Don't listen when I scream
— Apparat- Goodbye —

w/ @Connor Bulger

Peut-être que notre rencontre est celle de deux égoïstes. Peut-être qu’ensemble, on souhaite oublier cette solitude qui nous étreint depuis toujours. Trop étranges, trop solitaires, trop à côté des cases qu’on souhaite nous dédier. Nous n’avions pas eu le même écrin et pourtant nous avions connu le même sort. Lorsque j’étais enfant, même les domestiques prenaient la fuite face à l’intensité de mon regard. J’étais trop étrange, trop sauvage. J’ai dû revêtir le masque pendant des années pour paraître semblable aux autres, mais la noirceur qu’on cache au fond, elle nous appartient. Et quelque part, elle est aussi vaste que notre lumière. Je suis égoïste en perpétuant l’attache avec toi Connor, je t’ai déjà malmené par le passé, entraîné dans mes amours chaotiques et tu restais malgré tout. Tu veillais. Toujours présent, toujours à veiller dans mon dos. Et moi, j’ai fait quoi pour t’épargner ? Rien du tout. J’ai continué ma route telle une entêtée, j’ai entretenu ton souvenir au Nephilim lorsque tu l’avais délaissé, mais hormis ça… Dans ce chaos, dans nos ruines, on vient à se retrouver, projetant de bâtir de nouvelles routes, elles ne seront pas sans bosses, ni heurts, mais quelque part, on avancera ensemble. J’oublierai tes dangers, tu oublieras mes remords, et tout sera plus lumineux alors. J’attrape tes phalanges que que je viens porter à mes lèvres sous ton regard avant de les laisser reposer sur la rondeur de mon ventre. Naturellement, ton pouce vient caresser la peau tendue qui abrite le plus lourd des secrets, mais le plus merveilleux aussi. Je réprime un frisson sur mon épiderme, car aussi étrange que cela puisse paraître, je suis la seule à avoir parcouru cette courbe ces derniers mois, je laisse ta main parcourir ma parcelle la plus vulnérable tandis que ta voix résonne, une voix éraillée mais douce qui vient s’éprendre des murs du salon, jusqu’à résonner dans mon corps, dans mon cœur, et un sourire doux qui vient emplir mon visage. Un léger coup qui se prononce comme pour venir à la rencontre de ta paume. « Il a l’air d’apprécier. » que je dis dans un souffle et tu l’initieras sans doute à tes goûts différents de sa mère en matière de musique. Je viens poser ma main sur la tienne, laissant remonter mes phalanges jusqu’à ton avant-bras et les sillages d’encre qui viennent le parcourir, jusqu’à la naissance de ton coude. Je me redresse finalement pour retrouver une assise, tournant le regard vers toi. « Viens dans ma chambre… » Dans l’ultime refuge, avec moi.

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Peut-on réellement dire qu'une personne peut être égoïste si elle dédit sa vie à une autre ? Car c'était le cas pour Connor, il était prêt à donner sa propre vie pour celle de la jeune femme qu'il avait contre lui actuellement. Les deux faces d'une même pièce... Tu t'en souviens. Quoi qu'il puisse arriver, il serait toujours là pour elle... Jusqu'à ce que la mort les sépare alors qu'ils n'avaient prêtés aucun serment officiel l'un envers l'autre.

Pendant toute sa vie, on avait essayé de le faire rentrer dans des cases. De normaliser les différences qu'il pouvait présenter. Mais rien ne pouvait le faire changer. Alors il avait simplement appris à vivre avec.

En regardant sa vie, on pouvait se rendre compte des souffrances qu'il avait enduré... Qu'elles soient physique ou psychologique... Même s'il avait manqué de flancher à plusieurs reprises, il était encore là pour en parler. Ce qui ne le tuait pas ne faisait que le rendre plus fort. Malheureusement il n'en avait pas conscience.

La relation qu'ils entretenaient était une preuve supplémentaire. Il avait souffert de la voir appartenir à un autre homme... Pourtant ne voulant que son bonheur, il s'était effacé pour la laisser s'épanouir. Il ne pouvait en être autrement.

