Are you brave enough to show me

Show me your colours, baby
Tell me who you really are
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Été 2019

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@Charles S. Henry ✧ @Nixon Sherwood

   

Installé dans le coin de la pièce, je termine de ranger mes effets, envoyant les canettes vides dans un bac, les récupérant pour une seconde vie comme j'en ai développé l'habitude. À défaut d'avoir véritablement une clientèle sur Boston, j'ai encore celle de mon site web, provenant principalement de mes chaînes Youtube. Mais je n'en resterai pas là, je veux me faire une place local et l'exposition, ça reste le meilleur moyen. Alors, je cumule les contrats, même si certains paient beaucoup moins que ça le devrait.

Ça fait bien une semaine que je travaille sur une murale ici, surtout en plein milieu de la journée. C'est une chose qui n'est pas donné à tout le monde, j'imagine, me hissant au rang de témoin de l'arrière scène, en quelque sorte. Ou peut-être que je me donne trop d'importance pour flatter mon égo, selon certains. Ça reste que je trouve le tout impressionnant. Bon, d'accord, certaines le sont plus que d'autres. Ayant assisté à quelques auditions, essayant tout de même de rester professionnel et de faire tapisserie, je n'ai pas pu m'empêcher de porter attention un peu plus longtemps que je ne l'aurais dû. Mais c'est terminé, si j'ai bien compris, la perle rare a été retenue.

M'attardant à retirer le scotch qui retient en place la toile de protection que j'ai installé au plancher, j'en ai une longueur de retirer et rouler en boule lorsqu'une silhouette m'apparaît au coin de l'oeil.

- J'ai presque fini, beauté, signalais-je avant de lever le regard. Oh. Pardon, mauvaise personne, m'excusais-je avec un léger rire, m'attendant à ce que ce soit la patronne. Arrêtant mes mouvements, mon regard bleu croisant le sien, j'en reste sur la pointe des pieds, posant mes avant-bras sur mes genoux pour tenir mon équilibre. Je peux t'aider ou c'est la curiosité de la murale? Souris-je avec un mouvement de tête vers la dite oeuvre ou s'étendent les couleurs voyantes selon la demande. Pile dans mes cordes, en vérité. De manière générale, j'admets que mon style ne reflète pas toujours que je m'éclate autant, un peu comme aujourd'hui avec un simple jogging noir et un t-shirt qui a déjà connu plus d'une toile, affichant encore des séquelles colorées sur le tissu ébène et le lettrage blanc devenu illisible avec les lavages sans délicatesse. J'ai bien des vêtements de rechange avant de sortir d'ici, mais ça attendra que j'aie tout dégagé.

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mots : 399 • nightgaunt

lorsque ta mère drag a donné vie à Charity Balls, cette dernière t'a fait toute une liste de recommandation. elle finit son monologue en te faisant promettre de ne jamais sombrer dans la facilité, de ne jamais brader ton corps dans l'espoir que cela te propulse. mais surtout, de toujours tout donner. c'est ainsi que tu t'es mis à passer des auditions. te permettant ainsi de pouvoir monter sur scène quelques fois par mois. mais toi, tu avais besoin de plus de scène. de sentir tous ces regards sur toi.

c'est comme cela que tu t'es décidé de passer une audition pour un club qui cherche une drag queen pour plusieurs soirs par semaine. une sorte de contrat de plusieurs mois. une chance pour toi de te faire remarquer et qui sait commencer une réelle carrière. si les auditions n'ont rien de nouveau pour toi, cette dernière n'est pas de tout repos. tout au long de cette semaine, les meilleures drag queens de tout Boston se sont succédé sur scène dans l'espoir de faire partie de leur revue automne-hiver. et aujourd'hui, c'est le dernier tour des auditions. vous n'êtes plus que cinq. tu es le dernier et cela va être ton tour et tout ton cœur bat la chamade. comme à chaque levé de rideau, une montée d'adrénaline te pousse sur scène. la musique se lance et tu fais ton play-back sur Emotions de Mariah Carey. durant cette chanson, c'est comme si tout ton monde semblait s'être mis sur pause. "Merci Charity, tu commences samedi... sois prêt" tu ne comprends pas bien... puis, tu vois la directrice te faire un clin d'oeil et tu ne peux t'empêcher d'exprimer ta joie. tu articules des excuses à peine compréhensibles et pars reprendre tes affaires. "Vous ne le regretterez pas!" dis-tu en courant vers les loges.

