Est-ce-qu'elle va me tuer ? Ohhhhh que oui ! Assurément ! Je ne la connais que trop bien pour savoir que ce que j'ai fais aujourd'hui ne lui plaira guère. Mais qu'est ce que tu as foutus Alan ? C'est surement ce que vous attendez impatiemment de savoir. Disons que nous avions prévus de nous retrouver ce matin, dans le centre-ville de Tokyo. Mais c'est de la faute de The Last of Us 2 ! J'y ai joué toute la nuit et après, j'ai même regardé ce genre d'émissions complètement stupide des japonais. Ils sont dans des auto-tamponneuse bizarre et partent à l'assaut d'un château. Malgré tous mes efforts, je ne suis pas parvenus à comprendre les règles du jeu. La barrière de la langue surement.

Mais jusque-là, aucun soucis me direz-vous n'est-ce-pas ? C'est une autre histoire quand on ouvre les yeux, qu'on attrape son téléphone et qu'il s'affiche 18h00 sur l'écran. "Meeeerde !!!", que je lâche, me levant d'un saut de mon lit, ignorant les nombreuses notifications d'appels manqués et de messages d'une Ruby qui doit vraiment faire la gueule à l'heure actuelle. Une douche plus rapide que l'éclair, je m'habille tout aussi vite et sort de ma chambre en courant, espérant que le déo fera son effet et que je ne puerais pas la transpiration en arrivant à la chambre de la demoiselle. Malheureusement pour moi, nous ne partageons pas le même hôtel, j'ai environ 2km de footing à faire pour rejoindre l'adresse qu'elle m'a donnée hier soir sur WhatsApp. Je manque de faire écraser par une voiture et renverse un vieil homme en vélo sur le chemin, vieil homme que je salue à la manière asiatique, mais que je n'aide même pas à se relever. Désolé mec, mais je suis pressé moi, je vais pas juste au marché acheter mes mandarines.

Dans un temps qui tutoie sans le moindre doute le record du monde, je parviens à son hôtel et me glisse dans l'ascenseur dont les portes étaient en train de se refermer, bousculant les gens déjà à l'intérieur. "Vous pouvez appuyer sur le quatrième étage ?", demandais-je. Non ? Personne ? Je bouscule donc encore plus les gens présent et atteint le bouton avec un gros quatre écrit dessus. Je parviens après quelques minutes d'attente devant la porte de la chambre de Miss Rupert. Reprenant un souffle, je soupire un bon coup pour me donner du courage, m'apprête à frapper et c'est à ce moment précis que la porte s'ouvre. Alors ? Vous en pensez quoi les gars ? Je suis dans la merde ou pas ?  

La journée était actée et en bonne reine de l’organisation, qu’était bien plus accentué par la découverte d’un pays, j’avais tout millimétré, à la seconde près. Ou presque. Mas quand bien même tout était prévu, c’était le regard sur la montre, en plein centre-ville de Tokyo, ou l’effervescence des habitants semblables à des robots, retenait finalement mon attention. J’étais restée pratiquement une heure, déambulant sur la place ou nous avions rendez-vous, avant de me rendre à l’évidence. Plusieurs appels, restés sans réponse, sans oublier la messagerie remplie de plusieurs salves de mécontentement et d’injure. Alors nous en étions là maintenant ? Après des mois de galère à se contenter des messages, je passais après tes imprévus ? Tu te rendrais vite compte que ce n’était pas la colère qui m’habitait présentement, mais plutôt la déception. Je retournais sur mes pas, retrouvant ma chambre d’hôtel, pour récupérer du Jet lag. J’étais à peine en train d’émergeer quand tu faisais cogner ton poing contre la porte – enfin si s’était toi – mais je connaissais que peu de monde sur Boston et Cambridge, et bien plus des hommes de passage dans mon cœur, que des amis Je me redressais, jetais un coup d’œil dans le miroir à côté de la porte avant d’entrouvrir cette dernière et me décaler directement pour te faire entrer. Je n’étais pas le genre de personne qu’aimait s’afficher en public. Tu pénétrais à l’intérieur de mes quartiers temporaires, refermant la porte derrière toi. « T’as une bonne excuse au moins ? » Que je pestais avant de me retourner et te faire face. Et je tentais, réellement de continuer de t’en vouloir, mais Alan, tu étais loin d’imaginer à quel point t’étais ma faiblesse. Je le savais pourtant qu’à l’instant ou je verrais ton visage, ma seule envie serait de me blottir dans tes bras et respirer à nouveau ton odeur. « mh.. Viens. » Que je soufflais en entrouvrant mes bras.   

