mercredi 24 avril 2019 ; Un flou permanent c'était installé dans ma tête depuis mon retour de Paris. Je n'étais pas au meilleur de ma forme, me posant beaucoup de questions - sans grande surprise - à propos du déroulement de ces deux jours en compagnie de Miles. Depuis que nous avons posés le pied à Boston, c'était le retour à la réalité. Le retour de la dépression ambiante bien caractéristique de la ville de Boston. Même si j'avais pu me reposer un peu le temps des fêtes, depuis deux jours c'était le classique : métro, boulot, dodo. Deux jours que je me torturais l'esprit en me faisant la plus petite au monde. Le but était de faire comme j'avais pu faire suite aux attentats ; étouffer les événements récents dans un coin de ma tête, essayer très fort de ne pas y penser et me persuader que tout cela n'était rien qu'un moment d'égarement. Cela fonctionnait jusqu'à ce que mon portable vibre, son prénom s'affiche et que mes sens se mettent en alerte. Garder Caprice. Okay. J'avais omis ce détail qui faisait que je n'allais pas pourvoir le fuir complètement. Okay, okay. Tout va bien se passer Marla. Je me pointais à l'heure demandée, un simple bonjour, un échange de formalité, beaucoup de distance et mon regard fuyant à souhait. Je respire à nouveau en le voyant partir et je m'occupe de sa fille, me concentrant sur elle et uniquement elle. Assise à table, en train de colorier, je la regarde avec ma moue blasée, m'ennuyant quelque peu. Mes yeux parcourent le contenu de celle-ci, s'arrêtant sur des papiers posés là à la va vite. Je me fige en discernant quelques mots, notamment le mot mariage. Je profite que la petite s'éclipse aux toilettes pour le feuilleté sans gêne. Miles s'est donc marié à une certaine Edith, à Las Vegas, la semaine avant notre fuite en direction de Paris. Je ne saurais expliquer comment je me sens à cet instant, ayant seulement l'impression que Miles avait bien du mal avec le mot honnêteté. Les quelques heures passaient et l'angoisse me prit aux tripes quand la porte s'ouvrit, annonçant le retour de l'ancien Eliot. Capi étant dans sa chambre, assoupie sur son lit, je terminais de faire ce que j'avais en faire avant de me diriger en silence vers mes affaires. « J'ai rangé ton contrat de mariage dans la commode pour éviter que Caprice ne le dézingue avec ses coloriages » Je lui tournais le dos. J'étais agacée, incapable d'assumer, encore moins à l'heure d'aujourd'hui. J'étais en train de m'embarquer dans une pente glissante et ça me faisait mal au bide.


@Miles Hohenstaufen

Le retour à la réalité après Paris avait été brutal. L'épisode parisienne s'était envolé dans la tête de Miles avec ses insouciances dès qu'il a dû faire face aux résultats de clinique de Caprice et son mariage entre ivrognes mais bien valide avec Edith. C'était comme si le weekend passé avait été un doux rêve en fait, un rêve aussi vite évaporé dès l'instant où ils avaient embarqué dans l'avion, un rêve presque déjà bien lointain pour Miles qui avait enfermé ces souvenirs dans une petite boîte au fond de son esprit, pour son bien-être. Deux jours étaient passés, deux jours qu'il ne l'avait pas revu, pas eu de nouvelles, et dès qu'il s'autorisait à y penser, il ignorait s'il devait s'en réjouir ou l'inverse. Deux jours sans nouvelles avant qu'elle ne revienne, comme prévu, pour garder Caprice ce mercredi. Entre ses cours, son rendez-vous avec son avocat, des débuts d'examen et Marla, ce mercredi il n'avait pas eu hâte, ignorant pour chaque événement, comment réagir, que faire. Pour cette dernière, il en était quasiment certain qu'elle allait se confondre dans des dialogues vendant sa gêne et son désarroi et c'était ce qu'il voulait éviter, sans savoir comment. Mais faut croire que Marla lui avait facilité la tâche pour leurs 'retrouvailles' étant donné qu'elle était arrivée tout juste à l'heure pour lui permettre juste de la saluer et partir. A son rendez-vous, il oublia assez vite le problème Marla pour se concentrer sur Edith et.. sa tête allait littéralement exploser une fois qu'il rentra enfin, une heure et trente minutes plus tard. Exténué, il en avait presque oublié la rousse, qui l'accueillit bien.. étrangement ? « J'ai rangé ton contrat de mariage dans la commode pour éviter que Caprice ne le dézingue avec ses coloriages » Ah. Miles écarquilla des yeux avant de soupirer. Au moins, ce n'était pas une conversation gênante tournée vers les événements à Paris. Mais est-ce que c'était mieux ? « Cool.. merci » Qu'est-ce qu'il était censé dire ? Evidemment il avait remarqué son accueil peu chaleureux, son ton agacé, le dos tourné mais il ne souhaitait pas réellement savoir pourquoi. La fatigue due à cette journée interminable le hantait assez pour qu'un soucis aussi mineur lui passe au-dessus de la tête. Et il avait assez entendu parler d'Edith pour la journée. « Passé une bonne journée ? » Alors il changea innocemment de conversation avec une question si banale que c'en était gênant. Lui qui avait voulu à tout prix éviter ce sentiment de gêne auprès de Marla, c'était on ne peut plus loupé, en sachant qu'il allait sûrement bien se faire remballer.

