down memory lane | @Ethan C. Maxwell
Alors que je ne m’y attendais plus j’avais reçu un message de mon neveu afin de caler un rendez-vous ensembles. J’avais bien fait de lui laisser du temps, je savais qu’il viendrait un jour vers moi. Il avait juste eu besoin de temps, ce que je pouvais totalement comprendre. Malheureusement, le timing n’était pas bon. Il venait de me contacter au pire moment de ma vie et surement que j’aurais dû refuser ou décaler ce rendez-vous. Mais je l’avais attendu ce moment, je ne préférais donc pas tout annuler. Ayant peur qu’il ne le prenne mal et que tout contact soit perdu.  

Je savais très bien l’heure de notre rendez-vous et pourtant j’avais bu avant. Ce que je fais si bien en ce moment. Je pensais alors ne prendre que deux petits verres, afin de me donner un peu de courage pour ce moment si important, dans nos vies respectives. Mais un verre en amena un autre, je m’étais retrouvée à six verres. Et en retard. Je bus en vitesse le dernier verre que l’on m’avait servi. Heureusement que j’avais tout prévu et que je pouvais venir à pied. N’étant pas en état de conduire. Je regardais encore une fois mon portable. Déjà trente minutes de retard. Cela ne me ressemblait pas du tout. Et pourtant, je ne me pressais pas. J’y allais tranquillement. Espérant surement qu’il n’avait pas voulu attendre et qu’il serait partit. Mais en arrivant au point de rendez-vous, je vis un jeune homme. Mince, il avait attendu. Une fois à sa hauteur, je souris. “Désolée du retard...” Je réfléchis un peu, l’alcool m’embrouillant déjà un peu l’esprit. “J’ai eu pas mal de travail.” Gros mensonge dont il allait surement s’en rendre compte avec mon haleine. Pas du tout dans la finesse Rebecca.

down memory lane | @Ethan C. Maxwell
Sans que je ne le sache encore, mais j’allais avoir pas mal de points en commun avec mon neveu. Déjà, il était avocat, tout comme moi. Sans ça d’ailleurs, je ne pense pas que je l’aurais retrouvé. Ce n’est pas comme si je l’avais cherché. Il n’était pas mon fils, mais le fils d’une cousine plutôt éloignée. Elle a été ma cousine avec qui j’ai été la plus proche durant mon enfance. Je l’avais toujours appréciée, mais c’est vrai que lorsque j’ai appris sa décision, avec son mari, d’abandonner leur enfant, je n’avais pas compris. Et je me suis un peu éloignée. Pourtant, ils avaient les moyens pour avoir cet enfant. Ce n’est que quelques années que j’ai entendu la vérité. J’ai alors compris. Mais je savais que cet enfant, où qu’il soit, n’allait pas forcément comprendre pourquoi ses parents, d’une bonne famille, l’ont abandonné. Je ne pensais pas être celle qui lui dirait la vérité, mais lorsque je suis tombée sur son profil, au hasard, j’y ai vu l’occasion. Je pensais alors que ça lui ferait du bien de connaitre la vérité. Je n’avais d’ailleurs pas encore prévenu ma cousine que je l’avais retrouvé. Je souhaitais d’abord voir ce qu’il était devenu. Mais étant avocat, cela était déjà bon signe.  

Je ne compris pas tout de suite lorsqu’il me dit qu’il était déjà passé par là et qu’il ne voulait pas replonger. Mais de quoi me parlait-il ? Mais après seulement quelques secondes je compris qu’il devait avoir senti mon haleine d’alcool. Je ne fis même pas attention au fait qu’il avait remarqué mon état. Je m’étais arrêté sur le fait qu’il venait de m’avouer qu’il avait eu des problèmes d’alcool, aussi. Était-ce dû au fait qu’il se savait adopté ? Que ça l’avait rongé des années ? Il venait d’attiser ma curiosité. J’allais demander quelque chose quand je me stoppais au dernier moment. Ce n’était surement pas le meilleur moment pour lui demander plus d’explications sur son ancien alcoolisme. Alors que moi-même, je suis là, devant lui, bourrée. Si j’avais sû, j’aurais peut-être fait plus attention... ou pas. Il entra dans le vif du sujet. Chose que j’appréciais. Ne voulant moi-même pas perdre beaucoup de temps. “Connaitre c’est un bien grand mot. Ils font partie de la famille oui.” Je plongeais mon regard vers le banc le plus proche et m’y dirigeais pour m’y asseoir. “Mais disons que je me suis un peu éloignée d’eux... après leur décision.” Lorsque mon regard se posait sur lui, quelque chose me faisait penser à sa mère. Si seulement j’avais eu les idées plus claires, j’aurais surement mis le doigt dessus. Je me perdis dans son regard, à la recherche de ce qu’il avait de ma cousine. En oubliant totalement de lui répondre.

