T'arrives toujours pas à y croire. Impossible. Impossible il y a quelques semaines d'imaginer une telle chose. Il faut croire que t'as pas fini d'en voir dans ta vie. Non puisque t'as appris que ta mère n'était pas ta mère. Au début tu n'as pas cru ton père quand il l'a dit puis t'as regardé ta mère et t'as vite compris que ce n'était pas un mensonge. Que ce ne sont pas ces gènes que tu portes, ni toi ni ta jumelle. D'ailleurs celle-ci n'est même pas encore au courant. Du coup t'as fait tes recherches, t'as posé des questions à ton père pour savoir qui était réellement ta génitrice. Au début, il ne voulait pas te donner beaucoup de détail mais t'as insisté pendant plusieurs jours et sans doute pour se débarrasser de toi il a fini par lâcher un nom. T'aurais pu simplement hocher la tête et retourner à tes occupations et c'est sans doute ce qui aurait été le plus sain pour toi mais t'as préféré creuser un peu plus. D'où vient-elle ? Que fait-elle ? A-t-elle d'autres enfants ? Pourquoi elle ne t'a jamais contacté ? Trop de questions auxquelles tu t'es forcée de répondre aux mieux. Premièrement, t'as appris qu'elle était décédée, un assassinat. Deuxièmement, c'était une prostituée. Tu commences à voir le personnage. Et puis pour terminer elle a eu un autre enfant, dans la même année de ta naissance. Un certain Harry. Tes recherches sur lui ont été beaucoup plus faciles à mener, surtout grâce aux réseaux sociaux. Il est à Harvard, comme toi. Si proches. T'as du mal à réaliser que tu as un frère et que tu l'as peut-être déjà croisé. Pire encore, tu as peut-être même déjà couché avec lui ! Heureusement non, sa tête ne te rappelle personne. L'idée trotte dans ta tête depuis une semaine. T'y penses en permanence, t'arrives plus à te concentrer. Il faut que tu le rencontres. Tu l'as déjà repéré dans l'enceinte mais chaque fois tu te dégonfles. Comment annoncer à un inconnu qu'on est sa soeur ? Aujourd'hui tu te sens prête. Tu ne sais pas si ça va bien se passer, t'es pas sûre d'être très aimable mais il faut que tu le fasses. Il a le droit de savoir lui aussi. Midi, heure du déjeuner, t'es la première à sortir de ton amphi et tu cours à travers toute l'université pour le trouver. Tu le repères à l'extérieur, dans l'un des espaces vert d'Harvard. Tu te rapproches, tu t'encourages. Tu peux le faire, ça va être bizarre mais tu dois le faire. Tu ne le quittes pas des yeux, il ne t'a pas vu, tant mieux il ne peut pas voir toute l'anxiété et le stress que tu dégages. Tu t'arrêtes en face de lui et tu lâches seulement quelques mots. "Je dois te dire quelque chose." Tu ressembles à une folle. Il ne te croira jamais. Tu regrettes immédiatement d'être venue.

@Harry Rollins

— je ne cesse de regarder l'heure sur l'horloge accrochée près du tableau, je m'ennuie fortement aujourd'hui en cours pourtant j'adore mes études mais je n'ai pas la tête pour être assis derrière ma table seulement je n'avais pas l'envie de sécher. lorsque la sonnerie retentit et que l'heure du déjeuner arrive je range mes affaires dans mon sac et je me dirige vers le self. je décide de sortir du campus pour aller me prendre un sandwich à la boulangerie qui se trouve à côté, je ne suis pas un grand fan de la bouffe du self cela ne m'a jamais tenté. une fois le sandwich à la main je décide de prendre place dans l'herbe dos collé à un arbre histoire de manger tranquillement et surtout d'être seul, du moins c'est ce que je pensais car j'entends des pas qui s'approchent de moi et quand je relève la tête je vois une jolie blonde devant moi que je ne connais pas du tout, pas encore. « tu dois me dire quelque chose? je t'écoute. » je t'invite à prendre place à côté de moi j'ignore ce que tu va me dire mais en tout cas tu fais une tête bizarre. on a coucher ensemble et je ne t'ai jamais rappeler du coup ça te vexe? je n'ai pas liker ton profil tinder? tant de questions en tête et je te regarde pour t'encourager à me parler tout en croquant dans mon sandwich car ouais j'ai la dalle.