Miles entrait chez lui, réanimant l'angoisse dans le creux de mon estomac. C'était le moment pour moi de partir, ne pouvant m'empêcher de glisser sur le tapis, le sujet du mariage que j'avais encore bien du mal à comprendre. « Cool.. merci » Sérieusement ? Je prenais sur moi, m'attendant à ce que ça s'arrête là, mais non. L'envie de lui arracher la tête reprenait de plus belle quand il ouvrit la bouche à nouveau. « Passé une bonne journée ? » - « Cool.. merci » Je reprenais ses mots, les sortant avec un petit peu trop d'agacement dans la voix. Puis dans un soupir, j'arrêtais de ranger mes affaires, décidant enfin de lui faire face, les bras croisés. « Peut-être que tu aurais dû commencer par ça, la semaine dernière. Tu sais, me dire que tu t'étais marié et que tu voyais quelqu'un. » Je m'approchais de lui, le regard noir. Je ne parlais pas trop fort, ne voulant pas réveiller Caprice avec nos histoires alors qu'elle semblait vidée d'énergie. « Je ne suis pas le genre de personne qui brise les mariages, les couples. Je n'ai aucune envie de m'attirer des ennuis ou même de me manger une gifle par une fille jalouse. Tu aurais dû me le dire, on ne serait jamais allé à Paris » Il ne serait jamais arrivé ce qui était arrivé surtout, mais ça, j'avais encore du mal à l'accepter pour oser dire clairement les choses, de vive voix. L'ironie du sort, c'était quand même que je parlais des foudres d'une fille jalouse alors que c'était moi qui étais en train de lui taper une crise à cet instant. « Capi était fatiguée, elle s'est endormie » Changement de sujet et pas des moindres. Il allait de toute évidence réitérer la question à propos de sa fille, de comment ça s'était passé en son absence, je le devançais donc, retournant à mes affaires pour enfiler ma veste.

Miles n'avait pas su exactement à quoi s'attendre à son retour, faire face à Marla mais en toute honnêteté, il s'était attendu à ça, ce sujet. Son mariage. S'il avait été plus que surpris par le sujet abordé par Marla, il l'avait cependant bien caché, derrière ce soupir et cette réponse élusive, même ce changement de sujet innocent. Il ne voulait pas aller sur ce terrain, s'il n'avait pas mentionné ce foutu mariage à elle ou qui que ce soit, c'est bien pour une raison. Mais apparemment et évidemment Marla n'allait pas se satisfaire de son silence sur cet événement, évinçant son changement de sujet d'un revers de la main et enchaînant, sans pouvoir se retenir, sur un discours un tantinet hargneux. Maintenant face à lui, elle lui lançait même des regards noirs qui fit serrer la mâchoire de l'ancien Eliot, incrédule devant les mots que lui sortaient la Dunster. S'attirer les foudres d'une fille jalouse, ou peu importe. Il constata, sans émotions, qu'elle ne se rangeait plus du côté 'non ambigu' dans leur relation 'amicale', porteuse du discours d'une maîtresse d'un homme marié. Ce même homme marié qui l'observait à cet instant les bras croisés également, le visage fermé et la tête vidée. Il ne réagit pas, du moins, pas de suite. Ne se réveilla qu'après l'instant où elle mentionna Caprice, avant de lui retourner le dos pour reprendre le rangement de ses affaires. Là, il lâcha un long soupir et tout aussi bas qu'elle pour éviter de réveilleur sa fille, il objecta, monotone : « Etant donné que c'était censé être un weekend à Paris avec Caprice, qu'est-ce que ça aurait changé si je te l'avais dit la semaine dernière ? On était pas juste 'amis' à ce moment-là, quand t'as accepté de venir ? » A ce moment-là. Ce n'était plus le cas dorénavant même si aucun des deux ne sauraient donné une étiquette sur ça. Mais c'était un sujet pour plus tard. « Tu donnes l'impression que c'était un weekend prémédité entre deux amants.. que j'ai prémédité ce weekend et tout ce qui s'est passé.. alors que non. Donc ce mariage n'était pas censé être un problème vu qu'on était censé être qu'amis. » Censé être un problème. Censé n'être que des amis. Censé, tout était là la clé des problèmes. Parce qu'apparemment, le mariage causait des problèmes qu'il n'avait même pas vu venir avec une Marla qui était tendue, irritée, peut-être même énervée contre lui alors qu'il était innocent.  