Cela faisait un moment que nous n'avions pas parlé toi et moi. On profitait de notre spring break chacun de notre côté, sans être en contact. Faut dire qu'on a pas été tendre l'un envers l'autre la dernière fois. Toi, t'as coupé court à ce qu'on avait commencé. Moi, j'ai pas arrêté de penser à toi. Le plus triste, c'est qu'il avait fallut de l'alcool dans mon sang pour que ma faiblesse prenne le dessus. Tu me manques Mave. Même si j'oscille entre amour et haine te concernant, il n'empêche que je n'aime pas ne plus t'avoir dans ma vie. J'crois même que c'est pire que de ne pas être là à se cracher des saloperies à la figure. Mes messages sont à la hauteur de ma déambulation. Ma cheville se tord et je termine ma chute le cul dans le sable de la plage. J'suis résignée. Surtout quand je m'allonge et que je me retrouve en face du plus beau spectacle qui puisse exister ; les étoiles brillent ce soir. Le sable est confortable, la petite brise fait un bien fou. Mes pieds ont quitté mes chaussures pour s'engouffrer dans le sol. Je suis sur un nuage et ma vie va déjà un peu mieux quand tu apparais dans ma vision Tenenbaum. Toi et les étoiles. Le cadre est parfait. Mes doigts se tendent dans ta direction, attrape-les s'il te plait. « Allonge-toi avec moi » Ta présence à elle seule, elle prouve que notre choix n'était pas si mauvais. J'suis ivre, certes. Mais j'vais pas regretter demain, promis.

Y’a plus rien qui tient droit dans mon univers. Juste cette spirale sombre et cauchemardesque qui revient se déployer. Les démons sont revenus chuchoter à mes oreilles et y’a rien qui puisse m’empêcher de sombrer quand je suis hanté. Pas même Toi. C’est ce que je m’efforce à croire, c’est ce dont je me persuade quand je baise une autre femme, quand je m’enfile un rail de coke ou que tout simplement, je me confronte à mon reflet un peu trop sali dans le miroir. La vérité, c’est que je ne me supporte plus vraiment, je ne sais même pas comment tu peux t’accrocher alors que tu es bien meilleure sur tous les plans. Mais peu importe, l’alcool submerge mon sang ce soir, même si mon corps tient bon la barre et tient bon le vent. Quelques échanges de texto et Hissez-haut. Je me marre comme un con en te voyant échouée sur la plage. Tu as du bien abusé ce soir mais après tout on est là pour ça non ? Tes messages m’ont fait pensé que peut-être je te manque un peu aussi. Plus assez de folies dans ta vie. Alors me voici. Je m’étale de tout mon long à tes côtés, non sans brutalité, je sais pas faire en finesse quand finalement mes doigts viennent se mêler aux tiens. Diable que c’est doux, diable comme la tendre chaleur qui s’insinue en moi revient comme un refrain familier. Je tourne pas mon regard vers le tien mais vers ce ciel effrontément étoilé, comme pour nous dire que l’amour brille sous les étoiles tu sais. « ça tourne toujours ? » que je demande avec un sourire aux lèvres. Ça a jamais arrêté de tourner avec toi Marla, on monte, on descend et puis on flotte quelque part entre les deux en attendant la suite.

Tes doigts attrapent les miens tandis que ton corps s'effondrent à mes côtés sur le sable chaud. Tu peux pas le sentir, mais mon cœur il s'affole. Ma main enserre la tienne, j'ai peur que tu t'échappes à nouveau. J'veux qu'on profite de la soirée, parce que l'alcool a pris le dessus sur la raison. Tu vois, j'arrive à mettre mes pensées en veille parfois. J'te regarde pas, parce que mes yeux se concentrent sur les étoiles qui tournent au dessus de nous, mais ma tête se pense légèrement, juste pour s'appuyer contre ton épaule. Offre-moi cette pause pour quelques heures, donne-moi de ta tendresse et de ta chaleur et j'te poserais aucune question trop sérieuse. « ça tourne toujours ? » - « Oui, c'est comme une chute libre, mais sur un nuage... » Un peu bizarre comme concept, mais franchement pas désagréable. J'me mets à rire, sans trop de raison, ou peut-être juste parce que la situation est un brin ridicule, enfin, nous j'veux dire. « J'ai envie de retourner le monde, de dépenser toute mon énergie » J'me redresse maladroitement et j'viens me mettre à cheval sur toi, appuyée sur mes mains, de part et d'autre de ton visage. J'me soucis pas un instant du monde qui nous entoure. « J'peux être ton étoile ? » Ma question, elle est déguisée. Elle sous-entend tellement de chose. Puis d'un coup, ma réflexion dévie sur autre chose. « S'tu dis non... je t'enterre dans l'sable » Vivant.

