"C'était pas pareil putain, et tu le sais." Ouais je le sais, bien sûr que je le sais, mais ça t'a gêné toi, à un seul moment ? Les trois meilleurs amis du monde pourtant je compte plus les fois où j'ai eu l'air con quand c'était jamais dans mes bras qu'elle venait se réfugier. Alors ta morale Hardin tu te la mets où je pense, peut-être que les rôles s'inversent, tu t'y feras t'inquiète. Parce que moi je nage en plein délire, aveugle, persuadé que la soirée a tout changé, que maintenant c'est moi le préféré. Je suis un con, à mille lieues de me douter de ce qu'il se passait entre Hardin et Bleach au pieu il y a quelques jours, à mille lieues de me douter qu'il y aura jamais de préféré, je passe pas du vilain petit canard au grand cygne, je me fais pas roi, à jamais seulement l'ombre d'une reine. La tension est palpable, électrise mon corps, me file la chair de poule. Hardin a la bougeotte, j'aperçois le tremblement de sa jambe, la cigarette qu'il dégaine pour porter à ses lèvres. Je la chope, joueur, la fait passer derrière mon oreille. Est-ce que c'est l'insouciance du geste ou le sourire de couillon qui le fait voir rouge ? En une demi-seconde et dans un grincement de chaise épouvantable, Hardin est sur pieds, me dévisage avec un air mauvais, deux éclairs zèbrent son regard pour me foudroyer. "Tu cherches à faire quoi là, à me provoquer ?" -"Oh, oh, bro t'inqu..." Je me prends pour Bob Marley avec mon sourire de rasta, le mouvement ample de mes mains qui l'invite à se calmer. "Ca y est, t'es resté seul avec elle quarante-huit heure, il t'est poussé une troisième couille ?" Je lèvre deux yeux soudain plus noirs vers lui. Il m'a coupé, net, j'suis vexé. T'sais quoi Hardin ? Ouais j'ai passé un putain de bon temps et tout ce que j'voudrais maintenant c'est passé du bon temps avec toi, mon frère alors putain épargne moi les prises de tête. "Et toi ? Huit ans avec elle et t'écopes d'un coeur de fragile, tu vas quand même pas te mettre à pleurer parce qu'on est partis faire de la randonnée sans toi ?" Je vais trop loin, je la devine cette ligne rouge à pas franchir et moi je saute carrément par dessus, à la perche, à pieds joints. Tu crois pas que c'était moi l'ami exemplaire tout ce temps ? Celui qui prenait vraiment notre trio comme tel, sans laisser son frère de côté pour les yeux de la blonde. Ce temps là il est fini mec.

Ce sont mes nerfs qui parlent, les jointures de mes mains qui se crispent. Son air de rigolo à cet instant, il me fait dégoupiller. Et même si il semble tout prendre à la légère moi, je ne vois que son insolence, ce petit truc supérieur dans son visage qui me dit "j'ai pris ta place et j'en suis fier". Je le dévisage, provocateur face à celui que j'ai toujours considéré comme mon frère. J'attaque, incisif. C'est pas Tic qui parle. C'est Hardin, beaucoup trop épris de la même fille que son meilleur ami, pris dans ce duel de coq malgré lui. Cette limite qu'on s'est toujours implicitement imposée, j'y mets un pieds dedans. Mais c'est Zayn qui la franchi lorsqu'à son tour, il rentre dans le ring. Le sang pulse dans mes veine alors que pour la première fois, je suis à deux doigts de le cogner. Vexé par ses mots moqueurs aux accents de vérités. Alors c'est comme ça qu'il me voit ? Comme un gros canard accroché à une fille qui fait ce qu'elle veut de lui ? A la place de quoi je ris. Un rire sans joie teinté de mépris. « Tu crois que t'es mieux ? T'es complètement en chien devant elle mais la seule chose que tu sais faire, c'est faire le débile » je lance, sans plus retenir mes mots. « Tu crois que c'est d'un guignol qu'elle veut dans sa vie ? T'es même pas capable de la toucher. » j'ajoute, mauvais.

