ça t'remet à ta place, celle qui est pas la plus confortable. roxane a raison, vous avez rien du couple de tes potes, vous êtes à des années lumières d'avoir vécu l'même conte de fées. et pourtant, à cet instant précis tu l'sais que tu les envies pas, votre histoire à ses défauts et sa base de mensonge, mais quand tu la regardes t'as aucun regret, si c'est pas celui d'pas avoir été avec elle ce soir-là. c'est pas l'moment de parler de ça, tu veux pas la faire paniquer, qu'avec la peur et la douleur qu'elle a déjà, c'pas la peine d'en rajouter une couche à t'lancer dans un débat que t'avais mis sur la table comme ça. t'hausses les épaules en baissant la tête, enfant dont on écoute jamais les idées parce qu'elles sont toujours trop farfelues, irréalisables, des plans sur la comète. j'peux dormir sur le fauteuil dans l'coin, y'a une cafétéria et j'sais que le personnel a des douches, j'suis tellement adorable qu'ils pourront pas me refuser ça. t'es décidé, tu mettras pas un pied dehors si c'est pas avec roxane à ton bras, l'ton que t'emploies laisse aucun doute là dessus. si pendant la catastrophe du métro t'avais eu peur qu'il t'arrive quelque chose et d'plus la revoir, avec son agression tu venais d'passer au niveau supérieur d'crainte, qu'on te l'enlève. je sais, mais- tu lèves les yeux en cherchant tes mots, réprimant un possible retour d'excès d'eau dans ton regard. c'est juste que j'me le pardonnerais pas si il t'arrivait quelque chose. par ta faute ou celle des autres, tu serais perdu sans elle, même si dawie c'est l'mec avec la moitié du campus pour amis, qui participe au plus de fêtes possibles et qui est jamais vraiment seul, roxane c'tait un bout de toi. moi j'me vois plus sans toi, même quand on s'engueule, qu'tu me traites de crétin ou quand tu m'dis que tu veux plus voir ma tête de débile, aussi quand tu m'menaces de venir m'tuer dans mon sommeil. la liste était longue, tu commençais à l'énumérer sans pouvoir cacher l'sourire naissant sur tes lèvres, y'avait que toi pour supporter les insultes à longueur d'journée de roxane et qui les provoquer également, cherchant sans arrêt à la pousser à bout avant qu'elle te retombe dans les bras. j'taime inconditionnellement, ça s'appelle l'grand amour c'est ça ? t'hochais la tête en venant poser ton autre main sur la sienne, roxane ou l'poison qui te faisait sentir plus vivant.

et si roxane était généralement du genre à blâmer tout et n’importe qui, ce n’était clairement pas contre lui qu’elle allait reproduire ce schéma. dawie, éternelle personne qu’elle cherchait à protéger. parfois de façon trop maladroite, très souvent de la mauvaise façon mais qui pourrait lui en tenir rigueur quand elle essayait réellement ? pourquoi faut-il que tu sois aussi têtu ? qu’elle souffle, ses yeux qui se lèvent au ciel, signe de son agacement constant. et bien sûr qu’une part d’elle adorait l’attention qu’il pouvait lui porter à cet instant précis mais.. serait-elle réellement elle-même si elle le laissait à la vue de tous ? pense pas au pire. même si le pire aurait pu arriver la veille. même si elle aurait sincèrement pu y passer. ce n’était pas le cas et aussi incroyable que ça puisse paraître, elle préférait s’en tenir à cette version là. t’es un crétin sears. et parfois j’peux plus voir ta tête de débile. tout comme j’te tuerais un jour dans ton sommeil. t’y échapperas pas. et malgré elle, elle sourit. c’est bête quand on y pense. parce qu’il était vrai qu’elle passait le plus clair de son temps à l’insulter, le gratifiant de nom d’oiseaux et de menace en tout genre dont elle seule avait le secret. pourtant, dans tout le poison qu’elle pouvait déverser sur lui la majorité du temps, il trouvait la force de l’aimer. la force de rester et de supporter chacun de ses caprices. si c’est pas le grand amour, je sais pas ce que c’est. elle avait pourtant sincèrement cru que son grand amour avait été zander. que jamais elle ne pourrait aimer avec la même intensité. puis dawie avait débarqué, balayant d’un revers de main toutes ses convictions. lui prouvant que ce qu’elle avait ressentit par le passé n’était pas à la hauteur de ce qu’elle pouvait ressentir désormais. dawie était son grand amour; personne d’autres. relations futiles qu’elle avait pu connaître avant de découvrir qu’il était possible de donner son coeur entièrement à une personne. tu vois, j’veux personne d’autre que toi. même si un jour tu fais la magistrale erreur de me laisser derrière toi, j’pourrais pas avoir quelqu’un d’autre. sa façon à elle de confesser qu’elle ne pouvait pas vivre sans lui.

