It's always darkest before the dawn
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w/ @Jude Montgomery & @Alexis Callaghan

Nuit du 7 au 8 janvier

Le froid enlace insidieusement les artères de Boston. Ne laissant aux rues autrefois festives qu’une apparence placide et gelée. Comme si tout était en arrêt. Mes bleutées détaillent cette ambiance fantomatique, main posée sur mon ventre désormais plus rond que recommandé. Je nourris une certaine inquiétude, la naissance est prévue pour mi-janvier et j’espère que tout ceci sera apaisé d’ici là. Lex me couve plus que de raison, Connor passant la majeure partie des journées à mes côtés, rendant Dutch plus absent, ce qui ne doit pas lui déplaire. Quito se plie en quatre également pour nous contenter, mais la plupart du temps, je reste loin d’être vivable. Tout le monde est sans doute pressé que je sois libérée. Une grimace s’arrache à mes traits alors que la nuit se déploie sur le paysage gelé. Le vent gagne en intensité comme pour m’alerter. Mon ventre se durcit, comme une sensation d’entrailles prises en étau. Mais la sensation passe, et je tente de me rassurer. Continuant mes occupations, je prends une douche chaude, luttant finalement contre cette sensation qui revient à intervalles plus ou moins régulières. Ce que je refrène, je le reconnais pourtant. Des contractions… Ma main se plaque contre les carreaux, et mes lèvres tentent de freiner un cri douloureux entre mes dents. Quelques larmes perlent sous le silence de l’eau. Parce que maintenant est sans doute le plus mauvais timing. Je sors finalement de la douche, ne pouvant passer la nuit en dessous. Me séchant rapidement et enfilant un peignoir de bain. Mais une violente contraction me traverse, obligeant à me plier en deux. Lex se pointe sans doute attirée par mes gémissements, alors qu’un liquide chaud se répand entre mes cuisses. Brutalement, mes pieds accueillent la chaleur sur leur derme et mes yeux s’écarquillent de surprise, se relevant au visage de ma meilleure amie. Elle vient de comprendre tout comme moi, que je perds les eaux.  « Lex, non… ça peut pas… comment on va faire ? » On est coincées ici, je doute qu’une ambulance puisse se déplacer. Elle tente pourtant de les appeler mais les coupures sont plus fréquentes, ils ne peuvent pas se déplacer, tentent d’envoyer une équipe si les conditions le permettent. Je tourne en rond, me courbant aléatoirement sous la douleur, la masquant du mieux que je peux, tentant de ne pas céder à la panique, pourtant, je pense ne jamais avoir eu aussi peur. Lex se débat, hurle dans l’autre pièce, je crois qu’elle appelle à peu près tout le corps médical de Boston tandis que je lutte en silence. Elle me rassure, m’ordonne, de me poser, mais je suis mieux en bougeant. Quelques instants passent ainsi interminables, avant qu’un coup ne vienne retentir à la porte. Finalement, elle a sans doute trouvé une solution…      

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w/ @Deirdre M. Wheelan & @Alexis Callaghan

