Il fait beau, il fait bon; idéal pour sortir. Un samedi comme on les aime. Pour Marlon, c'est l'occasion d'aller faire un tour dans le centre ville, qu'il ne connait pas encore. Il doit dessiner, s'approprier les lieux, l'atmosphère. C'est un tout.
Sa soeur, il l'a laissée aux soins d'une nounou, le temps de quelques heures. Parce qu'il a besoin de calme pour travailler, pour laisser la mine du crayon faire son effet. Parce qu'il sait qu'il aura l'occasion plus tard de l'amener avec lui. En attendant, l'argent ne va pas rentrer tout seul dans sa poche. Alors au boulot bonhomme.
Il se promène dans un parc et c'est une aire de jeux pour enfants qui retient son attention. Quoi de mieux pour présenter une ville que de commencer par l'endroit où règne la joie et l'innocence ? Il s'approche Marlon, le sourire aux lèvres rien qu'en regardant les petits courir. Ca le fascine, ça l'émerveille. Malgré les épreuves de la vie, il a réussit à garder une partie de son âme de gosse.
Et c'est cette innocence qui le pousse à entrer dans le parc et à s'adosser à l'une des barrières. Il commence par observer, en silence, les petits qui s'activent autour de lui. Il ne les connait pas, mais il apprécie leur présence. Et il la sent monter en lui, doucement, l'inspiration. Telle des étoiles qui viendraient guider ces doigts, alors qu'il attrape le crayon toujours à sa place sur son oreille. Son sac à côté de lui, il en sort sa plaquette de dessin. Il ignore s'il aura besoin de couleurs mais il a prévu les feutres au cas où. De même que les crayons, pour un effet plus naturel. Et il commence, en noir et blanc, à reproduire ces petits visages euphoriques dans le jardin de l'enfance. Au final Marlon, il est dans son élément.  

w/ @Marlon Humphrey
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Papa, il a décidé de m’emmener au parc ce matin. Quand j'ai sauté partout sur son lit au réveil et que j'ai renversé mon petit déjeuner partout sur la table de la cuisine, il m'a dit que j'étais déchaînée aujourd'hui et qu'il fallait qu'on sorte prendre l'air un petit peu pour que je me défoule. J'adore être dehors. Je peux courir, danser, crier, sauter sans que papa ne dise rien. Je peux aussi le faire dans la maison, mais papa il est jamais content. Après avoir descendu plusieurs fois le toboggan sur le ventre, sur le dos, sur les fesses, la tête en avant, j'ai envie de faire autre chose. J'ai vu un monsieur qui dessine avec des crayons qui ont l'air trop chouettes. J'ai bien envie de les essayer. Je vais voir papa, assis sur un banc pas très loin du monsieur. « Dis papa chéri d'amour que j'aime, est-ce que je peux aller voir le monsieur pour dessiner avec lui ? S'il te plaiiiiiiiiiiit ? ». Papa, il m'a dit de toujours être polie et de lui demander la permission, et c'est ce que je fais. Il secoue la tête de droite à gauche en soupirant, me rouspétant encore une fois que je ne dois pas aller parler aux inconnus partout où je vais. « Mais papa, je vais pas loin, et puis tu me vois. ». Je n'attends même pas qu'il me réponde que je me dirige vers le monsieur assis par terre. Je le vois bien papa, qui change de banc pour se rapprocher encore plus, mais il me laisse y aller. Il ne me quitte pas des yeux, et je lui fais un grand sourire en lui faisant coucou avec la main. Papa, il s'inquiète trop parfois. Je m'approche du monsieur en sautillant, puis j'approche mon visage à quelques centimètres du sien, grand sourire sur mon petit minois. Les mains sur les hanches. « Bonjour ! ». La politesse, encore et toujours. Papa, il peut être fier, il m'a bien élevé. « Tu dessines quoi ? Je peux dessiner aussi ? ». En plus, la maîtresse elle dit que je dessine bien. Elle dit que maintenant mes bonhommes ressemblent bien à des bonhommes, avec une tête, un corps, des jambes et des bras. Quand je colorie, j'arrive même à ne pas déborder. Pas tout le temps. Mais presque tout le temps. « J'aimerais faire un dessin avec papa, moi et tata Suki dessus. Parce que j'ai pas de maman. ». Je chuchote presque, parce que j'ai peur que papa m'entende. Il n'aime pas trop quand je parle de maman. « Et puis avec un gros cœur, parce que moi je les aime gros cooooomme ça. ». J'essaie d'écarter mes bras aussi grand que je le peux. Mais en vrai, je les aime même encore plus grand que ça.