Je vois rien que les étoiles qui n’en peuvent plus de briller pour nos yeux bien trop ivres. Tu sais, je suis pas ce genre de mec à garder ma rancune. Je suis de ceux qui oublient pour mieux recommencer. Et pour toi, je pourrai aisément oublier le mal qu’on s’est fait. Le malaise est plus profond qu’on veut bien le croire, mais l’attache aussi semble-t-il. Mes doigts liés aux tiens, c’est une sensation familière qui vient réchauffer mon sang, un sourire plus large qui découvre mes dents lorsque tu décris ta sensation. « Stylé, tout fluffy et tout ! » J’adore quand on est dans cet état, bon c’est juste la limite, mais tu le sais bien, j’en suis adepte. Et puis t’as l’air carrément bourrée, mais moi j’ai décidé que j’aimais Marla Bourrée. En vrai, je les aime toutes, sauf Marla Rabat-joie. Tu te hisses sur moi, provocant mon rire à mon tour. « Oh y’a une étoile qui brille encore plus là ! L’étoile du nord ? » que je demande tout à coup sérieux.  Je te laisse pas vraiment le temps de réagir quand je te retourne pour te plaquer au sol, plaquant tes paumes contre les miennes, le dos de tes mains contre le sable. Je me penche sur toi, murmurant « Laisse moi-être la noirceur qui la pare. » Parce que pour briller une étoile doit être sertie de ténèbres, n’est-ce pas ? Et face à mon sérieux qui ne dure jamais vraiment, j’arme ma bêtise en venant enfouir mes lèvres d’un baiser sonore dans ton cou.

« Stylé, tout fluffy et tout ! » Mon sourire béat ne désemplit pas. Tu avais compris où j'voulais en venir toi, parce que cette sensation, elle te parlait, tu la connaissais par cœur. Pour ma part, il m'arrivait que rarement de l'embrasser. Peut-être d'avantage ces jours-ci, avec le spring break, mais aussitôt que mon retour sera effectué, je retrouverais mon sérieux pour la fin de l'année scolaire. D'un geste peu assuré, j'me redresse pour venir sur toi, t'arrachant un rire au passage. J'm'attends pas à ce que tu retrouves ton sérieux si vite. « Oh y’a une étoile qui brille encore plus là ! L’étoile du nord ? » J'me retourne, vaguement, pour regarder les étoiles, mais mon état ne me permet pas de saisir de quoi tu parles. Toute façon, l'instant d'après, tu me secoues dans tous les sens. J'étouffe le cri de ma surprise entre mes dents et j'ris comme une dinde quand j'comprends que tu as inversé la situation. T'es sérieux toi pourtant. Tu me bloques. Tu as le dessus sur la situation. Tu t'approches pour me capter. Tu réussis à merveille. « Laisse-moi être la noirceur qui la pare. » Mes yeux dévorent les tiens et avant même que j'te réponde, tu files dans mon cou pour continuer à embrouiller mon esprit. Est-ce qu'on peut rajouter des conditions, crescendo ? « Si je ne peux être la seule, j'veux être la plus importante Tenenbaum. » J'ai besoin que pour moi, tu mettes un peu ton égoïsme de côté. « Tu es la noirceur, j'suis la seule étoile » et c'est important pour moi. J'ai besoin d'avoir un minimum de confiance, d'avoir quelque chose à quoi me rattacher. J'sais même pas si tu m'écoutes, tes lèvres sont trop occupées. Mes mains capturent ton visage pour t'obliger, avec force, à me regarder. « J'sais plus marcher. J'ai bsoin que tu m'portes jusqu'à ma chambre pour faire l'amour » Tu n'es qu'un homme, j'connais les mots magiques pour capter ton attention.

