Dernière soirée de ce Summer Camp. Ca fait déjà plusieurs jours que j'ai tout prévu, et Orianna n'est pas au courant de ce que j'manigance. Pour une fois, j'ai su tenir ma langue. Pas un seul indice, hormis un petit mot laissé dans notre chambre d'hôtel, avec une belle robe de soirée et un bouquet de roses. Sur le eptit mot, laissé en évidence sur le lit, dit : A 21h, une Cadillac avec chauffeur t'attendra à l'entrée de l'hôtel. Sois à l'heure, je t'aime. Au fond, j'sais qu'elle va penser que j'vais l'inviter dans un beau resto, genre celui de l'Americana. C'est prévu, mais avant ça, j'ai prévu un détour. Moi, j'suis déjà sur place, apprêtée pour l'occasion, et j'avoue que j'stresse un max. J'vais peut-être me planter, j'vais peut-être tout faire foirer, ou alors j'vais tout gagner. C'est surtout symbolique à mes yeux. J'veux que ce soit l'apothéose de notre Summer Camp, qu'il s'termine de façon aussi magique qu'il n'a commencé pour nous. 21 heures. J'respire un grand coup. Elle doit être dans la voiture, belle à faire damner les dieux. Les minutes me paraissent des heures, avant que j'vois la caisse s'approcher de moi. Quand j'la vois sortir de la Cadillac, j'en ai le souffle coupé. Elle est merveilleusement belle. « J'viens de retomber amoureuse, c'est officiel. T'es magnifique, mon amour. » dis-je avant de venir l'embrasser tendrement.

J'étais partie une petite heure au spa de l'hôtel et étrangement, Mia n'a pas voulu venir avec moi, prétextant une sortie avec sa cousine. Comme je ne suis pas le genre de fille qui va fliquer sa copine, je l'ai laissée partir en toute confiance. Quand je suis revenue dans notre chambre, j'ai eu la surprise de trouver une robe étendue sur le lit, avec un énorme bouquet et un petit mot. Elle me donnait rendez-vous dans un lieu secret, et il fallait que je sois prête une heure plus tard. Cette petite attention me faisait sourire, parce que c'était bien la première fois qu'on me faisait ce genre de surprise. De ce fait, je suis rapidement partie à la douche, pris le temps de me maquiller et de me coiffer comme si j'allais au bal de fin d'année, sortir mes plus belles chaussures à talons et me voilà fin prête. Dix minutes avant l'heure prévue. Du coup, je me présente dans le hall de l'hôtel, en attendant cette fameuse Cadillac qui devait me conduire jusqu'à ma belle. Niveau discrétion, on repassera, parce qu'elle est sacrément rose cette voiture. Je monte dans le véhicule et les rues défilent devant moi. Je me demande où elle compte me traîner, cette fois. Après tout, elle peut m'emmener où elle voudra, je la suivrais. Soudain, le chauffeur s'arrête devant une chapelle, devant laquelle m'attend la jolie brune. Un léger rire s'échappe d'entre mes lèvres, en sortant de la voiture alors qu'elle me complimente. « Tu as plutôt bon goût en matière de robe, mon coeur. Et tu es magnifique aussi, d'ailleurs. Pourquoi tu m'as donné rendez-vous ici ? » C'est vrai que j'étais quelque peu intriguée de me retrouver devant cette fameuse chapelle, même si doucement, l'idée se frayait un chemin dans ma tête.

Maintenant que la machine était lancée, j'comptais pas faire machine arrière. De toute façon, il est bien trop tard maintenant. Tout est déjà prêt, réglé comme du papier à musique. Quand elle m'pose la question, j'sens une vive angoisse qui monte. J'avais pas pensé au fait qu'elle allait m'poser cette question, alors que ça semblait logique qu'elle la pose. J'souris, avant de regarder quelques secondes derrière moi, puis de reposer mes yeux sur elle. « On s'est trouvées durant ce Summer Camp. Enfin, on s'est enfin avoué nos sentiments, gardés secrets depuis trop longtemps. Alors j'me suis dit que... Terminer le Summer Camp ici, à Las Vegas, c'était symbolique. Alors depuis quelques jours, j'ai tout organisé, dans les moindres détails. » dis-je en m'arrêtant quelques secondes, histoire de trouver les bons mots, qui ne l'effraient pas. « Alors j'ai demandé à ce qu'on te mène jusqu'à la White Chapel, pour te demander si ce soir, tu voulais bien devenir ma femme, officiellement et symboliquement. Promis, on fera un vrai mariage plus tard, avec nos familles et nos potes. » finis-je par dire en riant, avant de sortir un écrin de mon décolleté*. Là, c'était le stress de ma vie. J'ai dû prier tout en parlant dans ma tête, j'en sais rien, mais putain j'suis pas bien.

