flot qui reprend son cours, les rires qui font écho dans le petit jardinet commun de la résidence. c'était long, tout le monde en a souffert, certains plus que d'autres. la solitude, plongé dans une atmosphère catastrophe d'un film où la fin ne serait pas la plus heureuse. et toi pauvre comédien qui devait tenir le rôle de l'étudiant coincé dans son quarante mètre carré avec pour seule occupation relire inlassablement les grands classiques de la littérature américaine. d'une tristesse que je vous dis. t'avais fait en sorte de ne pas t'emmêler, tenir une seule et même version pour tout ceux qui posait des questions, avoir un unique scénario qui paraissait plausible. et pourquoi il ne le serait pas d'ailleurs ? ça te colle si bien à la peau, prostré dans ton canapé à alterner entre les tasses de thé froides et les corrections des derniers examens, à la recherche de la perfection. tu veilles à ranger la scène du crime, aère toutes les pièces pour libérer le parfum entêtant du fantôme qui t'avait hanté ces derniers jours, t'avais même descendu tes draps dans la buanderie pour en faire une machine. le crime parfait. tu sens une part de culpabilité monter en toi, parce que dans le fond t'aimais ces détails qui trahissait sa présence, ils te rappelaient que ça n'avait pas été qu'un rêve. l'injustice de devoir jouer les faux-semblants, mentir au nez de ceux que tu côtoies depuis des années pour préserver quelque chose qui sera anéanti un jour. mais pas le temps de se flageller, tu comptes les minutes avant l'arrivée de jinjin chez son Jojo favori. le frigo de nouveau rempli à tous les étages avec l'intempérie qui s'en allait, le chauffage qui arrêtait ses caprices. manquait plus qu'un poto et tout était réglé. finition quand tu remontes le col de ton pull pour y masquer les traces d'un amour vorace quand la sonnette retenti. je suis choqué de voir un autre humain que moi, ça faisait longtemps, j'en avais marre de mon reflet. sourire benêt ornant ton visage quand ta main vient se poser sur celle de jinou. en soit c'est pas un mensonge, c'est le premier humain sans 'e' que tu voyais. t'as pas trop galéré à sortir de chez toi ? tu te décales et laisses la voie libre, tu sais pas trop où ils en sont du déneigement de la ville.