VENDREDI 14 JUIN 2019. HEURE DU DÉCÈS : 20h34 - Ma voix, mon cri, venait feindre le silence de la rue. Tu me trouvais horrible si j’espérais que ce soit quelqu’un d’autre que toi qui soit touché par cette balle ? Je n’étais personne pour définir qui devait vivre ou périr, mais je savais aussi que toucher à l’un de mes proches ne resterait pas sans conséquence. J’avançais, déjà en larme, entendant dans ton souffle et tes gémissements, ta douleur. J’essayais malgré la peur et la peine, de réfléchir de manière lucide. Sortant mon téléphone pour appeler une ambulance qui viendrait rapidement te secourir, je mettais le haut-parleur, pour pouvoir te prodiguer les premiers soins, tout en donnant les indications à mon interlocuteur. Te perdre n’était pas une éventualité, alors avec mon tablier, je venais donner une pression sur ta plaie, empêchant le sang de se répandre pour éviter une hémorragie. « Désolée… » Pour la douleur, mais pas que. Désolée pour tout, de t’avoir menti, de t’avoir en quelque sorte trahie. Désolée d’être celle que j’étais, de vivre dans un monde impitoyable, n’ayant pas eu le courage d’assumer mon nom et la réputation de notre famille. On en avait gâché du temps, loin l’une de l’autre, mais comment t’en vouloir d’avoir eu du mal à digérer cette nouvelle ? J’étais la seule fautive. Je chassais ces mauvaises pensées de mon esprit, te parlant pour te garder éveillée. « Tu ne vas pas mourir, les secours vont arriver d’une seconde à l’autre. » Tu devais continuer sur cette lancée, te battre, encore et encore, pour survivre. Tu te contentais d’hocher faiblement la tête à ma question, semblant souffrir toujours plus à mesure que le temps avançait. « Respire doucement. » Tes mots résonnaient dans mon esprit. Lui. Tu n’avais pas besoin de m’en dire plus pour que je comprenne. « Chuuuut. » Que je soufflais doucement, passant ma main libre sur ton doux visage. « Ne penses pas à lui, on s’en occupera plus tard, contente toi de te concentrer sur moi. » J’allais prévenir les forces de l’ordre et tenter également de mon côté d’effectuer encore des recherches à son sujet. Je délaissais ton visage pour venir glisser ma main dans la tienne. « T’es la plus belle et plus forte personne qui existe Marla. » Et je t’aimais tellement. Tellement au point d’en vouloir à la terre entière. Ta gentillesse et ta bonté devait te rendre intouchable et pourtant... T’étais loin de mériter ce qui t’arrivait ce soir. Je me baissais doucement pour embrasser ton front, chuchotant alors faiblement. « Je t’aime. » De peur de ne pouvoir jamais te le redire.