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w/ @Gaïa Murdock

Ce que la vie avait été compliquée ces derniers mois… Trop de retrouvailles et de pertes, de rencontres et de disparitions, d’amour et de douleur. C’était arrivé à un stade où toute sa vie s’était mise en pause. Lui qui avait toujours été libre et indépendant, ne dépendant de personne d’autre que de lui-même et de l’argent qui lui permettait de voyager, lui qui ne s’était jamais attaché à la moindre femme, qui les avaient laissées libres comme les sublimes oiseaux prêts à s’envoler qu’elles étaient, ne demandant en échange que sa propre liberté… Lui qui en ces derniers mois, était tombé amoureux de la femme la plus nocive qui soit, qui lui avait fait miroiter un rêve qu’il ne savait même pas qu’il avait : celui d’une famille heureuse et comblée, d’un mariage et d’enfants. Cette même femme qui avait rompu avec lui "pour le protéger", décidant d’avorter de leur enfant pour finalement se faire assassiner dans une ruelle sombre, laissant le coeur de Mark brisé et béant. Un coeur dont la jeune Yennefer avait pris soin avec une infinie précaution, avec laquelle Mark avait recommencé à espérer même si il savait qu’elle était le plus probablement condamnée à mourir de son cancer du poumon. Et sa fille, Camille, donnée à l’adoption vingt-quatre ans plus tôt qui avait débaroulé dans sa vie, chamboulant – pour le mieux – pour finalement retourner vivre en Angleterre et laisser le vide immense de cette nouvelle paternité avortée…

Ces montagnes russes humaines et relationnelles lui auraient fait presque oublier les personnes qui avait été là, tout du long – non pas celle qui avaient débarquer récemment en foutant le bordel – mais celle qui étaient là depuis longtemps, présentes systématiquement et à tout prix. Elijah, Naëlle,  plus récemment Markus, mais aussi Gaïa. L’adorable jeune femme qu’il connaissait depuis avant même de vivre à Boston. Fille d’une de ces femmes que Mark avait rapidement libéré car beaucoup trop sauvage pour leur bien à tous les deux. Mais il avait eu de la compassion pour la jeune fille qui devait vivre cette relation avec sa mère. Elle était destructrice, et cela ne pouvait pas être un environnement sain pour l’adolescente. C’est pourquoi il était toujours resté joignable pour la jeune femme, voulant qu’elle sache qu’il serait là pour elle, quoi qu’il arrive. Devoir et promesse à laquelle il avait failli ces derniers mois et l’annonce de ce qui lui était arrivé au Spring Break lui brisa le coeur car elle avait bien compris que ce n’était pas le moment de faire appel à lui… Cependant il aurait souhaité néanmoins qu’elle l’appelle, pouvoir être là pour elle. Même si il n’était pas sûr d’avoir pu en être capable mais… qu’elle se soit retenu pour Dieu sait quelle raison l’inquiétait. Il voulait rester ce pilier pour elle, qu’elle puisse continuer à se reposer sur lui. Ce sentiment était peut-être nourri par son envie et son besoin de paternité mais quelle qu’en soit la raison, ce sentiment était bien réel.

Se garant en bas de chez la belle, il alluma une cigarette avant d’envoyer le petit message de sa présence en bas de l’immeuble. Le cul posé contre sa moto, son casque et celui de la jeune femme accrochés de part et d’autre du guidon, il attendait la jeune femme. Quelques minutes plus tard, elle arrive d’un pas rapide et Mark jette sa cigarette en soulevant la jeune femme dans ses bras, la serrant fort contre lui. Elle était comme la filleule qu’il n’avait jamais eue. Pas tout à fait sa fille mais bien plus que simplement la fille d’une ex. « Hey toi… » gronda-t-il doucement en la serrant contre lui, la reposant doucement au sol mais ne la relâchant pas pour autant. Lui aussi, il était ému car il ne se pardonnait pas d’avoir failli à son devoir. « Je te jure, des fois, je m’attends encore à voir sortir la petite ado et puis je me demande qui est cette adulte qui passe la porte… ça fait bizarre, j’te jure » dit-il en se détachant un peu pour la regarder avant de la reprendre tendrement contre lui. « Comment tu vas ? » demanda-t-il doucement. « Ton week-end à Boston a bien commencé ? » demanda-t-il pour ne pas la forcer à entrer dans les sujets trop délicats d’entrée de jeu.