Le regard accusateur de la jeune femme est difficile à maintenir. Comme par le passé, je ne supporte pas de savoir que je l'ai fait chier d'une manière ou d'une autre. Elle me connait, elle sait que ce n'est pas intentionnelle, que je suis le mec le plus maladroit que cette Terre ait connus. Le grand barbu que certains appelle Dieu, il m'as surement finis avec le reste de pâte qui lui restait et il m'as surement trop cuit. Ça donne un mec pas fichus de se plier aux conventions de la société, comme être à l'heure à un rendez-vous, ou ne pas se coucher à 6h du matin quand le rendez-vous est à 10h...

 "Je te jure que ce matin je me suis levé, j'étais en route pour te rejoindre dans le centre-ville mais j'ai vu une bande de connards qui agressait une petite vieille, j'ai volé à son secours et puis... Bon d'accord j'ai joué aux jeux vidéos toute la nuit et je ne me suis pas levé."

A quoi bon lui mentir ? Surtout que le belle a toujours su détecter quand je dis des conneries. Cela dit, pas besoin d'être un génie pour savoir que mon excuse est inventée de toutes pièces. Heureusement pour moi, miss Rupert a du mal à m'en vouloir. Est-ce horrible de profiter de ce pouvoir que j'ai sur elle ? Vous feriez quoi à ma place ? Toujours est-il que présentement, je suis content de l'avoir ce pouvoir, je m'approche et la prends dans mes bras. "Je suis désolé Ruby...", que je chuchote à la jeune femme pour tenter de me faire pardonner. Reculant un peu ma tête pour regarder la demoiselle dans mes bras qui lève les yeux vers moi, je lui dis: "Tu me fais un beau sourire ?", les deux pouces qui viennent étirer les lippes pour forcer ce sourire. Mais il est quand même bien plus jolie quand il est naturelle. "Tu sais quoi ? On va sortir quand même !", laissais-je entendre comme si c'était une idée sortis de nulle part alors qu'en vérité, j'ai une petite idée derrière la tête.

Mes yeux bruns devenaient rapidement ternis par la déception lorsque tu arrivais. Non pas que j’étais en colère, parce que d’une certaine façon, je ne pouvais pas t’en vouloir de m’avoir posé un lapin, mais je méritais au moins des explications, non ? Dos tourné, je haussais les yeux vers le ciel en entendant ton récit, monté de toute pièce, avant que de toi-même tu te confesses. Petit sourire en coin que je dissimulais avant de finalement me retourner et te faire face. Et.. Tes petits yeux, ils avaient raison de moi. « Tu gagnes un point pour l’originalité et un autre parce que c’est une bonne excuse venant de ta part » Pouffas-je avant d’entrouvrir mes bras et te demander de venir. Parce que malgré tout, malgré cette petite erreur, je ne pouvais pas t’en vouloir. Quand bien même ça m’avait peiné sur le coup, je savais que ce n’était pas réellement volontaire de ta part. T’étais rapidement absorbé par tes jeux vidéo. Tu t’approchais doucement, pour finalement glisser ton buste contre le mien et se lover dans les bras l’un de l’autre. « C’est déjà oublié. » La paume de ma main passant doucement le long de ton dos, appuyant mes propos. Mon regard finissait par croiser le tien quand tu reculais doucement ton visage pour m’observer. Les commissures de mes lèvres s’étiraient sous le geste de tes pouces, finalement amusé, que le sourire devenait bien plus naturel. Je clignais doucement des yeux, détournant le regard pour m’extirper et faire les cent pas à l’intérieur de ma chambre. « Et tu veux faire quoi ? Non mais parce que je viens juste de me réveiller… » Passant doucement mes mains sur mon tee-shirt. « J’suis même pas présentable. » Mais toi tu m’avais vu dans tous mes états. « Au pire, on s’en fiche, laisse-moi juste trouver mon sac. » J’avais juste hâte de profiter de cette soirée avec toi, à défaut de la journée.

