sûrement qu’elle est trop bouleversée, trop retournée. le problème de camille est sûrement qu’elle vit trop pleinement ses émotions. quand elle a mal, la douleur prend le pas sur tout le reste. elle arrête de vivre, bloque sur ce qu’elle ressent, met tout le reste en pause. rencontrer son père biologique avait été dévastateur, elle n’était toujours pas sûre de ce qu’elle devait en penser ni dans quelle direction se tourner. et c’est pour se vider la tête qu’elle était sorti aussi tôt. une paire de basket, un pull bien trop grand et surtout ses écouteurs dans ses oreilles, prête à traverser la ville au pas de course jusqu’à en cracher ses poumons. le froid lui pique le visage et c’est pourtant d’un pas décidé qu’elle s’engage, déambule dans les rues qui s’animent peu à peu. ne plus penser, ne plus avoir mal, ne plus ressentir tout ça. elle court à en perdre le souffle, toujours plus vite, musique qui tambourine dans ses oreilles. traverse le passage piéton, le klaxon qui retentit d’un coup et camille qui se tétanise face à la voiture qui lui fait face. les pneus qui crissent sur la chaussée et la brune qui reprend conscience, tente d’éviter, trébuche sur le bitume, mains écorchés par le béton, sonnée par ce qu’elle vient d’éviter. la respiration haletante, le téléphone brisé au sol et les gens autour qui regardent la scène, médusés. sûrement plus de peur que de mal, elle tremble de tout son corps pourtant, douleur piquante aux genoux. souffle, respire malgré la peur qui continue à tambouriner.

c’est donc ça avoir de la « chance » ? et camille elle en revient pas. de ce qui vient de se produire, de la chute que ça a entrainé. puis c’est surtout un accident survenu plus de dix ans auparavant qui lui tape dans l’esprit. celui où elle était dans la voiture et où ses parents ont perdus la vie. c’est sûrement pour cette raison que ses membres ne réagissent plus, qu’elle en oublie le monde extérieur, les bruits autour d’elle, ceux qui murmurent en la pointant du doigt. l’être humain pouvait être abject. filmer la scène, chuchoter mais ne pas venir voir si elle se sentait bien. est-ce qu’il était plus important de faire le buzz plutôt que s’inquiéter sur son état de santé ? visiblement. elle inspire lentement, passe ses doigts gelée sous ses yeux avant de secouer la tête. tornade blonde qui surgit de nul part, ses mains qui s’accrochent au conducteur, la rage qui s’entend dans les vibrations de sa voix ; retour à la réalité. elle lève les yeux vers lui camille, le reconnaît sans mal. sung. non voix chevrotante. elle s’appuie sur ses mains difficilement, les pieds à nouveau sur le bitume, regarde la scène qui s’intensifie. les gens choqués, les téléphones qui se brandissent et la violence qui éclate. elle le reconnait pas, plus, mais le connait-elle seulement. elle attrape son bras qui se brandit une nouvelle fois, tire dessus comme si sa force arrêterait la haine qui semblait le dicter. et il semble un peu perdu, toujours ravagé par ce feu qu’elle n’avait jamais vu, le bras en l’air comme si le temps s’était stoppé. elle est pas certaine qu’il l’écoute camille. elle est pas certaine qu’il reprenne ses esprits. y a ses iris qui parcourt ceux noircit de l’asiatique, qui semble dans un duel qu’elle ne comprend pas, prêt à laisser les coups pleuvoir une nouvelle fois. trois, deux, un. ses mains qui emprisonnent son visage, lèvres charnues qu’elle pose sur les siennes pour le déconnecter. un, deux, trois. retour à la réalité. arrête