Nuit du 7 au 8 janvier

Ces derniers jours ont été extrêmement compliqués. Au delà de l'inquiétude de cette météo qui nous a plongé dans un froid absolument horrible, il y a aussi l'inquiétude de savoir ce que je dois faire pour la clinique. Nous n'avons pas réellement d'urgences, mais je me vois mal la fermer car malgré cette tempête, des femmes peuvent toujours avoir besoin d'aide, des enfants peuvent toujours se blesser et avoir besoin d'une consultation. J'ai donc demandé à mon staff d'être présent, malgré la neige, malgré les conditions météo. Notre rôle et d'aider les gens et je fais ce métier car je veux réellement faire le bien, alors hors de question de penser à notre confort personnel et tourner le dos aux gens dans le besoin. Particulièrement les familles précaires que nous aidons et qui pourraient avoir besoin d'aide, maintenant plus que jamais. Cette semaine, les enfants sont avec Leandra et je passe donc ma soirée seul, principalement à regarder les annonces des maisons à vendre dans les alentours et plus particulièrement du côté de Harbor Area. Le vent souffle particulièrement fort cette nuit et j'ai beau augmenter le chauffage de mon appartement, celui-ci semble peiner à se réchauffer. Comment pourrais-je le blâmer avec des températures pareilles et des coupures d'électricité presque toutes les heures. Je m'endors presque sur mon ordinateur quand tout à coup, mon téléphone se met à vibrer. Je me retrouve alors avec une Alexis totalement en panique au bout du fil et je comprends rapidement la situation : Deirdre a perdu les eaux, les ambulances sont incapables de se déplacer et il est peu recommander de la conduire où que ça soit avec un temps pareil. Les médecins à domiciles sont toujours surchargés ou ne travaillent pas la nuit. Elle a besoin d'aide. Je réunis mes affaires, attrape mon manteau le plus chaud et je brave le froid de dehors pour arriver après quinze minutes chez les filles. J'ai à peine toqué à la porte que Lexie m'ouvre, en panique. "Je suis pas obstétricien, mais je devrais pouvoir me débrouiller", que je lui dis pour essayer de la rassurer. Je pose mes affaires et je demande, "Sortez des vieux draps pour protéger le lit et des serviettes" J'en sors quelques unes de mon sac, "On va avoir besoin de beaucoup de serviettes" Je m'approche de Deirdre, essayant de me faire rassurant et je pose ma main sur son épaules, "Je sais que t'en avais marre Deirdre, mais t'aurais pu attendre quelques jours avant même", que je lui dis en plaisantant. "J'suis désolé si ça risque d'être bizarre mais j'ai assisté à beaucoup d'accouchements pendant mon internat, donc ça va aller, d'accord ?" Je réunis les serviettes toutes ensemble, "Tu devrais te mettre dans une robe ample, quelque chose de confortable. Les contractions sont rapprochées ?" Je ne sais pas si elle a assisté à des cours de préparation d'accouchements, si elle sait compter l'intervalle des contractions, ce genre de chose.

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Nuit du 7 au 8 janvier

Coups lents et insidieux, gagnant en puissance qui viennent se porter à l’intérieur de mon corps. Ils gagnent en intensité et en rythme d’autant plus que la poche est rompue. La respiration se coupe et je lutte pour la maintenir à peu près fluide, luttant contre l’angoisse perfide d’avoir cette impression que mon corps se brise de l’intérieur, comme si on repoussait méthodiquement l’ossature. Le fait d’être ici à la maison, et non à l’hôpital accentue mes peurs. Je ne sais pas si j’en serai capable et pourtant une partie de moi-même le sait. Les femmes le font depuis la nuit des temps. C’est une lueur primitive, une pulsion ancestrale qui se réveille tandis que mon corps se raidit à mesure des assauts. La porte s’ouvre, laisse entrevoir Jude. Et j’ai un sourire immense aux lèvres entre deux contractions. Sourire parce que le meilleur ami de Lex est pédiatre, même si pas obstétricien comme il dit, il s’y connait bien mieux que moi. Je fronce les sourcils en le voyant approcher. Je ne peux pas croire que je vais accoucher ici. Ma respiration s’accentue alors qu’il parle de draps et de serviettes, je sais que l’accouchement n’a rien de merveilleux comme tout ce qu’on voit dans les livres. Et même si je ne suis pas prête, je n’ai pas vraiment le choix. Profitant qu’une contraction se calme, je me relève à la verticale, soufflant davantage, effectuant quelques pas, comme pour lutter contre le courant avant qu’il ne revienne.  « Il faut croire que cet enfant a de l’humour pour souhaiter naître des mains d’un ancien Mather et d’une Eliot. »  Je rigole presque légèrement avant de me taire, de nouveau assailli par la douloureuse vague. Ironie du sort. Cet enfant ne fera rien comme les autres. J’en suis persuadée. Ignorant les cases, il n’y aura pas de territoire trop vaste pour lui à explorer. Sans œillères, sans limites mais surtout sans couronne.  « ça va aller. Je suis contente que ce soit… toi. » Et oui paradoxalement. Pourtant Jude n’était pas porté dans mon cœur au départ, mais le temps a su apaiser nos troubles, des buts communs, comme combattre ce maudit cancer qui terrasse trop d’humains. « A la dernière échographie la tête était bien en bas. » Soulagée. Au moins, il ne se présentera pas par le siège mais encore faudra-t-il le faire sortir de là…  Je suis encore en peignoir et j’en prends conscience à cet instant même, la tenue est le cadet de mes soucis tellement la douleur est présente. « Depuis la rupture de la poche, toutes les cinq minutes. » Quelques minutes à peine de répit. Je demande à Lex de venir m’aider à me changer, optant pour un tee-shirt ample et long qui m’aidera à avoir la tenue adaptée. « Ne compte pas sur moi pour rester immobile pendant tout le travail, car j’imagine que je vais devoir me passer de péridurale ? » Angoisse dans la voix, légère panique. Parce que déjà, là c’est insupportable. Et tes jolies boucles brunes risquent d’être malmenées Jude…  