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Dans une autre vie, Marlon aurait sûrement pu s'occuper d'enfants. Parce qu'il les adore, parce qu'ils lui apportent tellement plus que ce qu'il peut leur donner. De la joie, une franche bonne humeur et aucun apriori. Pour un enfant, quelqu'un qui dessine comme lui le fait, c'est pas une personne étrange. Et bon dieu qu'à ces yeux, c'est important. Ca lui donne la possibilité d'exploiter son potentiel, son talent.
Il est déjà en train de se plonger dans son monde Marlon, avec son crayon qui marque la feuille en suivant des lignes bien précises. Il joue avec les ombres, avec les formes, pour faire ressortir du lieu les meilleures émotions. Et c'est alors qu'il la voit, la petite fille et son joli minois, lorsque celle-ci se plante devant lui, un superbe sourire éclairant son visage. Elle le salue poliment, les mains sur les hanches. Une attitude qui plait franchement au garçon et qui provoque sa première réaction en reflet; un sourire. Ces lèvres s'étirent sur une fabuleuse expression joyeuse. - Bonjour. déclare-t-il chaleureusement. Et il s'en doutait, qu'elle venait pour le dessin, pour les crayons. Sans doute par curiosité mais après tout, on s'en fou. - Je dessine le toboggan sur lequel tu jouais. Bien sûr que tu peux dessiner. répond-t-il en lui tendant son crayon. L'esquille qu'il vient de commencer, il la pose par terre, près de lui. Et de son sac il tire de nouveau sa plaquette, afin de donner de la matière à cette petite qui n'attend que ça. Elle a en plus un projet bien précis, faire un dessin de sa famille. Marlon est touché et ces yeux se mettent à briller de mille feux. Cette petite est pleine d'amour et elle le montre, elle l'exprime par les gestes. - Tu me montre comment tu fais ? parce que ça l'intéresse. Parce que les oeuvres de plus petits sont souvent les plus réussies. Des réalisations imparfaites que les adultes cherchent à corriger avec le temps. Alors qu'en fait, c'est peut-être simplement cela, le vrai talent.

w/ @Marlon Humphrey
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Le monsieur, il a l'air content que je vienne lui parler, et du coup, je suis contente aussi. Parce des fois, je suis allée parler à des gens qui m'ont ignoré ou alors qui m'ont parlé méchamment. Ils me disaient de retourner jouer et que je les dérangeais. Mais le monsieur avec ses crayons, lui, je n'ai pas l'air de le déranger. Il dessinait le toboggan et je me penche un peu plus pour voir sa feuille. Il est super fort. Moi, je n'arrive pas encore à dessiner comme ça. Mes yeux s'écarquillent et ma bouche forme un « O » parfait. « Il est beau ton dessin. J'espère que le mien sera aussi beau que le tien. Je peux aussi t'en dessiner un si tu veux, après que j'aurais fait celui pour papa. ». Et je prends le crayon qu'il me tend avant de m'asseoir juste à côté de lui, plaçant la plaquette avec la feuille qu'il me tend entre mes jambes. Il veut que je lui montre comment je dessine. Parce qu'il y a plusieurs façons de dessiner ? Mes yeux interrogateurs le regardent, avant de hausser les épaules. Je ne les comprends vraiment pas parfois, les grandes personnes. Pour dessiner, il faut un crayon et du papier, rien de plus. Je dessine un tout petit bonhomme au milieu de la feuille et je lui fais des longs cheveux. « Tu vois, ça c'est moi. ». Je refais la même chose avec un deuxième bonhomme, à droite du premier, un peu plus grand avec des yeux en amandes. « Là, c'est ma tata Suki. ». Et je recommence encore une fois en dessinant un bonhomme un peu plus grand, à gauche du petit cette fois, avec une casquette sur la tête. « Et là, c'est mon papa. ». Je lui montre mon vrai papa, assis sur le banc juste à côté, en même temps que je lui fais un grand signe et un grand sourire pour le rassurer. Il ne m'a toujours pas quitté des yeux. « Tu vois c'est lui là. Il s'inquiète parce qu'il n'aime pas quand je viens parler à des inconnus. D'ailleurs c'est quoi ton prénom ? Moi c'est Numia. ». Et je reporte alors mon attention sur la feuille de papier, où je dessine un grand cœur autour des trois petits personnages. « Et voilà, mon dessin est fini ! Tu en penses quoi ? Tu crois qu'il plaira à papa ? ». Papa, il me dit toujours que mes dessins sont beaux. Et il les garde tous dans une boite sous son lit. Parfois, il en accroche un sur le frigo et même parfois sur les murs. Mais des fois, je pense qu'il dit ça pour me faire plaisir. Comme quand moi je lui dis que c'est bon ce qu'il a cuisiné pour pas qu'il soit triste. Je n'aime pas quand les gens sont tristes. Ça me rend triste aussi. Alors j'essaie d'être tout le temps heureuse. Comme ça, je me dis que les personnes autour de moi seront heureuses elles aussi.