C’est toujours étrange ce qui m’unit à toi Marla. C’est nos reliefs qui s’assemblent, nos lueurs qui se contrastent. C’est un mélange absurde et ça l’a toujours été, mais il fonctionne autant qu’il se déchire. On se rejetait il y a encore quelques jours, mais vois comme on s’attire à nouveau. Comme si on ne pouvait pas s’en empêcher. Comme si on pouvait résoudre l’énigme chez l’autre alors que parfois on est juste trop gênés de nos reflets. Contradictoires mais ensemble. C’est pas comme dans les contes de fées dont on endort les gosses. La parfaite pièce qui nous manquait, le puzzle qu’on assemble d’un simple coup d’index. Non, nous c’est compliqué, c’est parfois si simple puis après dangereusement destructeur. Les angles changent. Et on s’adapte. Moi je cherche plus vraiment à comprendre. Alors que j’inverse notre danse, que je m’étale dans ce lyrisme que j’offre pourtant peu au monde. Je nous laisse divaguer nos relents d’alcool, dans les sentiments qui se dévoilent sans redouter l’offrande, de se voir dénué de carapace face au monde. Face à toi. « Tu l’as toujours été. » C’est l’aveu qui s’échappe alors que mes lèvres explorent ta peau. Je suis de ceux qui s’amourachent, qui s’attachent mais jamais trop longtemps. Toi t’as su lâcher la bride, pour toujours me voir revenir. Je te suis lié quand bien même je voudrais fuir. A la manière de tes mains qui se déroulent frêles mais puissantes autour de mon visage de clown. C’est l’ardeur du charbon qui luit dans mes orbes face aux tiens plus doux mais non moins entêtés. « Tu veux faire l’amour ? » que je peux pas m’empêcher de rétorquer avec un sourire plus large. Je suis juste un mec, un peu trop con pour réfléchir parfois. Mais je me relève, je viens te hisser entre mes bras, c’est pas si difficile même si je tangue un peu entre mes pas. « Tu viens chez moi pour une fois. » J’ouvre pas ma porte, ou bien c’est rare, mais toi, j’ai plus rien à te cacher, plus rien à redouter alors que t’as vu le pire de moi.

« Tu l’as toujours été. » Il ne fallait pas plus de mots de ta part pour m'assommer de bonheur. Malgré l'alcool, les envolées étaient toujours possibles, la preuve étant. Toi la noirceur, moi la lumière. On verra qui de nous deux aveuglera l'autre. Parce que dans mes pires moments, je me savais capable de te rendre fou. Tu le sais, dans les moments bas, ceux où je rechute, j'peux devenir l'ombre de moi-même, capable de disparaitre pour toujours. Si ça faisait un moment que la depression ne m'avait pas saisi, il ne fallait pas pour autant croire qu'elle était définitivement partie. À cette heure bien sûr, entre la pesanteur de l'alcool et celle de l'amour, je me sentais terriblement bien. Assez pour effacer les derniers moments de ma mémoire pour ne garder que le meilleur, rattraper le temps perdu à se fâcher. Mes doigts viennent redresser ton visage déjà trop curieux. Eclipsons-nous Mave. Emmène-moi plus loin, à l'abri des regards et offre-moi un voyage entre tes bras. « Tu veux faire l’amour ? » Je hoche la tête vivement face à ton sourire. Tu vois, ce soir, tu m'éclaires. Comme quoi, il t'arrive de mentir parfois, capable des meilleures choses. Capable de me faire le plus grand bien. Tu te redresses et tu m'aides à en faire de même. Je me hisse dans tes bras et je compte bien ne plus les quitter à cet instant. « Tu viens chez moi pour une fois. » - « Tant d'honneurs » J'ris parce que quand mon sang est mêlé à l'alcool, les rires sont ma nouvelle respiration. La vérité, c'est que ça me fait véritablement plaisir que d'aller dans ton antre. « Et à Boston ? On ira chez toi à Boston ? » Parce qu'il est vrai que je connais déjà l'appartement, mais surtout la chambre de Mikke. Sur la route, j'ris de tes pas maladroits, j'ris à nouveau quand la porte s'ouvre enfin avec difficulté. « C'est comme être sur le dos d'un géant et d'être un hobit » Et j'te lâche pas. T'auras beau vouloir te défaire en m'échouant sur le lit, mes cuisses continueront d'enlacer ta taille.

