Ce séjour au ski, c’était une idée géniale, vraiment ! Et puis, rien qu’avec tout le boulot que je devais rattraper à cause de mon absence… j’avais vraiment besoin d’un break. J’avais pris quelques cours avec moi, histoire de pouvoir travailler et ne pas être trop en retard. Je suppose qu’il suffirait à mes parents de faire un chèque au Doyen pour assurer mon passage en année supérieure, mais je voulais quand même réussir par moi-même. Quoi qu’il en soit, j’étais allongée sur mon lit, dans la suite que je partageais une nouvelle fois avec ma meilleure amie, Taylor, et j’essayais de travailler un peu. Cette dernière n’était pas là, et à vrai dire je ne l’avais plus vue depuis la veille. Mais bon, ce n'était pas pour autant que je m’inquiétais pour elle ! La connaissant comme je la connaissais, elle devait être en charmante compagnie, par exemple avec un riche héritier. C’est à ce moment-là que l’on toqua à ma porte. Tiens, qui cela pouvait être ? Je me levais rapidement et j’allais ouvrir. J’étais vraiment surprise de découvrir Andy sur le pas de la porte. « Andy ? Qu’est-ce que tu fais là ? », demandais-je. Et l’air assez préoccupé qu’il avait sur le visage commença à m’inquiéter un peu. « Ca va ? »

Voir Andy ici, devant la porte de la suite que je partageais avec Taylor, me surprenait quand même un peu. Evidemment, je le voyais fréquemment, ne serait-ce que parce qu’on habitait tous les deux la Eliot House, mais… je ne m’attendais pas à le voir aujourd’hui. « Non, pas du tout, tu ne me déranges pas ! Taylor est… entrain de profiter du séjour, je suppose, et je ne faisais que lire un cours… », répondis-je machinalement. Ma réponse me parut assez inutile, d’ailleurs, ne serait-ce qu’en voyant l’air qu’il avait. Je l’écoutais d’ailleurs attentivement et je compris que, même si tout allait bien, ce qu’il avait à me dire était très sérieux. « Bien sûr. Entre, je t’en prie », lui dis-je avant de me décaler pour le laisser entrer. Je refermais la porte sur son passage et je rangeais rapidement mon MacBook que j’utilisais pour les cours principalement. Je me tournais ensuite vers Andy tout en m’asseyant sur l’un des fauteuils présents dans la pièce. Ce qu’il y avait de bien, quand on logeait dans des suites, c’est qu’on avait une sorte de ‘ coin salon ‘ pour pouvoir recevoir des personnes où se détendre. « Alors, de quoi voulais-tu me parler ? Ca a l’air important… », lui dis-je, et j’attendis qu’il me réponde, toute ouïe.

Je ne savais plus quoi dire. Ce qu’Andy venait de m’apprendre avait eu l’effet d’une bonne. Alors que je souriais légèrement, mon visage s’était décomposé d’un seul coup, et mon cœur commença à s’accélérer. J’avais d’ailleurs dû pâlir à vue d’œil. « Quoi ? », dis-je d’une voix presque inaudible. Je fixais un instant Andy, choquée, alors que les larmes commençaient à me monter aux yeux, et je dû faire d’énormes efforts pour comprendre ce qu’il me disait. Une chose était certaine, la délicatesse, ce n’était pas vraiment son truc. William avait une sœur ? Non… Non, c’était impossible, il me l’aurait dit si ça avait été le cas… Il n’aurait pas pu me le cacher ni me mentir. « Mais… Mais non, mais… », commençais-je, mais les mots se bloquaient au fond de ma gorge. Pourtant, et bien que je n’arrivais pas à le croire, je savais qu’il me disait la vérité, c’était trop sérieux pour qu’il me parle de ce genre de chose sans en être vraiment sûr. Je me levais d’un coup du fauteuil sur lequel j’étais assise et, après quelques pas, je me postais devant l’une des fenêtres. « C’est… Ce n’est pas possible, il doit y avoir une erreur ». Mais si je cherchais à trouver une explication rationnelle à tout ça, c’était avant tout parce que je ne pouvais pas accepter l’idée qu’il ait pu me mentir. Car si ce que je venais d’apprendre était vrai, il m’avait volontairement caché l’existence de cette petite sœur. Et au moment où une larme coula le long de ma joue, je l’essuyais d’un revers de main, rapidement. Parler de William avait toujours été très dur pour moi, si bien qu’en réalité, je n’avais vraiment abordé la question qu’avec Andy et Apple parce que, l’un comme l’autre, ils devaient être au courant. Pour les autres, j’étais toujours restée très vague. « Tu en es vraiment certain ? ».

Reaghan. Alors c’était comme ça qu’elle s’appelait ? Oui, il devait y avoir une bonne raison pour qu’il ne m’en ait pas parlé, Andy avait forcément raison… mais au fond, je ne pouvais pas m’empêcher de chercher des excuses à William, et me dire que, si ça se trouvait, tout ça c’était du pipo. Après tout, Andy était à la tête d’une fortune colossale… Qui lui disait qu’elle ne faisait pas ça par intérêt, cette fille ? Mais alors que je commençais à chercher des explications plus tirées par les cheveux les unes que les autres, je réalisais qu’Andy se trouvait à côté de moi et qu’il m’avait doucement pris la main. Lâchant un soupire je fis un léger sourire en coin, comme pour le remercier du soutient qu’il voulait m’apporter. Après tout, ça ne servait à rien que je m’énerve contre elle, elle n’y était pour rien et j’étais injuste. Ne plus voir son frère pendant des années… Ca avait dû être dur pour elle. « Toute cette histoire… C’est un truc de malade », dis-je en faisant référence tout autant à Reaghan qu’à ce qui s’était passé l’année d’avant, quand j’avais appris à Andy qu’il avait un jumeau. D’ailleurs, j’oubliais bien vite le choc que ça m’avait fait et je relevais rapidement les yeux vers lui. « Mais… Toi, comment ça va ? ». Car au fond, même si moi ça m’avait choquée, cette fois, c’était surtout lui le principal concerné.

J’écoutais Andy avec attention, et j’hochais doucement la tête. Oui, je me doutais bien que ça avait dû lui faire un choc, le jour où il avait été mis au courant, et c’était tout à fait normal qu’il ait des difficultés à la considérer comme sa sœur. Je n’aurais certainement pas réagi différemment si j’avais été dans son cas. Un instant, je repensais à ma petite sœur que j’avais perdu au début de l’année scolaire, ce qui m’avait plus ou moins fait faire une pause dans mes études, mais ce n’était pas le moment d’y penser, ça me rendrait plus triste qu’autre chose. « Je pense qu’il te faudra un peu de temps, oui… C’est pas courant comme nouvelle ». Et j’étais triste pour lui. Le fait que sa famille s’agrandisse, c’était évidemment une bonne chose, mais il avait déjà eu pas mal de chocs l’an dernier. « Comment tu l’as su ? », lui demandais-je. Même si j’avais été plus ou moins énervée de découvrir l’existence de Reaghan maintenant alors que j’avais été mariée au frère de cette fille pendant des mois, je commençais néanmoins à être curieuse. « Elle… Elle a quel âge ? Elle ne doit pas être Eliot… », dis-je tout en réfléchissant. La famille de William – et la famille biologique d’Andy par la même occasion – n’était pas riche, cela aurait donc été étonnant qu’elle soit dans la même maison que lui et moi. « Elle est au courant pour moi ? ». J’avais hésité avant de lui demander.