- Yuqi, c'est la fille qui est née à la mauvaise époque. Elle, elle a des idées utopiques, persuadée que le monde peut changer. C'est l'aînée, la chiante, celle qui croit qu'elle peut faire la loi à la maison. Elle a du caractère mais jamais elle contredit son père ni sa mère. Mais sa sœur oui. Yuqi, c'était l'enfant souriante et amusante et pourtant si solitaire qui aimait pas aller à l'école. C'est celle qui n'a jamais rêvé d'aller à Harvard parce que les études c'est trop dur.
- Yeji, c'est sa petite sœur. Son petit babouin, son petit trésor. Yuqi passe son temps à l'enquiquiner, la faire râler et pourtant, à la protéger des autres. Elle n'hésite pas à aller casser des bouches si on l'embête, si on la fait pleurer, parce qu'il n'y a qu'elle qui a droit de le faire. C'est sa sœur à elle pas aux autres. Si ses parents lui ont donné, c'est pour qu'elle s'amuse avec elle. Même si elle l'embête, elle l'aime sa petite sœur, sa petite musaraigne. Elle veut la voir réussir, elle l'encourage et la pousse. Elle la veut meilleure qu'elle.
- Elle n'aime pas les problèmes Yuqi et pourtant, elle s'y fourre toujours. Parce qu'elle aspire à jouer les héros pour sauver des gens, des vies. Elle voudrait un monde parfait, pour sa Yeji. Un monde sans violence, sans morts, sans racisme. Une utopie qu'elle sait qu'elle ne verra jamais mais c'est comme ça la vie non ? Sûrement. C'est moche et c'est triste.
- Elle a tapissé les murs de sa chambre de multipples photos de voyages. Des photos qu'elle découpe dans les magazines Geo. Ceux qu'elle achète avec l'argent qui lui fait office d'argent de poche. C'est pas fameux, c'est pas beaucoup mais elle s'en fiche, c'est assez pour décorer sa chambre. Elle aime les destinations qu'elle voit, elle commence à se forger un petit  chemin. Un chemin qu'elle voudrait peut être faire à pieds. Irlande, Brésil, Japon, Chine, Russie, Canada. Il y a tant à voir dans ce monde.
- Quinze ans. Elle est rentrée le nez en sang, la lèvre éclatée et trois côtes fêlées. Elle a vu l'horreur sur le visage de sa mère, l'incompréhension sur celui de son père. Elle n'a rien dit. Elle a menti. Rater une marche dans les escaliers du métro, c'est vraiment trop bête non ? Avec insistance, elle a repoussé sa mère jusqu'à s'enfermer dans la salle de bain pour se soigner elle-même. Le reflet que le miroir lui renvoie c'est bien ce qu'est le monde. Elle voulait simplement défendre une fille qui se faisait agresser, simplement la voir rentrer tranquillement chez elle. Des insultes crues ont fusé avant que les coups n'arrivent. Ce n'est pas tant la violence physique qui l'a choqué mais bien le racisme. Elle est américaine, merde !
- Les potes, les sorties et Chinatown, l'endroit qu'elle préfère. Elle a seize ans, elle peut travailler mais pas trop tard. Dans sa chambre, elle a pris une grande jarre en verre blanc sur laquelle elle a collé une étiquette « voyage ». Chaque pourboire qu'elle reçoit, elle les glisse dedans. Mais déjà, elle pioche dans sa réserve pour offrir un cadeau à sa Yeji. Parce qu'elle le mérite, parce qu'elle grandit et que c'est son anniversaire.
- Yuqi elle est accro aux soirées. Elle adore être partout, elle avec les riches qui voient bien qu'elle ne l'est pas mais ils n'en parlent pas. Elle va squatter où elle peut aller, avec sa fausse carte d'identité. Celle où elle dit qu'elle est majeure alors que c'est faux, payée de sa poche auprès d'un mec du restaurant où elle travaille. Plus vraie que nature, poussant la sienne, la vraie, devant les entrées des soirées, des boites de nuit. Vivement la majorité pour ne plus avoir à mentir.
