Pendant Thanksgiving ? Bon ce n’était pas la même chose en Europe, on ne fêtait pas cette fête là qui était en Novembre. Mais je ne me voyais pas ne pas faire les fêtes de fin d’année avec nos parents. « On en reparlera quand tu rentreras Nicolas. » J’avais besoin d’un temps de réflexion là-dessus. J’avais beau être qui j’étais, faire les fêtes sans ma famille autour d’un repas, des chants de Noël, des cadeaux, et de la joie d’être en famille, cela me paraissait trop étrange.
Le vent soufflait de plus en plus, et je sentais que l’ouragan se rapprochait. Des choses volaient dehors, frappant dans les vitres de l’hôtel qui semblaient résister pour l’instant. Je ne tenais plus en place, m’énervant même contre du personnel de l’hôtel. Je savais me débrouiller seule, alors que dans le fond, il était préparé à ça théoriquement. « Sinon, je rejoins tout le monde dans la salle commune ? » Je gardais le téléphone droit devant moi, histoire que Nicolas puisse voir mon visage, mais je pouvais voir le sien aussi. C’était sûrement ça qui m’aidait à garder confiance en moi. J’allais me diriger vers cette salle quand un parasol qui volait là avait eu raison de la vitre l’éclatant en mille morceaux. Un cri s’échappait de ma bouche et je me jetais au sol machinalement. Le vent s’engouffrait dans ce couloir, mais je restais agrippée à mon téléphone sans pour autant que le cadrage soit bon. « Tu es toujours là ? » Les larmes de peur coulaient le long de ma joue, j’espérais que le téléphone n’ait pas coupé, et je rejoignais la salle qui était le plus proche, qui n’était autre que le restaurant, en boitant de ma jambe gauche. Je me mettais sous une table. C’était ça qu’on nous avait pris en cas de tremblement de terre non ? Je me callais contre un pied de la table, fixait dans le sol. « Nicolas, je … j’ai… un bout de verre dans la cuisse. » Par la panique, je n’avais pas encore ressenti la douleur, mais là, ça venait. Je penchais le téléphone pour lui montrer. C’était qui déjà le médecin ? Ah oui… moi.

- appel visio - Je souriais à ma sœur quand elle me dit vouloir reparler de la mission humanitaire plus tard et j’acceptais avec plaisir. Je n’avais pas envie qu’on prenne une décision rapidement car je ne voulais pas qu’elle regrette. Le ton changeait lorsque la fameuse tempête arrivait vers la Floride mais surtout vers le lieu où était ma sœur. Je ne la lâchais pas des yeux même si c’était difficile de tout suivre ce qu’elle faisait à cause des coupures de téléphone. « Oui elle doit être conçu pour affronter ça. » En réalité je n’en savais rien mais il y avait intérêt car si il arrivait quelque chose à ma sœur je serai capable de tout envoyer paître et les amener en justice. J’étais un De Luxembourg mais surtout on parlait de ma sœur jumelle donc impossible de laisser passer ce genre de choses. « CHARLOTTE !!! » Criais-je quand je vis ma petite sœur tomber au sol sans comprendre ce qu’il se passait, c’était difficile de pouvoir l’aider en étant aussi loin. Je soufflais alors que je commençais à ressentir de la panique mais j’essayais de ne pas la laisser prendre le dessus. Il fallait que je reste concentré… « Je suis là, et toi ça va ? » J’avais besoin de la voir, besoin de me rassurer mais malheureusement elle ne mis pas son téléphone vers son visage rapidement, ce qui a eu le don de m’angoisser encore plus. Quelques minutes plus tard j’arrivais enfin à apercevoir son visage et j’étais rassuré...je la regardais avant de grimacer. « Un bout de verre, comment il est ? Grand petit ? Il ne faut pas que tu le touche car ça pourrait être pire. » En fait il fallait qu’elle fasse un garrot et qu’elle garde le morceaux e verre jusqu’à ce qu’elle puisse aller à l’hôpital. « Il y a du monde avec toi ? »

« »