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w/ @Deirdre M. Wheelan & @Alexis Callaghan

Nuit du 7 au 8 janvier

Je pouvais très clairement entendre la panique dans la voix de Lexie quand elle m'a appelé pour me dire que Deirdre avait perdu les eaux et qu'aucun médecin n'était disponible. Le fait est que si elles avaient appelé 911, on les aurait probablement mis en lien avec un médecin au téléphone afin de les guider dans l'accouchement, mais personne n'aurait pu venir sur place à temps. Pour faire ma spécialisation en pédiatrie, j'ai dû passer aussi pas mal de temps en maternité et obstétrique, parce qu'en tant que pédiatre, je ne m'occupe pas que des enfants mais aussi des bébés. Je n'ai jamais gérer un accouchement seul, mais j'ai assisté à un bon nombre d'entre eux, dont certains pendant mes voyages avec Médecin sans Frontière : j'ai déjà vu des femmes accoucher chez elle, la seule différence était qu'elles n'étaient pas bloquées chez elles à cause de la neige, mais à cause des bombardements dehors et de la guerre qui faisait rage dans leur pays. Le principe reste le même et bien qu'il y a toujours une petite forme de stress à performer ce genre d'acte dans un milieu non hospitalier, je sais que je dois me montrer confiant, ne serait-ce que pour rassurer Deirdre qui ne manque pas de plaisanter quand je la rejoins. "Qui aurait-cru que Jude Montgomery aiderait un Eliot à accoucher, mh ?" Jude Montgomery, la Némésis des Eliot pendant un bon moment, celui qu'on avait accusé d'avoir séduis une Eliot pour lui voler ses clefs et aller saccager la maison des bleus en pleine nuit. Ces histoires me paraissent tellement loins et en même temps, j'ai l'impression que c'était hier. Je souris quand elle dit qu'elle est contente que ça soit moi, pose quelques questions, hoche la tête quand elle précise que le bébé était bien positionné à la dernière échographie. Tant mieux, parce que ça aurait été un vrai problème si ça n'avait pas été le cas. "D'accord, toutes les cinq minutes, ça nous laisse encore un peu de temps" Mais le travail a bien commencé, déjà. Je la laisse se changer avec Lexie et je prépare le plus de serviettes possible, sortant aussi une boite de gants médicaux que j'ai chez moi (ne me demandez pas pourquoi, on a ce genre de choses chez soit quand on est médecins, déformation professionnelle peut-être ?) et du gel hydro alcoolique. "Malheureusement, j'ai pas de péridurale dans mon sac, désolé.." Et même si j'en avais une, je me demande si elle aurait eu le temps de faire effet. Ça dépend de à quel point le travail est avancé. Lexie m'aide à changer les draps du lit où Deirdre va s'installer, histoire qu'ils soient les plus propres possibles et j'y installe des serviettes, pour protéger un maximum le matelas. "Installe toi, j'veux juste voir l'ouverture de ton col et après si tu veux continuer à bouger, tu peux d'accord ?" Je vais me laver les mains, puis je les désinfecte avant d'enfiler les gants, me rapprochant de la future maman, "Tu as suivi des cours de préparation à l'accouchement ?", que je lui demande. Je la laisse s'installer, écarter les jambes et histoire de rendre ça moins bizarre, je continue à lui demander alors que j'évalue l'ouverture du col, "Faut juste trouver ton bon rythme de respiration" - je sais, facile à dire pour moi mais c'est comme ça qu'on nous l'apprend et qu'on l'apprend aux futurs mamans -, "..tu inspires et tu expires, calmement, concentre toi sur les contractions" Je me redresse après l'avoir examinée et je la regarde, "Tu es à 6cm donc ça ne devrait pas trop tarder. Dis moi si tu as besoin de quelques chose, ok ?" On devrait lui rapporter à boire et tout préparer pour quand le bébé sera sorti : couvertures, de quoi couper le cordon. Vaut mieux être prévoyant.

