Entre les heures passées sur les bancs de l’amphi à en avoir des escarres au séant en grattant sur le papier des kilomètres de cours magistraux, les gardes à l’hôpital qui s’enchaînaient sempiternellement dans un rythme effréné, les sessions de révisions et bachotages en vu des premières évaluations et ces trop brefs instants chimériques dédiés à la construction de châteaux en Espagne brinquebalant sur des fondations précaires en compagnie d’un homme qu’il pensait avoir à jamais perdu et appartenant au passé ; le « Petit Prince des cœurs » en avait presque oublié la tenue de ce que d’aucuns considèrent comme étant le point d’orgue de cet abracadabrant mois de Septembre. La première session de bizutage. Si son Altesse avait récemment eu connaissance dans les grandes lignes de ce qui l’attendait, par le biais d’une missive électronique reçue quelques jours auparavant, il ne pouvait s’empêcher de se demander à quelle sauce allait bien pouvoir être mangé les autres. Les membres de la bande éparpillés façon puzzle dans les trois autres confréries. Rio, dont il regrettait de n’avoir la visite ainsi que des nouvelles, uniquement en cas de pépins physiques. Mesdames ses sœurs et Monsieur son frère, ayant fait le très original choix pour des têtes couronnées de tous converger et rejoindre la Pforzheimer House. Et Léo … . Aussi et surtout. Quand bien même le trac et le stress secouant les fibres de son être croît de manière exponentielle à mesure qu’il demeure posté devant le parvis de la Résidence Currier et que trottent les minutes vagabondes ; le gentilhomme britannique vivant avec l’immuable souci de constamment venir en aide à son prochain garde en son for intérieur une parcelle de hardiesse et de confiance. L’assurance de retrouver des visages familiers et des êtres chers le prémunit de prendre ses jambes à son cou et la poudre d’escampette séance tenante. Savoir qu’ils seront là lui donne un surcroît de courage et un supplément de témérité. Khaled, son mentor en terme de normalisation et sociabilisation. Sam et Axel, les illustres dizygotes Vanderbilt. Et Wee … . Aussi et surtout. Quelques petits roulements des épaules et mouvements circulaires de la nuque pour démêler l’entrelacs de nœuds s’y étant tissés. Une longue et profonde inspiration nasale haussant ses trapèzes. Une rapide et abrupte expiration buccale les rabaissant aussi sec. La volée d’escaliers du perron gravit dans une noble indolence. Pas âme qui vive dans le vaste et fastueux hall du Quartier Général de la maison aux armoiries violettes. Le calme. Poussé à son oppressant paroxysme. La définition même du calme avant la tempête. Assis sur une causeuse en velours gris souris, l’aimable nanti s’affaire à assécher ses paumes moites en les frottant sur l’étoffe du jean recouvrant ses quadriceps. Bien en peine pour rester calme et tranquille, le nobliau se lève tel un ressort et se contorsionne pour déterrer son portable de la poche du skinny lui faisant office de seconde peau. Rien à signaler. Tant concernant ses amis – qui il l’espère ne devraient plus tarder - que l’ouverture des hostilités. Les secondes se distendent et l’appréhension redouble de plus bel, alors que l’étudiant en dernière année de Traumatologie navigue en long en large et fait les cent pas sur le tapis rétro enjolivant le sol. Les phalanges tapotant nerveusement la coque protectrice du cellulaire à l’effigie du pavillon de sa mère patrie.

C’est le grand jour. Aujourd’hui débute la phase de bizutage. Tu étais excité à l’idée d’y participer, mais en prenant connaissance du nouveau concept de sélection, t’es vite tombé de ton nuage. Tu n’as pas froid aux yeux, tu n’as peur de rien et encore moins du ridicule, mais une chose est sûre, tu ne fera absolument rien qui risque de mettre ton couple en péril. Tu termines ta journée à l’université et te dirige d’instinct à la résidence des Currier pour voir la suite des choses. Téléphone en main, tu envoies quelques sms à ta copine avant d’entrer pour rejoindre tes copains aspirants. Ton regard se pose d’entrée sur ton petit protégé et un large sourire voit le jour sur tes lippes. Tu fonces directement sur lui, poignée de main secrète, petite tape sur l’épaule. ‘’ Salut Altesse ! ‘’ Petit clin d’oeil avant de te mettre à rire. ‘’ Prêt pour le bizut mon chat? ‘’ Demandes-tu, curieux. Tu connais Alex, ses craintes et ses réticences, du coup tu préfères t’en assurer avant le coup d’envoie.