*y'a pas de poches donc me juge pas

Je ne me serai jamais doutée un seul instant que Mia était ce genre de femme. Quand je l'écoute parler, au départ, je me demande où elle veut vraiment en venir. Puis elle me demande de l'épouser, ici et maintenant. Elle sort un écrin de ses seins, ce qui me fait sourire. Y'a qu'elle pour rendre une demande en mariage presque trop sexy. J'ai les larmes qui me viennent aux yeux, à la fois sous le choc et émue d'une telle attention de sa part. Mon silence ne dure pas très longtemps, mais pour elle, il doit certainement durer des heures. Je finis par l'embrasser amoureusement, avant de murmurer plusieurs fois « Oui, je veux ! » Même si c'est symbolique, que personne ne sera là pour nous féliciter à la sortie, je sais que ça va être une cérémonie magique, remplie d'amour. « Du coup, t'étais pas avec ta cousine, espèce de vilaine cachottière ! » dis-je en riant, avant de lui mordre légèrement la joue. « Dis-moi quand on y va, je suis pressée de devenir madame Caballero. » dis-je en attrapant sa main, tout sourire.

Pour moi, elle met très longtemps avant d'me répondre, au point que j'me dis que c'est foutu, que j'aurai mieux fait de me contenter de ce que j'avais déjà. J'étais persuadée que j'étais en train d'la faire fuir, jusqu'au moment où elle vient m'embrasser et me dire qu'elle veut bien qu'on s'marie, ici, maintenant. Dans ma tête, y'a un feu d'artifices. Dans mon coeur, c'est la finale de la coupe du monde féminine, quand les USA ont gagné. J'réalise pas qu'elle vient d'me dire oui, plusieurs fois. Alors j'la serre fort contre moi, comme si elle allait s'enfuir, ou si c'était sa présence qui faisait que j'allais pas m'écrouler. « C'est vrai, tu veux vraiment ? J'suis pas en train de rêver ? Ou d'mourir ? » dis-je en riant, pour évacuer ce stress que j'ai eu toute la journée. « Aïe ! Non je l'ai pas vue depuis Toronto, en vrai. J'suis allée chercher la bague que tu auras tout à l'heure, choisir le bouquet de fleurs que t'as eu dans la chambre, j'me suis préparée et préparé ta robe. C'était chaud d'faire ça en une heure, mais j'trouve que j'me suis bien débrouillée. » dis-je en souriant, avant qu'elle ne me dise qu'elle était pressée de devenir madame Caballero. Alors là, j'peux pas être mieux. « Alors on y va, il nous attend. » dis-je en l'entraînant dans la chapelle, où allait avoir lieu cette cérémonie intime.

Elle me fait rire quand elle pense que ma réponse n'est qu'un rêve, ou bien qu'elle est en train de mourir. Alors j'attrape son visage entre mes mains, je fixe mon regard dans le sien, avec un sourire heureux. « T'es pas en train de rêver, t'es pas morte non plus. Je t'ai dit oui, et je te dirais oui là-dedans, tout comme je te dirais oui devant nos proches plus tard. Alors arrête de stresser, mon amour. » Quand elle me dit tout ce qu'elle a fait en l'espace d'une heure, je me dis que ma copine, c'est Wonder Woman. Moi, c'est presque le temps que j'ai passé uniquement à me préparer. Elle est vraiment surprenante. « T'as bu combien de cafés pour faire tout ça en si peu de temps ? Parce que pour moi, c'est presque impossible d'être aussi efficace en si peu de temps. » dis-je en riant. En même temps, j'aime passer du temps à me préparer, parfois. Je peux facilement rester une heure dans une salle de bain. Elle m'entraîne à l'intérieur de la chapelle, où un pasteur est présent. La marche nuptiale se fait entendre derrière nous, avant qu'il ne prononce un discours sur le mariage, avant de prononcer les sacrements, qui se terminent par Je vous uni par les liens sacrés du mariage, vous pouvez vous embrasser. . C'est fait, ça y est. On signe les papiers qui prouvent qu'on s'est mariées. J'ai des étoiles pleins les yeux. Orianna Caballero, ça sonne tellement bien.

Elle me dit qu'elle me dit oui, qu'elle me dira oui qu'importe les circonstances futures, alors j'suis vraiment rassurée. « Tu sais que je t'aime, et à quel point je t'aime, toi ? » dis-je en souriant, sans quitter son regard. J'dois avoir les yeux qui brillent, d'ailleurs. Puis elle me fait rire en me demandant la dose de caféine que j'ai avalée pour tout faire en si peu de temps. « Pas eu l'temps de boire un seul café, crois moi. J'ai même pas eu l'temps de penser à en avoir envie. » dis-je en riant. Le temps est passé réellement vite, mais j'ai eu la chance de m'organiser toute la semaine. Les tenues étaient prêtes depuis la veille, la bague je n'avais qu'à la récupérer, les réservations sont faites depuis trois jours, au final, ce n'était qu'un plan à suivre. Dans la chapelle, les choses s'officialisent. Le pasteur nous lie, nous demande d'échanger les alliances, et nous déclare unies par les liens sacrés du mariage, pour notre plus grande joie. On s'embrasse, et c'est magique. Il nous tend les documents officiels à remplir et je vois sur les exemplaires qu'elle devient Orianna Marge Caballero. J'trouve ça beau, vraiment. Et pour sortir de la chapelle, je passe derrière elle et viens la porter, comme une princesse. Ma princesse. « Alors, ça te fait quoi, de devenir Madame Caballero, mon amour ? » dis-je en souriant, avant de me diriger vers la Cadillac, qui va cette fois nous conduire à l'Américana.

