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Tu lances un dernier coup d’œil au miroir pour lisser une de tes mèches brunes entre tes doigts quand tes lèvres, elles, se pressent l'une contre l'autre pour unifier leur couleur vermeille. Un tour sur toi-même pour vérifier que tu es à ton avantage dans ta robe Saint-Laurent au noir profond, contraste volontaire avec tes lippes rouges et l'église qui t'attend. L'élégance française sur tes hanches, le feu Colombien à l'intérieur de tes yeux sombres. Ton paradoxe éternel, la sorcière angélique. 19h45, Esmeralda doit déjà se chauffer la voix à moins qu'elle ne pense déjà trop à toi. Quelques messages sur Tinder il y a à peine quelques heures et tu t'apprêtes déjà à la rencontrer. Ce n'est pas un date, c'est toi qui vas l'écouter, toi qui vas la regarder et elle qui chantera pour toi ce soir. Demain tu replongeras dans tes bouquins de médecine, tu t'endormiras encore dessus pour te persuader que le reste ne s'est jamais produit, pour oublier les démons qui te chatouillent inlassablement les entrailles. Demain, mais pas ce soir.

Tu n'as pas été élevée dans la religion Daesyn, on t'a laissé le choix de croire au Dieu que tu choisirais et toi tu as choisi de ne croire en personne. Tu ne te sens pas vraiment légitime entre les pierres de ces gros murs, tu ne ressens aucune énergie bienveillante, au contraire, les lieux sacrés t'ont toujours fait un peu flipper. Alors, tu serres ta veste en laine contre ta poitrine pour faire barrière à la fraîcheur de l'église et tu t'installes au dernier rang, au centre d'un banc vide. Les autres arrivent par vagues, silencieusement la chapelle se remplit et toi tu attends, impassible, le regard fixé sur l'autel à attendre ton apparition divine.

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L'essence. Je ne sais pas trop quoi penser de notre discussion. Cette fille est... hypnotique. Et cette sensation dans mon ventre ne m'inspire vraiment pas quelque chose de bon. L'inviter à l'église est sûrement le pire choix que j'ai pu faire. Mettre le loup dans la bergerie. Observer ses yeux de loin, détailler sa peau, ses cheveux de jais. Le trac monte. Pas pour la musique, pas pour mes solos de chants religieux, pas pour cette voix que je maîtrise. Non. J'ai peur de perdre la foi, de perdre pied en la voyant, devant ou au loin. Je la préfère proche. Ou plutôt éloignée. Une rencontre sans parler, pour elle du moins. Elle va faire une apparition et disparaître de ma vie. Un fantôme. Qui va laisser sa trace peut-être, de cette passion naissante pour une femme. Le même sexe. C'est interdit, encore plus que le sexe avant le mariage avec un homme. Les lèvres se chevauchent, s'humidifient, tremblent un peu. J'ai besoin de tout faire fuir, de courir loin d'ici, mais mes jambes me portent sur l'autel, devant la foule. Mes yeux clairs scrutent l'horizon de pierres. Le premier chant se déroule, dans l'attente de croiser son regard. Et puis, au début de mon solo, je tombe sur elle, littéralement. J'aurai du la remarquer avant, même aussi loin. La sorcière au fond de la nef, le rouge carmin des lèvres, le noir profond d'une robe ? Trop sexy pour venir écouter la musique. Mes yeux restent plantés dans les siens, comme paralysée par ce regard inconnu. Je n'aime pas vraiment ce que je ressens, la peur prend le dessus. A deux doigts de me tromper, à deux doigts de tomber tant mes jambes ne me soutiennent plus. Quel sort m'as tu jeté ? Je ne craque pas, je ne flanche jamais. Mais tes yeux sur moi me donnent cette envie de nous retrouver que toutes les deux, dans le confessionnal. L'une d'un côté, l'autre de l'autre. Séparées pour ne pas trop se toucher. Juste entendre ta voix, là, je ne demande que ça.

