Je rentrais pour la première fois dan ce musée des Beaux-Arts. Ma douce & tendre mademoiselle de Vendôme était en cours ; Madame royale avait un rendez-vous. Terminant mon repas de midi, je rentrais chez moi quand je m'aperçus m'être trompé de bus. La digestion aura embrouillé mon esprit, alors je m'arrêtais à l'arrêt de bus devant ce grand bâtiment. Piqué de ne pas rentrer pour  désobéir à Madame et découvrir cette ville, je décidais d'y entrer. Je ne connais personne, personne ne me connaît, je serai tranquille.
Je ne savais pas si c'est le bon mot, mais je crois qu'on peut dire que j'étais impressionné par l'endroit. La folie des grandeurs n'était décidément pas un privilège européen, on m'avait bien parlé de la folie des États-Unis. Et là, je vis une toile qui était celle de Claude Monet, les coquelicots près de Giverny. Une partie de la de France dans cet endroit était, je crois, appréciable. « C'est beau. » dis-je, à côté d'autres spectateurs. Je ne peux pas dire que j'aime ou non, vu que je ne sais pas ce que c'est qu'aimer ! Enivré, je ne me sentis pas partir & pousser la personne à côté de moi. « Oh, mes excuses ! » m'exclamais-je.

Je ne vais pas mentir : je ne suis pas tellement le public visé par ce genre de musée. Je vis à Boston depuis que je suis petit, je suis né ici et pourtant, je n'ai fréquenté les musées que lors de sorties scolaires. Cela faisait des années et des années que je n'avais pas mis les pieds dans un de ces bâtiments, trop occupé avec mes études de médecine à Harvard pendant une bonne partie de ma vingtaine. Sauf que mon fils de 7 ans, lui, a entendu parler de ce musée et d'après lui, la fille dont il est amoureux adore les tableaux et toutes ces choses, je le cite "ennuyant". Je lui ai donc promis de l'y emmener pour qu'il puisse en apprendre un peu plus sur le sujet afin de pouvoir impressionner son amoureuse. Histoire de faire les choses bien, je lui paie un audiophone et le voilà à me guider partout à travers ce lieu immense. On s'arrête devant un tableau et il a l'air passionné par ce que l'audiophone lui raconte pendant que je m'ennuie à mourir. Je m'assoie sur un banc devant un tableau plein de fleurs quand un jeune homme se fait entendre juste à côté. « C'est beau. » Je tourne la tête et découvrir un jeune garçon, totalement subjugué par le spectacle qui s'offre à nous. « Oh, mes excuses ! » Je ris un peu et je secoue la tête, "Y'a pas de mal, c'est rare d'entendre autant d'enthousiasme dans ce genre d'endroit" Je souris et je jette un rapide coup d’œil à mon fils, toujours autant concentré sur sa visite guidée. Mon attention se tourne à nouveau vers le garçon, "Français ?" J'ai cru entendre un accent français. Je sais de quoi je parle, j'ai étudié le français en plus de la médecine à Harvard, alors je me débrouille plutôt pas mal.

Je regarde cet inconnu, puis autour de moi, histoire de voir si je n'ai pas fais de remous, ou si l'on a point sourit de mon exclamation passionnée. J'avais la chance de ne pas avoir une voix qui portait fort, au contraire de Monsieur mon père. Je crois que j'eus quelques bons sentiments à son égards, car il ne me reprocha pas mon égarement passager, mais m'en il m'en félicita.
Je me souviens d'ailleurs du film Musée haut, musée bas ; et dans ce film, il y avait une classe dont la maîtresse disait aux enfants d'arrêter de courir et de se taire. Je pense que si les musées ne résonnaient pas autant, on pourrait parler librement, mais les gens comme moi qui y cherchent aussi la Paix, n'auraient plus de lieu où se trouverai sa compagnie. « Oui, français. » lui répondis-je en m'asseyant, tout en ayant une certaine fierté de ma nationalité sur le visage. « Je viens d'arriver ici aux États, cette année. Peut-être me connaissez-vous, si vous lisez la presse internationale ou à scandale : je suis Henri de Bourbon, frère du prétendant bourbonien au trône de France. »
Je présentais une main que j'attendais qu'il serrât ; l'hommage n'était pas nécessaire, et un peu désuet, je crois. Mon manque d'assurance me fit dire tout de suite après, en guise d'excuse : « Pardonnez-moi, j'ai peur de paraître arrogant en me présentant ainsi, mais ma cousine me dit que je suis une agréable personne. » ris-je ingénument. « Et vous êtes d'ici ? Vous venez souvent ? » demandais-je, histoire de dynamiser la conversation et de ne pas paraître égocentré.