Un dernier coup d'oeil dans le miroir et je sors de ma chambre. Saoirse et Wakeema sont là pour me regarder - ou plutôt m'examiner - et je lève les yeux au ciel. Oh les deux comères là, ça suffit. Que je lance en filant vers la chambre de Lucas. Je lui ai dis que je ne serai pas là ce soir ni demain matin et que c'est Saoirse qui l'emmènera à l'école demain, ce qu'il a accepté sans ronchonner. Je ne sais pas si c'est parce qu'il grandit ou qu'il se rend compte que tout ça me fait un bien fou mais il est de plus en plus 'ok' avec mes nuits tardives, mes demi absences et mes soirées. C'est agréable de voir qu'il peut survivre sans moi mais être son ancre me plaisait quand même beaucoup. Je tire légèrement mon short noir sur mes cuisses, enfile ma paire de talons et attrape mon sac à mains - qui ressemble plus à une valise vu la taille - avant de vérifier que tout y est. Des sous vêtements pour demain, une tenue des plus simple et un pyjama acheté pour l'occasion. Parce que oui, les pyjama sexy en dentelle et soie, ce n'est pas vraiment mon style. Alors j'ai acheté un caraco en satin noir, un petit short et voilà, ça fera amplement l'affaire. Vous vous occupez bien de mon bébé hein ? Que je dis aux deux aînées, écrasant un baiser sur leur joue avant de filer vers mon rendez-vous. Il ne me faut pas bien longtemps pour traverser Boston - habituée des petits détours pour éviter tous ces nigauds qui s'agglutinent sur les voies dites rapides. Et quand je suis à l'adresse indiquée, je regarde mon reflet dans le rétroviseur. C'est quand même étrange tout ça, non ? Je ne sais pas. Et avant que mon courage s'essouffle comme un gâteau, je file hors de la voiture et mon doigt s'écrase sur la sonnette du jeune homme. J'entends mon prénom et souris Oui. À moins que tu attendes quelqu'un d'autre. C'est plus taquin qu'autre chose. Je me doute bien qu'après être arrivé à la bourre et dans un sale état la dernière fois, il n'a pas organisé de double date, juste pour rentabiliser son plat. La porte s'ouvre et je monte rapidement au troisième étage. Enfin, aussi rapidement que mes talons me permettent de le faire. Je vais repartir d'ici avec le cul musclé, je vous le dis. Arrivée à destination, le poing qui s'écrase, j'entends rapidement la clé dans la serrure et Snow apparaît, encore plus beau que d'habitude. Hey… Que je souffle, sourire aux lèvres. Ça sent bon ici. Que je dis, embrassant sa joue avec délicatesse. Très bon même. Je glisse mon regard dans le sien, un sourire en coin sur les lèvres et au fond, j'entends des petites pattounes sur le sol. Haaaan mais voilà le plus beau. Et, juste pour embêter Snow, je lui passe devant et m'accroupis pour caresser Guizmo, laissant mon sac au sol, en plein milieu du chemin. Moi, taquine ? Jamais.