Ça coupait régulièrement, quelquefois le visage de Nicolas se bloquait quelques secondes avant de reprendre. Tout comme le son de sa voix. Je tenais tout de même à continuer ce facetime. J’aurai très bien pu retrouver une autre personne, je ne faisais juste pas confiance au monde entier. Ma confiance se gagnait, et il fallait surtout la mériter. Alors je n’allais pas me réfugier en compagnie d’autres personnes que je n’estime pas un minimum.
Je venais de m’aplatir au sol au bruit fracassant de cette fenêtre. C’était peut-être à ce moment-là que je venais de me planter ce bout de verre. J’entendais la voix de mon frère crier mon prénom. Finalement, ce n’était peut-être pas la meilleure des idées que de l’avoir appelé aujourd’hui, je le faisais paniquer alors qu’il était à des milliers de kilomètres de la Floride. Téléphone en main, je lui répondais enfin en arrivant sous cette table. « J’ai eu tellement peur ! » dis-je en essuyant les larmes qui coulaient le long de mes joues. « C’est de votre faute ça à Theodore, Charles et toi ! Pourquoi vous êtes venu à Boston ? Je n’aurai pas été tenté par ce Summer Camp. » Je tentais la plaisanterie, qui soit dit en passant n’était pas si faux. Au Luxembourg nous n’avions pas ce genre de tempête, c’était plutôt calme niveau intempérie. Je mettais la caméra frontale de mon téléphone vers ce bout de verre qui était dans ma cuisse. Il était assez épais, aussi grand que ma paume de main. A vue d’œil, je dirai qu’il y avait environ sept centimètres d’enfoncé en pointe. L’artère fémorale restait assez loin pour être touché. Mais ça avait certainement touché le muscle. Je relevais le téléphone pour le mettre fasse à mon visage, contrôlant les grimaces de douleur. « Personne ne me touche Nicolas, c’est hors de question ! Je préfère encore rester là. » J’étais ferme cette fois-ci, je ne bougerais pas de là pour demander de l’aide. « Je vais retirer mon tee-shirt pour le mettre autour de ma cuisse. Je t’interdis de me mater. » plaisantais-je dans ce moment. Je posais le téléphone droit, Nicolas pouvait encore me voir, et je retirais mon haut – heureusement je portais un soutien-gorge aujourd’hui – et je le serrais fort sur le haut de ma cuisse. « Je dois aller dans ma chambre, j’ai du matériel de médecine avec moi… quoi ? Ne me regarde pas comme ça, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. » Et c’était loin de ressembler à une simple trousse de secours avec juste une compresse et un désinfectant, c’était bien plus complet avec un vrai garrot, un kit de suture , et bien d’autres choses.

- appel visio - « C’est uniquement la faute de Charles et Théodore car je serai resté au Luxembourg sans eux. » J’étais très proche d’eux mais surtout de mes triplés donc je ne pouvais pas envisager de vivre sans eux. Charlotte avaient des larmes qui coulaient mais elle essayait de faire un peu d’humour mais malheureusement je n’avais plus envie de rire ni même de sourire car j’avais peur pour elle, peur qu’elle soit réellement mal...c’était angoissant. Et Charles il n’était pas en Floride aussi ? Je n’en savais rien car il faisait un peu le mort depuis quelques jours. Je soufflais quand je vis le bout de verre qui était dans sa jambe et j’essayais de la calmer pour qu’elle puisse penser à l’après tempête afin d’aller voir un médecin. « Désolée mais j’ai de quoi mâter en Afrique. » Dis-je en faisant référence à Ambre mais je ne voulais pas en parler plus donc je ne disais rien de plus et je savais qu’elle ne rebondirait pas dessus. « Tu ne peux pas retirer le bout de verre seule Charlotte, ce n’est pas stérile et tu as besoin d’aller à l’hôpital. Je suis sérieux. » Je la regardais à travers la caméra car je me faisais réellement de soucis pour elle…

( HJ- Tu peux clore comme ça on ouvre celui à NYC. )

« »

Sous cette table, je me sentais un peu plus à l’abris, bien qu’on pût entendre le bruit de la tempête qui était à son apogée. C’était mon premier ouragan, je ne savais pas pour combien de temps il y en aurait, mais j’avais appris une leçon : j’écouterai toutes les consignes la prochaine. Bien que j’espérais qu’il n’y ait pas de prochaine fois. Cela me faisait sourire que de chercher un coupable là-dedans. Personne n’était responsable de tout ça, et je devais même dire qu’hormis ce moment, j’avais passé une très bonne première année loin de nos parents, ici aux Etats-Unis. Je fixais juste le téléphone, feintant des petits sourires pour rassurer un peu Nicolas. J’essayais de le rassurer et je culpabilisais de l’avoir appeler. Nicolas restait là avec moi, même à l’autre bout du monde, je l’aimais d’autant plus pour tout ça. Enfin, ça, c’était avant qu’il me dise qu’il avait de quoi mater en Afrique, je savais très bien ceux à quoi il faisait référence et ça ne me plaisait pas… mais alors pas du tout. L’avantage, c’était qu’avec mon état, il ne pouvait plus savoir pourquoi je grimaçais : soit pour mon état, soit pour ça pseudo petit-amie. Bon d’accord, le fait que je lève les yeux au ciel était un grand indice sur l’option à choisir. Je ne préférais juste pas répondre à ça, l’énervement n’était pas bon dans ce moment précis.
Je l’écoutais encore pour me dire que je ne pouvais pas retirer ce bout de verre toute seule. Il me prenait pour quoi ? J’avais un garrot et ce qu’il fallait dans la chambre, bien sûr que je pouvais le faire. « Et laissez ce bout de verre dans ma cuisse… Nicolas ? Nicolas répond-moi… » Il fallait s’en douter à un moment où un autre que ça allait couper. J’avais besoin de lui, et je n’avais plus de réseaux. Je jetais ma tête en arrière, posée sur le pied de la table et je prenais de grandes inspirations. Il fallait que je me rende dans ma chambre, je n’avais plus le choix. Aussi laborieusement que possible, j’allais me faire cette suture toute seule.