Son regard suivit le mouvement de sa main et il se prit à avoir un doux sourire. Il se sentait tellement bien à cet instant précis, il aurait souhaité qu'il reste pour toujours. Et le geste de ce petit être encore inconnu ne fit que renforcer cet instant hors du temps. Il n'avait jamais eu l'occasion de chanter pour un enfant encore dans le ventre mais cela lui plaisait.

Tant mieux...

Prenant délicatement la main de Deirdre dans la sienne sombrement marquée, il la porta jusqu'à ses lèvres. Il l'aida finalement à se redresser avant de se relever. Sa main alla recherche sa canne tandis que l'autre était dans la direction de la rose obsidienne, proposant de l'aider à se relever pour rejoindre la chambre. Une pièce qu'il n'avait jamais eu l'occasion de voir auparavant. Mais là où la curiosité pouvait prendre le dessus chez certaines personnes, Connor n'était préoccupé que par le confort de sa belle.

L'installant sur le lit, il attrapa plusieurs oreillers afin de faire une sorte de cabane sur laquelle il installa une couverture pour terminer sa construction. C'était une bâtisse assez enfantine mais elle avait quelque chose de rassurant.

Connor l'aida à rentrer à l'intérieur avant de se glisser à côté d'elle.

Don't listen when I scream
— Apparat- Goodbye —

w/ @Connor Bulger

Mains posées sur un ventre qui abrite de nouvelles promesses, une nouvelle aube. Elle vient apaiser nos douleurs, les cicatrices trop nombreuses qui parcheminent nos corps et nos cœurs. Et en un instant, c’est la légèreté qui se suspend à nos lèvres. Êtres brisés et toujours debout, bien qu’un peu bancals, on avance ensemble désormais.  « Ta voix est belle. » dis-je comme pour appuyer mes dires alors que ta main d’encre achemine la mienne de marbre sous le feu de tes lèvres. Je suis bien. Pour la première fois depuis des mois, je suis bien ici avec toi. Et j’oublie le passé qui nous a déchiré un peu plus, les lambeaux désormais trop vastes pour être comblés et la peur qui me tenaille encore concernant l’avenir. La fatigue me gagne, ou bien un besoin d’être plus proche encore de toi. De me réfugier sous tes noires ailes. Et l’invitation se lance à aller dans ma chambre. Tu te relèves, armé de ta canne, me tendant l’autre main pour que finalement, je retrouve une stature plus verticale. Ensemble, nous cheminons jusqu’à cette chambre qui bientôt ne sera plus la mienne, ultime refuge de mes nuits trop blanches. Décoration épurée, donnant sur un vaste lit au centre entourée de deux chevets, quelques tableaux de botanique et fleurs séchées, sur la gauche une salle de bain attenante et de l’autre côté, les placards refermant mes affaires sans doute trop nombreuses. Je sens mes joues rosir lorsque tu viens m’allonger sur les oreillers. Peu habituée à être traitée de la sorte, avec respect finalement, comme un être précieux. Mon regard ne quittant pas tes traits qui semblent adopter une posture plus insouciante, plus douce. T’interrogeant du regard, je t’observe bricoler un abri de fortune. Je n’ai jamais fait ça enfant, je découvre. Intriguée, curieuse, amusée, aussi, j’envoie valser mes chaussures d’un geste pour être plus confortable. Puis enfin, je me repose, riant doucement lorsque tu perfectionnes la cachette de quelques couvertures. Ainsi calfeutrée, tu viens prendre place à mes côtés, tes jambes dépassant sans doute du toit de fortune. Je viens me lover contre ton torse, le regard absorbé par le plafond improvisé. Amusée, j’ajoute « Une véritable forteresse à l’abri du monde. » Des autres, des ennuis, de ces soucis qu’on ne veut plus voir, juste toi et moi contre le reste du monde. « Tu as souvent construit des cabanes ? » que je demande avec un mince sourire en lèvre tout en me tournant de côté pour mieux te voir. « Parce que c’est une expertise que tu m’avais caché Connor Bulger. » J’y vois cette simple et franche intention de me protéger, de laisser nos démons de côtés. Et la joie fleurit davantage là où le sel a strié mes joues.

