elle vient poser ses lèvres sur ta joue, expirant qu'elle t'aime. Puis elle s'échappe, te laissant là, simple observatrice. Les larmes glissent sur tes joues, avant de partir de ton côté, jusqu'à chez toi, le coeur en miettes.