@Daesyn L-Z Guerlain

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@esmeralda bezos
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Les corps viennent meubler les dernières rangées de bancs vides, tu entends à peine leurs chuchotements, leurs saluts entre paroissiens habitués et toi tu restes figée sur le bois, aucune expression qui viendrait déformer ton visage. Tu te contentes d'attendre sagement, impatiemment peut-être la seule et unique raison de ta venue ici. Esme. Esme, l'incendie parce que pour l'instant c'est tout ce que tu as pu lire sur son profil, c'est tout ce que tu as d'elle et tu n'aurais rien de plus ce soir, excepté le son de sa voix. Peut-être que c'est mieux, plus sécurisant pour elle, pour toi, pour toutes les personnes réunies à l'intérieur de cette église. Les choristes s'avancent devant l'autel, un bel alignement de draps trop blancs et toi, tu la vois tout de suite. Elle est encore plus belle que sur sa photo, plus abîmée aussi quand tu discernes le vide dans son regard qui lui, te cherche dans la foule. Et toi ça te plaît d'être là, fixée sur ses lippes mélodieuses, cachée par les lignées des corps des autres. Elle s'avance et ses partenaires se taisent, à l'instant où elle entame son solo elle sait que tu es là. Tu sens ses yeux accrocher les tiens, enfin. Elle ne chante plus que pour toi maintenant, juste pour toi. T'es happée par la mélancolie qui dégouline de ses traits, par sa beauté, par la transparence de son âme. Tu l'écoutes, tu l'écoutes seulement ton ange. Il y a quelques années, on t'aurait fait brûlée vive sur le bûcher pour tes pensées calomnieuses Daesyn. La sorcière aux lèvres trop rouges, dans la maison de Dieu, n'a plus besoin de la laine pour se réchauffer. Tu voudrais qu'elle ne s'arrête jamais, à moins que tu crèves d'envie qu'elle termine et qu'elle te rejoigne contre les murs froids.

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Nous ne devrions pas faire ça, pas ici, pas avec le monde autour, pas avec tous ses gens que je connais trop et qui pourraient remarquer ma faiblesse devant tes yeux de biches. Devant l'éternité, sur l'autel. Devant Dieu. On ne le dira pas à nos pères, ni au père de tous. La honte me prend les joues, les colore un peu plus que le maquillage ne peut cacher. Comment puis je avoir ce genre de pensées obscènes avec une femme. Sorcière. Je pourrais crier à l'hérésie, plaider ma cause en prouvant les sorts qu'elle me jette avec ses yeux, que tout est de sa faute pour être protégée d'elle, sauvée. Sauvez moi mon père, de tous mes péchés, de toutes mes pensées qui me traînent contre le corps de la brune et m’empêchent d'être corps et âme pour vous ce soir. Chanter. Je me sens enchaînée sur l'autel ce soir, comme un mariage contre mon gré. Obligée de laisser sortir ma voix pour le public, catholiquement correct. Nous pourrions être que toutes les deux Dae, et me plonger dans tes yeux m'aide à l'imaginer. Effacer les gens autour de nous, et je chanterai juste pour toi. Tu t'es installée bien trop loin pour que j'arrive à décrypter tes mimiques, tes réactions, tes grands cils mouvants, le scintillement de tes pupilles. Et je dois chanter. L'éclair de folie traverse mon crâne, pour une fois, ne pas suivre ce que l'on me demande. Je pourrais sauter les quelques marches, courir vers elle, la prendre par la main et sortir avec fracas de l'église. Pour respirer, juste respirer comme si c'était la première fois. Ce souffle de vie, je le terre pourtant en moi, une nouvelle fois. Dae. Fais moi sombrer je t'en supplie. Je ne vais pas tenir pendant une heure encore cette mascarade. Te regarder de loin, chanter pour ses idiots qui ne méritent sûrement pas ma voix. Trouve un moyen, fais tout stopper. Annonce mon déclin.