Son rire il est tout pété, mélange informe de rancoeur et de jalousie, s'y cachent nos vices et notre amertume. "Tu crois que t'es mieux ? T'es complètement en chien devant elle mais la seule chose que tu sais faire, c'est faire le débile." J'inspire, balance la tête en arrière. Vas-y, je prends le coup sans broncher, le visage robuste et fier. Il touche juste le salaud, j'suis un gamin sans courage. J'attrape entre mes doigts la cigarette glissée derrière mon oreille, chope le briquet dans la poche de mon short. "Tu crois que c'est d'un guignol qu'elle veut dans sa vie ? T'es même pas capable de la toucher." Hochement de la tête avec un sourire en coin, je glisse la clope à mes lèvres, grille le bout. Je fais planer un silence lourd dans les premières volutes de fumée. Personne me dira rien, l'aura électrique qui nous entoure est répulsive, si le premier coup part pas dans la tête de mon meilleur ami, il refera la gueule de celui qui me viendra me faire chier "no smoking no smoking". "Parle pas pour Bleach, mec." J'esquisse un petit rictus narquois alors que je lève un peu le menton, lui souffle le nuage de tabac au visage. "Tu sais pas c'qui s'est passé pendant notre petite ballade..." Je reste évasif. Alors Hardin ? Coup de bluff ou aveu terrible ? "Peut-être que les guignols ça la fait bien kiffer en fait." Too bad pour toi.

Je me contrôle plus. Ces pensées toxiques et mauvaises que j'ai pu avoir dans mes pires moments franchissent la barrière de mes lèvres sans que je ne puisse me contrôler. Aveuglé par la colère, aveuglé par le dégoût. Blessé par celui qui me connais le mieux, et que je suis le plus en capacité de blesser en retour. On sait où frapper, on sait appuyer là où ça fait mal. C'est bas, c'est puéril. C'est juste deux frères amoureux de la même fille, pris dans ce duel dont ils n'ont pas envie et qui pourtant, est en train de leur exploser à la gueule. « Parle pas pour Bleach, mec » Maintenant, c'est moi qui ai envie de lui arracher ma clope des lèvres face à son air narquois. « Tu sais pas c'qui s'est passé pendant notre petite ballade... Peut-être que les guignols ça la fait bien kiffer en fait. » Instantanément, je vois mes pires craintes fondées. Et je les imagine, dans le même lit, à partager ce même ébat torride que celui que j'ai vécu il y a à peine quelques jours. Alors qu'il m'était apparu comme unique. Mon visage se crispe, mes poings se contractent. Je vois rouge. Sans plus me contrôler, j'attrape violemment Zayn par le col de sa chemise, le forçant à descendre de son tabouret sous l'exclamation des quelques clients du bar. « Alors c'est ça ?! T'en as bien pro-.. » Je m'étrangle. L'air manque, d'un seul coup. La tension quitte mes poings en même temps que la panique traverse mes yeux. Puis je tousse, je m'esquinte dans un bruit affreux, relâchant Zayn pour me plier en deux. Je tousse encore quand soudain, je crache du sang. Moche, rouge vif, témoin bien trop cruel et tangible du mal qui me ronge. Je reste figé, et sans pouvoir me retenir, je vomis mes tripes.