J'appréhende tellement cette soirée et ce pour plusieurs raisons. Snow me plait vraiment, son côté nonchalant et la sensibilité dont il fait preuve. Il n'est pas plusieurs hommes en un mais ses facettes sont toutes aussi belles que lui et j'ai hâte d'en apprendre plus sur lui ce soir. Et j'appréhende aussi parce qu'on sait particulièrement que ce soir, on ne va pas regarder la roue de la fortune dans nos pyjamas en coton épais. Ou peut-être que si. Mais il devra me prête un pyjama puisque vu ce que j'ai pris avec, je ne vais pas avoir bien chaud. En bas de l'immeuble, je prends mes dernières secondes de doute et je remballe le tout. J'y vais, je fonce, je vis et je sens que Snow va me montrer ce que c'est que la vie ce soir. J'en attends même pas tant que ça de lui mais il saura me surprendre et ne faillira pas à sa tâche. Et l'odeur qui s'échappe de l'appartement annonce de belles et bonnes choses. J'embrasse sa genou et accroupis devant Guizmo, je tourne la tête et souffle Je suis ta… ? Plus moqueuse qu'autre chose, le sourire qui barre mon visage montre bien que je sais plus ou moins ce qu'il voulait dire mais que j'ai juste envie de l'entendre en entier. Je le sens bouger derrière moi et les deux mains sur le ventre de Guizmo, je souris à sa réflexion. T'es un bon chien toi. Il est gentil ton maitre avec toi ? Cligne deux fois des yeux si ce n'est pas le cas. Que je souffle en riant légèrement. Je regarde Snow se déplacer dans la cuisine et l'écoute. Je vais bien et toi ? Et puis, pour la boisson, ce que tu veux. Que je dis en m'abaissant doucement un peu plus proche du chien, comme si je discutais réellement avec lui et qu'il allait me répondre. À voix basse, je souffle Allez, je vais aller voir ton maitre mon beau… Une dernière caresse sur le ventre et je me redresse, me faufilant jusque dans la cuisine. Je vérifie que le lavabo est vide et je me lave rapidement les mains. Je lance quelques coups d'yeux à Snow et lui donne un petit coup de hanche quand il est à mon niveau. Je voulais juste mettre les grattouilles à Guizmo de côté… Histoire de n'être disponible que pour toi après. Je m'essuie les mains et me tourne vers lui, un sourire sur le visage. Pas de jaloux comme ça. Et Guizmo a bien du le comprendre parce qu'il repart vers son panier sans venir réclamer quoi que ce soit. Ça sent divinement bon… Tu nous as préparé quoi de bon ? Que je demande, tendant le cou pour voir de quoi il s'agit, presque tentée de soulever le couvercle de la casserole mais je déteste quand les garçons font cela. Surprise et puis c'est tout !

C'est la première fois depuis un bon nombre de semaines - pour ne pas dire mois ou années - que je viens pour passer la nuit chez un homme. Et que ma famille est réellement au courant. Les dernières fois où j'ai filé au milieu de la nuit pour retrouver mon ancien patron, il n'y avait que Liam d'au courant et c'est bien comme cela. Je quittais la maison sur la pointe des pieds presque honteuse de ce que je faisais. Mais aujourd'hui, je suis libre et j'accepte de voir Snow au grand jour, de laisser mes frangines jacter de tout et de rien, de rire et de me donner des conseils sur ce que je vais faire de mon corps ou bien encore sur ma tenue. Mais je les autorise elles, à y aller de leur avis parce que je sais qu'elles ne me veulent aucun mal, loin de là. Mains lavées, chien abandonné, verre en main, nos verres tintent rapidement et je l'écoute. Du vain. C'est français. Mmmh… J'ai hâte de goûter en tout cas. Que je souffle, mon regard dans le sien, portant le verre à mes lèvres et buvant une petit gorgée du vin qu'il m'a servi. Très bon choix, pour ce que j'en connais. Je le regarde se rapprocher de moi et ne bouge pas. Je pose mon verre à côté du sien, enfin je crois et je l'écoute. Tu veux que je te dise quoi Snow ? Je passe mes bras autour de son cou et plonge mes yeux dans les siens, un sourire sur le visage. C'est merveilleux, tu ne trouves pas ? Qu'on soit tous les deux à l'heure, que je sois chez lui, dans sa cuisine, qu'on soit si proche et pourtant si éloigné. Je le regarde, l'écoute et ouvre la bouche pour répondre avant de l'entendre parler de mon téléphone. Je ne compte pas fuir à nouveau… Le premier soir, l'appel de Liam, dépassé et soulé d'entendre Lucas me réclamer. Je suis partie comme une fusée pour retrouver mon fils et le calmer. Pas encore. Mais dès que j'aurais quelques secondes, compte sur moi pour le passer en 'ne pas déranger'. À une exception près ; le groupe chat des Adams-Baker. Parce que s'il y a un message sur ce groupe de conversation, c'est qu'il se passe quelque chose de grave et je suis désolée de l'annoncer, aucun homme ne me fera muter les amours de ma vie. Mais avant de me faufiler pour tout mettre en silencieux, j'ai quelque chose à faire. Que je souffle, me mouvant sur la pointe de pieds. Parce que même avec mes talons hauts, nous avons toujours dix centimètres de différence. Je l'embrasse du bout des lèvres avant d'appuyer un peu plus se baiser. Quelques secondes de douceur avant de me détacher et de dire Fais attention, ton riz va déborder. lançant un coup d'oeil vers la gazinière juste à côté de nous. On a tout le temps pour s'embrasser - et plus encore - de toute façon. Mais on ne gâche pas la nourriture. Je redescends sur mes pieds, perdant quelques centimètres et lui souffle On mange dans combien de temps ? Parce que ça sent vraiment bon. Et que j'ai un petit peu (beaucoup) envie de m'allonger avec lui, de discuter, de rire et de voir où la soirée nous mène.