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Cette petite est adorable. Elle semble impressionnée par le coup de crayon de Marlon. Mais c'est surtout lui qui l'est, face à cette fabuleuse envie qu'elle a d'essayer à son tour. Elle le complimente et son sourire s'agrandit sur ces lèvres. Rien de tel que le compliment d'un enfant. Eux qui sont capables de voir toute la beauté que le monde a à offrir. Cette même beauté à côté de laquelle passent les adultes, sans y faire attention. - Je veux bien un dessin aussi. C'est très gentil de ta part. répond-t-il en hochant la tête. Elle a été si polie avec lui, il l'est en retour. Rien de plus normal.
Elle s'assoit à côté de lui et déjà, il profite de sa simple présence. Elle est apaisante, joyeuse; exactement ce dont il avait besoin. De grands yeux ronds qui le regardent lorsqu'il lui demande comment elle dessine. Question bête Marlon. Sois plus simple.
Et il est attentif Marlon, aux traits qu'elle dessine. Ces yeux s'illuminent, il est admiratif devant ce qu'elle réalise. Il a toujours aimé les dessins des enfants. Trois personnages apparaissent sur sa feuille, représentant les membres de sa famille. Ca le touche le jeune homme, de voir cet amour qu'elle porte aux membres de sa famille.
Le ténébreux repère rapidement le papa en question, qui observe la scène depuis un banc, non loin de là. Il le comprend. Marlon n'est qu'un inconnu après tout. C'est normal qu'il soit prudent. La petite se présente. Un prénom aussi mignon qu'elle l'est, dans son entièreté. - Moi c'est Marlon. C'est un joli prénom, Numia. dit-il en souriant à nouveau. Un coeur vient englober les trois personnes, les liant sur la feuille de papier. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple pour décrire l'amour qui relie les membres d'une famille ?
Elle déclare avoir terminé et lui demande son avis. Evidemment qu'il est chouette son dessin. Lui-même n'aurait pas fais mieux. - Il est très beau ! Ton papa va l'adorer ! qu'il déclare, avant de plonger la main dans le sac, une idée derrière la tête. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin quand on peut faire un peu plus. - Tu veux rajouter un peu de couleur ? et il lui tend une palette de crayons, cette fois-ci colorés. Il y en a pour tout les goûts. Elle devrait vite trouver son bonheur, cette petite qui voit la vie en rose.

w/ @Marlon Humphrey
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Le monsieur, il s'appelle Marlon. Je ne connais personne d'autre qui s'appelle comme ça. Ça lui va bien. « Oui, c'est mon papa et ma maman qui ont choisi mon prénom. Mais ma maman, elle est partie. Elle nous a laissé papa et moi. Toi aussi, c'est ton papa et ta maman qui ont choisi ton prénom ? ». Je fais encore une toute petite voix. Je n'ai pas envie que papa m'entende. Ça ne me rend pas triste de parler de ma maman. Je ne me souviens pas d'elle. Mais papa, lui, ça le rend triste quand j'en parle. Et comme je n'aime pas quand il est triste, je ne le fais pas. Mais à Marlon, lui, je peux lui en parler. Il a l'air gentil. Et puis en plus, il aime beaucoup mon dessin. Quand il sort les crayons de couleurs de son sac, j’écarquille les yeux. « C'est pour moi tooooout ça ? ». Je prends la palette tout doucement. J'ai peur de tout faire tomber. Ils sont beaux ses crayons. Les miens, ils ne sont pas comme ça. Il faut que je fasse attention. Il ne faut pas que je les abîme. Papa, il me dit toujours que je dois faire attention quand je joue avec des jouets qui ne sont pas à moi. Car ils seraient tristes si je les cassais. Comme je serais triste si quelqu'un cassait mes jouets préférés. Alors je vais y faire très attention. Je pose la palette par terre, à côté de ma feuille. « Merci beaucoup. ». Je prends le crayon rose, du bout des doigts. Il y a plusieurs roses dans ses crayons, mais je prends celui qui est le plus joli et je commence à colorier le cœur. Je n'appuie pas trop fort. Quand j'appuie trop fort, j'abîme la mine de mon crayon. C'est la maîtresse à l'école qui me l'a dit. Je sais que les cœurs c'est rouge d'habitude. Mais moi, je n'aime pas trop le rouge. « C'est quoi ta couleur préférée ? Je préfère le rose moi. C'est ma couleur préférée. Avec le jaune. Et le vert aussi. Et le bleu. Tata Suki, elle me dit que ce n'est pas possible d'avoir plusieurs couleurs préférées. Mais moi je trouve que si. Comme j'ai plusieurs gâteaux préférés. J'ai plusieurs dessin animé préférés. ». Je ne comprends pas pourquoi il ne faut en choisir qu'un seul alors qu'il y en a beaucoup. Je colorie tout le reste de mon dessin, en faisant vraiment très très attention. Puis je range bien les crayons dans la boite avant de plier mon dessin en tout petit pour le mettre dans la poche de mon manteau. Je ne veux pas le perdre ou qu'il s'envole. Je regarde Marlon en mettant mon doigt sur ma bouche. « Chuuuuut, c'est un secret. ». Ce sera une surprise pour papa, je lui donnerais quand on sera rentré à la maison. Toujours mon grand sourire sur le visage, je prends un autre crayon. « A toi maintenant. Tu veux quoi comme dessin ? ».

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