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w/ @Jude Montgomery & @Alexis Callaghan

Nuit du 7 au 8 janvier

La situation est surréaliste. Et Jude et moi le constatons avec une certaine ironie. C’est comme une bulle plus légère dans l’ambiance pesante qui s’installe. Le vent se déchaîne au dehors et la tempête se lève. La peur s’insinue dans ma chair à bien des égards. Peur des éléments. Peur de cette naissance qui s’annonce sans aide médicale plus technique si les choses se compliquent. Et paradoxalement, un état de confiance. Envers Jude que je sais être un médecin qualifié et consciencieux. Envers mon enfant qui je le suis persuadé est armé d’une véritable force. Après tout, il n’était pas prévu. Il s’est battu pour être là. Et il prouvera au monde sa valeur. Parce qu’à mes yeux, il n’y a plus rien à prouver. « Pas moi. » dis-je avec un petit rire avant de m’installer comme il se doit. Je prends la position adéquate pour l’examen, regardant Lex un peu désespérée avant de me concentrer à nouveau sur le brun.  « C’est bizarre. » J’ai bien conscience qu’il est médecin. Mais on a pas d’hôpital, pas de blouse, quasi rien. Juste mes douleurs. Juste ce besoin impérieux que me hurle mon corps. Il exigera bientôt une délivrance. Je reste suspendue à son verdict, me demandant en mon fort intérieur à quel point le travail avance. « Oui j’ai eu le temps de faire tous les cours. » et j’ai plus que lu sur le sujet. Besoin de maîtriser un évènement qui ne peut pas vraiment l’être. Jude m’apprend bientôt que la dilatation est à 6 centimètres, c’est encourageant. Je suis plus proche de la fin que du début. Je souris rassurée et à la fois apeurée. « ça va vite. » Et il est désormais trop tard pour reculer. « Les contractions ont réellement démarré il y a à peine une heure. » La rupture de la poche a dû aider à accélérer le travail. Je me relève. Puisque le moment n’est pas venu. Je peux bouger de toute façon, cela ne fera qu’aider. « Tu penses que le bébé va bien ? » Je ne sais pas si il a moyen de vérifier, mais c’est là ma seule crainte. De nouveau, une contraction m’assaille et mon corps se plie en deux alors que cette fois un cri m’échappe. « Le rythme c’est pas facile. » Parce que la panique me gagne, la douleur se fait impérieuse, envahissante. Et surtout elle revient en boucle.  

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w/ @Deirdre M. Wheelan & @Jude Montgomery