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Evidemment, il n’avait pas fait remarqué le temps qui passe pour dire qu’elle avait vieilli… Plutôt l’inverse même, pour dire que lui vieillissait et qu’elle "grandissait". Elle devenait cette adulte que parfois il avait craint qu’elle ne parvienne pas à devenir tant le destin semblait vouloir lui mettre des bâtons dans les roues. Elle était pourtant merveilleuse, courageuse, et malgré tous les coups et les cris, solide. Savoir que quelqu’un avait profité d’une soirée au Yucatan pour l’agresser lui retournait l’estomac. Si elle avait pu lui dire qui avait fait ça, il aurait rallié les Riding Dead et aurait défoncé ce ou ces gamins. Il lui referait la proposition à l’occasion. Si les Motorcycle Club ne servaient pas à redresser les honneurs bafoués de ceux aimés par les membres, à quoi servaient-ils ? A part rouler à moto, c’était leur rôle principal après tout.

Se rallumant une cigarette, il écouta le récit de son début de journée avec un sourire. « Tu sais que t’aurais pu m’appeler et j’aurais fait une pause dans le taffe pour venir te chercher hein… Faut jamais hésiter, je suis là pour toi, tu le sais hein ? » dit-il avec un petit sourire plein de tendresse pour la jeune femme. Il voulait qu’elle puisse compter sur lui. De jour de nuit, qu’il pleuve ou qu’il vente. Son sourire s’élargit quand un baiser de la jeune femme vint se poser sur sa barbe hirsute.  «  Ah bah la belle Quinn aussi, elle est impatiente de rugir un peu… A part la roulée funéraire pour Yen, ça fait un moment qu’elle a pas faitre autre chose que maison-boulot et puis boulot-maison… » dit-il avec une moue. Mais en même temps, il devait faire tourner la boutique et même si il gérait relativement bien le Holy, ça demandait tout son temps et son énergie. Heureusement il avait un peu d’aide entre la fille de son ancien patron qui l’aidait de temps en temps bénévolement, et sa fille biologique qui viendrait sans doute bosser chez lui le temps de se remettre sur pied de sa démission… la boutique reprendrait un peu vie. Et l’énergie féminine ne pourrait pas lui faire de mal. Bien au contraire.

Une fois sa cigarette balancée dans la poubelle, il sortit le plus petit casque de sous la selle, le tendant à la jeune femme, et remit le sien avec un sourire. Il s’étira un un peu, réajusta ses gants et monta sur la moto avant de tapoter la carrosserie pour dire qu’elle pouvait monter.  « Si t’as le moindre soucis, tu me tapes l’épaule et je m’arrête ok ? » précisa-t-il avec un regard derrière lui. « Prête ? » sourit-il avant de démarrer tranquillement pour laisser la jeune femme retrouver ses repères d’équilibre et de tenue. Progressivement, il put prendre en vitesse. Sa conduite était fluide et il roula un long moment le long de l’eau en évitant les voitures, faisant tourner les têtes parce que sa Harley Quinn était tout sauf discrète avant de prendre la grande route qui dirigeait vers la réserve. Il prit la sortie de la réserve et là, la route se fit moins occupée. Les arbres faisant danser la lumière sur la route alors que l’odeur de la nature se faisait sentir. Les routes étaient sinueuses mais à moto ce n’était pas nauséeux comme en voiture, c’était presque une danse.

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Mark ne pouvait qu’être attendri par la sollicitude de la jeune femme. Ses proches avaient tous été merveilleux pour les dernières semaines de la vie de Yen depuis la mort de celle-ci. Il y avait des coups de main de partout, des gestes et des paroles pleines de tendresse. C’était un vrai bonheur quelque part dans toute cette vague de malheur. Passant son bras autour des épaules de la jeune femme, il déposa un baiser sur son front avec douceur.  « Merci ma puce, tu es adorable... » dit-il avec douceur avant de caresser son dos. Il ne voulait pas pour autant que cela vienne ronger la possibilité qu’elle se confie à lui mais il ne savait pas comment préciser ça sans qu’elle n’ait le sentiment qu’il la force à parler. « Ça veut pas dire que j’ai pas envie d’écouter les histoires des autres, bonnes ou mauvaises… Tout ce qui me sort de ma petite bulle de complaisance me fait du bien... » dit-il en regardant la jeune femme dans les yeux. Les mots étaient sans doute maladroit mais peut-être que ses yeux au moins pouvaient lui dire à quel point il avait envie d’être là pour elle, pour l’écouter, pour la soutenir. Elle était devenue un peu comme sa fille, ou du moins sa filleule… et il ne voulait jamais qu’elle se retienne de lui confier quoi que ce soit parce qu’elle penserait qu’il n’aurait pas envie de l’entendre. « Bon, en selle... » dit-il, se doutant qu’il n’obtiendrait rien d’elle comme ça, sur un coin de trottoir, juste avant leur balade. Peut-être après.