une fois dans les loges, tu cherches ton téléphone en vain. certains de l'avoir oublié durant l'attente qui a précédé ton passage. tu fais marche arrière et retournes en salle. la salle est vide... il ne reste que le graffeur. il était là hier aussi et tu te souviens de l'avoir regardé peindre quand tu attendais ton tour. étrangement, de le voir en plein travail t'a permis de garder les idées concentrées. sa voix brise le silence tandis que tu t'approches de lui. "J'ai presque fini, beauté," tu comprends qu'il s'attendait à ce que ce soit ta nouvelle patronne et non la nouvelle recrue de l'équipe. "Oh. Pardon, mauvaise personne." s'excuse-t-il. tu ne peux pas t'empêcher d'afficher un petit rictus. "Oh, t'en fais pas... je crois que ta... euh notre patronne s'est déjà fait la malle! " dis-tu en désignant son bureau verrouillé. bien qu'il est travaillé durant toute l'après-midi, tu n'as nullement prêté attention à l'avancer sa création. tu restes quelques instants immobile devant son oeuvre murale. comme bluffé par son travail " Je peux t'aider ou c'est la curiosité de la murale? "comme pris de cours, tu ne sais vraiment quoi dire. "à vrai dire, aucun des deux... je... je... tu n'aurais pas vu mon téléphone?" lui demandes-tu. l'écran de ce dernier se met à briller non loin de lui. tu le ramasses avant d'ajouter. " tu 'aurais peut-être besoin d'un coup de main non?" puis, tu baisses les yeux vers tout ton attirail. "enfin, une fois que je me serais débarrassé de tout ça... enfin, si tu veux bien m'attendre." rigoles-tu de bon coeur. c'est en riant que tu pars chercher ton téléphone se trouvant derrière l'épais rideau de velours. tu le récupères et regagne la porte des loges. "Au faite, je m'appelle Charles!" lâches-tu alors que personne ne te l'a demandé.

Are you brave enough to show me

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Été 2019

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@Charles S. Henry ✧ @Nixon Sherwood

   

Ma vis-à-vis n'est définitivement pas celle que je croyais, quelqu'un d'un peu plus jeune de ce que je peux constater. Peut-être un peu moins à l'aise dans ses bottes aussi, mais le sourire est encore plus large et joyeux, les yeux pétillent. Me renseignant sur la disparition de la patronne, j'en comprends que je réglerai les derniers détails lorsque je repasserai demain soir. C'est une close qui va avec la réalisation de la murale : photo avec l'équipe ou du moins quelques-unes des têtes d'affiches pour faire un brin de promos. Pour le club et pour ma carrière. C'est aussi entendu que les coordonnés de l'endroit apparaîtront sur la vidéo de création de la murale et j'ai promis de revenir un soir pour tirer quelques séquences lorsque l'action bat son plein pour l'ajouter au "backstage" de la création. Tant que ça marche dans les deux sens, ça me convient parfaitement.

Demandant à l'inconnue si je peux l'aider, mon regard se porte sur la salle pour essayer d'apercevoir l'objet. Outre le mien, je crois pas en avoir vue passer. Peut-être dans les mains des gens, mais après, pour savoir si c'est le sien, j'ai pas détailler, désolé.

- Et moi qui croyais que j'avais du succès, laissais-je entendre comme si j'étais hautement déçu, poussant même un faux soupir dramatique, secouant la tête.

Ça me monte à la tête? Non. En vérité, mon ego est plutôt intact. Je suis toujours très heureux de recevoir de bonnes remarques, j'apprécie sincèrement lorsqu'on aime mes oeuvres et j'écoute volontier lorsqu'on veut me donner des conseils - si on ne me traite pas comme si j'étais le dernier des demeurés -, mais j'ai tout de même appris à reconnaître que certaines personnes s'en balancent, que ça fait ni chaud, ni froid ...et que d'autres vont se faire un malin plaisir à essayer de vous incendier.

- Je dois porter les caisses à l'arrière. Je peux pas tout ramener, ce soir, indiquais-je, donnant peut-être trop de détails pour rien, mais bon, c'est dit quoi. Je dis pas non pour le coup de main, mais te sens pas obligé, fis-je en penchant la tête pour le suivre du regard.

Comment quelqu'un peut se déplacer sur des talons aussi haut, ça me dépasse. On m'a mis au défi, une fois, de porter ceux d'une amie de ma soeur, je me suis tourné la cheville au troisième pas…

- Nixon, répondis-je aux présentations. Heu, Charles, minute! Lâchais-je pour qu'il ne s'éclipse pas trop loin. Me relevant, j'attrape rapidement mon sac à dos, faisant quelques enjambés pour le rattraper. La rouquine est partie? Je dois me changer aussi, mais elle a dit qu'elle me sauterai dessus si je faisais l'erreur de soulever mon t-shirt. Tu me couvres? Demandais-je en riant doucement, plus amusé que vraiment choqué d'avoir reçu ce genre de commentaires sans aucune subtilité. Je l'admets, je suis pas nécessairement mieux par moment; si ça me passe par la tête, possible que ça sorte sans le moindre filtre. Est-ce que je me suis déjà pris des claques? Oui. Est-ce que ça m'a arrêté? Non.

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mots : 508 • nightgaunt