Je l'attends l'uppercut, maintenant qu'on a mis les pieds dans le plat, cassé tous les tabous, j'attends plus que ça. J'y prends presque un malin plaisir, je fais le paon, la fierté du vainqueur étire le coin de mes lèvres, intimement convaincu qu'après des années de loyaux services de porteur de chandelle je suis devenu le chouchou, j'ai détrôné Hardin le magnifique. Les allusions salaces, la clope volée, le tabac que je lui souffle dans le nez, tout ça c'est en plus, cadeau, ce qui le fait trembler de rage c'est quelque chose de bien plus vicieux. On est une putain de tragédie grecque, un conte shakespearien, deux frères qui se déchirent pour l'amour d'une femme, Racine nous ponderait des tirades sans fin sur la fatalité du destin. Peut-être que c'est ça notre consolation, au moins notre cul de sac amoureux est poétique. Je lâche la bombe. Message qui laisse sous-entendre finalement bien plus que la réalité mais je la cherche finalement la confrontation, la vraie, vas-y Hardin montre c'que t'as dans le ventre, on est frères jusqu'où ? Il bondit comme un tigre, s'agrippe au col de ma chemise comme un fou, j'en lâche ma clope, sur sa gueule se dessine la grimace des bêtes enragées. Fais moi mordre la poussière qu'on rigole un peu, qu'on lâche le fauve, parce que tout se résume à ça finalement non ? Des sentiments animaux. "Alors c'est ça ?! T'en as bien pro-.." Coupé net. Ses mains lâchent mon col comme si elles n'étaient plus qu'un tas d'os plus soutenu par aucun muscle. Je fais un pas en arrière alors qu'Hardin se plie en deux, flash de film d'horreur, il crache du sang. Je regarde autour de moi, cris, grands gestes de la main, putain y a pas un toubib parmi tous ces vieux vacanciers désséchés ? Je suis bientôt sur mes genoux, une main sur son dos alors qu'il vomit ses tripes. J'lui épargne des "ça va ?" à deux balles, ça va pas, rien ne va, c'est pas possible, notre vie c'est la parodie d'un soap opera. Les curieux se rapprochent, le proprio pleure son sol à présent couvert de... Beurk. Je fais rouler Hardin sur le flanc, position latérale de sécurité, j'suis pas bien dégourdi mais ça je sais faire. Tape sur la joue. "Putain mec, t'es toujours là ?" C'est pas exactement la réaction que j'attendais pour tout t'avouer, je regrette la patate que j'aurais dû me prendre dans le nez.

Je m'écroule, nauséeux de ce goût métallique que je sens encore dans ma bouche, de ce rouge présent sur mes lèvres. Assailli par ces pensées qui cherchent à me rendre dingue. Je suis en train de mourir. C'est ça le message qu'on veut me faire passer hein ? Les gens s'excitent autour de moi, et je mets quelques longues secondes avant de comprendre ce qu'il se passe. J'ai vomi. Je suis allongé sur le côté, et Zayn me fout une claque pour me ramener à l'instant présent. « Ouais... » je marmonne, la respiration sifflante, mais l'air se frayant malgré tout un chemin dans ma poitrine. « De l'air » j'articule. Et Zayn m'emmène à l'écart. [...] A présent sur la plage, appuyé contre un arbre, je me penche pour cracher l'eau que j'ai en bouche. Je reprends la bouteille, la porte à mes lèvres, recrache. Répétant l'exercice pour chasser définitivement ce goût de sang et de vomi que je me traîne, sous le regard soucieux de Zayn. Je sais ce qu'il se dit. Je sais à quoi il pense. Et je veux pas qu'il ait pitié. Je soupire, ma respiration ayant repris un rythme normal. « Merci » dis-je en me redressant, croisant son regard. Puis je m’assois dans le sable, vite rejoins par mon meilleur ami. Je sors une cigarette, la coince entre mes lèvres. Mauvaise idée vous me direz. Mais est-ce que j'en ai encore quelque chose à foutre maintenant ? J'en sors une seconde, la lui tends. « On m'a diagnostiqué une malformation au poumon droit. Je l'ai appris avec les attentats, en passant des examens » dis-je finalement en allumant ma clope, avant de lui tendre le briquet. « Il y a rien a faire, à part une greffe » j'ajoute, la tension dans la voix. Parce que ça me ronge. Parce que j'ai peur. Parce que je ne veux pas mourir. Et comme pour illustrer tout ça, je lui sors ce fameux petit boitier que j'ai toujours sur moi, qui est censé sonner lorsqu'un greffon est disponible pour moi. Dépendre d'un petit bip à la con. Si c'est pas l'ironie du sort.

