Il est minuit passé. Insomnie quand tu nous tiens. T’es allongée sur ton lit, pot de crème glacée à la vanille sur les genoux et tu pleures toutes les larmes de ton corps devant love actualy pour la troisième fois de la soirée. Tu le regardes en boucle en envoyant des textos à Khaled et ce, jusqu’à exploser ton portable dans le mur. Quelques secondes avant, Basile t’a envoyé un message. Vous discutiez et comme il n’arrivait pas à dormir, il t’a envoyé une photo du berceau en pièces. Tu prends donc ton courage à deux mains et tu sors de ton lit pour enfiler quelque chose de plus convenable que ton t-shirt un peu trop court qui te sert de robe de chambre. Tu prends le premier sweat qui vient, un legging de sport, une paire de baskets et tu sors de chez toi, le moral à zéro. Ça va t’occuper de faire quelque chose. T’as les yeux tout rouge, les cheveux pas coiffés et t’as sûrement un peu de noir en dessous des yeux parce que tu t’es démaquillée comme une merde en rentrant chez toi. La seule chose qui te donnait envie, c’était ton lit. Sauf que tu ne pouvais pas broyer du noir de cette façon jusqu’au restant de tes jours. Tu arrives devant chez Basile et tu toques doucement parce que tu ne sais pas si Louve est là et si elle dort. Tu tentes d’ouvrir la porte mais c’est fermé à clé doc tu patientes.

A une heure aussi tardive de la nuit, la plupart des gens dorment parce qu’ils bossent ou vont en cours le lendemain matin. Toi, ça fait plusieurs jours que tu n’as pas mis les pieds à l’université et tu ne sais pas si tu vas réussir à poursuivre ton année. Tu préfères ne pas y penser parce que tu as assez de problèmes comme ça à gérer ces derniers temps. Vêtue de ton sweat à capuche et de ton legging de sport, tu toques à la porte de chez Basile et Louve. Tu ne fais pas trop de bruit parce qu’aux vues de la grosseur de ta sœur, t’es persuadée qu’elle dort à point fermé. C’est Basile qui t’ouvre et tu souris comme si de rien était alors que ta tête trahit ton état d’esprit. Tu places une mèche de cheveux derrière l’oreille alors qu’il te propose d’aller dormir. Tu secoues la tête négativement. Non, je suis là pour t’aider. Tu hausses les épaules avant de retirer tes baskets puis, fourrer tes mains dans la poche de ton sweat. Tu le suis jusqu’à la chambre du bébé. T’as hâte qu’elle pointe le bout de son nez. T’as déjà regardé la notice ou pas du tout ? Louve aura une belle surprise le lendemain matin en se réveillant.

Tu débarques chez ta soeur au beau milieu de la nuit alors que cette dernière dort. Tu te doutes qu'avec son gros ventre qu'elle doit trimballer partout dans la maison, la fatigue doit se faire ressentir. Tu te demandes si tu vas devenir pareil et tu croises les doigts pour que ça ne soit pas le cas. Tu décides de ne pas y penser pour le moment et tu suis Basile jusqu'à la chambre afin de l'aider à construire le lit. Tu admires la chambre parce que la dernière fois que tu y avais mis les pieds, tout était en travaux. Maintenant, tout était quasiment prêt pour accueillir la petite Rose et un léger sourire se dessine sur ton visage suite à cette pensée. Tu crois que je dois vous acheter un ouistiti à la naissance de ma nièce ? Tu te mets à rire avant de reprendre ton sérieux. Tu te baisses pour attraper la notice du berceau avant de t'installer à même le sol. Je pense que je vais partir sur celle en français moi aussi. On aura surement plus de succès comme ça. Ouais parce que ça reste votre langue natale et que l'anglais parfois, tu beug encore sur certains mots. Quoiqu'il en soit, tu te concentres un maximum en lui offrant uniquement un sourire alors qu'il te remercie de l'aider. C'est normal. Et puis, je sais que tu me le rendras un jour. Tu lui adresse un clin d'oeil avant de te concentrer sur le bout de papier. Tu veux qu'on procède comment ? Je te passe les trucs et te dis ce que tu dois faire ou on s'y met tous les deux ?

Il faut que tu aides ton beau père parce que la petite va bientôt arriver et il manque encore le lit. Bon, tu imagines bien ta soeur prendre sa fille avec elle dans leur lit mais, tu préfères ne pas raconter cela à Basile et l'aider à construire le berceau. Ca te permet aussi de penser à autre chose, ne pas t'attarder sur ta propre situation. Par conséquent, tu le suis jusqu'à la chambre, déjà bien remplie. La petite meute ? C'est plus une meute là, c'est un élevage. Tu te mets à rire avant de frapper dans tes mains. Au boulot maintenant ! Il te tend les plans, en français parce que t'as beau être ici depuis des années, y a toujours quelques mots que tu ne comprends pas ou que tu interprètes mal. Le français reste la langue que tu maitrises le plus, c'est plus simple et il y a moins de risque. Tu lui demandes son plan d'approche. Il monte et toi, tu donnes les instructions. J'ai toujours été douée pour donner des ordres alors... Tu prends le plan de construction, tu lis la première étape. Ca, il l'a déjà fait. Tu continues et pointes du doigt le commencement. Du coup, faut que tu penches le truc sur le côté pour pouvoir mettre les pieds. Alors les pieds c'est... Ce morceau-là, tu peux le prendre. On va commencer par le mettre à droite. Tu prends une vis... C'est celle-ci! Si t'as réussi à monter le lit de Ismael dans ton appart à l'époque, tu peux très bien y arriver aujourd'hui, surtout qu'il y a une paire de bras en plus.

Cette petite n'est même pas encore née qu'elle est déjà pourrie gâtée et tu réfléchis donc à ce que tu pourrais lui acheter qui serait en tant soit peu original. La tâche paraissait compliquée. Tu décides donc d'y réfléchir tout en guidant Basile dans la construction du berceau. C'était la dernière pièce qui manquait à la chambre et ce n'était pas des moindres. Notice à la main, tu lui expliquais quoi faire en rappelant que de toute façon, t'étais plus douée pour donner des ordres que pour monter le mobilier toi-même. Je crois que c'est dans les gênes des Perol tout court malheureusement... Ouais parce que ton père est pareil voire même pire que vous tous réunis. Tu lui expliques comment visser le pied et il en déduit que c'est la même chose pour la gauche ce à quoi tu réponds positivement d'un geste de la tête. Tout en s'exécutant, Basile te questionne sur la raison de ta venue en pleine nuit ou plutôt, par rapport à ton insomnie. Tu déglutis sans faire attention à ce qu'il a dit par rapport au lit, tes pensées occupées ailleurs. Khaled est parti... Tu balances l'information comme si de rien était parce que c'est encore difficile pour toi de l'accepter.