Nuit du 7 au 8 janvier

Il n’y a plus d’ongles, et la peau a été entamée depuis quelques jours déjà. Arbore une apparence calme, quand demoiselle passe la porte de ce royaume. Puis se venge contre le sac de frappe quand la dame et demie tourne le dos. Le truc, c’est que l’inquiétude grignote son ventre depuis que le dernier mois est entamé. Depuis qu’on lui balance que ça peut arriver à tout moment. Et, que la neige a décidé de tomber. Evidemment. Alors, quand la douleur perce les lèvres alliées, on appuie sur la mauvaise touche du magnétoscope et tout se précipite. La bande se barre, s’emmêle, le film est fait de faux mots réconfortants et de doigts qui tremblent. S’enferme dans une pièce pour hurler. Que dis-je, insulter, menacer, l’ensemble du personnel hospitalier. Sortez vos doigts des corps ouverts, laissez-les tous crever, venez ici, et faites une haie d’honneur au prince à venir. La priorité est ici. Le monde s’arrête. Redémarre, quand Jude répond. Cœur bondissant dans une poitrine qui galère à le retenir. Hystérique, vous avez trouvé le mot. Au sourire de joker quand elle essaye d’arborer une mine rassurante à reine Wheelan. Ne supporte pas la souffrance adverse. On arrête tout, on annule. Si c’est pour lui déchirer les entrailles j’suis pas d’accord. « Tu maitrises Jude ? » Les cent pas. Ordonne des trucs qu’elle ne sait pas elle-même. Bien-sûr qu’il maitrise. Il est le seul qui ai sa, votre confiance. Il est le seul qui se fout de franchir les murs blancs, pour venir vous aider. Il est celui qui reste, quand les autres partent. Mais, répète quand même : « T’es sûr que tu maitrises ? » Et, une tonne de serviettes posées à côté. Assez pour éponger dix femmes enceintes. Une pile de draps. Ils ne sont pas vieux. Qu’on sacrifie un monde pour sa venue. « Débarquer un soir de tempête, voilà qui promet pour son caractère. » Qu’elle soulève d’un fin sourire, les orbes posées dans celles de sa meilleure amie. Contact seulement interrompu par le passage d’un tee-shirt sur le corps douloureux. Le chapitre se clôt ce soir, et il prévient déjà dès les premières lignes, qu’il sera inédit. Inédit comme la présence de Jude entre les cuisses de Deirdre. La scène entraine un léger : « Je vois, on ne perd pas de temps. » Pour distraire l’instant. Les doigts qui attrapent ceux féminins, et serrent doucement. Rien ne sera facile dans cette mise à la vie. De sa conception à sa naissance. Mais, nous t’offrons deux béquilles pour faire ses premiers pas. J’ai essayé de suivre, pourtant. Les cours, même quelques livres. Mais, me voilà piètre infirmière sans formation, les bras ballants, attendant des instructions du médecin. Juste bonne à encourager la meilleure amie à s’assoir, se reposer, s’apaiser. Juste bonne à avoir envie de gerber, et exploser dans un même mouvement, quand la douleur l’irradie et qu’un cri passe les lèvres. Les doigts s’enfoncent dans la crinière brune, et en arrachent surement quelques cheveux. Le regard sur Jude. « Y a rien qu’on puisse faire ? »  La main se pose dans le dos de l’impérieuse, cherchant des pouvoirs inexistants. Si un don doit surgir dans ma vie, qu’il se révèle maintenant. « On va pas la laisser souffrir comme ça. » Une péridurale fabriquée, façon macgyver peut-être ? Des plantes, un bain, j’veux même bien aller chercher le dealer du coin pour préparer une potion.

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w/ @Deirdre M. Wheelan & @Alexis Callaghan

Nuit du 7 au 8 janvier

Je comprends parfaitement la panique de ma meilleure amie et je sais qu'elle me fait confiance, sinon elle ne m'aurait pas appelée. Elle sait que je suis bon, dans ce que je fais, mais on parle de sa meilleure amie qui accouche en pleine tempête, chez elle : elle a le droit de paniquer. Si quelque chose ne va pas, je suis le seul à pouvoir agir et à avoir les connaissances pour faire quelque chose. C'est beaucoup de pression sur mes épaules et c'est pour ça que généralement, on demande aux médecins de ne pas soigner les gens qu'ils connaissent. Mais pas le choix, ce soir, si je veux que Deirdre et que son bébé aillent bien. Oui, parce qu'on a tendance à oublier qu'il n'y a pas que la vie d'un bébé qui est en jeu, pendant un accouchement : il y a aussi celui de la mère. "Je maitrise", que je confirme à Lexie d'un ton déterminé, même si bien sûr, que j'angoisse à l'idée que quelque chose aille mal. Ces voyages humanitaires qui m'ont mis parfois dans des situations très stressantes n'auront pas servies à rien et m'ont clairement appris à garder mon calme. Même si Deidre a raison et que ma présence entre ses cuisses est quelque peu.. bizarre. Mais je suis médecin et je sais rester pro, même si la remarque d'Alexis m'arrache un sourire. Je me redresse après avoir constaté la dilatation du col, "Ça peut être très très rapide chez certaines femmes" J'attrape le stethoscope que j'ai amené et je m'assoie à hauteur de son ventre, posant celui-ci sur son ventre pour essayer de trouver le coeur du bébé, ce qui n'est forcément pas facile. Je ferme les yeux, essaie de me concentrer. "J'ai l'impression que le pouls est assez normal chez le bébé" Je passe ma main au niveau de son ventre, exerce quelques pressions pour essayer de le trouver, "Il a l'air d'être bien positionné, donc y'a pas de raison de s'en faire" C'est difficile de l'affirmer dans des conditions pareilles, mais de ce que je vois et ce que j'ai pu sentir ou entendre, tout a l'air normal. Je regarde Lexie quand elle me parle de la péridurale, "Y'a rien qui soulagera autant que la péridurale, non" J'attrape la main de Deirdre, "Le plus important, c'est d'écouter ton corps. Si tu sens que t'es mieux debout pendant les contractions, alors lève toi, marche. J'ai déjà entendu que le bain peut détendre les muscles et ça peut aider pour soulager un peu la douleur, c'est vraiment comme tu le sens. Mais dès que tu commences à sentir la tête du bébé, va falloir me le dire parce que ça voudra dire qu'il faudra commencer à pousser." Mais sinon, on fait comme elle le sent. Faut qu'elle réussisse à écouter son corps parce que si aucun médicament ne peut la soulager, il va falloir qu'elle le fasse par elle même et elle est la seule à pouvoir nous guider.