Et vu sa réaction, ils étaient définitivement plus que des amis. Soufflant un bon coup pour évacuer toute mauvaise onde, Miles décroisa les bras, s'approcha de la rousse et lui saisir son poignet pour l'obliger à lui faire face. « Hey.. si ça t'inquiète autant.. je ne vois absolument personne, tu ne vas pas te manger une gifle par Edith et.. » Et ? Il venait d'oublier son troisième point, troublé par la proximité avec Marla. « ..et j'ai vraiment, vraiment envie de t'embrasser. »

« Étant donné que c'était censé être un weekend à Paris avec Caprice, qu'est-ce que ça aurait changé si je te l'avais dit la semaine dernière ? On était pas juste 'amis' à ce moment-là, quand t'as accepté de venir ? » Je lâchais un soupir, déjà embêtée par la conversation. Il ne comprenait pas ce que je voulais lui dire. Ou peut-être que je m'étais mal exprimée. Ce n'était pas tant de la jalousie, ce n'était en rien de la possessivité. Miles faisait ce qu'il voulait de sa vie, c'était ses choix, mais il ne pouvait pas se permettre ce qu'il voulait me concernant moi. Non, il ne pouvait pas prendre les choses à la légère, amis ou pas amis, peu importe ce qui était en train de se passer nous concernant. « Tu donnes l'impression que c'était un weekend prémédité entre deux amants.. que j'ai prémédité ce weekend et tout ce qui s'est passé.. alors que non. Donc ce mariage n'était pas censé être un problème vu qu'on était censé être qu'amis. » Je notais que dans sa tête nous n'étions officiellement plus des amis, l'avions nous été de toute manière? Est-ce que je devais batailler sur ce terrain ? Aucune idée. Là, j'avais juste envie de partie pour m'aérer la tête et essayer de penser à autre chose. J'avais besoin de mettre de l'ordre dans ma vie et il ne m'aidait vraiment vraiment pas. C'était pire quand il se reprocha et me força à le regarder. « Hey.. si ça t'inquiète autant.. je ne vois absolument personne, tu ne vas pas te manger une gifle par Edith et.. » Et c'est la merde. Clairement. Pour que Hohenstaufen en vienne à essayer de me rassurer alors que... Alors que quoi ? Je. On était tout et rien en même temps. Il n'y avait aucune définition et j'en avais ma claque de ce genre de situation bancale. « ..et j'ai vraiment, vraiment envie de t'embrasser. » Et ça me faisait rougir rien que de l'imaginer. Ça me faisait sourire aussi, ça réveillait tout un tas de choses. Au moins, il pouvait constater que son côté apaisant vis à vis de la situation faisait effet sur moi, assez pour m'adoucir. « Ce n'est pas ce que j'ai dit Miles. Je n'ai pas dit que c'était prémédité et oui, nous sommes partis en amis. J'dis juste que si tu es marié, tu ne me laisse pas dans l'ignorance, tu ne me laisses pas t'embrasser et tu ne recommences pas à m'embrasser le lendemain ou tous les autres jours qui suivent ». Ni plus, ni moins. Bien sûr que la proximité n'aidait pas, mais personnellement, j'étais incapable de lâcher prise et de ne pas imaginer la suite et les conséquences qui allaient avec. « Crois-le ou non, j'ai adoré le week-end, ça m'a fait du bien. Et s'embrasser, c'était bien aussi parce que tu as comblé un manque. Mais continuer avec moi, c'est juste te créer des problèmes Miles » Il savait très bien comment j'étais, il avait vu à quel point j'étais sentimentale et que je pouvais me montrer dépendante et je n'étais pas certaine qu'il ait envie que ça tombe sur lui.