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Après la disparition d'Ana, il s'était fait une raison. Il n'était pas fait pour être père, il ne le serait jamais. Incapable de prendre soin de lui même, comment pouvait-il prendre soin d'un être dont il était la seule défense...? Et pourtant aujourd'hui une nouvelle chance semble s'offrir à lui, sans jamais en avoir discuter avec la mère. Il serait là pour cet enfant quand bien même il n'était pas de son sang. Parce que, au fond de lui, c'était dans sa nature... Il n'était pas que l'être brisé et sanglant qu'on lui avait appris à être... Connor pouvait être aussi sensible. Même si cela était souvent vu comme une faiblesse.

Les compliments n'étaient pas monnaies courantes dans son univers. Ca ne faisait que dans des situations bien particulières à certaines occasions, il n'avait jamais vraiment su accepter ce genre de mot. Alors en guise de réponse, il expulsa de l'air par les narines un bref instant, en haussant légèrement les épaules.

Il accompagna sa belle jusqu'à la chambre. Un silence rassurant tomba dans l'appartement. Comme si l'homme venait de déployer ses ailes noirs pour l'emmener vers des cieux plus doux. Mais qui était réellement l'ange entre les deux ? Connor avait toujours considéré Deirdre comme un joyau brut qu'il essayait de préserver des altérations de ce monde.

Lorsqu'il était enfant, il n'avait jamais eu réellement le droit de faire ce genre de chose mais ça ne l'empêchait pas de le faire. Il se sentait à l'abri dans ce genre de structure. Il ne pouvait pas se blesser, on ne pouvait pas le voir...

Il prit place à côté de la belle avant de regarder le plafond à son tour. Sa main délicatement dans la sienne, il acquiesça doucement à la question avant de rajouter.

Mais je n'avais pas le droit d'en faire...

Ce n'était pas le genre de chose qu'on attendait d'un enfant d'un empire mafieux. Son frère s'était beaucoup plus adapté au moule que lui.

Un sourire se dessina dans la commissure de ses lèvres. Etrangement, la maison ne semblait pas bouger même en s'agitant un peu à l'intérieur, le fruit des années d'entrainement.

Ici personne ne peut nous faire de mal...

Continuant à serrer sa main dans la sienne, ne voulant pas la laisser lui échapper cette fois-ci.

Don't listen when I scream
— Apparat- Goodbye —

w/ @Connor Bulger

Trop étranges, trop emplies de noirceurs. On ne rentre pas dans les cases. C’est ce commun qu’on partage bien que nos apparences soient contradictoires. C’est le noir de nos mèches qui s’assemblent mais bien nos lumières qui s’entrelacent. On s’éprend de la légèreté, on s’attache à la douceur de l’atmosphère. Bien que nous puissions paraitre faibles, je sais que toi et moi sommes bien plus forts que la plupart. Nous avons traversé les enfers, laissé bien plus que des parcelles de peau dans les batailles. On y a perdu aussi des fragments de nos âmes. Et nous sommes pourtant capables de rire encore. De nous autoriser à vivre. La promesse d’un avenir plus clément niché dans mon ventre. De ma peine, je saurai faire une force. Je viens te complimenter sur ta voix, peu habitué, tu ne relèves pas. Ce qui provoque un sourire plus franc de mon côté. Et puis nous poursuivons notre route à l’abri de ma chambre dans laquelle tu construis une cabane improvisée. Écorchés qui renouent avec les prémices de l’enfance, la pureté de l’innocence et des joies douces et enfantines.   « Tu as tous les droits désormais. » Et je ne te jugerai jamais pour les fantaisies dont tu es capable. Car c’est dans ton entièreté que je t’accepte et que j’affectionne le contraste de toutes tes facettes.   « Moi j’aimais m’enfuir dans la nature, creuser la terre de mes ongles et revenir telle une sauvageonne. Ça rendait ma mère furieuse. » Le rire résonne dans la cabane. Deirdre savait rendre folle Morrigan. Au final, je restais tout aussi indomptable qu’Elle. Je sens ta main se resserrer autour de la mienne. Et doucement, un soupir heureux s’échappe de mes lèvres. Me blottissant dans la chaleur de ton cou, à l’abri de ton cœur qui résonne sous la chaleur des étoffes. Personne oui, ne pourra nous faire de mal. Et surtout pas lorsque tes bras m’entourent et que mes prunelles veillent sur tes ombres. Les paupières qui se ferment pour nous entraîner vers des voyages sans doute plus célestes.

THE END

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