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w/ @Jude Montgomery & @Alexis Callaghan

Nuit du 7 au 8 janvier


Forcément, Lex s’impatiente, angoisse, interroge son meilleur ami du regard et ensuite directement du verbe. Evidemment qu’il maîtrise, je n’en ai jamais été aussi certaine. Oubliant nos guerres juvéniles pour un serment désormais bien plus solide. Il ne nous laissera pas tomber, j’en suis persuadée. La douleur me tenaille trop pour prendre part au débat toutefois, me concentrant sur ma respiration, sur mon enfant à naître. Mon regard accompagne les gestes du médecin, stéthoscope frais posé sur le derme et le silence qui se répand pour que l’expert puisse entendre les battements enfantins. « Bien. » Ma tête accompagne le mouvement. Je sais que le travail progresse vite, je le sens tout simplement. Mon corps se déchire, se prépare pourtant de la façon la plus naturelle à donner la vie, je ne dois que l’autoriser à faire ce qu’il maîtrise également. Me redressant sur mes pieds, je fais quelques pas, la position allongée me parait insupportable et comme je n’ai pas de fils reliés à mon dos, je suis libre. Libre de bouger, libre de souffrir aussi, mais surtout libre d’accepter la nature qui reprend ses droits. Au-delà de ces murs, mais aussi à l’intérieur de mon corps. Jude me rassure, m’expliquant que je peux apaiser la douleur de plusieurs manières. Et ainsi se passe plusieurs minutes, plusieurs heures, à me lever marcher, m’asseoir sur le ballon, m’accroupir même parfois, à serrer les dents, respirer, entamer une lutte et lâcher en même temps. Enfin, une sensation intense martèle mon bassin, comme une gêne entre mes cuisses et un besoin impérieux de pousser. Mon corps connaît parfaitement la marche à suivre. « Je crois qu’il est en bas. » La dernière fois que Jude m’a examiné j’étais à huit, autant dire pas loin des dix centimètres fatidiques. Paradoxalement, je suis pressée. D’être délivrée, d’apaiser toutes ces douleurs, mais également angoissée de ne pas savoir faire, d’être trop fatiguée, qu’il puisse y avoir un problème. Car nous sommes isolés. Je reprends place sur le lit, laissant le médecin opérer tandis que mon regard se pose sur Alexis puis sur lui. Prête à sauter vers l’inconnu.  

