« ALAN JE VAIS TE TUER ! » cris-tu hors d’haleine alors que tous les visages se retournent vers vous. Tu n’en as rien à faire, qu’ils te regardent comme ils ont en envie. Si Alan ne te jette pas à l’eau lors des fêtes, il décide de s’amuser à t’asperger d’eau très froide alors que t’essayes de parfaire ton bronzage lors de ces derniers rayons de soleil chaud avant la fin de l'été. Tu te lèves d’un coup, prête à te venger, mais arrêtes tout mouvement lorsque tu vois arriver Scarlett vers vous. L’une de ses meilleures amies qui tu avoues t’as légèrement tapé dans l’œil. Tu la regardes se diriger vers vous, sans la quitter du regard. Tu t’aperçois soudainement que tu as l’air totalement bizarre d’être toujours debout, droite comme un piquet à la regarder approcher alors tu te donnes une gifle mentale avant de t’asseoir plus confortablement, voulant, tu l’avoue, mettre tes attributs en valeur pour qu'elle te remarque, mais sans trop en faire pour ne pas qu'elle voit que c'est voulu. Depuis que tu sais qu’elle est, elle aussi attirée par la gente féminine, tu bloques en sa présence. Comme si tu es gênée, toi qui es loin de l’être d’ordinaire et qui dit à chaque fois ton attirance. « Salut ! » lui dis-tu largue sourire plaqué sur le visage. « Si tu  arrive à me venger, tu seras ma reine, mon idole de tous les temps. » Elle doit bien se douter que tu parles d’Alan, surtout lorsque tu lui désignes ton corps tout ruisselant d’eau de la piscine et que l’on voit le gamin, un peu plus loin avec son fusil à l’eau.

Dans l'ombre d'Alan, vous trouverez régulièrement un mètre quatre-vingt de rousseur, les prunelles agrippées à sa fragilité. Pas prête de le voir se noyer à cette fête. Pas prête de le voir noyer les autres, non plus. Surtout pas elle. Elle, l'amie de l'agité, le sujet de quelques désirs de la part de ce dernier ; un peu des siens, aussi. L'esprit s'aiguise rarement, depuis la brune propriétaire des cicatrices sur son battant. Mais, elle, elle fait naître un fin sourire sur ses lèvres, et attise le vert de ses billes. Les pas décident de la guider jusqu'à elle, route de fils d'or, tapis vers l'inconnu. Un inconnu à l'apparence d'une naïade, ainsi déposée dans son transat. Ok, comment on fait pour apprendre à s'installer comme ça ? Y a des bouquins, des trucs comme ça ? Parce que Scar qui bronze, j'vous assure que ça donne pas ça. Alors, pour donner le change, va falloir gérer en héroine. « Heey ! » On dit merci au hasard. On dira merci à Alan, après. Les lèvres se pincent, et l'esprit s'agite. Il imagine trop, l'idiot. Les doigts agrippent un élastique qui attendait autour de son poignet, et attachent sa rousseur en une queue haute. Genre James Bond Girl du pauvre. Un rictus à la bouche. « Ca semble être une mission taillée pour moi. » Le colocataire est encore dans son angle de vue, et, percevant la Strudwick, part dans l'idée de l'attaquer à son tour. J'vous épargnerai le récit de la poursuite terrestre et aquatique, finissant sur un pistolet à l'eau dans le punch. La guerrière d'un jour revient vers sa princesse à sauver, et s'agenouille, cérémonial. « Vous avez été vengée, l'arme est désormais hors d'usage. » Incline même les traits, les lèvres rieuses. Puis, se relève, et s'assoit sur le transat d'à côté. Ses doigts se portent à son épaule gauche légèrement éraflée. Grimace ; exagère. « Par contre, j'ai été blessée dans la bataille.. j'suis pas sûre de m'en sortir. » Ouais, on peut trépasser à cause de deux griffures, dans mon histoire.