C'est ma troisième réelle interaction avec Snow. La première sur son bateau - coupée court suite à un appel de mon frère - la seconde sur son bateau - débutée avec du retard suite à des problèmes avec sa meilleure amie - et la dernière ici, ce soir. Et je peux dire qu'il n'y a rien qui nous empêchera de profiter ce soir. Pourquoi ? Tout simplement parce que je suis persuadée que ce qui nous portait la poisse, c'était purement et simplement l'océan autour de nous. Ici, sur la terre ferme, aucun soucis à prévoir. Je ne compte pas m'enfuir et je sais que les filles gèreront mieux que Liam l'autre soir. Il n'avait juste pas envie d'y donner du sien, ce salop. Enfin, il n'avait aucune idée de ce qu'il interrompait alors je ne peux pas lui en vouloir. Et au final, tout c'est bien goupillé. La preuve en est j'ai le dos contre le lavabo, les mains de Snow sur moi. Pas meilleur endroit où me trouver. Et puisque je ne veux pas tout lui donner sur un plateau et que la nourriture sent vraiment trop beau, je fuis avant de ne plus me décrocher de ses lèvres et de son corps. Je suis dans l'incapacité totale de me souvenir la dernière fois que j'ai ressenti cela, ce petit rush d'excitation, ces papillons dans l'estomac, la tête qui tourne presque au moindre baiser, comme si j'étais privée d'oxygène. Je plonge la main dans mon sac à main, envoie un rapide message aux filles et tourne le tout en 'DND' (do not disturb) avant de me tourner. Génial… Que je souffle en me dirigeant à nouveau vers la cuisine pour l'aider mais, à mi-chemin, sa demande me fait sourire et je prends place à table. Ça fait tellement de bien de se faire servir, surtout quand c'est par un homme. C'est agréable et sa galanterie me fait carrément craquer. Je n'ai pas croisé de gentleman dans son style depuis un bon bout de temps. Il faut dire qu'ici, avec l'université à proximité, les gens ont plus tendances à balancer des coups de reins tous les deux jours qu'à agir de la sorte. Je l'écoute et un sourcil se lève quand il dit que c'est moi le dessert. Ah bon ? Et tu m'as demandé mon avis avant ? Que je dis, d'un ton plus qu'assuré, comme si j'allais refuser la chose. Je dois dire que rien que d'imaginer ce qu'il pourrait me faire, ça me titille là où je pense. Moi qui pensait faire de toi mon dessert. Je roule des yeux, comme si c'était la pire des choses qui soit, d'être son choix de sucrerie et de lui dire qu'il est clairement le mien. Bon appétit. Que je souffle en prenant mon verre de vin, le faisant tinter avec le sien avant de boire une gorgée. Alors, dis moi tout, ta semaine s'est bien passée ? Curieuse, je veux en savoir plus sur lui et tout ce qui l'entoure. Moi, pendant ce temps, je porte une fourchette de riz à mes lèvres - ayant pris le temps de souffler dessus parce que je n'ai aucune envie de me brûler le palais - et soupire doucement tellement c'est bon. Cette sauce est parfaite. Je suis fan. Il va me falloir la recette… Ou alors que tu viennes cuisiner pour moi. Tu as le choix. Pour moi et ma petite tribu que je vais gentiment laissé de côté pour le moment. J'en parlerais plus tard, quand j'en aurais l'envie mais surtout le courage. Je sais que ça peut tout changer et ce soir, je veux que l'on reste ainsi, taquin, décontracté, à se bouffer du regard.