@Eddie Mayle

Ca tourne dans ta tête, ça s'agite. Est-ce que t'es vraiment sûre de le vouloir ? Est-ce que t'es prête pour la suite ? Tant de question auxquelles tu n'as pas les réponses et qui inhibe toute faculté à réfléchir posément. Tu jongles entre son regard et l'arbre auquel il s'adosse. T'as une décision à prendre. Courage Eddie. "Non... Non rien." Et tu te retournes. Sérieusement ? Tu te dégonfles complètement et te mets à marcher dans n'importe quelle direction. Ton cerveau continue à chauffer. Pourquoi t'as fait ça ? De quoi t'as peur ? Tu peux pas de défausser comme ça ! Tu t'arrêtes au milieu de l'herbe puis te retourne encore une fois. Si il te prenait pour une personne encore à peu près normal jusque là, son point de vue a bien dû changer. Tu fais quelques pas pour te retrouver à nouveau en face de lui et t'ouvres la bouche. Le myocarde battant à une vitesse folle, t'as du mal à lâcher tes mots, ceux qui bouleverseront sûrement sa vie comme ils ont bouleversé la tienne. Tu saisies le peu de courage qu'il te reste et le lance après une expiration. "Je suis ta soeur." Tu n'ajoutes rien, laisses les mots en suspension, guette sa réaction. Est-il triste ? Joyeux ? Même, surpris ? Tu trembles, t'as les jambe en coton et avant de faire un malaise et de t'écrouler parterre, tu préfères t'asseoir sur la végétation. "Je sais que ça parait dingue, mais je suis vraiment ta soeur. Enfin ta demi-soeur. On a la même mère." Le prononcer rend les choses d'autant plus vrai. C'est comme si on te l'annonçait une seconde fois.

— petit sandwich dans les mains prêt à le manger je vois une jolie blonde venir vers moi, tu dois me dire quelque chose du coup je te fais signe que tu peut t'asseoir à côté de moi et que je t'écoute sauf que tu marmonne un "non non" et tu fais demi-tour je dois dire que je ne comprends pas trop ça me surprend mais je hausse les épaules et je continue de croquer dans mon sandwich sauf qu'au bout de quelques secondes je te vois revenir vers moi. tu me paraît vraiment bizarre comme fille et j'espère ne pas t'avoir mis en cloque? je me protège toujours donc normalement ça ne dois pas arriver. puis la tu me sors d'un seul coup que tu es ma sœur et je manque de m'étouffer avec un bout de sandwich que je recrache aussitôt. « ma sœur? j'ai pas de sœur. » c'est quoi ce délire? tu as un pari à gagné c'est ça? je te regarde prendre place à mes côtés, tu m'a l'air très perturbée en tout cas et tu me répète que tu es ma sœur, du moins ma demi-sœur et que ma mère biologique serait aussi la tienne c'est complètement fou. « impossible, ma mère m'en aurait parler. » même si au final elle m'a toujours mentis sur son métier elle était prostituée elle ne bossait pas dans un restaurant. « qui t'as mis ça en tête? » je te regarde dans les yeux pour essayer de discerner le vrai du faux.

@Eddie Mayle

Il s'étouffe. Normal. Toi aussi tu te serais étranglé avec ton sandwich si on te sortait une telle chose. Tu l'observes, simplement, t'attends sa réponse même si t'as compris d'avance qu'il n'était pas au courant. Tu lâches un petit rire. Bien sûre qu'il ne te crois pas. Qu'est-ce que t'imaginais Eddie ? "C'est vrai ? T'es ma soeur ? Bienvenue dans la famille ! Je suis trop content de te voir !" Rien à voir avec la réalité. Toujours vagabonde entre l'utopie et le monde réel. Toujours déçue des actions des autres. Tu sors ton paquet de cigarette de ton sac et t'en allumes une. Tu lui demandes pas si la fumée le dérange, il fera avec. Quand il te demande d'où te sort une idée pareille, tu te tends instantanément. "Mon père." Et de la pire des manières. "C'était un client de ta mère." Oui t'es au courant de ce qu'elle faisait puisque c'est grâce à ça que t'es au monde apparemment. Toi et ta jumelle. "J'ai rien pour te le prouver si c'est ce que tu cherches." Absolument rien. Juste des mots, pour le moment. Ils ont suffi à te convaincre. Peut-être que ça marchera sur lui aussi. "Je comprends que tu ne me crois pas Harry. Ça fait rien." Tu souffles la fumée grisâtre devant ton visage avant de soupirer. Oui tu connais son prénom, t'as bien du faire quelques recherches pour le trouver. Mais t'aurais peut-être pas dû le prononcer tout de suite. Ca fait bizarre, presque peur à vrai dire.