J'avais passé une journée relativement éprouvante, aujourd'hui, au boulot. Les plus jeunes étaient les plus difficiles à tenir en place, pendant les cours de danse classique. Mais j'avais fini par voir le bout de cette journée, et vers 17h, j'allais chercher mes affaires, et je retournais en voiture jusqu'à la maison. Jude était encore à l'hôpital, je savais qu'il ne rentrerais pas avant le dîner, c'était souvent comme ça en début de semaine. Une fois le seuil de la porte passée, je remarquais avec étonnement qu'il y avait déjà la veste d'Aylin. Il me semblait qu'elle terminait à la même heure qu'Aaron, et que je ne la verrais pas arriver avant 18h. « Aylin, chérie, tu es là ? » J'entendis remuer à l'étage, mais aucune réponse. Rapidement, j'escaladais les escaliers et arrivais devant la porte de la chambre de ma fille, à laquelle je frappais. « Aylin ? »

Après avoir brièvement tourné en rond dans la maison, à la recherche de ma fille, je finis par me douter que celle ci s'était enfermée dans sa chambre. Qui plus est, une fois arrivée à l'étage, il me semblait entendre de la musique et des bruits de.. Larmes ? « Oui je suis là .. » Répondis enfin Aylin, d'une voix triste, me faisant froncer les sourcils. J'ouvrais la porte, découvrant la jeune fille sur son lit, les yeux rougis à force d'avoir pleuré. « Chérie, qu'est ce qui se passe ? » Je m'approchais d'elle avant de m'asseoir sur le bord du lit. « Tu as eu des problèmes en cours .. ? » Soit c'était ça, soit c'était un garçon. Que voulez vous, j'ai été jeune avant elle, c'est facile à analyser quand on a une fille sous son toit. Je passais doucement mes doigts dans la chevelure blonde d'Aylin, cherchant à capter son regard, mon expression restant aussi rassurante que possible. A cet âge là, c'est facile de voir ses parents de façon hostile, et c'était la dernière chose que je voulais.

Après que je me sois installée à ses côtés, Aylin finit par se redresser pour s'asseoir en tailleur face à moi. Sourcils froncés, j'essayais de comprendre ce qui pouvait bien la chagriner. Problème à l'école? « Non non ... Ce n'est pas les cours .. » Je passais une main dans ses cheveux blonds avec tendresse, pour les remettre en place et dégager son joli visage et ses beaux yeux bleus. « Oh, je vois, c'est donc LA grande raison... » J'esquissais un sourire en coin, me penchant pour convaincre Aylin de me regarder. « C'est un garçon, c'est ça ? Tu peux tout me dire tu sais ma chérie. »Ben quoi, c'est vrai, même moi personnellement j'en avais vu des vertes et des pas mures avec son père.

Aylin semblait véritablement anéantie, mais je me doutais que la raison n'était pas si grave que ça. A son âge, la moindre contrariété à le don de vous sortir hors de vos gonds, j'avais connu ça à son âge. Et quand j'étais enceinte d'elle, aussi, mais ça c'est une autre histoire. « Oui c'est ça .. » Je ne savais même pas qu'elle avait déjà un petit copain. Mon dieu que le temps passe vite, je venais de prendre un sacré coup de vieux. Je passais une main dans son dos doucement, pour la rapprocher de moi. « Oh ma chérie... » Je caressais son dos doucement et embrassais le sommet de sa tête, sur ses cheveux dorés. « Tu auras l'occasion d'en rencontrer d'autres, tu es encore jeune, et tu es tellement jolie... » Si dès 15 ans un chagrin d'amour signifie la fin de tout, mon dieu, jamais je n'aurais fait ma vie avec Jude !

Comment expliquer à une fille si jeune - et si têtue - que l'amour elle aura tout le temps de le rencontrer ? Je ne peux même pas lui faire part de mes expériences personnelles, à son âge j'étais plus préoccupée par son grand père alcoolique qu'à un éventuel petit copain, et Jude a donc été mon premier amour... Et le dernier. « Mais je ne veux pas en rencontrer d'autres .. » Je soupirais, m'attendant à cette réaction. Si jeune, on se croit éperdument amoureuse. Je caressais doucement son bras du bout de mon index. « Et pourtant ce ne sera surement pas le dernier.. Dis toi que si c'est fini et qu'il t'a fait pleurer ... C'est qu'il ne mérite pas d'avoir une si jolie petite amie.. » Je balayais sa chambre du regard, avant de reporter mon attention sur elle, une expression douce dans le regard. « Moi aussi j'en ai rencontré des boulets, et un sacré tas ! » Je n'étais sortie avec aucun, mais beaucoup avaient tenté de me charmer.