Elle est allongée dans son lit, gorge nouée, boule au ventre. Elle ne supporte pas de se dire qu'ils ont passé le cap, tous les deux. Qu'Ulrik ait osé faire ça. Et bien que ça ne la surprenne qu'à moitié, parce qu'elle n'est pas dupe au sujet d'Ulrik et de ses pêchés. Elle déteste se dire que les deux hommes au monde qui la connaissent le mieux ce soient retrouvés dans le même pieux. Elle comprend rien, elle a envie de les gifler les deux et de ne plus jamais avoir à faire à leurs regards ou sourires taquins. C'est terrible que d'être liés à ce point. C'est mauvais. C'est malsain.

Elle se voudrait tolérante, moins exigeante, mais la belle égoïste aime être la priorité, et rien que de penser que Vaughn a pu se laisser entraîner dans les filets de cet ami à l'incroyable perfidie, ça lui donne envie de vomir plus qu'elle ne pourrait le dire. Les conversations achevées, elle décide de laisser son téléphone de côté. Besoin de prendre de la distance avec les deux, bien que pour Vaughn elle n'a pas eu le choix, il a décidé pour elle, mais avec Ulrik, elle contrôle pour une fois. Seulement, il revient par texto, elle répond, à demi-mot. Craintive à cause des siens, quand la sonnerie fait trembler le portable entre ses mains. Troisième homme de l'équation, celui qui ne connaît pas encore ses démons. Alors elle décroche, et lui crache comme une agression ; « Quoi ?! » Promis, Dutch, ce n'est pas à cause de toi. C'est juste qu'elle déraille... Que dans son esprit, il y en a beaucoup trop des batailles.

Il prend pour les deux autres, c'est clairement ça. Et c'est injuste en plus de cela. Mais Joséphine, l'injustice, elle n'en a que faire. Elle n'accepte que ses propres lois, ses propres règles. « Laisse-moi deviner. Puisqu’on n’a pas baisé depuis… » Elle a ce temps de réflexion durant lequel elle ne comprend pas où il veut en venir. Qu'est-ce qu'il cherche à lui dire. Elle en crache un soupir, tandis qu'elle se fait patiente pour la suite de son délire. « J'devrais p't'être te rappeler une fois la crise passée non ? » Et là, ça l'évidence la frappe en plein visage. Il parle des siennes, de règles. Ce qui pourrait – peut-être – expliquer la démesure de ses propos sur les deux hommes qui ont eu la merveilleuse idée de mélanger leurs peaux. Bordel, elle va gerber pour de bon cette fois. Et s'il a raison, ça prouve qu'il fait attention aux détails de leur relation. Ça lui file des frissons. « T'as deux minutes pour me dire ce que tu veux Cooper. » avant que la bombe explose, faute de trop d'éléments déclencheurs. Bien trop d'aigreur.  

Une seconde de trop en attendant qu'il réponde, elle s'agace intérieurement en se demandant – bêtement – si lui aussi il baise ses ami.e.s pour passer le temps. Les prunelles de Joey sur le plafond, et son esprit en pleine ébullition. Mais elle se redresse de son canapé lorsqu'elle l'entend prononcer ; « Rien. Juste entendre le son de ta voix » Elle est perturbée par une vérité énoncée aussi simplement et facilement que cela. Et parce qu'elle vient de se disputer avec les deux autres imbéciles, elle se demande si c'est pour se foutre de sa gueule, ce coup de fil. « Savoir un peu où tu traines et... » Elle s'est redressée parce qu'elle veut la connaître la suite de ses pensées. Savoir où elle traîne et puis ? « Oui ? » cette fois, la voix est moins énervée, mais c'est un ton factice, emprunté, juste pour qu'il se mette à parler. « Dutch ? » ce n'est pas qu'elle s'inquiète, parce que, vu leur relation, ce serait un peu bête, non ? « Il se passe quoi ? » D'accord, elle minimise peut-être un peu son intérêt, son... affection. 

« De? » Mais c'est lui qui l'appelle alors sérieusement, il joue à quoi ? Parce qu'il ne faut pas croire, elle a bel et bien eu sa dose de connard. Alors elle est à deux doigts, de lui demander s'il se fout d'elle, si il a envie qu'elle le morde, la belle. « Alors, est-ce que j'ai raison ?» À propos de quoi au juste ? Non parce qu'elle en a ras le bol des hommes qui jouent aux cons. De ceux qui disent tenir à elle... putain ce qu'elle a eu raison, de ne plus leur filer son attention. « Qu'on soit clairs, tu m'appelles sérieusement pour parler de mes règles ? » Le point positif dans cet appel ? C'est qu'au moins elle n'a pas le temps de répondre à son meilleur ami si déroutant. « Je traîne dans mon canapé, et honnêtement, je ne suis pas d'humeur, si t'as envie de baiser. » Certes, elle pourrait avec lui se changer les idées, mais à forcerie, Dutch mérite mieux que ceci.

Ce n'est pas le genre de discussions qu'ils ont, normalement. « Non. Cela-dit j'aime avoir » Mais le pire, dans tout ça, c'est que Joey, elle a commencé à compter sur ses doigts. « raison. » Et il a raison. Dans quelques heures, voir déjà, la rouquine va débuter sa période… d'indisposition. Elle en a du mal à avaler sa salive de constater, que lui, le sait. Elle ignore même ce que, réellement, ça lui fait, alors elle se décide pour répondre à sa première question, savoir où elle traîne, ce qu'elle fait... Elle est simplement en train d'enrager. « Soucis? » Étonnée, que Dutch se préoccupe de sa vie. Entre eux c'est simple, c'est clair... une sorte d'arrangement pour se satisfaire. Avec ce nouvel aspect, elle a du mal. « Pas des réels. » dans le fond, qu'ils se culbutent autant qu'ils le veulent. Même si leur connerie, elle la dégueule. « Mais qui me tapent sur le système. » Elle n'aime pas, se montrer faible comme ça, vulnérable avec lui, alors qu'il ne connaît que la Joséphine prête à jouer. « Dutch, ça rime à quoi, cet appel ? » Parce que des idiots qui jouent et expérimentent, clairement, dans sa vie, elle en a assez. Bien qu'il se pourrait que celui-ci, elle se perde à, un peu trop, l'apprécier. Et ça aussi, comme Ulrik et Vaughn dans le même lit, elle en est persuadée, c'est mauvais.