c’est plus une supplique qu’autre chose. camille, elle sait jamais vraiment comment réagir face à la violence. sûrement parce que ça n’a jamais été réellement dans son environnement. une vie tranquille, sans histoire. alors bien sûr que le conducteur est en tord, et ça aurait pu être dramatique. mais elle n’avait rien d’autre que des genoux éraflés, rien de si grave dans le fond. et la supplique, elle ne fonctionne pas. peu importe à quel point elle aurait tenté, elle comprend désormais qu’il n’aurait pas écouté. son poing se fracasse une nouvelle fois sur l’homme hébété, devant les yeux horrifiés d’une camille qui ne sait plus quoi faire. pourquoi est-ce que personne n’intervient face au massacre ? c’est dingue de voir la réaction des autres, les exclamations et mine horrifié mais aucun volontaire pour séparer la scène qui pourrait mal tourner. et quand il a finit, les mots sont encore plus dur. non. non qu’elle aurait voulu lui hurler. il l’avait pas mérité. la frayeur qu’il avait du ressentir avait déjà probablement été bien suffisante. et voilà. qu’il s’échappe déjà, l’air toujours furibond et une camille qui s’élance tant bien que mal derrière lui pour le rattraper. attends tente de l’arrêter de la sorte sans grand succès SUNG qu’elle hurle cette fois, tend la main pour l’attraper, tire sur son pull. c’était quoi ça ? elle est dépassée, ne comprend pas le pourquoi du comment. il est sorti de nul part avant de laisser s’exprimer une rage bien trop virulente pour n’avoir été déclenché que par l’accident. y avait autre chose dessous, elle pouvait le sentir.

et probablement que ça ne l’a regardait pas. probablement qu’elle n’était pas apte à le questionner sur quoi que ce soit mais camille semblait parfois inapte à démordre de ses envies de comprendre. comme maintenant. et puisqu’elle voulait une réponse, elle tentait de l’avoir. après tout, en omettant le fait qu’elle l’avait embrassé pour tenter de le calmer, c’était elle la principale protagoniste de cette histoire. non ? hausse les épaules avant de reprendre. que tu expliques juste pourquoi pourquoi ce déferlement de rage. pourquoi cette incapacité à s’arrêter. elle attendait pas des excuses camille, c’était absolument pas ce qu’elle lui avait demandé. non répète encore une fois sur un ton plus catégorique. je me rappelle d’un gars qui m’a emmerdé le soir d’halloween jusqu’à ce que je capitule situation qui devrait bien rapidement lui rappeler ce qu’elle était désormais en train de faire. compte pas sur moi pour disparaître pas maintenant, pas aussi rapidement. sauf s'il décidait de partir au pas de course et là, elle n'était pas certaine de suivre la cadence. y a un café sympa pas loin. je t'en offre un cherche n'importe quoi pour le faire rester, incapable de se résoudre à le laisser disparaître dans cet état là.

c’est l’incertitude qui frappe son visage. gamine indécise, trop sauvage avec les autres pour réellement savoir quoi leur dire. et pourtant, à l’instant précis, elle use de toute sa force pour trouver les mots. elle le sent dans le fond que c’est pas le genre d’acte qui demande une solitude derrière. comme il avait pu le sentir à cette soirée d’halloween en la trouvant égarée sur son banc, seule dans la nuit noire. quand je me réveille de mauvaise humeur, j’râle sur tout et tout le monde mais j’frappe pas des gens dans la rue et si chacun avait sa manière de procéder et gérer les émotions, se lever du mauvais pied n’était généralement pas ce qui poussait à une violence aussi extrême. dommage, t’étais mon idole réponse qui fuse alors qu’elle ne démord pas de ses idées. elle décide, fait ce que bon lui semble, ne souhaite pas le laisser seul après tout. elle est libre de choisir, n’est-ce pas ? la violence non plus parce qu’elle mettrait sa main à couper qu’il ne se sentait pas mieux pour autant. que ça n’avait strictement rien arrangé aux problèmes qu’il devait surmonter de son côté. probablement. mais le seul moyen que tu saches, c’est que tu viennes léger haussement d’épaules, ses yeux qui se plantent dans les siens. place son bras sous le sien, prise d’otage immédiate alors qu’un air innocent vient envelopper son visage. plutôt cookie ou muffin ? demande le plus sérieusement du monde, saupoudre la situation d’une pointe de légèreté. t’es un sacré mystère sung. éclaire moi au moins sur tes pâtisseries préférées