J'ai laissé le vomi et le sang derrière nous, si ça s'ébruite j'crois qu'on va être bannis de tous les bars d'Hawaii pour quelques décennies mon vieux. J'le traîne jusqu'à la plage, vite, vite, je fais l'infirmier, je sors une bouteille. Il crache, crache du sang, exercice qui semble infini. J'ai l'impression qu'il s'est vidé les poumons quand il bascule en arrière, se redressant, un regard qui se veut rassurant pour moi. "Merci." Comment ça merci ? J'te cherche, j'fais le con, j'te mets dans cet état, tu devrais me mettre un pain, j'le mérite, vas-y, frappe fort comme ça j'cracherai du sang à mon tour, pour expier ma peine. J'me sens comme une sous-merde, meilleur ami indigne putain. Il se pose dans le sable, je l'imite. Il se cale une cigarette entre les lèvres, ce qui scelle ce qui vient de se passer, l'événement est clôs, j'le devine, il veut pas de ça, se refuse à être un Hardin qui crache du sang, le moment où l'homme s'avoue vaincu. Il me tend une clope, je l'accepte, la garde au bout de mes doigts, la fais jongler entre mes phalanges. "On m'a diagnostiqué une malformation au poumon droit. Je l'ai appris avec les attentats, en passant des examens. Il n'y a rien à faire, à part une greffe." Il inhale, exhale, me laisse comme un con, le briquet en main. Un petit moniteur sorti de sa poche pour me prouver que c'est pas du toc. C'est Hiroshima dans ma tête, le champignon nucléaire dans mon coeur. "Il n'y a rien à faire." J'avais déjà une Ginger mourante sur les bras, maintenant j'ai le deuxième. Vous savez combien ça va nous coûter en cercueil cette affaire ? Et en thise ? Parce qu'il en faudra de l'alcool pour oublier ceux qui s'enfuient de ma vie, la douleur des membres manquants, la douleur de celui qui est resté dans cette vie. "Quand tu dis... rien à faire ?..." J'ai les sourcils froncés à m'en faire mal au crâne, je secoue la tête doucement puis j'accélère, non putain non non non. "J'suis rien du tout si t'es pas là, rien du tout putain."

Je le sais. Ça fait des mois que je le sais. Que mon corps me lâche, qu'à chaque minutes de plus à respirer, c'est une minute de moins sur le temps qu'il me reste sur cette Terre. Pourtant là, de tout avouer à Zayn, de le dire à voix haute... c'est comme si le poids sur mes épaules pesait encore un peu plus lourd. J'ai peur. Peur de me dire que je vais mourir jeune. Que je pourrais pas faire ces trucs à la con qu'ils feront tous, se marier, avoir des enfants, vieillir et finir comme un gros salaud que j'aurais pû être. Peur de ne plus être dans sa vie à lui. Peur de ne plus faire partie de sa vie à elle. Ne plus sentir sa peau, respirer son parfum... de ne plus exister, tout simplement. Le néant me faire peur. Parce que c'est pas moi qui va croire à une putain de présence divine ou d'un paradis avec mille vierges, croyez moi. Et puis niquer jusqu'à la fin de mes jours ? Quel dessein putain. Ma cigarette tremble légèrement entre mes doigts, alors je me tiens le poignet, détourne le regard pour ne pas voir la panique de Zayn. « Quand tu dis... rien à faire ?... » Il ne termine pas sa phrase, et j'ai pas besoin de le faire non plus. De toute façon, les mots voudraient pas sortir de ma bouche. Et puis, t'as bien compris pas vrai ? « J'suis rien du tout si t'es pas là, rien du tout putain. » Une boule se forme dans ma gorge alors que la détresse de mon frère s'ajoute à la mienne. Aller putain, arrête ça. On va pas se mettre à pleurer comme deux gonzesses quand même. Je reprends une taffe sur ma clope, expire par à-coups. « Bien sûr que si... » Je me passe la main dans les cheveux, descends sur ma nuque. Je souffle un bon coup, tentant d'expier ce trop plein d'émotions. « Je suis pas encore mort ok ? » Je lance avec un sourire, tentative de dédramatiser la chose. « Peut-être.. peut-être que je vais bientôt avoir une greffe. » Est-ce que j'y crois ? J'en sais rien. Parfois oui, parfois non. Puis, après un court silence: « Ne dis rien à Bleach. »

