Tu textes immédiatement Jackson. Envie pressante, trop pressante pour qu'elle attende. De toutes façons t'attends jamais toi. T'as la vilaine habitude de foncer tête baissée pour regretter tes actes par la suite. Tu réfléchis à l'envers, enfin tu réfléchis pas du tout, t'agis seulement et t'observes les conséquences en essayant de te faire petite quand elles sont mauvaises. Mais rien de bien dangereux pour aujourd'hui, juste une pulsion. Tu veux peindre. Déçu hein. Ouais non les pulsions assassines c'est pas ta spécialité. Les corps tu ne les décapites pas, tu préfères laisser glisser ton pinceau dessus, délicatement, sensuellement, férocement, brutalement, suivant ton humeur. Le laisser recouvrir chaque parcelle d'une fine couche colorée, en empruntant le chemin de l'imaginaire. Le chemin des artistes, ouais t'as la prétention de t'autoproclamer. Véritable artiste, comme ton frère, à croire que c'est génétique. Tu t'exprimes aussi souvent sur du tissu classique, blanc, inerte mais le corps humain reste ta meilleure toile et t'aimes particulièrement celui de Jackson en ce moment. D'où sa venue. Tu ne lui as pas précisé pourquoi tu l'as contacté mais il doit s'en douter. Tu lui as aussi parlé d'une surprise, il y en a bien une, à lui de la mériter. Mais il n'est toujours pas là. T'as peut-être le temps de prendre un bain avant qu'il arrive. Faux. C'est confortablement allongée dans ta baignoire avec Roger ton canard en plastique que t'entends des coups à la porte. Tu sais pas gérer ton temps, à rajouter sur la liste de tes jolis défauts. Oui j'arrive ! que tu cries. Menteuse. Là où n'importe qui se serait empressé d'enfiler une serviette et d'aller ouvrir en manquant de se casser la gueule, toi tu prends le temps de sortir de ta baignoire et de te sécher tranquillement. Tu ne fais qu'appliquer ses conseils : te faire désirer. "C'est la base" Après quelques minutes, tu salues Roger de la main et quittes ta salle de bain vêtue d'un t-shirt trop grand, les cheveux légèrement mouillés. Et c'est seulement maintenant que tu te décides à ouvrir la porte, sourire joueur plaqué au visage.

Tu danses avec les flammes. Quelque part qu’est-ce que tu fous en ce moment ? T’en sais fichtrement rien. Tu critiques Aidan et les aléas dont il est victime (parce que l’amour est une affliction a tes yeux) mais en soit qu’est-ce que t’en sais ? Rien.  Le couple. Étrange idée, Bizarre valeur dont tu ignores tout, Jax. Pour dire vrai, l’idée te parais totalement dénué de sens. Saugrenue, même. Toi qui n'avais jamais envisagé la chose, ne t'étais jamais figuré que ça pouvait arriver. Et pour cause, toutes les fois où tu l’as été, n’étaient que pur simulacre, tromperie – bref ca te sidère ce concept. Toi tu préfères flirter, jouer avec passion jusqu’à la consumer totalement. Et d’ailleurs pour le moment tu préfères texter avec May’, parce qu’au moins elle t’empêche de trop réfléchir. De si oui ou non, la vie mérite d’être vécu à deux... Parce que ouais, les romances, c'était bien dans les comics, dans les livres, ou même les films... Mais, pas pour toi. Alors, tu réfléchis longtemps, assis sur une chaise, à contempler la couverture d'un livre sans l'ouvrir. Des interrogations pleins la trogne, des clignements de yeux lents et répétés. Diable que ca te les brises de penser à de tels sornettes. A tel point que tu finis par aller voir sur le Saint Internet. Savoir comment faire, comment agir, les choses à mettre en place ou non. Et t’es bien forcé de constater que toute notion de sexualité est rejetée, que le sexe n'est pas du tout gage de valeur dans l’histoire.
Ca finit par te casser les couilles, de tel sorte que tes doigts s'agitent rapidement, sur l'écran de ton portable, patientant quelque peu dans son monde, avant d'enfin réagir à la réponse. Sans en dire vraiment plus, l'invitation est assez inédite pour que tu te questionne. Une fille t’invite, tu réponds oui. Sauf si elle est pas à ton goût, auquel cas tu délègues à un autre.  May ne te laissant pas indifférent tu va pour se préparer, te faire beau comme pour les dates importants, parce qu'ils disent de bien s'habiller sur le site. Un sms, pour prévenir que tu mets les voiles, avant de t'en aller.
Et moins d’une vingtaine de minutes plus tard, te voilà qui te présente à la porte, enfin, de Mayssa – trois tocs qui résonnent, avant que tu ne cesses et attende la belle. Tu attends qu’elle arrive et te rends même compte qu’elle met d’ores et déjà en pratique ton conseil. « Tout ce temps, pour même pas mettre de pantalon ? T’abuses May’ » dis-tu sourire carnassier en coin. Oui t’avais reluqué. Après tout t’étais un mec.