down memory lane | @Ethan C. Maxwell
Ah les histoires de famille sont toujours d’un compliqués... J’ai toujours souhaité éviter ce genre d’histoires dans ma propre famille et heureusement j’ai réussi à fonder une famille stable avec Marshall. Quelques petites disputes de temps en temps avec nos enfants, mais sans plus. Je ne voulais pas que l’on se déchire. J’ai toujours pensé que j’allais terminer ma vie aux côtés de Marshall, mais maintenant qu’il est dans un coma, j’ai énormément de mal à me projeter. Je ne suis d’ailleurs plus la même Rebecca. Moi qui ai toujours juré d’être là pour mes enfants, quel que soit la situation, j’ai failli : j’ai plus ou moins abandonné ma jeune fille. Mais au vu de mon état mental, il le vaut mieux pour elle, non ? Pourtant je m’en veux, tous les soirs. Cela me fait repenser au divorce de mes parents et de leur guerre pour savoir qui allait pouvoir se débarrasser de moi. Ils ne le savaient pas à l’époque, mais je les entendais se disputer à ce sujet. En fin de compte, je suis restée avec mon père. Je me suis donc éloignée de ma mère et de toute sa famille petit à petit. Sauf cette cousine, que j’aimais beaucoup. J'aimais beaucoup son compagnon aussi. Jusqu’à ce que j’apprenne qu’ils avaient eu un petit garçon et qu’ils l’avaient fait adopter. A croire que c’était de famille de vouloir se débarrasser de leur enfant, peu importe l’âge. Je l’avoue, je n’ai pas cherché à comprendre et j’ai plus ou moins coupé les ponts. Jusqu’à ce que j’apprenne, quelques années plus tard, la raison de cette adoption. D’un côté je pouvais comprendre. De l’autre, je trouvais ça triste tout de même. Mais maintenant que je me trouvais face à cet enfant, ou plutôt jeune homme, j’étais heureuse. Heureuse qu’il ait bien tourné et qu’il semble être équilibré. Malgré son antécédent avec l’alcool mais qui suis-je pour juger ? Je commence moi-même à avoir un problème avec. “Peut-être... Je ne sais pas pour le coup. Je ne connais pas tous les détails.” Et c’était vrai. Je ne savais même pas qui, dans la famille, était au courant. Ou comment les choses se sont déroulés, dans quel ordre. Je savais juste qu’il était né suite à un viol. Enfin si c’est bien la vérité. Comme je l’ai dit, je n’ai pas cherché à en savoir plus. Je ne connais pas le contexte de l’évènement. Je le regardais. Me demandant s’il était vraiment nécessaire que je lui dise cela. Je ris lorsqu’il dit qu’au-delà du physique, nous avions la même passion. “C’est vrai... Drôle de coïncidence.”  Même Mars n’avait pas suivi ma voix. Et ma fille ne semblait pas vouloir suivre le même chemin. C’était donc mon neveu, renié par la famille, qui suivait mes petits pas. Drôle et bizarre, oui. “Je comprends, ne t’en fais pas... Je demande juste si la vérité te fera vraiment du bien.” Mais c’est surement mieux que rien. La vérité n’est pas forcément joyeuse... mais peut-être qu’il pourra un peu mieux comprendre sa famille et les raisons qui les ont poussés à faire ça. Je le regardais. Et il avait l’air déterminé. Il voulait savoir, donc je me décidais à lui révéler la vérité. Ou de ce que je savais. “Comme je t’ai dit plus tôt, je ne connais pas tout, dans les moindres détails. Mais de ce qui m’a été dit c’est que … tu as été conçu... Mhh... comment dire ?” Je ne voulais pas utiliser le mot viol, je cherchais donc un autre mot. J’essayais de ne pas lui faire de mal. “...suite à un rapport non consentit.” Je le regardais, tentant de m’excuser par cette vérité. Ce n’était surement pas à cela qu’il s’attendait. Pauvre petit.