tw : mort
@Lukas O. Spritz Le mal puis les remords, les incertitudes puis les regrets. Personne pour t'attendre dans le hall de l'hôpital car t'as menti sur ton heure de sortie. Tu veux d'abord être seule. Tu veux d'abord aller voir Lukas. Lukas il sait pas. Il sait pas que t'as dormi dans le même couloir que lui, dans un chambre aussi impersonnelle que la sienne ces deux dernières nuits. Il a déjà tant souffert. Et au bout du tunnel il n'a pas trouvé la lumière, il n'a trouvé que la mort, celle de Gemma que tu lui as annoncé alors qu'il était encore en train de se battre pour sa propre vie. T'as pas voulu charger sa peine plus qu'elle ne l'était déjà. T'as pas voulu ajouter ton propre prénom à la liste de tout ce qui fucked up dans sa vie. A l'accueil on t'indique son numéro de chambre. Neal n'est pas encore arrivé car les heures de visites débutent à peine, tu dois faire vivre. Tu veux égoïstement retrouver votre bulle pour te sentir en sécurité, tu veux l'y tirer de nouveau pour qu'il y soit avec toi. Lukas ? tu dors ? tu lances doucement en poussant la porte. Tu ne veux pas le réveiller, tu veux le laisser se reposer. Pourtant si tel est le cas, tu devras le faire, le réveiller. Car tu ne supporteras pas la vision de ses traits lasses et de ses paupières fermées devant toi.

@Lukas O. Spritz C'est le silence dont vous avez tout les deux besoin. Que le monde se taise, que le monde s'arrête. Puis y'a sa main qu'il lève, qu'il tire vers toi et toi qui te hâte pour ressentir ce soulagement immense de sa peau qui touche la tienne. Tu enroules ta paume dans la sienne. Doucement pour ne pas lui faire mal, fort pour ne plus jamais qu'il ne la lâche. Tu t'assoies sur son lit, une jambe repliée devant toi pour ne pas basculer. T'ouvres la bouche pour parler mais t'as que la douleur du sanglot qui monte dans ta gorge. Grande inspiration, les paupières closes et encore et toujours c'est lui qui sait te sauver. Lui que pourtant t'es venue réconforter. Ses doigts bougent doucement dans ta paume, ils se resserrent sur les tiens, tu le sens. T'ouvres les paupières et cherches ses iris des siennes. Les voilà. Le voilà. comment est-ce que tu te sens ce matin ? T'as aucune idée qu'il est au courant pour ça, pour toi. Pour cette dernière journée et ces deux dernières nuits passées à l'hôpital. Tu ne veux pas lui en parler, tu ne veux pas l'inquiéter, t'es inconsciente que Neal s'en est déjà chargé. Pour l'instant, tu te concentres sur lui. Toute ton attention et tes pensées sur lui et sur rien ni personne d'autre, ni toi ni le petit bleu que t'as laissé la perfusion dans le creux de ton bras.

@Lukas O. Spritz La question facile qui s'échappe, mais qui te tient pourtant tellement à cœur. Non tu sais qu'il ne va pas bien, oui tu veux croire qu'un jour il te répondra que ça ira. En attendant, vous allez tous devoir subir la peine, le mal, et construire dans vos têtes le dessin d'un monde où les sourires seront sincères et le bonheur réel. Ses yeux parlent à sa place, il garde le silence et tu hoches doucement la tête de haut en bas en resserrant tes doigts dans les siens. Alors tu laisses aller ton cœur en miette vers le sien, laissant ses bras que t'aimes tant entourer et concentrer ton corps à la dérive. A ses mots t'es incapable de lui répondre. T'es incapable de lui offrir quoi que ce soit d'autre que tes larmes chaudes qui viennent s'emparer de ton visage. Tes bras passent dans son dos alors qu'il se redresse de ce lit d'hôpital que tu ne connais trop. moi aussi je t'aime Lukas. ta voix tremblante s'invite dans le silence de la chambre. Tu fermes les paupières et perds ton visage dans le creux de son épaule pour souffler de nouveau je ne veux plus jamais te lâcher. Et désormais tu vivras avec la peur qu'on puisse te l'arracher de nouveau.

@Lukas O. Spritz Jamais tu ne comprendras la peur, la douleur ou la terreur qu'il a pu ressentir pendant ce mois entier. Comme jamais il ne pourra comprendre le mal qui te ronge et qui s'empare de toi peu à peu. Parce que tu ne veux pas l'accabler d'une nouvelle crainte, celle à ton égard. C'est mal, c'est mauvais et jamais tu ne devras porter un secret si lourd envers lui, mais tu ne vois pas d'autre chose à faire, pour l'instant au moins. Ses lèvres qu'il dépose sur ton front, et la chaleur de ses bras, c'est comme s'il n'y avait plus que ça au monde pour calmer les larmes. Sa main passe sur ton dos, l'autre glisse dans tes cheveux et déjà, tu te sens un peu mieux. Tu redresses la tête en souriant doucement, hochant plusieurs fois la tête de haut en bas comme pour assurer la promesse. non jamais promis, et toi non plus. Tu te penches pour déposer un baiser sur sa joue avant de venir prendre ses mains dans les tiennes. Tu renifles doucement, la lâche pour essuyer du revers d'une main tes lèvres avant de retrouver sa paume. quand est-ce que tu sors ? Le cœur au bord des lèvres, tu oublies l'avant et décide de parler de l'après. Celui qui fait du bien, celui qui lui arrachera peut être un faible sourire malgré le vide dans ses iris tu sais ce que j'ai fait avant hier ? je me suis entrainée à préparer ta pizza préférée, j'ai hâte que tu viennes et de recommencer pour que tu puisses gouter.

@Lukas O. Spritz Le temps s'arrête presque tandis que toi, toi tu voudrais qu'il bondisse, jusqu'au lendemain ici et maintenant. Etre capable de cesser d'imaginer Lukas dans cette chambre horrible, le retrouver dans un espace plus chaleureux, de votre amour de votre attention, de chez Neal, de chez toi, de ces endroits qui n'attendent plus que son retour. bien sur que c'est vrai. et assurément qu'il est la seule personne au monde pour qui tu acceptes de te donner tant de mal derrière un comptoir. je ne dis pas que c'était une réussite mais… je vais continuer à m'entrainer. et c'est la pauvre Romie qui dort chez toi en ce moment qui est devenue ton cobaye. Est-ce vraiment ridicule de lancer un tel sujet dans un endroit pareil, dans un instant pareil, après tout ça ? T'es persuadée que non. Car à ton cœur ça fait du bien, ça à la saveur d'autrefois et tu te battras pour que ça ai aussi la saveur de demain. Est-ce que ça lui fait du bien, à lui aussi ? oh non là tu m'en demandes beaucoup d'un coup. tu ris tout doucement, vite secouée d'un spasme, pourtant tu gardes les larmes. A la place, ton visage fatigué et tes traits froissés se redressent vers lui, tes yeux pétillent légèrement et tu la cherche bien tout au fond de son regard. Là son âme, faite que t'arrives à la tirer de nouveau à toi.