Une fois n’est pas coutume, force est de constater que le sens aigu – pour ne pas dire l’obsession exacerbée – de la ponctualité, de l’un des gibiers favoris des trappeurs de la presse à sensation britannique, le catapulte au premier rang des avant-postes. Education princetière ne sachant se contenter que de la perfection et de l’excellence, quand tu nous tiens … . Piano piano, l’affluence commence à gagner le vestibule du sanctuaire harvardien de l’égalité homme-femme. Pimpantes jouvencelles et ravissant damoiseaux, arrivent au compte-goutte par petits groupes de trois ou quatre. Les sables du temps filent, les entrées successives se multiplient et toujours pas l’ombre de l’un de ces fameux « visages familiers », que l’altruiste Sir londonien escomptait bien trouver entre ces murs. Bien loin d’avoir la fatuité de se targuer être un modèle de physionomiste, le songe-creux à la crinière de lionceau mordorée s’étonne néanmoins de découvrir autant de nouveaux faciès. Des minois qu’il – sauf erreur de sa part – n’a jamais rencontré qui plus est. Aussi bien ici, que sur le campus ou encore en ville. Les rangs de la Currier House étaient-ils à ce point denses et garnis ? Ses compulsives allées et venues sur le tapis vintage interrompues, l’aristocrate européen à la carnation ivoirine gagne ce que l’on a coutume d’appeler « la fresque ». Non loin d’une baie vitrée donnant sur les jardins aux topiaires zoomorphes taillées au cordeau. « La fresque », ou l’autre nom donné pour ce qui s’avère ni plus ni moins être un pan de mur, couvert d’une kyrielle de photos style pièce d’identité des bizuts et membres à part entière de la confrérie. Un trombinoscope revisité. Bras croisés sous les pectoraux et prunelles ocrées virevoltant de droite à gauche, le taciturne étudiant retrouve là moult faciès et nom ne lui étant pas inconnus. Rencontrés pour la plupart fugitivement ou entrecroisés fugacement, à l’occasion de la soirée d’intégration donnée quelques jours avant la rentrée, par la maison portant la couleur fétiche du regretté Prince. Un large sourire étire ses lippes et illumine ses disques de bronze, sitôt que ces derniers alunissent sur la trogne de Khaled, alias son guru. Posant tel un playboy d’opérette ne se prenant pas au sérieux. Sourire ultra-brite ravageur et un tantinet niais. La vie, la malice et la connerie scintillant au fond de ses billes de tourmaline. La risette peinte sur les pulpeuses de son Altesse revêt une allure attendrie, lorsque ses yeux se posent sur l’un des derniers portraits de cette mosaïque de bouilles, épinglés par ordre alphabétique. Son exquise, douce et tendre Wee. Son pouce léchant le verre du cadre protégeant le papier glacé de la photographie et roulant langoureusement sur la pommette opaline de l’enfant adultérine légitimée. Une gigantesque risette de soulagement dévore l’ovale du visage du « fils spirituel de Lady Di’ », au moment où la voix de son Pygmalion libanais caresse ses tympans. Les salutations brevetées « Dwarfs » effectuées, le rosbif de luxe enroule ses abattis autour de la solide carrure du jeune papa. « Dieu soit loué, tu es là mon héros. », rétorque-t-il à mi-voix dans un soupir de soulagement en guise de salutation. La paume s’abattant en une gaillarde tape amicale – se voulant autant masculine et virile que possible - sur le trapèze du kid de Tripoli, dès que le contact se rompt. Précaution prise et réalisée afin que les plus curieux individus de la populace environnante, ne commettent pas d’erreur interprétation quant à la nature de ce geste, et continuent de voir en son auteur un homme « normal ». « O-oui. Il va bien falloir. », bredouille-t-il fichtrement hésitant, tête basse en se frottant vigoureusement la nuque et la naissance des cheveux. Les labres pincées et soudées, tel deux aimants de même polarité s’attirant. L’audace, le courage et la bravoure, sont hélas autant de composantes exemptes de l’ADN du galant Docteur anobli. Nonobstant, s’il existe ici-bas une personne dont le mots ont le pouvoir de le galvaniser, le transcender et lui permettre de repousser ses limites : c’est bien Khaled. Une salve de vibrations tambourine contre les phalanges crayeuses du gentleman des bords de la Tamise. Fébrile, son pouce pianote à plusieurs reprises l’écran tactile du portable afin de prendre connaissance du texto dont il vient d’accuser réception. Le souffle suspendant son vol en une apnée, l’incorrigible romantique relève le nez et ancre ses iris ambrées dans les puits de pétrole du chouchou de ces dames. Mâchoire gigotant de droite à gauche et regard passant en revue l’assistance, le trente-septième prétendant au trône d’Angleterre se fend d'un raclement de gorge afin de s’éclaircir la voix. « Tu sais ce qui me plaît ici ? En dehors des valeurs d’équité, de parité, de loyauté et de fidélité chères à tout à chacun. Le vivre ensemble, bien sûr. Le partage. L’esprit d’union et de fédération, cela va s’en dire. Mais aussi et surtout la séparation ainsi que le relatif cloisonnement entre les hommes et les femmes. Avoue que c’est une aubaine bien agréable pour nous autres devant au quotidien souffrir de la versatilité de leurs humeurs ou de la fluctuation de leurs états d’âme. Ainsi que … que pour tout ceux ne se sentant pas particulièrement à l’aise en leur galante compagnie … comme moi. », clame-t-il d’une voix de stentor afin d’être certain d’être entendu haut et fort par les gens présents. La dernière phrase prononcée entre ses dents vissées et dans un sourire mécanique horriblement forcé. Du vrai et du faux. De l’info et de l’intox. La vérité livrée sans omission et dans son intégralité. Noyée sous des monceaux de raisons factices et misogynes, afin de ne pas éveiller les soupçons. Sourire accort bourgeonnant sur les lèvres et signe de tête affable adressé aux demoiselles le fusillant du regard. Index et pouce pinçant la racine de son nez, le bizut clôt les paupières, arque les sourcils et émet un râle s’apparentant à une complainte de désolation. Hmm. Cela aurait pu être pire pour un début. Démarrage diesel. Nul doute que les choses risquent de grimper crescendo en intensité.