Deux gamins qui se retrouvent. Ça vaut pas mieux. On oublie nos brouilles, on recommence une nouvelle page. La dernière était trop ratée, bien trop sale, et ce soir on veut juste l’oublier. On sait que ça empêche pas nos différents, qu’ils sauront se remettre sur la route, mais peu importe. J’ai juste envie de te retrouver et toi aussi apparemment. Je suis trop orgueilleux oui, tu as raison. Bien trop pour admettre que tes mots m’ont fait mal, qu’ils étaient vrais, mais surtout que tu m’as manqué. Que y’a le pire de moi qui ressort dernièrement et que t’es la seule capable de gratter encore un semblant de clarté dans tout ce bordel. Je chavire, mes pieds résistant tout de même , toi dans mes bras, pour mieux finir sur mon dos. « Rien de trop beau pour vous Madame. » Sers-moi la tartine, et je suis capable de t’en rajouter deux ou trois couches. T’es jamais venu chez moi oui. Dans ma chambre s’entend, j’ai toujours mis une frontière parce que je savais pertinemment que tu t’étais envoyé en l’air parfois chez Mikke et qu’égoïstement ouais, je voulais pas être juste un nom qui ressemble aux autres. « Si tu veux, mais t’iras que dans ma chambre. » Les choses sont claires, et si tu vas voir d’autres mecs, je crois que je préfère encore l’ignorer plutôt que ça se passe sous mon nez. Je t’entraîne et heureusement, c’est pas si loin. Déjà les bruits de la fête ne deviennent que murmures. « Heureusement t’as pas les pieds poilus comme Frodon. » Manquerait plus que ça, mais honnêtement, je suis même pas certain que ça parviendrait à m’arrêter. J’ouvre ma porte pour laisser voir une chambre dans la pénombre, je n’allume que les lumières basses alors que je te laisse revenir à terre. Je t’enlace, laissant simplement mes lèvres retrouver les tiennes, leur place.

« Rien de trop beau pour vous Madame. » Un sourire béat pour traduire ma bonne humeur au reste du monde. J'étais bien sur le dos de mon géant. Pas besoin de tenir en équilibre, surtout que le monde tournait un peu plus vite que d'habitude. C'était des retrouvailles faciles, mais j'voulais pas te perdre. C'était ça le truc. J'préférais encore mettre de l'eau dans mon vin plutôt que d'imaginer que tu m'oublies dans les bras d'une autre. « Si tu veux, mais t’iras que dans ma chambre. » Il me faut du temps pour comprendre. Ma petite tête est dans la brume là. Ca m'arrange bien que tu ne vois pas ma réaction, mon sourire qui s'affaiblie un peu. C'est la deuxième fois que tu me fais une remarque du genre et il n'en fallait pas plus pour réactiver les pensées que l'alcool avait fait taire. En attendant, je change de sujet. Je plaisante pour camoufler le reste. « Heureusement t’as pas les pieds poilus comme Frodon. » J'ris bêtement et nous voilà arrivé dans ta piaule en joyeux bordel. Les pieds à terre, j'regarde un peu partout jusqu'à ce que tes lèvres s'accrochent aux miennes. Comme dans un automatisme, mes bras viennent entourer tes épaules pendant que je te rends ton baiser. Une Marla ivre est une Marla désinhibée tu sais. Mes mouvements sont sûrs, mon regard est perçant. Mes doigts glissent sous ton t-shirt pour te l'enlever. Mes lèvres dévient sur ta mâchoire, arrive jusqu'à ton oreille. « Ca fait longtemps que tu es le seul » ça m'échappe comme ça, ça ferme la réflexion. Ca faisait déjà un moment qu'on avait rien fait avec Mikke quand il a décidé d'arrêter et en dehors de ça, on était très différent à ce sujet. Moi, j'pouvais pas aller ailleurs.

On est comme ça nous. Capables de nous détruire pour mieux nous retrouver. On a jamais su faire quelque chose de nuancé. D’abord la haine, puis l’amour. Et entre deux quelques tsunamis. Tu m’agaces parfois, c’est certain. Et tes défauts sont les qualités que je chéris. C’est paradoxal et ça l’a toujours été. Mais la vérité, c’est que l’attache entre nous devient sans doute un peu trop solide. L’alcool en excès, ça m’aide à oublier ce fil qui est entrain de se tisser. Je me laisse porter, capté par cette joie de simplement te retrouver. Sur mes épaules, tu deviens ma plume préférée malgré mes pas un peu balbutiants, j’ai cette impression de marcher perpétuellement sur le sable mais finalement la chambre vient s’offrir et je te repose à terre. Je n’aime pas te partager oui, parce que je suis un égoïste, un peu trop fier aussi sans doute, incapable de t’avouer que le reste me parait un peu fade désormais. Tes mains passent sous mon tee-shirt pour découvrir mon torse et mon souffle s’accélère dans ce silence. Mes yeux se posent sur les tiens et j’ai cette sensation étrange au creux du sternum, une pression à la fois douloureuse et douce. « Tu voudrais être la seule ? » que je te demande alors que mes paumes viennent te parcourir à mon tour, que je dévoile le tissu pour mieux explorer ton épiderme, parsemer tes courbes de mes lèvres, passant à genoux, égaré près de ton nombril lorsque mon regard se relève.