- Elle n'a jamais touché à la drogue, pas même douce. Elle n'aime pas ça, elle n'y trouve pas d'intérêt. Elle boit, à outrance. Toujours trop. Elle a souvent des trous noirs de ses soirées, elle se retrouve dans des lits qu'elle ne connaît pas, aux côtés d'hommes dont elle n'arrive pas à se rappeler les prénoms. Elle s'éclipse en catimini le plus rapidement possible, priant pour qu'il ne se réveille pas, pour qu'elle n'ait pas donné son numéro. Elle ne compte plus le nombre de culottes qu'elle a perdu.
- Elle a aimé une fois. Une seule. Un petit mec, sympa. Son petit blanc comme elle aimait l'appeler. Un mec qu'elle a aimé quand elle avait dix-sept, profondément. De toute son âme. Elle avait espéré plus qu'une simple amourette. Au final, elle a été trahie. Trahie par ce mec qui a fini dans les bras d'une autre. Qui lui a simplement dit qu'il la préférait l'autre et qu'elle, elle n'était qu'un passe-temps, une salle d'attente. Au fond, Yuqi elle a fini par fermer son cœur aux mecs parce que c'est nul de souffrir comme ça pour eux.
- Yuqi, elle l'adore son prénom. Elle l'adore parce que ça rime avec Cookie. Et que les cookies c'est super bon. Mais aussi, parce qu'elle est toute sucrée Yuqi et que, comme le chocolat, elle sait remonter le moral. Tous ses proches l'appellent Cookie. Sauf peut être Yeji qui lui donne d'autres surnoms moins rigolo. Mais elle s'en fiche Yuqi, elle s'en amuse.
- Elle est née à Boston la jolie Yuqi, elle n'a toujours connu que cette grande ville. Une grande ville où elle aime se perdre, surtout la nuit. Petit papillon nocturne, elle rentre souvent à pas d'heure, posant un petit déjeuner sur la table pour sa famille. Elle aime passer faire un bisou à sa petite sœur avant d'aller dormir. Elle aime la regarder dormir, se dire qu'elle est bien là. Parfois, pas souvent, elle lui glisse un petit cadeau, un petit billet pour sa journée. C'est son bébé.
- D'origine sino-coréenne, elle parle le chinois et le coréen en plus de son anglais. Souvent, elle utilise ces langues pour parler avec ses amis, appréciant que les autres ne les comprennent pas. Elle rit en chinois, pleure en coréen et l'inverse aussi. Et quand elle s'énerve, elle mélange les deux ce qui donnent des phrases assez étranges. Il lui arrive de ne plus trouver ses mots, de se mélanger, de parler anglais et de switcher dans une autre langue parce qu'elle se perd. Ça la fait rire Yuqi.
- Son diplôme de lycée en poche, elle quitte les bancs de l'école. Elle n'aime pas ça, elle le sait. Elle n'est pas faite pour les études et elle aime trop son travail au restaurant. Elle n'en changerait pas. Et puis, son patron est une personne géniale. Alors, forcément, son choix était vite fait. Après tout, elle doit économiser, Yuqi. Pour ses voyages.
- Le dessin. Chez Yuqi c'est un don. Un don magnifique. Elle adore dessiner, les portraits, les paysages. Elle est douée, très douée. Un jour, elle affichera tout ça dans une galerie. Elle aime dessiner partout, avec n'importe quoi. Elle a dessiné pour elle, des tatouages qu'elle n'a pas le courage de se faire. Elle a peur des aiguilles, elle a peur d'avoir mal. Elle a peur de regretter et de mettre ses parents en colère.
- Elle déteste : le racisme, l'injustice, devoir se lever tôt, les garçons qui ne la respectent pas, les gens hautains, la maltraitance animal, les plats trop salés, les films qui font pleurer, qu'on soit méchant avec sa sœur, avoir trop de responsabilités, devoir passer son permis, qu'on la prenne pour une esclave, l'impolitesse, la vue du sang (elle tourne de l’œil), avoir des dettes envers les autres, quand il fait trop froid, ne pas être sous sa couette.
Elle adore : manger, dormir, prendre sa couette pour se mettre dans le canapé devant la télévision, s'allonger au soleil et flâner, les gros rush du restaurant, collectionner les licornes, les paillettes, les vêtements colorés, avoir les cheveux détachés ou attachés en chignon sur le haut de son crâne, les animaux en général, enquiquiner sa sœur, les virer en scooters.