Un jour, j'arriverais à ne pas la décevoir comme je le fais si souvent, comme je le faisais si souvent même. C'est tout moi, les gens qui m'accordent leurs confiances, et je finis par les blesser. Parce qu'elle a beau ne pas me le dire, me caresser le dos en me signifiant que tout va bien, je connais bien assez la jeune femme pour savoir que je lui ai fait de la peine aujourd'hui. C'est pourquoi je suis bien décidé à me rattraper, comme toujours. S'il existait un métier qui consistait à recoller les morceaux, je serais surement un maître dans l'art.

"Fous toi de ma gueule ! T'es très belle comme ça !"

Pas besoin de quelconques artifices, le naturelle de Ruby surpasse de loin certaines demoiselles qui se maquillent pour "essayer" de cacher les défauts. Ceux de mon premier amour, c'est ce qui fait tout son charme. Ses défauts sont en vérité sa perfection. Pour la destination, je garde le silence, non pas parce que c'est une surprise, mais parce que je suis en totale improvisation. Je ne sais même pas où on va. Mais le mystère nous réserve parfois de belles surprises n'est-ce-pas ? La preuve, au bout de quelques minutes de marche aux côtés de celle que j'appelais autrefois ma chérie, nous parvenons à un endroit fabuleux que je n'aurais surement jamais trouvé si je l'avais cherché. Un parc qui semble parfait pour passer la soirée avec Ruby. "Tu vois ? Je connais Tokyo comme ma poche moi !", ironisais-je alors que je n'ai jamais foutus les pieds ici. Une chose est sûr, je ne pouvais pas rêver d'un cadre plus idyllique que celui-ci pour des retrouvailles avec miss Rupert.

Si seulement tu pouvais te voir, de la même façon que moi, je pouvais te voir… Mains glissées doucement le long de ton dos, dans le but de te rassurer, je n’arrivais pas réellement à t’en vouloir. Pas pour ce genre de chose en tout cas. Je t’avais apprécié, t’accordant dans un premier temps, mon amitié puis mon amour, tout en sachant comment t’étais. Alors oui sur le moment, en plein Tokyo, je m’étais senti esseulée, mais j’avais profité de ton absence pour récupérer du jet lag. Encore légèrement dans le flou après un réveille éclair, retrouver tes bras, me suffisait à être de bonne humeur. Maintenant à bonne distance, pour ne pas retomber pour toi, j’me regardais brièvement dans le miroir, plaisantant sur mon apparence, avant de finalement me raviser. Qu’importe le regard des gens, je me devais d’apprendre à ne pas me faire apprécier pour mon physique, mais pour ma personnalité et toi… Tu connaissais tout de moi. Rose aux joues qui montait en t’entendant me complimenter, je restais persuadée que tu manquais cruellement d’objectivité, mais soit, ça faisait toujours plaisir. « Merci mh.. » Que je soufflais en regardant à travers le foutoir de ma chambre, pour trouver mon précieux. Une fois dehors, et après quelques minutes à plaisanter, on tombait nez à nez avec un parc et après un rire à ta remarque, j’enroulais mon bras autour du tien, t’approchant un peu plus de moi, pour pénétrer dans le parc. « Bien sûr, tu as prévu tout ça dans l’un des nombreux rêves qui a suivi ta nuit blanche ? » Pouffais-je, avant de tourner doucement la tête vers toi et te sourire. « Tu sais t’y prendre pour me faire craquer de toute façon. » Mes yeux regardaient à droite, puis à gauche, ne sachant pas ou les arrêter, tant tous les recoins de ce petit paradis sur terre attiraient mon attention. « Ça m’fait penser à central parc, mais en plus beau. » Souvenirs de nos nombreux moments ensembles.