C'est fou comme Mia a un besoin d'être rassurée comme ça, c'est loin de l'image que tout le monde lui connait, celle qui ne craint rien ni personne. Et même si je la rassure, je ne lui mens pas. Je n'ai jamais pu lui mentir. Je ne lui ai jamais dit que je ne l'aimais pas, ou un truc du genre, même si je ne lui avais jamais avoué mes sentiments avant Southport. C'est différent. « Je crois que je suis loin de me douter de tout l'amour que tu ressens, mais tu es encore plus loin de savoir tout ce que je ressens pour toi. » dis-je en souriant, avant de lui voler un petit bisou. Elle est trop mignonne, avec ses yeux qui pétillent comme ça. Elle me fait rire quand elle me dit qu'elle n'a pas eu le temps de penser à un café, et je me rends compte à quel point elle a été plus forte que n'importe qui aurait essayé. En sortant de cette chapelle, je ne m'attendais pas à ce qu'elle vienne me porter comme une princesse, mais j'avoue que je kiffe grave. Je m'accroche à son cou, avec un immense sourire sur le visage et que personne ne pourra décrocher. « C'est un rêve inavoué qui vient de se réaliser, je dirais. Une évidence, peut-être. Le deuxième plus beau jour de ma vie, avec notre premier baiser à Southport. Même si le vrai premier était parfait aussi. » dis-je en souriant, avant qu'elle ne me dépose dans le véhicule, pour une nouvelle destination qui m'était inconnue.

Jamais de ma vie j'me serai doutée que j'allais demander quelqu'un en mariage, parce que c'était pas mon délire, tout ça. Mais avec Ori, bah j'ai complètement changé d'avis. J'suis persuadée que j'vais passer ma vie avec elle, que c'est celle avec qui j'veux vieillir et fonder ma famille. Ca peut sembler complètement dingue, surtout venant d'moi, mais c'est la réalité. Alors ça m'semblait logique d'venir ici, unir ma vie à la sienne. J'suis tellement dingue de cette femme, que rien ne peut m'paraître plus fou que mes sentiments. Et faut croire que c'est réciproque, parce qu'elle m'dit que j'ai pas idée de ses sentiments. J'suis heureuse, vraiment. J'pourrais passer des heures entières, juste à lui dire que je l'aime, à la regarder, sans rien faire d'plus. J'ai pas besoin d'plus. J'suis devenue une autre femme, cet été. Une femme meilleure et comblée. En sortant de cette cérémonie, elle me répond que c'était un rêve, une évidence, l'un des plus beaux jours de sa vie. J'suis touchée, parce que c'est pas donné à tout l'monde d'entendre ces mots là de la bouche de la femme qui fait chavirer tous les codes qu'on s'est fixés. « Parce que tous les baisers qu'on s'est donnés n'étaient pas parfaits ? Une évidence, c'est vrai ? » dis-je alors, en m'installant près d'elle, alors que le chauffeur nous faisait faire le tour de la ville, en attendant l'heure de la réservation.

C'est complètement fou. J'ai toujours imaginé le jour de mon mariage, avec tous ceux que j'aime près de moi, la cérémonie en blanc, ce genre de trucs qu'on voit dans les films à l'eau de rose. Et pourtant, j'ai vécu une chose extraordinaire, sans être dans une longue robe blanche, sans ma mère et ma soeur, mes amis près de moi, mais la personne dont je rêvais en face de moi. C'était un instant magique, suspendu dans le temps, rempli d'émotions intenses. Mia m'arrache un sourire quand elle me demande si tous nos baisers n'étaient pas parfaits. « Bien sûr que si, ils étaient tous magiques. Même ceux qui étaient insignifiants pour les paris et les jeux qu'on faisait en soirée au lycée. » Les cap ou pas cap, le jeu de la bouteille, action ou vérité ont défilés dans nos soirées lycéennes, parfois même après. Autant dire qu'on s'est souvent embrassées, même pour des défis. Et à chaque fois, je vivais un court mais intense moment. Je me contente de rougir quand elle remarque le fait que je dise que ce mariage était une évidence, parce que c'est sorti naturellement. « Me regarde pas comme ça, je vais être plus rouge qu'un piment mexicain. » dis-je en riant légèrement, avant de me blottir dans ses bras et observer les lumières de la ville qui défilent sous nos yeux.