@Daesyn L-Z Guerlain

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@esmeralda bezos
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Dès lors qu'une chose est proscrite elle en devient instantanément et éperdument plus excitante. Blasphème suprême que de rêver d'elle au milieu des prières. Mais le lien est profond, la connexion est solide entre vos regards d'un bout à l'autre de la chapelle. Sa voix t'appelle, chant d'une sirène qui voudrait te mener jusqu'à elle. Les autres sont de trop et elle, elle n'est pas assez près. Tu ne veux pas qu'ils écoutent ton incendie, tu ne veux pas qu'ils la regardent non plus. Tu abandonnes son regard seulement pour jeter un bref coup d’œil à gauche et puis à droite. Tu n'as aucun voisin, comme si ton aura de sorcière prenait trop de place pour qu'on puisse s'asseoir près de toi, alors tu te penches légèrement en avant et souffle quelques mots à l'oreille d'une vieille dame, subjuguée elle aussi par la choriste. Rapidement elle gesticule sur son banc, à son tour elle chuchote à l'oreille de son mari qui fait passer lui aussi le message à son voisin. Les murmures se multiplient, les regards s’écarquillent et les rangs se dissipent. Alors, toi tu te lèves. Gracieuse et envoûtant Daesyn, immobile face à l'autel tu laisses tes lèvres dessiner un léger sourire pour Esme et quand enfin on vient murmurer à l'oreille du prêtre, tu disparais derrière une épaisse colonne de pierre. Il se racle la gorge, stoppe la voix de ta sirène d'un rapide signe de main et dans son micro annonce que la soirée doit être écourtée, qu'une alerte à la bombe est soupçonnée aux devantures de l'église. Un énième attentat. Les gens y croient car le dernier n'est pas si loin, les silhouettes se lèvent à la hâte, paniquées et puis dans un brouhaha assourdissant, passent les grandes portes en bois pour se mettre à l'abri. Toi, tu attends sagement que le lieu se vide entièrement en espérant que la choriste comprenne ton manège et s'empresse d'en prendre un ticket. Qu'elle aille où bon lui semblera, tu la suivras.

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Coincée sur l'autel, forcée de dire oui, de chanter à n'en plus finir. Il y aura un rappel, les chants vont se succéder, et tu vas te lasser sorcière. Te lasser de la musique, de ma voix, de moi. Que tu ne connais pas encore et qui va déjà te saouler de ses notes et de son regard. Ne m'en veux pas. C'est nouveau, c'est presque chaud et doux, mais ça poignarde dans le dos. Entre les côtes pour atteindre le cœur. Lui, il bat, sans se soucier de rien. Il ne connaît le désir que par procuration, au travers des romans d'amour lus et relus. Ce regard là, droit devant elle, il transperce son cœur alors que personne ne comprend. Elle se penche en avant, et le léger tremblement dans ma voix fait comprendre mon désarroi. J'ai peur qu'elle parte, sans rien me dire. Et je n'aime pas qu'elle brise notre lien, si éphémère, si fort pourtant pour moi. Les murmures progressent, comme la peste, de plus en plus forts, de plus en plus présents. Je regarde le prêtre d'incompréhension, retourne le visage vers mon essence qui a disparut. Brisée. Les chants se stoppent, un nouvel attentat annoncée. Mes vieux démons resurgissent, cette boule au creux du ventre par le départ de la brune, par les souvenirs encore trop présents. Jasper, j'ai besoin de tes bras pour calmer mes angoisses, maintenant. L'église évacuée sans silence, la panique qui résonne. J'aime les églises quand elles sont silencieuses, j'aime le silence des pierres. Le fracas d'un banc poussé sur les dalles me fait sursauter. Cette sensation de ressentir le liquide vital d'un autre dans ma bouche, cette odeur d'explosion, stupeur, panique. Paralysée, je reste sur l'autel alors que le prêtre prend mon bras pour me tirer vers la sortie. J'articule, bêtement, que mon violon est au presbytère. Va mon enfant, comme une litanie qui fait écho dans ma tête. Les jambes me portent vers la porte dérobée. Courir quand je le peux, attrape l'étui qui est toute ma vie, tourne la tête sur la porte qui se claque dans mon dos. Le sursaut est pour l'apparition de la sorcière, dans un tour de magie. Déglutir. Elle n'angoisse pas, elle ne cille même pas. Elle est belle. « Ce rouge à lèvres est parfait. » Je garde la poignet de l'étui entre mes doigts, le serre un peu plus fort. Soit tu es inconsciente, soit tout n'était qu'un coup monté. Tu es douée Dae, exceptionnellement douée. Mais mes poumons et mon cœur n'ont pas encore compris ton subterfuge, battent frénétiquement pour me tenir en vie. A moins que cela ne soit pour te tenir tête.

