Les choses sont faciles avec toi, naturelles. On discute sans se prendre la tête, des passions en commun et lorsque tu proposes qu’on se voit davantage, je ne peux qu’accepter. « Avec grand plaisir. » Même si j’imagine que Devon ne verra pas forcément cela d’un bon œil. Peu importe, je tiens à avoir mon indépendance. « J’ai encore beaucoup à découvrir de cette ville. J’ai encore beaucoup à découvrir tout court. Je ris doucement face à ta réponse, tu n’es pas le genre à faire des plans, tant mieux puisque moi non plus évidemment. « Je resterai sans doute dans les parages. » J’ai pas vraiment les moyens de me payer le reste. Même si moi aussi, je ferai sans doute une escapade à New York mais ce sera loin d’être des vacances. « Faudrait pas que tu partes trop longtemps loin de Neal. » Clin d’œil complice et sourire appuyée alors que je déguste ma glace. Ce genre de relation passionnelle n’aime pas vraiment la distance. J’en sais quelque chose.

Ce rendez-vous n’en sera qu’un parmi d’autres puisque nous l’avons décidé ainsi. J’étais friande de ces moments plus légers, un peu hors du temps, un peu hors de nos vies aussi. Et tu viens me questionner sur le temps depuis lequel je suis ici. « Je suis arrivée en novembre. » Pour l’hiver, avant le renouveau et j’ignorais à quel point ma vie s’en trouverait changée. Quoiqu’il arrive, je pense avoir pris la bonne décision de venir ici même si j’avais découvert des choses moins agréables que d’autres. On parle des vacances et de plans pour la suite. « Ah oui il a été blessé ? » Et j’imagine que tu devrais être inquiet. « T’as prévu de partir ensuite ? Je peux le garder à l’œil si tu veux. » Je rigole car je plaisante, mais pas tant que ça en fait, c’est une chose que je serai prête à faire si tu me le demandais.

Je souris alors que tu remets les pièces du puzzle dans le bon ordre. « Exactement » J’étais presque tout juste arrivée la première fois que nous nous étions rencontrés dans le Boston Common. La preuve, je ne connaissais pas même encore Devon. Il était juste une ombre parmi les autres au Nephilim, bien que plus tentante. Mais tout était encore si flou la première fois que je t’avais rencontré. « Et toi Lukas, tu es ici depuis combien de temps ? » Je t’imagine sur Boston depuis bien plus longtemps. Tu m’expliques ce qui est arrivé à Neal et la raison de son opération. « Oh ça a du lui faire mal, ça ira mieux après tout ça. » La douleur était desormais une chose familière pour moi, mais la plupart des gens n’aiment pas ça. Je souris et rigole un peu lorsque tu refuses ma proposition. « Aucun souci. Tu sais où me trouver si tu changes d’avis. » Je sais me faire discrète, je sais ne pas attirer l’attention et je sais rendre service également, toi tu le mérites, mais je comprends aussi que tu lui fasses confiance c’est naturel. « Je vais devoir y aller. » Que j’admets en jetant un coup d’œil à mon téléphone et voyant un certain nombre d’appels. J’en connais un qui va péter un cable autrement.

Tu es arrivé seulement quelques mois avant moi et mes yeux s’arrondissent de surprise, sourire aux lèvres. « C’est marrant, je t’imaginais ici depuis longtemps, tu sembles si à l’aise, tu étais où avant ? » Comme si la ville n’avait pas eu besoin d’être apprivoisée par ta personne. Moi j’avais mis quelques temps à trouver ma place et Boston était toujours moins familière que Boston même si chaque jour qui passe me permet d’être plus à l’aise ici. « Je le plains sincèrement. » Je pense que je pèterai des câbles à devoir rester alitée pendant des jours et des jours, mais c’était pour son bien alors ce serait une bonne chose de passée. Pour lui comme pour toi d’ailleurs. La soirée prend fin ceci dit, mais je sais que nous nous reverrons bientôt. « Entendu, j’ai hâte qu’on puisse remettre ça. » Je me lève doucement avant de prendre les livres dans mes bras et de venir déposer un baiser sur ta joue. « A bientôt Lukas. » Ce n’est que partie remise avant une nouvelle bulle hors du temps, entre nous.

Tu es plein de surprises, ainsi j’apprends donc que tu vivais auparavant en Russie. Cela me parait complètement dingue. « La prochaine fois donc notamment, tu as pour mission de me raconter la Russie. » Mon sourire se dévoile. Je ne connais rien de ce pays sinon par Tolstoï et j’ai hâte d’en savoir plus. On se retrouve finalement dans la rue, mettant fin à cette soirée qui fût si douce et appréciable. Des moments plus doux on en a tous besoin et finalement même moi… « ça marche. » Tiens-moi au courant dès que tu es de retour et disponible. Je t’embrasse rapidement sur la joue , bouquin dans mes mains, avant de m’éloigner et de faire un rapide signe de main au passage. Je sais déjà où amasser ces trésors de notre soirée.