Elle n'est pas folle Alan, et elle n'est pas assez stupide pour croire que tu as prévus tout ça depuis le début, que tu connais Tokyo comme ta poche comme tu t'amuses à le prétendre. Sa remarque me décroche un sourire alors que son bras s'enroule autour du mien. "Bah évidemment ! Je rêve de toi chaque nuit Ruby !", que je laisse échapper alors que dans son esprit, cela pourrait parait plutôt glauque comme déclaration. T'en connais beaucoup des gens qui rêvent de leurs exs petite-amie alors qu'ils ne sont plus ensemble ? Ouais, définitivement c'est un peu bizarre comme délire Alan...

"Je te fais craquer là ? Encore ?"

Question quelques peu dangereuse mais surtout, réponse que je meurs d'envie d'entendre ! Quoique, je peux me prendre le plus gros stop que l'humanité n'ait jamais connus si jamais elle me réponds que je ne lui fais plus le moindre effet. Les iris de la belle qui fuient, qui regardent les alentours et qui compare cet endroit à Central Park. Stratégie intéressante, mais qui ne viendra pas à bout de la ténacité du grand Alan Landrum. "Alors ?", que j'insiste dans un rire pour savoir cette réponse. Tu le sais que je suis curieux pourtant, qu'il ne faut pas me laisser des indices tels que ceux là, sinon je creuse pour en savoir plus, jusqu'à ce que j'obtienne ce que je veux. "Si tu me donnes une réponse, je t'offre un truc à manger dans chaque stand de bouffe qu'on croisera dans ce parc !", tentais-je d'acheter celle dont mon cœur s'est épris en premier. Glaces, sushis, sashimis, insectes grillés, même du chien peut-être, tout ce que tu veux si tu me donne une réponse.

Je connaissais ta façon d’agir et parfois, j’entrais dans ton jeu, quand d’autres fois, je m’amusais à te contrarier un peu. Taquins, l'un envers l'autre, ce petit jeu ne cessait jamais, pas même après notre rupture, réalisant que la distance, allait être difficilement supportable avec les études supérieures. Mes prunelles, déviaient jusqu’à toi, intriguée par tes mots. « Je le savais, je marque les esprits. » Petit sourire en coin, je préférais regarder les lieux que de m’engouffrer dans une conversation sur l’état de notre relation et qui me ferait perdre mes moyens. Mais tu semblais ne pas être du même avis que moi, tiquant sur le choix de mes mots pour les retourner contre moi. Mes yeux roulaient doucement, pour fuir la question, parce que tu la connaissais déjà la réponse, pas vrai ? « Mh.. » Que je soufflais, avant de pointer du doigt un beau cerisier en fleurs et de comparer les lieux à Central Park que tu m’avais aussi fait découvrir dans le passé. « Alors… J’ai raison, toi aussi, tu trouves que c’est plus beau ? » Que j’insistais aussi, sourire aux lèvres. Mais t’étais du genre tenace, plaçant la bouffe dans l’équation et… J’aimais manger, mais au point de te dévoiler un bout de mon esprit torturé ? À quoi bon parler de ça, à part compliquer un peu plus les choses ? « Si je réponds, t’arrêteras d’insister et en plus, tu vas remplir mon estomac d’ogresse, c’est un deal tentant… » Je gratouillais le sommet de mon crâne de ma main libre avant de chuchoter doucement. « Oui. » Ce n’était pas un secret, ce n'étaient pas les sentiments essoufflés qui avaient eu raison de nous, ou le manque d’attirance, au contraire. « Du coup, je veux des mochis, je les ai bien mérités. » Et ça évitait le blanc de ta non-réponse aussi.