Est-ce que je suis spirituel moi ? La famille était pas religieuse, enfin pas vraiment. Mon père portait un médaillon de baptême, quand t'es trader sur des actions qui causent la ruine de millions de personnes faut au moins faire semblant de redouter le jugement dernier. Je crois que je crois en Dieu, peut-être, un peu. Longues heures à fumer de quoi planer, allongé sur mon sofa je me sentais monter au ciel, trouver un coin de nuage. Dans ces moments là je l'ai senti tout près, le saint-esprit. Faudrait que je tente la messe, pour occuper le dimanche matin. Ouais, Dieu donc. Quand mon meilleur ami prend l'air lugubre, aveu mortifère, je voudrais croire à un simple au revoir, que quoiqu'il arrive on se retrouvera dans le long épilogue. Mais on a trop joué avec la morale pendant des années, j'ai peur que toutes les filles que j'ai flattées dans un dessein se trésumant au pieu me vaudront les flammes éternelles alors qu'Hardin échappe au châtiment. Ou que mon frère descende chez le diable alors que je monte avec les angelots. Plus que de l'enfer et toutes ses tortures, j'ai peur de pas me retrouver avec lui, que si tout s'arrête maintenant, que son poumon le lâche, s'en soit fini pour toujours, jamais de retrouvailles, un infini sans lui. Je pense que j'irai au paradis, je saurai faire les yeux de chien battu à notre padre à tous, mais quand est-il de toi ? de Bleach ? Paraît que notre deuxième vie est éternelle et l'infini est trop vaste sans eux. "Bien sûr que si..." Je me raidis, lève deux yeux de pauvre bête vers lui, mon menton se met à trembler. "Je suis pas encore mort ok ?" Son petit sourire qui se veut léger il me tue. Je sens mes yeux s'humidifer, le regard chocolat se brouille, je mords mes lèvres, tourne la tête en retenant mon souffle dans une pudeur terrible. Pourquoi j'ai honte ? Honte de pleurer la mort d'un frère. Je suis pas encore mort qu'il dit, putain il crache du sang, le poumon qui fonctionne pas bien, ça tiendra combien de temps ton affaire ? "Peut-être.. peut-être que je vais bientôt avoir une greffe." Je hoche la tête, sers mes lippes comme dernier rempart aux valves des larmes, traîtresses. Je pleurerai pas, je pleure jamais, le complexe masculin s'est tissé autour de mon coeur. Une greffe. Voilà donc le nom de notre Dieu. Etrange d'espérer si fort la mort de quelqu'un, je prierai ce soir pour un accident de voiture, un truc atroce, taumatisme crânien, mort cérébrale sur le coup mais le poumon est intact. Quelqu'un de jeune, que le poumon lui tienne longtemps, qu'on vieillisse ensemble, j'veux nous voir faire l'hélicobite avec nos peaux fripées du troisième âge. Une greffe, le destin vole la vie d'un autre pour la sienne. "Ne dis rien à Bleach." Ses mots me frappent le coeur, sèchent mes yeux. Ne rien dire à Bleach. Je fais comment au juste lorsqu'on sera tous les deux à ton enterrement et à celui de Freya, je jouerai à celui qui ne savait rien. "D'accord." C'est toi le mourant, je ferai ce que tu dis, condamné à porter seul le secret qui me rongera les os, me bouffera le ventre, me percera le cerveau. Dernière inhalation du vieux bout de mégot qui brûle au bout de mes doigts. "Si on te fait cadeau d'un nouveau poumon tout beau, tout rose, tu te remettras à la clope ?" Profanation ultime de l'organe donné. Je crois qu'on est pas à un méfait près. Je jette ma cigarette d'une pichenette, me remets sur mes jambes et tends une main à Hardin pour le relever. "Allez, le retour à la chambre s'impose mec. Je vais te mettre au lit comme une infirmière, la blouse sexy en moins." Et voici comme Tic et Tac, Tweedle dee et Tweedle dum, chou et fleur, retournèrent à leur joyeuse insouciance, l'étau d'un secret étouffant autour de la gorge.