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w/ @Deirdre M. Wheelan & @Jude Montgomery

Nuit du 7 au 8 janvier

La mâchoire se serre, au fur et à mesure des minutes. Les doigts doivent se serrer pour ne pas trembler, d’un mélange d’appréhension et de colère. Dans toutes ses histoires, il faut toujours trouver un coupable, et la neige est bien trop belle pour lui en tenir rigueur. Alors ce seront les médecins peu débrouillards, les hôpitaux pas assez efficaces. Jude prodigue des conseils que je ne capte que brièvement, trop embrouillée dans ce flot de sentiments contraires. Les mains sont inutiles, et au bout d’une dizaine de questions sur les envies de la vaillante, Callaghan se mure dans le silence. Parfois interrompu d’anecdotes mauvaises, destinées à détendre l’atmosphère. Qui échouent pour la plupart. L’auteur trop stressée, repliant ces foutus draps pour la quatrième fois. Faisant répéter Jude sur le fonctionnement. Sur tout, sauf les risques. Ceux-là sont soigneusement évités. Le palpitant trouve quelques moments de repos entre deux changements de position de l’alliée. A l’affut du moindre changement, presqu’oppressante. Calmée par un regard qui glisse jusqu’à Jude. Puis : « Je crois qu’il est en bas. » Le souffle se bloque dans la poitrine. « Ca y est, ca y est ! » Les yeux grands ouverts et le corps qui se lève d’un bond. Accompagne la future mère jusqu’au lit. S’installe à côté. Tend déjà les doigts. Les agite légèrement, comme on s’échaufferait avant combat. « Ils sont prêts. » Un fin sourire s’affiche sur les traits fermés. Prêts à souffrir pour la bonne cause. Puisque le père déconne, la main sera plus fine et les ongles plus longs. Mais ils sont aussi solides que ceux de n’importe quel homme. « Vous allez être géniaux, l’un et l’autre. Et tout va bien se passer. » Les prunelles se posent sur ces deux précieux. Vous qui êtes le meilleur de mon existence, votre alliance ne pourra produire qu’une naissance d’un être merveilleux. « Tu me dis si t’as besoin de quelque-chose. » Adressé à Jude. Le sang n’a pas la même couleur quand il provient de Wheelan, mais je suivrais aveuglement tes instructions. Je me rendrais docile.

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w/ @Deirdre M. Wheelan & @Alexis Callaghan

Nuit du 7 au 8 janvier

Les heures passent petit à petit, on tourne tous en rond, on attend que le bébé soit presque là. Bouger fait du bien à Deirdre alors je la laisse faire, je surveille le temps dehors qui devient de plus en plus difficile et je suis presque persuadé que je ne pourrai pas quitter l'appartement des filles cette nuit. Le vent souffle de manière impressionnante et la neige tombe tellement en gros flocon qu'il est difficile d'y voir quoi que ce soit dehors. Si Leandra savait que j'étais sorti pendant la tempête, elle me tuerait immédiatement, je le sais. Fais attention à toi Jude. Sois prudent. Le pire c'est que j'essaie de l'être, pour elle et les enfants, mais je suis le genre de personne qui ne peut pas s'empêcher d'aider les gens, surtout quand il s'agit de personnes qui comptent. Deirdre casse presque ce silence pesant quand elle annonce que le bébé est là. Avec l'aide de Lexie, nous l'amenons jusqu'au lit pour l'installer et je prépare tout ce dont j'avais besoin. Je me lave les mains plusieurs fois, enfile les gants et j'hoche la tête à la dernière phrase de ma meilleure amie. Je me concentre, pour éviter de faire n'importe quoi, parce qu'il y a la vie de Deirdre et celle du bébé en jeu à ce moment là. Je lui dis de pousser, je sais que ça n'est pas facile de gérer la douleur, surtout sans la péridurale. Mais c'est sans aucun problème que les cris du petit garçon se font entendre et que je le place dans les bras de sa mère. Je propose à Alexis de couper le cordon du bébé. Je la laisse se remettre doucement de ses esprits et je finis par me pencher vers eux en disant, "J'vais le nettoyer et vérifier qu'il va bien, ça sera rapide d'accord ?" Même si on est chez elle et pas dans un hôpital, je préfère checker le bébé. Je le prends dans mes bras, le nettoie, fais quelques vérifications médicales et je finis par le remettre dans ses bras. "Tout a l'air parfaitement normal. Félicitations" C'est un beau bébé qu'elle a là et je me sens soudainement tellement fier. D'avoir aidé, d'avoir participé. C'est vraiment ce qui fait la beauté de mon métier et je m'en rends compte encore plus maintenant.

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