Sa remarque te fait rire. Œil expert, détail immanquable, tu savais bien. T'aurais pas fait exprès ? Ton regard change soudainement. Sauvage, brûlant. Tu réveilles la comédienne qui sommeille en toi. L'envie de t'amuser un peu, la situation s'y prête. Un pas vers Jackson, le seul qui vous sépare. Tu lèves la tête pour accrocher son regard. D'ailleurs il va aussi falloir que tu retires le tien, et ton haut avec. Sourire ravageur, t'accompagnes tes derniers mots en soulevant le bas de son t-shirt, laissant seulement tes doigts effleurer sa peau. Fausse tentatrice. T'es plutôt bonne dans ton rôle et tu n'as toujours pas fini. Je pense qu'on ferait mieux d'aller dans ma chambre... Phrase en suspend, ça sonne presque comme un supplice. Tu sais très bien à quoi il pense. Une chambre, pièce trop souvent assimilée à la luxure, lieu charnelle. Rien de tous ça pour aujourd'hui. Il risque d'être déçu. A moins qu'il ait deviné ton petit jeu. Si t'avais voulu d'un plan cul, ce n'est pas vers lui que tu te serais tournée en premier, malgré ses incroyables performances dignes de figurer dans les plus grands livres d'histoire du monde. Non tu l'apprécies trop pour le réduire à un simple bout de chair. Tu lâches son tissu pour attraper sa main et le tirer avec toi jusqu'à ton repère, ton atelier. La porte s'ouvre, vous entrez et tu te retournes vers lui. ...Parce qu'on va faire de la peinture ! Fin de la représentation, tu peux laisser ton actrice se rendormir tranquillement. Des tubes de peinture partout, des pinceaux qui trainent, t'es bordélique et t'as chambre n'a rien de la chambre rouge de Christian Grey. Tu guettes sa réaction, t'espères qu'il n'est pas trop frustré. Le cas contraire, tu comprendrais très bien pourquoi. Mais tu te veux rassurante. Aller, ça va être cool aussi. Pour toi oui en tous cas. T'as hâte. Hâte de donner le premier coup de pinceau, première trace libératrice. Par contre il va vraiment falloir que tu te déshabilles. Ouais pour le body-painting c'est quand même conseillé.

Tu te prêtes au jeu de la séduction. Tu savais même pas qu’elle était intéressé par toi et encore une fois tu spécules. Mais après tout avec le minois que t’avais… tu peux pas vraiment lui en vouloir. Prédateur - tu l’as dévore du regard, tu t’imagines l’a possédé pendant l’acte. Elle le sait pertinemment que tu ne pense qu’à ça quand tu poses ton regard sur elle, quand tu laisses sa main se balader librement sur toi. Cette situation te fais saliver depuis trop longtemps ; tu ignores d’ailleurs comment tout cela a pu arriver. Mais peu importe ce n’est pas le genre de pensée qui te fait ralentir - libre arbitre inutile, qui ne te prendra pas aux tripes. « Je te connaissais pas aussi entreprenante. » Tu laisses planer le suspens dans l’atmosphère, ton t-shirt ne tarde pas à rejoindre le sol. T’es chaud comme la braise, prêt à jouer le rôle de l’amant. Mais tu déchantes rapidement quand tu finis par te rendre compte de la supercherie. Toi qui était à deux doigts de te séparer de ton fut, t’es marqué par la gêne ou même le dégoût. Ouais non les deux. T’as juste envie de ramasser le tout et de faire machine arrière. malaise qui te noue un instant l'estomac. le rejet ? tu connais que trop bien cette sensation mais t’aimes pas qu’elle se soit joué de toi et tu lui feras payer en temps et en heure. Situation auquel t'es pas habitué. mais tu effaces le tout d'un clignement de paupière Jax, parce que t'es pas de ceux qui pensent mille ans, t'es pas de ceux qui analysent. et tu finis par pénétrer dans l’antre de la divine comédienne. « Putain et dire que j’ai signé pour ça… » Tu jettes un œil à la pièce où traîne tout son matériel et tu finis par te laisser aller t’façon t’étais déjà là alors bon. « En plus de m’avoir couillé, t'es une hôte d'merde en plus ». tu grognes sans aucune animosité, de l'humour à peine dissimulé. regard par dessus l'épaule. « on fait quoi du coup ? » Tu balances le reste de tes fringues où ça tombe, de toute manière c’est elle qui rangerait.  Corps libéré - te voilà tout congestionné en tenue d’adam et êve.