Il s'agissait du bizutage et Tessy était légèrement nerveuse. Elle ne savait pas du tout à quoi s'attendre. La jeune Hongroise se réveilla et pris son téléphone portable dans sa main gauche. Elle avait vu une petite lumière clignoter, signe qu'elle venait de recevoir un sms. La jeune femme s'était demandée qui ça pouvait bien être. Après tout, elle ne se rappelait pas d'avoir contacté un de ses amis. C'était probablement la baby-sitter d'Oscar qui voulait dire à Tessy que tout allait bien. La jeune femme ouvrit alors son téléphone, ne sachant pas à quoi s'attendre.

les bizutages... à vrai dire c'était tout ce que je détestais dans la partie intégration de confrérie mais j'avais vraiment envie de faire partir de la currier house alors pourquoi pas tenter de s'y mettre à fond pour une fois et prouver que j'avais ma place ici au même titre que les autres ? au réveil, j'avais eu pourtant du mal à ouvrir les yeux, m'étant couchée super tard la veille au soir et évidemment je n'étais pas seule dans ce lit puisqu'Hanbin était également présent. j'attrapais mon téléphone pour regarder l'heure quand je vis une notification sur l'écran d'un numéro inconnu. l'aperçut me faisait déjà me questionner sur ce que cela pouvait bien être, me rappelant soudainement les bizutages en voyant la date sous l'heure.

Tu es heureux de retrouver Alex pour l’épreuve du bizutage. Tu souhaites être là pour le soutenir et l’encourager en cas de besoin, l’aider à déployer ses petites ailes pour qu’il prenne son envole. Tu lui demandes s’il est prêt pour l’épreuve de force et sa réponse à tôt fait de t’arracher un petit rire. ‘’ Tout se passera bien ! ‘’ Petite tape sur l’épaule avant que la sonnerie de ton téléphone, attire ton attention. Appareil électronique en main, tu laisses tes yeux glisser sur l’écran lumineux. Tu fais défiler ton menu sms pour prendre connaissance de ton défi. Tu fais mine de réfléchir un moment… ce genre de défi tu aurais dû le chopper lors de la première soirée currier, pas quand tu as fait connaissance avec plus ou moins tout le monde. Entre temps, Alex se lance dans un monologue et toi tu le fixes, rictus au coin des lippes. Il parle fort, plus fort qu’à l’habitude, ce qui ne lui ressemble pas. Tu devines rapidement qu’il s’agit de son défi et tu lui adresses un petit clin d’oeil en guise de félicitations. À ton tour, tu te lances. Tu t’excuses auprès de ton interlocuteur et disparaît un instant avec un bout de carton, marqueur et ficelle trouvé quelque part dans la baraque. Tu reviens quelques minutes plus tard avec un écriteaux autour du cou ‘’ Free Hug pour les Currier, la meilleure maison. ‘’ Rien de mieux pour accueillir les bizuts et leur faire comprendre que cette confrérie est sans conteste la plus accueillante du lot. Dans la pièce principale, tu passes de personne en personne, adressant un câlin digne de ce nom à chacun des convives le truc purement amical et fraternel, gratifié d’un sourire chaleureux. Plusieurs demoiselles viennent d’elles-même, petits rires cristallins qui résonnent dans la pièce. Tu serres chacune d’elles dans tes bras en accueillant comme il se doit, chaque visage que tu n’as pas eu la chance de voir lors de la soirée thématique. Tournée faite, tu retournes vers Alex que tu prends dans tes bras. ‘’ J’allais quand même pas t’oublier, le meilleur pour la fin ! ‘’ Un petit rire caresse ta gorge. ‘’ Tu en auras à volonté si tu le souhaites. C’EST VALABLE POUR TOUT LE MONDE ‘’ Dis-tu assez fort pour capter l’attention de tout le monde sur toi.

moi je trouve ça marrant d'être bizuté. c'est qu'un jeu de rôle, une partie de rigolade et rien de plus. je suis toujours opé pour relever n'importe quel challenge, tant que je ne manque de respect à personne. être ridicule ? bon dieu c'est ma devise pour être heureux. alors quand je reçois ce fameux sms qui m'indique quoi faire, je suis content et j'ai trop hâte de me mettre à l'action !