l'éternelle dynamique de ce couple improbable, malgré toi et les circonstances, tu peux pas faire autrement d'foncer dans l'tas et d'forcer la main pour avoir gain d'cause. tu la laisses souvent faire, décider de ce qu'elle veut et toi t'es juste là derrière, en retrait à suivre l'mouvement parce que tout t'est égal. pas compliqué l'gamin, où roxane va tu suis, fidèle compagnon à sa botte dans n'importe quel scénario. mais la donne a changée, t'as aussi ton mot à dire, à moins qu'non ? en vrai, roxane elle aurait tous les droits d'te faire virer d'la chambre, d'vouloir son intimité et se reposer sans avoir ton visage à trente centimètres d'elle, les yeux qui osent même plus cligner d'crainte de la louper. mais ça serait dans un monde où t'es pas dans l'excès et où tu respectes les décisions des autres. pourquoi faut qu'toi tu l'sois aussi ? tu reprends l'même ton qu'elle, l'effet surdoué ajouté en prime en la regardant du coin d'loeil. t'es rassuré, t'oublies vite c'ton défaut principal, mais là t'es soulagé d'plus couler comme un robinet mal fermé, c'tait la chose la plus éprouvante que t'avais vécu. tu serais presque attendri de l'entendre te parler comme ça, comme avant, comme toujours. avec roxane tu t'étais découvert d'autres prénoms auxquels répondre quand d'autres auraient vu rouge, toi tu t'contentais d'sourire de plus belle et d'la défier un peu plus à chaque fois pour voir jusqu'où elle irait. l'inépuisable sadomasochiste qui en voulait toujours plus, quelques fois elle avait réussi à t'taper sur les nerfs, et même dans l'pire des cas tu revenais auprès d'elle cinq minutes après. la preuve, t'es là à son chevet alors qu'elle remet une couche sur ton idiotie. hé roxane. tu t'levais pour t'assoir un peu plus proche, paraît que t'as un problème avec la bulle personnelle que chacun doit avoir pour respirer, mais c'est pas l'sujet du jour. tu crois pas que j'laurais déjà fait si j'lavais voulu ? tu baissais ta tête vers elle, faisant abstraction totale de son état, tout c'que tu voyais c'est to roxane, celle qui faisait trembler tout l'monde partout où elle posait un talon. alors enlèves toi ça d'la tête, parce que ça arrivera jamais, faut qu'tu te prépares à supporter cette belle gueule longtemps. tu l'aimes, tu crèves d'amour pour elle. ses airs d'reine prête à partir en guerre d'un instant à l'autre, ses cheveux digne d'un lion ou encore cette bouche pincée qui veut pas s'abaisser à sourire. est-ce que si j'tenlace ça risque de mettre ta vie en danger ? tu poses la question parce qu'avec son état t'sais pas, et à côté d'ça tu peux pas retenir trop longtemps tes pulsions d'la toucher plus.

