Les vacances avançaient à grands pas et je n’avais toujours pas pris ma décision sur ce que j’allais faire. Deux choix se proposaient à moi… Rentrée… voir mes parents, débattre encore et encore avec eux… devoir paraître et ne pas être… ou bien rester. Peut-être un voyage humanitaire… ou rester simplement calme et assurer son indépendance. Mais ce soir, je n’avais pas envie de réfléchir à tout cela. J’avais simplement le désir de m’amuser, profiter de la présence d’Alejandro et pouvoir être qui je suis totalement, et ce sans jugement.

Depuis que je le connaissais, j’étais comme une enfant qui ouvrait un cadeau de Noël. Excitée et un peu trop joyeuse. Nos échanges étaient comme du miel pendant cette folie des fêtes. Je me sentais bien et bizarrement en sécurité. Je ne savais pas si je pouvais ressentir tout cela. L’homme que j’ai juré d’épouser n’accepterait pas mes actions. La distance était difficile sur notre couple et je ne pouvais m’empêcher parfois de réfléchir à comment peut-être ma vie pourrait être différente si je prenais une décision dirigée complètement par mon cœur.  Cette soirée, cette amitié, c’était tout ce dont j’avais besoin pour me donner la joie de la saison.

Dernièrement, je m’étais garnie d’une petite robe cocktail noire et d’un petit boléro bleu azure qui mettait mes yeux en valeur. Chaussure à talon de la même couleur et lèvre d’un rose éclatant, je me regardai une dernière fois dans la glace avant de me diriger vers la porte de ma chambre. J’aurais pu choisir de vivre dans une maison ou un condo… mais je voulais vivre l’expérience universitaire jusqu’au bout. Je n’étais pas partie à l’autre bout du continent, de l’autre côté de l’Océan pour vivre dans les mêmes conditions dans lesquelles j’ai toujours vécu. Tout comme le beau brun le faisait, je déstabilisais ma routine habituelle. J’avais chamboulé ma vie. Bientôt, je reçus un texto de sa part et je ne pus m’empêcher de sourire jusqu’aux oreilles. Je descendis et sortis finalement à l’extérieur. Il faisait un froid de canard, mais cela n’était pas bien différent que la vie en Angleterre. Nuageux et froid. Pour ne pas dire pluvieux. Mon cavalier était un vrai gentleman, sachant très bien qu’il ne supportait pas les températures hivernales, il était tout de même sorti de sa voiture pour m’accueillir comme il se voit. Mes joues devinrent rouge pivoine, mais j’adorais l’attention qu’il me portait.

« Eh bien… Miss Ripley va à merveille, surtout depuis que tu es là… et comment va mon chevalier d’hiver préféré? » dis-je en rigolant un tout petit peu.

Il m’ouvrit la porte de sa voiture et je lui répondis : «
gracias mi querido señor» Sur un ton presque aussi officiel qu’il l’avait fait juste un petit moment plus tôt. Je connaissais les bases de l’espagnol et mon accent était aussi terrible que le sien. Nous pouvions dire que nous nous équivalions. Je le fixe doucement est surprise lorsqu’il me tend son présent. Mes joues étaient de nouveau pivoines. Je lui souris et le prends calmement. Je l’amène près de mon oreille, le secoue doucement. Il ne faisait aucun bruit. Seulement celui du papier se froissant sous mes doigts frêles. Je remis mes prunelles dans les siennes avant d’ouvrir mon sac à main. Mon sac était plus… un petit sac de voyage, tellement il était énorme. J’en sortie un petit paquet, emballé d’un papier doré. Le petit écrin retenait la montre qui s’y cachait. Montre à signification unique et qui contenait une citation que j’affectionnais. Une citation qui résumait bien cette amitié que nous avions l’un envers l’autre. « L'histoire n'est que la somme de tous nos actes réunis. » Je lui tends doucement.

« Tu ne pensais tout de même pas que je t’avais oublié ? Ouvrons-le à 3. UN. DEUX. TROIS »

Je m’empressai de déballer et de découvrir la littérature qui m’attendait. Je n’avais pas encore lu cet ouvrage et parce que cela venait de lui, la lecture n’en serait que meilleure. Cet homme me rendait si gamine et c’était inhabituel pour moi. Moi qui étais toujours en contrôle de tout. Il savait m’amener la paix d’esprit nécessaire pour me laisser aller enfin au simple plaisir de la vie. Je pris le temps de lire la quatrième de couverture avant d’observer son visage et de savoir s’il aimerait le présent que je lui avais offert.
« Si elle ne te plaît pas, je peux toujours changer.  Mais cette montre est plus qu’un symbole du temps. Elle est un symbole du tempo que nous prenons dans notre vie. De celui que nous voulons suivre. Celui que nous devrions suivre. Mais il est aussi le tempo rapide et neutre de l’amitié que nous avons toi et moi. » Dis-je simplement sur un ton poétique. J’aimais parler avec des paroles qui avaient du sens. Disons que c’est quelque chose qui m’avait été transmis et  à laquelle j’attachais une certaine importance. Cela ajoutait une légèreté à des situations qui parfois étaient lourdes.  

« Alors, où allons-nous ? »