La balade se passa bien même si il eut une petite frayeur lorsqu’elle lâcha sa veste. C’était bête mais lorsque Yen lâchait sa veste, cela voulait dire qu’elle était en train de tomber donc son coeur manqua un battement même si il garda la moto stable par habitude… Il sentit cependant rapidement qu’elle resserrait ses cuisses et qu’elle avait simplement envie de sentir le vent dans ses bras. Il eut un petit sourire en s’apaisant et continua la balade dans les collines de Blue Hills, remontant vers l’endroit le plus proche de sa caravane. Il s’arrêta à l’entrée de la forêt et sourit en se tournant vers elle. « Qu’est-ce que tu préfères pour la suite beauté ? » demanda-t-il avant de garer complètement la moto. « On fait une pause, on boit un café à la caravane et on se balade un peu et on reprend la moto au coucher du soleil pour rouler le long de l’eau quand le ciel est en feu ? Ou tu préfères qu’on continue à rouler maintenant et qu’on se pose à la caravane en fin d’aprem ? » dit-il avec un petit sourire en attendant sa réponse.

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Il était content qu’elle accepte le petit café… car discuter de ce qui lui était arrivé par message était une chose mais si elle voulait lui parler de vive voix, il avait envie de lui offrir une oreille attentive. Ou une épaule. Mais il voulait qu’elle sache que ce n’était pas parce qu’il avait propre drama qu’il n’était pas là pour elle. Il rapprocha la moto aussi près que possible de la caravane même le chemin devenait vraiment trop irrégulier au bout d’un moment. « D’ici c’est cinq minutes à pied… » dit-il avec un sourire avant de descendre et de mettre le casque de la jeune femme dans son siège et de garder le sien à la main. Il passa son bras autour des épaules de la brune et déposa paternellement un baiser dans ses cheveux.  « Je suis vraiment content d’avoir un moment avec toi… ça faisait trop longtemps... » dit-il avec douceur en marchant vers la caravane. Une fois arrivé, il grimpa dans la caravane et alluma la cafetière avant de s’asseoir dans ce qui semblait être un petit boot de diner à l’américaine et de s’allumer une cigarette. Il fumait et buvait trop depuis le décès de Yen, il le savait mais c’était difficile de se bouger le cul seul pour reprendre soin de soi… C’est pour ça que la semaine prochaine il voulait commencer une thérapie de groupe et se soigner enfin. « Tu prends du lait ou du sucre dans ton café ? On peut se mettre dans les sièges dehors si tu veux… » demanda-t-il avec un petit sourire à la jeune femme. Profiter de la nature était et restait encore son petit plaisir. Il s’y raccrochait de toutes ses forces.

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Mark opina. Oui, lui aussi ça lui faisait du bien de se retrouver, de prendre du temps avec elle. Il était très en lien avec son rôle paternel en ce moment et Gaïa, malgré tout, avait quelque chose d’une fille d’adoption quelque part. Et elle, il l’avait réellement vue grandir. : « Absolument, je serais ravi de faire ça plus souvent.  » sourit-il en posant une main dans son dos. Il la voyait encore parfois comme l’ado qu’il pouvait enfermer dans ses bras. Mais elle était grande maintenant, une vraie femme. Une femme avec tous les problèmes d’une adulte… même ceux qu’elle ne méritait pas. Elle ne méritait pas tout ce qu’il lui était arrivé et il était désolé qu’elle ait traversé ça. Il la rejoignit dehors avec les deux cafés et sourit en s’installant près d’elle. Il posa son café sur un tronc d’arbre et s’alluma une cigarette, posant son paquet sur le même tronc avant de récupérer son café. « Tu es la bienvenue quand tu veux quand tu as envie de squatter ma belle, n’hésite surtout pas. » sourit-il en buvant une gorgée de son café avec un sourire. Son chez-lui n’était pas bien grand mais il était toujours ravi d’abriter des gens qui avaient besoin de s’échapper de la ville ou tout simplement du quotidien. « Je sais que j’ai eu pas mal de trucs qui me sont arrivés mais je veux pas que ça t’empêche de me parler hein…  » dit-il doucement, prudemment. Il ne voulait pas la forcer à s’exprimer sur ce qui était arrivé mais il ne voulait pas non plus qu’elle ait le sentiment de ne pas pouvoir en parler à cause de ce qu’il avait vécu. Il lui sourit doucement, avec compréhension. Il était là pour elle, si et quand elle avait besoin de lui.