En moins de dix jours, Miles avait plus foutu le bordel dans sa vie qu'en vingt-cinq ans d'existence, battant même tous les records avec une fille en se mariant avec. Après les fausses fiançailles annoncées publiquement avec la fille Kennedy et ce mariage, il faisait un joli combo en très peu de temps pour quelqu'un de base réfractaire à l'engagement. Vous pouvez donc imaginer son désarroi la semaine passée. Puis il y avait Marla ce weekend, ce foutu weekend, censé lui changer les idées mais qui n'avait rien arrangé. Preuve est-il, ce soir, après une prise de tête avec son avocat, c'était avec la rousse qu'il s'agaçait. Elle lui tirait les vers du nez sur ce mariage, lui reprochant son silence sur l'événement, et cette relation pourtant inexistante. Puis ensuite, il ne comprenait pas comment ils en étaient arrivés à là, comment est-ce qu'il en était venu à parler d'amants, de weekend et d'amitié pas si amitié mais c'était fait. Et vu le terrain miné de la conversation, pour éviter qu'elle ne se tende davantage, ou pire, ne prenne fuite vu que ses affaires étaient prêts, Miles s'approcha, calma le jeu, sortit le grand jeu, en éternel charmeur qu'il était. « Tous les autres jours qui suivent ? Donc ça veut dire que je peux t'embrasser.. tous les autres jours qui suivent, comme aujourd'hui ? » Est-ce que c'était tout ce qu'il avait retenu de ce qu'elle venait de dire, avec ce sourire en coin ? Pas du tout. En tout cas, son humeur morose semblait s'être envolé en même temps que celui de Marla, dont les traits de visage s'étaient adoucis suite à son aveu. Il retint aussi qu'elle avait adoré le weekend, boostant encore plus sa confiance et son ego. Le reste passait un peu à la trappe, par choix. Yeap, il avait réellement envie de l'embrasser. Son sourire s'agrandit. Mais il se reprend assez vite le petit Miles, conscient du sérieux de la conversation. Sérieux dont il aurait pu bien se passer soit dit en passant mais il se doutait qu'elle n'allait pas se contenter d'une ou deux plaisanteries - ou presque plaisanteries - à droite et à gauche pour l'apaiser. « Je viens de te dire que je ne voyais personne Marla. C'était juste un mariage à la con dû à l'ivresse avec une fille que je ne connaissais même pas et que j'essaie de régler au plus vite. Je t'en ai pas parlé parce que ça n'avait aucune importance, amis ou pas amis. Et si j'ai voulu partir à Paris, c'était aussi en grosse partie pour oublier cette histoire, l'espace de quelques jours.. Et c'était plus que réussi ! » Qu'il expliqua, en haussant les épaules puis fit encore un pas de plus vers elle. Et cette fois-ci, ce n'était pas simplement son poignet dont il prit possession mais carrément ses deux mains qu'il emprisonna dans les siennes. C'en était presque affectif. « Donc entre nous, si je devais parier sur lequel de nous apporterait le plus de problèmes, je parierai sans hésiter sur ce gars-là en face de toi.. qui peut continuer de combler autant de manque que tu veux. »

« Tous les autres jours qui suivent ? Donc ça veut dire que je peux t'embrasser.. tous les autres jours qui suivent, comme aujourd'hui ? » Les joues rouges, mes épaules s'affaissaient devant ses conneries. M'écoutait-il au moins ? Ou faisait-il sans arrêt l'enfant au point de ne retenir que ce qu'il avait envie de retenir ? Et sa bouille de gosse n'aidait en rien. Bien que ma gêne me trahissait, je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. C'était comme ça, c'est tout. « Qu'est-ce que j'vais faire de toi ? » que je lui demandais en secouant finalement la tête de gauche à droite. Entre les silences, les sourires, mon poignet toujours maintenu dans sa main. Je ne pouvais pas partir et même si j'essayais de lui montrer par A+B que c'était une très mauvaise idée ce que nous faisons depuis ce week-end, il semblait avoir réponse à tout ce que je pouvais avancer. « Je viens de te dire que je ne voyais personne Marla. C'était juste un mariage à la con dû à l'ivresse avec une fille que je ne connaissais même pas et que j'essaie de régler au plus vite. Je t'en ai pas parlé parce que ça n'avait aucune importance, amis ou pas amis. Et si j'ai voulu partir à Paris, c'était aussi en grosse partie pour oublier cette histoire, l'espace de quelques jours.. Et c'était plus que réussi ! » Je... ne savais plus quoi penser que tout cela à vrai dire. La confiance c'était compliqué chez moi et c'est con, mais j'étais pas prête à me retrouver face à un Miles si gentil et mielleux. Ça donnait envie de le croire, mais une petite voix dans ma tête me disait : ne te fais pas encore avoir Marla. Mais comment écouter cette petite voix quand il s'approcha, me faisant oublier de respirer pendant quelques secondes, sentant ses mains se joindre aux miennes. « Donc entre nous, si je devais parier sur lequel de nous apporterait le plus de problèmes, je parierai sans hésiter sur ce gars-là en face de toi.. qui peut continuer de combler autant de manque que tu veux. » Oui Miles, justement, c'est ce que ma petite voix essayait de me dire. Il pouvait combler un manque et c'était purement égoïste de sa part. Lui, il s'attachera pas, il profitera juste. Et après, quand j'allais commencer à m'attacher, ça deviendra des problèmes. C'était le schéma typique avec les garçons comme lui, non ? Peut-être, peut-être pas. J'en savais rien. Ça ne m'empêchait pas de me hisser sur la pointe des pieds. « C'est le dernière des dernières fois Hohenstaufen » Dernière fois qu'il gouttait à mes lèvres. La dernière fois, qu'on s'embrassait avec... envie. Nous étions des "amis" et non, ça ne pouvait plus durer. C'était la dernière des dernière fois que je fermais mes yeux et que je prolongeais un baiser, me laissant aller le temps de quelques secondes, faiblement. Le pire c'est que cette fois, j'étais même pas ivre. J'avais simplement été bercé par ses petites phrases de lover, celles que j'avais besoin d'entendre même si j'avais pleinement conscience qu'elles étaient complètement fausses.

