J'les observe les surfeurs, avec admiration. Je m'y vois déjà, sur une planche, le regard loin, les jambes fléchies, les cheveux dans le vent. Bon j'ai cru comprendre qu'a priori ça se passerait le plus souvent sous la planche, en tant que grande débutante. J'veux nous inscrire Marla et moi au cours de l'aprem sauf que miss saute en parachute avec son espagnol. Après l'élastique, le saut en parachute, pourquoi dieu ma meilleure amie est-elle totalement zinzin ? Je sors de mon petit-déj, croise Grace sur le chemin de la piscine et c'est l'illumination. Elle est faite pour la vague, j'en suis sûre, elle ressemble à toutes ces belles gosses en combinaison néoprène. Rendez-vous devant la piscine à16h. Elle débarque avec son grand sourire contagieux qui me file la banane, oeil pétillant, balayé le chagrin d'amour de début de semaine, je vis ma meilleure vie. "Tu ressembles à Pamela Anderson dans Alerte à Malibu." Cours au ralenti, il te manque plus que le maillot rouge. "En mieux." Le botox en moins. Et nous voilà, bras dessus, bras dessous en route vers la petite cabane de surfeurs postée sur la plage. "Je sens que je vais me prendre les gamelles d'une vie." Ce qui se passe dans ce cours, reste dans ce cours hein. J'veux pas que tout Harvard sache comment j'ai perdu mon maillot de bain dans un gadin mémorable.

Petit déjeuner de championne pour rebooster le moral. Je n'avais pas vraiment envie de poser les pieds à Hawaï mais maintenant que j'y suis j'espère en profiter un minimum. Oublier ma vie sans dessus dessous et apprécier les plaisirs simples. Une bonne journée commence avec un bon petit déjeuner comme on dit. Vu la quantité de nourriture que j'ai englouti pour noyer mes larmes, ce sera certainement mon seul repas de la journée. Mais heureusement pour moi, Numa me propose une activité sportive qui me ravit à souhait. Simplement habillée de mon bikini et serviette sur le bras, je te retrouve à l'heure comme prévu, prête à surfer sur les vagues de l'océan pacifique. La nageuse en moi est déjà conquise à la simple idée de me retrouver à l'eau, même pour ce sport que l'on dit compliqué à souhait. A ton compliment je souris comme une tomate, ou plutôt comme le maillot de bain rouge de la fameuse Pamela." Le jour où je me transforme en blonde plastique, tues moi s'il te plait. " Enfin, ça ne risque pas d'arriver de sitôt. En avant pour l'aventure de notre vie, tu te tracasses déjà de ne pas être douée." Au moins on sera deux dans la même galère. Promis aucune moqueries même si tu te retrouves secouée par les vagues. " Telle une enfant candide, je tends mon petit doigt pour sceller cette promesse. Le surfeur assigné au cours nous fournit nos planches et rien que de porter celle-ci est une épreuve en soit." Je crois que même Koh Lanta serait plus facile. " que je réponds en rigolant. Mais qui ne tente rien n'a rien.

"Le jour où je me transforme en blonde plastique, tue moi s'il te plait." Ah ouais, radical. Je secoue la tête en riant. "J'tue le chirurgien en premier." Si c'est pas d'l'amitié ça. Pure et dure. Allez, follow me Pamela, hâte de te voir galérer. "Au moins on sera deux dans la même galère. Promis aucune moqueries même si tu te retrouves secouée par les vagues." Bien, t'as même pas idée de comment tu me rassures. Imagine que tu sois comme par hasard la championne de la planche, j'aurais eu l'air maligne. Puis t'as l'air d'être initiée au fameux dicton, celui qui dit : "ce qui se passe à Hawaii, reste à Hawaii". Son petit doigt se lève, j'y joins le mien. "Pinky promise." Voilà, j'ai huit ans dans ma tête, y a pas de soucis. On débarque devant la cabine des surfeurs, un type nous file nos planches, moi j'suis prête à sauter dans les vagues mais non, non, non, le cours a lieu à 300 mètres d'ici. L'ordalie, le leash dans la main, je tire ma planche sur le sable, à bout de bras, pas un gentleman ou une gentlewoman pour m'aider, pourtant on voit bien que je galère non ? Des litres de sueur plus tard, Garce et moi rejoignons le reste du groupe. "J'crois qu'ils ont dû se téléporter pour arriver aussi vite, j'veux dire, ça me semble être la seule explication rationnelle." Viou, je souffle l'air brûlant de mes poumons, pose mes fesses dans la sable, les jambes en tailleur alors que le mono nous explique les bases du surf. Hop exercice pratique au sol, nous voilà alignés comme des sardines, le ventre à plat sur la planche, toujours posée sur le sable. Le concept : pousser sur les bras pour se propulser sur les pieds, okay. Je lance un hochement de tête entendu à ma blonde et avec un grondement je plaque mes paumes sur la planche de mousse, pousse de toutes mes forces et miracle, je me redresse, complétement à l'avant, la planche bascule, se plante dans le sable, zbaf je m'étale sur la plage. J'veux mourir.