L'explosion à laquelle j'avais survécu n'était autre qu'une métaphore. Une sombre comparaison à la vie que je menais et qui, à ce moment là, avait implosé. Bien que je ne le savais pas à l'époque, Aiden ... Aiden avait disparu. Notre relation avait pris son poids sur lui, et lorsqu'enfin, j'avais pu signer mes papiers de décharge, je me suis retrouvé face à un appartement à moitié vide. Et une lettre. Mais ça, nous n'y sommes pas encore. J'avais été endormi pendant une durée de trois semaines ... 'Endormi'. Les médecins peinaient à garder mon corps en vie, et si ce n'était pour l'argent de ma mère, j'aurais déjà rejoint l'autre monde ... Je croyais que ça ne choquerait pas grand monde. Personne n'avait réellement su s'attacher à moi, à UCLA. Mes études et mon couple avaient tellement pris les devants que j'en avais oublié ma vie sociale ... Et lorsque j'ouvris finalement les yeux, je m'attendais à voir un plafond. Et une salle vide. Je n'avais pas immédiatement compris où j'étais, ni pourquoi ... Ni même, encore, pourquoi Roxanna L. Blackburn était assise dans un coin de la salle.

- Je ... résonna ma voix rauque. Et puis, je ne prononçai pas un mot de plus, incapable de trouver des mots à dire.

Je me demandais bien pourquoi cette blonde, sympathique, certes, mais qui ne me connaissait pas plus que cela, avait décidé de veiller sur moi, tel un ange gardien, pendant mon sommeil. Combien de temps étais-je resté endormi, par ailleurs ? J'avais prononcé un mot. Un faible mot, de ma voix cassée et fébrile ... Et immédiatement, elle était là, à mes côtés. Elle me fit comprendre que je devrais me taire. Elle me dit Chut. Tandis que je vis son doigt s'écraser contre un bouton qui, sans nul doute, alerterait l'une des autorités médicales de mon changement de situation (de comateux à vivant, par exemple), elle s'assit, afin de me faire un sourire. Mais je ne comprenais toujours pas exactement tout ce qui se passait là. Elle me sourit, et je me demandais comment j'avais bien pu atérir ici. Puis, je me remémorais l'accident. Enfin, l'attentat. Les flammes, l'orange vif ... Le vacarme et la douleur. Elle me dit bonjour, et je tentai, tant bien que mal de lui répondre. Ouvrant lentement la bouche, j'essayais d'émettre à nouveau un son, quelque chose. Mais rien ne sortait. Comment est-ce qu'on pouvait oublier comment dire bonjour ? Affolé, je la regardais dans le blanc de l'oeil. Qu'est-ce qu'il m'arrivait ? Pourquoi est-ce que je ne pouvais plus parler ? Ne venais-je pas, à l'instant, de prononcer un "je" parfaitement audible ? Que m'arrivait-il ?