« Qu'est-ce que j'vais faire de toi ? » L’expression innocente, il haussa les épaules. L’agacement qui l’avait animé s’était dissipé à une vitesse ahurissante face à la jeune femme qui lui faisait face. Marla semblait avoir un don pour l’apaiser, quand bien même il était loin d’apprécier la direction vers laquelle elle avait mené la conversation. Edith, le reproche de lui avoir caché, Paris, les événements à Paris.. Face à n’importe qui d’autre, Miles aurait facilement perdu patience, compte tenu de son humeur exécrable et sa fatigue démesurée. Une partie de lui pourrait mettre sa fatigue en excuse pour justifier son attitude anormalement rassurant et presque mielleux, justifier sa faiblesse devant la rousse d’ailleurs. Sauf qu’une autre partie, celle dorénavant boostée par les aveux de la jeune femme sur leur voyage à Paris, lui susurrait que c’était simplement de l’envie. Ni plus ni moins. La voir dans son appartement après cette journée le réconfortait aussi étrangement, lui apportait ce souffle qu’il n’avait pas libéré depuis son réveil, ce matin. Oui, c’était purement et simplement de l’envie, l’envie qu’elle ne prenne pas fuite pour un malentendu absurde, l’envie qu’elle reste, là, avec lui. Et si elle devait entendre ce qu’elle voulait entendre, quand bien même il n’en voyait pas l’utilité, ainsi soit-il. Un peu de clarification ne faisait sans doute pas de mal suite à l’ambiguïté de ce weekend qui l’avait sans doute tout aussi perturbé, mais à un différent niveau. Il s’était interrogé sur les réelles envies de la rousse - et entendez par là, dans la sobriété - et elle, paraissait se questionner, voire même s’inquiéter sur les problèmes qu’il encourrait à continuer avec elle, pour la reprendre mot pour mot. Typiquement du Marla, la réflexion intense. Inutile de préciser que Miles n’était pas à ranger dans cette catégorie, de ceux qui réfléchissent trop, les problèmes ou non qu’il risquait, apparemment, à poursuivre ses séances de « bisous » avec elle; il ne s’en préoccupait guère. Miles fonçait, lui, n’écoutait que ses envies : celles de s’emparer encore et encore de ses lèvres. « C'est le dernière des dernières fois Hohenstaufen » Qu’elle lui glissa en réponse à son humeur enjôleur. Il ne fallait pas lui redire une deuxième fois. Dès qu’elle s’était hissée sur la pointe des pieds même, il avait déjà posé ses deux mains sur ses hanches, réduisant définitivement à néant l’espace entre eux. Et non sans un sourire en coin, il goûta une nouvelle fois à ses lèvres, cachant sa mini surprise d’avoir réussi à la faire succomber aussi aisément. Une partie de lui s’était attendu à un stop, était paré à entendre une excuse synonyme d’un « ce qui s’est passé à Paris reste à Paris » mais faut croire que non. Son humeur morose avait définitivement bien disparue, Edith aussi, la pseudo crise de Marla.. il se perdait juste dans le baiser. Et même si elle venait littéralement de qualifier ce baiser de ‘dernière fois’, il savait que ce n’était pas le cas parce qu’il n’avait aucune intention que ce soit le cas. Il ne voulait pas une ‘dernière fois’ et lorsque Miles voulait quelque chose, il l’avait.