Je me régale tout simplement de te voir passer à l’action. De te voir te la jouer en guerrière des temps modernes pour moi, le temps d’un instant. Tu deviendras rapidement mon héroïne du jour, ma sauveuse de bronzage. Je ne rate aucune miette de ce spectacle tant apprécié et fait même quelques grimaces lorsque tu passes près de te retrouver les quatre fers en l’air après t’être enfargé dans une serviette de plage, qui repose sur le sable. Heureusement, plus de peur que de mal, ou peut-être malheureusement pour moi, afin de ne pas être en mesure de jouer à l’infirmière . Allez savoir ! Quoi qu’il en soit, tu reviens rapidement vers moi, avec tes grandes simagrées qui me font bien rire. Je te regarde t’asseoir à et apporte ma main à ma bouche, dans une expression faussement surprise, mi-apeuré, face à l’égratignure qui jonche ton épaule. « Oh non ma pauvre… » Dis-je entrant dans ton jeu. « Je n’aurais d’autres choix de vous soigner, sinon il nous faudra vous amputer. Comment puis-je vous aider ?  » Sourire en coin, je me redresse quelque peu et trempe légèrement le bout de mes doigts dans mon verre d’eau avant de t’asperger de quelques gouttelettes. « Voici toute ma gratitude, gente dame ! » Dis-je explosant de rire. « Ou peut-être auriez-vous préférez un bec aux bobos. » Sourire narquois sur le visage, je te regarde au-dessus de mes lunettes de soleil, avant de les replacer correctement sur mon nez, profitant que tu ne voies pas mes iris qui te dévisagent avec intérêt.

Blessée, clairement à un degré d'au moins 0,5 sur l'échelle de la douleur. La minuscule égratignure, trônant sur l'épaule de la girafe rousse. Jouer aux guerrières blessées à la guerre contre un cruel Landrum, ce n'était pas un rôle spécifiquement taillé pour elle. Mais, regardez comme elle se débrouille bien, comme elle se fonds parfaitement dans le personnage, venant attirer l'attention de la princesse pour être couronnée à ses côtés. Ce n'est que dans les contes, qu'il y a besoin d'un prince pour avoir un happy end. Strudwick s'en passe bien. Le peuple n'en sera que mieux gardé, avec un pouvoir exclusivement féminin. « Dépêchez-vous, le temps presse je le crains. » Qu'elle grimace, dans son grand talent dramaturge. On sait jamais, que tout mon sang arrive à se frayer un chemin dans cette minuscule griffure. Mais, ça lui plait de te voir rentrer dans le jeu, te voir t'approcher ; ne plus rien voir du tout parce qu'elle a reçu une goutte dans les billes émeraudes. Ca la fait marrer, la Scarlett qui secoue la tête. Qui n'a plus du tout mal à l'épaule, vu comme elle se défend. « Vous êtes définitivement la pire soigneuse du royaume, princesse ! » Enfin, presque. Parce qu'elle se rattrape, la divine Ferrari. Un fin sourire amusé se pointe sur les lèvres de l'ingénue, presque malgré elle. La compagnie a un certain talent pour attirer le regard, et l'attention. « Ca semble déjà être une méthode plus efficace. » Qui a fait ses preuves, depuis des années. Avec la rousse du moins. Surtout si l'infirmière prends tes traits.

Ne pas se prendre au sérieux et se laisser aller au gré du vent. Voilà ta philosophie du moment. Après tout, vous avez qu’une seule vie à vivre et il serait bête de ne pas profiter du moment. Alors, il n’est guère étonnant que tu te sois mise à entrer dans le jeu de Scarlett. Le ridicule ne tue pas et si les gens qui vous regardent en ce moment même agir de façon ridicule, ne sont pas contents, qu’ils regardent ailleurs. Ce n’est pas du tout ça qui te dérangera. « Vous trouvez ? Vous me blessez, moi qui me croyais être une infirmière hors pair. Je peux demander au bouffon du Roi de venir s’occuper de vous, dans ce cas. » Dis-je pointant Alan du doigt. Il serait un parfait bouffon, n’empêche. Idiot comme lui, ça ne se fait plus, malheureusement. Il est tout de même très attachiant le petit Landrum. Fort heureusement, elle trouve que ta seconde solution est bien mieux que de l’asperger de quelques gouttelettes d’eau. Ça te fait sourire, avant de te relever sur tes coudes pour la regarder quelques secondes. Tu te relèves par la suite et t’approche tout en disant : « Si vous croyez qu’il s’agira d’une manière efficace, alors. » Sourire jusqu’aux oreilles, tu déposes délicatement, voire beaucoup trop lentement, tes lèvres sur cette dite égratignure, prenant bien attention à la pression exercée sur sa peau. En te relevant, tu lui adresses un clin d’œil pour ajouter : « J’espère que cette petite marque d’attention vous aura fait un grand bien. »