@Daesyn L-Z Guerlain

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Tu gommes les corps, tu façonnes votre exil. Diaboliquement convaincante, la sorcière. La foule s'évapore et bientôt le silence reprend sa juste place. Un sanctuaire vide, une église froide. Il n'y a plus que le prêtre qui protège son dernier enfant, mais l'enfant désobéit. Tes cheveux tombent sur ta joue quand tu jettes un œil hors de ta cachette, la sirène s'est tue et son regard se désoriente. Partir ou rester ? Reste, ton essence n'est pas loin. Elle lâche la main du père et s'enfonce dans sa cachette, tu attends qu'il passe les portes avant de la suivre. Tu prends ton temps, laisses tes talons résonner entre les murs épais, toi tu sais que le seul danger qui puisse être n'est pas l'extérieur, mais bien dans la chapelle. La porte claque derrière toi en arrachant un léger sursaut à la blonde. Tes paumes s'appuient contre le bois écaillé, immobile face à l'incendie qu'elle t'a promit. Elle est encore plus belle de près, sa voix plus chaleureuse quand elle se brise pour toi plus que quand elle ne chante. Et le rouge de tes lèvres s'étire pour lui offrir la moitié d'un sourire. C'est ta voix qui l'est. Tu la laisses découvrir la tienne, t'attardes sur les traits de son visage que tu as sous-estimé d'en être aussi éloignée. Ton regard dérive sur ses doigts accrochés à l'étui de son instrument, tu hausses les épaules, fausse innocente. Tu n'en as pas besoin. Il n'y a aucune bombe dehors. Elles sont dedans. Tu abandonnes la porte pour enfouir tes mains dans les poches de ta veste en laine, tu fais quelques pas à l'intérieur de votre abris en détaillant ses vitraux comme si tu t'y intéressais vraiment. Sympa les loges. Mais toi tu n'es pas là pour ça, tu es là pour elle.

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Le malaise s'installe dans la pièce. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, pourquoi j'ai demandé à cette fille de me rejoindre ici, pourquoi j'ai voulu intérieurement que le concert s'arrête pour la retrouver le plus rapidement possible. Elle lit dans les pensées la sorcière, elle a trouvé le moyen de tout faire stopper et me coincer dans son piège comme une souris idiote sur la tapette. Pas d’appâts, et je me laisse piéger, débutante. L'essence s'y connaît, elle va me laisser me consumer doucement avant de m'attaquer pour l'explosion. Des images me viennent en tête, sûrement pas de celles que l'on devrait avoir dans une église, loin de là. Et puis, elle parle. Envoûtante sorcière, tu as tout pour toi. Comment je vais faire pour résister ? Le regard se lève sur elle. La voix que je voudrais entendre et entendre, écouter souvent, la sentir chuchoter sur ma peau, mon prénom peut-être. Et mon innocence m'attaque, me rappelant mon inexpérience totale, encore plus avec les femmes. Les doigts se décontractent un peu, quand elle appuie sur le fait qu'il n'y a pas de bombe. Le corps se relâche légèrement, encore sous le choc de l'annonce précédente. Détailler la tenue, ses jambes nues, sa robe de marque. Les mains disparaissent dans les poches de la veste. « Tu es douée, vraiment douée. » Pour embobiner les gens, pour avoir réussi à faire s'emballer mon cœur devant la bombe, devant toi. Je repose le violon sur la table, pas trop loin, au cas où. Si je dois te fuir d'un seul coup alors que je rêve de me retrouver dans tes bras. Je fais quelques pas en avant, juste pour me retrouver en face de mon essence. « Tu brûles déjà en fait. » Tu es une bombe qui explose, en continue. Je ne sais pas vraiment ce qui me prend, mais le bras gauche se lève pour laisser la pulpe de mes doigts découvrir le grain de sa peau. Sa joue est douce, chaude. Je la pensais comme le serpent tentateur, mais elle est trop forte pour se transformer. Une joue en soie oui, c'est ce qu'elle m'inspire. Les doigts glissent sur la nuque, sous les cheveux sombres, pour s'y perdre doucement. Je m'y accroche un peu, comme pour me hisser plus prêt d'elle. Un pas de plus, qui m’emmène vers l'enfer. "Nous ne devrions pas être ici."