elle aimait pas ce genre de relation. roxane, elle était pas niaise. elle était pas celle qui faisait des grandes déclarations. alors bien sûr qu’elle pouvait poster des tas de photos pour montrer au monde que dawie était sien mais quand il en venait aux tête à tête, lui dire qu’elle l’aimait réellement était toujours plus compliqué. peu encline à montrer un côté vulnérable. blabla qu’elle rouspète, lève les yeux au ciel, un brin amusée par son comportement. et ça fait du bien en réalité. de le voir là. de l’avoir près d’elle. elle se sent mieux, moins sur les nerfs. elle pourrait pas dire pourquoi il a cet effet sur elle. pourquoi est-ce qu’en sa présence elle pouvait parfois changer du tout au tout. peut être qu’elle avait juste trouvé sa personne ou quelque chose comme ça. hé roxane. relève les yeux vers lui alors qu’il s’approche, hausse les épaules avant de grimacer, bad choice. tu l’voudras peut être plus tard. qu’est-ce qu’elle en sait dans le fond ? elle a pas forcément de conviction dans tout ça. elle sait pas réellement ce qu’il pourrait faire ni combien de temps il restera. ne jamais dire jamais. les promesses n’étaient que futilités. personne n’était jamais vraiment là pour l’éternité. et peu importe combien elle pouvait s’accrocher à tes mots, combien elle voudrait que ce soit réel, personne n’était capable de dire pour combien de temps ça durerait. c’est si tu le fais pas que t’aurais des problèmes répond de son air suffisant, rictus qui se veut être un sourire au coin des lèvres. dans le fond, roxane elle revit à chaque proximité avec lui, chaque moment qu'il lui offre. arrête jamais de m'aimer c'est ça qu'elle voudrait réellement. elle s'en fout des autres, c'est lui qui compte.

dingue, roxane qui se fait mettre à terre et elle arrive encore à avoir l'répondant qui tranche l'air. t'en connais pas beaucoup des gens qui avoir après vécu ça reste dignes et continuent leur bonhomme de chemin tranquille. même toi après l'métro où t'avais eu l'équivalent d'une poussière dans l'oeil comparé à certains, bah t'avais eu un p'tit burnout. t'avais pas eu envie d'rire pendant quelques jours, mais ouais la vie continue et fallait pas s'laisser faire. même en arrivant ici t'avais été liquéfié, incapable d'parler sans créer une nouvelle source d'eau très certainement exploitable pour en faire profiter une ville entière. c'pas de ta faute dada, t'es une montagne d'amour sur pattes, t'es l'éponge qui vient absorber tout c'qui peut couler des autres. toi vois comme ça se contredit, tu viens d'le dire jamais, comme quoi tout est possible. bim bam boum, retour à l'envoyeur avec un revers maladroit et infondé, nul, t'es pas philosophe mais ça fera l'affaire. j'préfère pas prendre le risque alors. tu t'fais pas prier pour l'encadrer avec toutes les précautions du monde, ta joue contre la sienne. tu l'avais vu avant-hier, mais t'y arrives tout simplement pas à t'en lasser. le besoin vital qu'elle soit présente, d'lui parler, d'te faire envoyer chier, votre routine du chat et d'la souris sans jamais que l'un ne s'avoue vaincu. ton visage qui s'enfouie dans son cou quand t'inspires avec sérénité, c'est comme si t'étais d'retour à la maison. c'pas un endroit où tu t'sens bien, c'est quand elle est là que c'est l'cas, peut importe ce qui peut te tomber dessus, tu t'sens fort quand elle est pas loin derrière. promis, mais toi non plus alors. si toi tu t'sens capable d'honorer cette promesse tu t'attends à la réciprocité, ça te serait insoutenable d'la concevoir avec quelqu'un d'autre, mais de toute façon, qui serait assez fou pour s'amouracher d'elle, si c'est pas l'bouffon d'la reine ?