@Daesyn L-Z Guerlain

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L'héritière s'endort. Tu maintiens encore l'image parfaite qu'on te demande d'arborer depuis vingt ans, mais au fond de tes yeux noirs c'est un brasier qui y danse et ce soir, sa chorégraphie est pour elle. Esmeralda, catin de Notre-Dame, tu aimerais que celle-ci soit la tienne. Quelques pas dans votre tanière, tes yeux roulent un peu partout mais ne s'accrochent nulle part. Tu sens presque d'ici le poids qui libère sa poitrine quand elle comprend qu'il n'y a aucun danger dehors, presque parce qu'elle peine à masquer l'effet que le danger à l'intérieur a sur sa respiration. Tu le sais déjà Daesyn, que tu es douée. Toi tu n'hésites pas, tes traits de poupée innocente servent toujours ton âme purulente. Un secret permanent pour maquillage de ta peau. Son violon posé au coin d'une table, elle signe sa défaite. Elle n'en a plus besoin, elle ne veut pas partir. Non, elle veut être plus près alors ses pas se rapprochent de toi, la chrétienne s'immobilise devant la païenne et tes envies dansent dans les zones les plus sombres de ta cervelle. Je brûle toujours. D'avantage peut-être parce qu'elle est à portée de main, à porté de corps. Ses doigts froids effleurant ta joue chaude, tu mordilles instinctivement la chair de ta lèvre. Qu'elle te touche encore, qu'elle te touche toujours. Un pas de plus, tes traits restent froid tandis que ton bas-ventre, lui, s'enflamme. Tu ne sais plus qui a jeté un sort à l'autre, happée par l'océan triste qui stagne dans son regard, toi tu perds dans ses vagues. C'est vrai. Tu lui donnes raison, vous ne devriez pas être ici. Vous ne devriez être nulle part ensemble. Tes mains s'extirpent doucement de tes poches pour faire glisser ta veste et dévoiler tes épaules nues, à ton tour de faire un pas. Ton corps qui frôle le sien, côtoyer les futurs dégâts. Alors va-t'en. Tes lèvres soufflent sur les siennes, ordonnent le contraire.

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Je suis perdue. A deux doigts de fuir l'essence en face de moi. Il ne manque qu'une petite étincelle émanant de moi pour tout faire exploser. On pourrait brûler ici, toutes les deux, dans le sanctuaire de Dieu. Moi, la pécheresse avec mes idées de sexualité controversée. Pourquoi je n'aurais pas le droit de poser mes lèvres sur les siennes ? Pourquoi ne pourrions nous pas nous aimer contre les pierres glacées de l'église ? Qu'y a t-il de mal la dedans ? De plus ou moins bien que l'amour d'un homme pour ses semblables ? Tout se mélange dans ma tête, sa peau, sa voix, ce charme et ce charisme qui m'éclatent au visage. La sorcière acquiesce au fait que nous ne devrions pas être ici. Ne pas rester ici. Ne pas rester ensemble ? Elle avance pourtant, le pas qui nous empêchait de nous toucher. Les hanches se frôlent, alors que je préfère lâcher sa nuque, laissant tomber mon bras le long de mon corps. Les siens bougent aussi, et la veste glisse. Apparaissent les épaules nues. Je déglutis, c'est comme si une vague venait de me percuter en plein visage. Avec ma planche de surf en prime, dans le nez. Je crois que je saigne même. Le choc inonde mon ventre d'une chaleur puissante. Le feu s'est réveillé, plus puissant encore. Il ne demande qu'à sortir, depuis des années. Et moi, je le renferme, barricade encore plus en moi. Je pince les lèvres, les humidifient. Et ce couperet sort de ta bouche. Que je parte ? Ne joue pas avec moi sorcière, tu ne connais pas mes réactions. Je peux me braquer rapidement, je peux partir sur un coup de tête. Impulsive peut-être, vexée rapidement c'est certain. « Parce que tu le veux vraiment ? » Piquée au vif. Sa bouche trop proche de la mienne, son souffle chaud. Si tu me dis que tu veux que je quitte les lieux, je le ferai vraiment. En attendant, je ne peux pas quitter tes yeux des miens. Ne pas regarder la robe moulante, la nudité des épaules. J'avance la tête, ose poser ma main aux creux de ses reins, la rapproche de moi. Encore. Pour que nos ventres se touchent, pour que les jambes s'entremêlent malgré ma tenue religieuse. Blanc et noir. Le parfait contraste. Ma main la tient contre moi, un peu plus insistante, plus appuyée. « Dis le. » Dans un souffle. Mon audace me perdra si tu me repousses. Ne le fais pas.

@Daesyn L-Z Guerlain